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Politique Publié le mardi 21 juin 2011 | Le Mandat

Ironie du sort : 11 avril 1990 : naissance du FPI 11 avril 2011 : chute de Laurent Gbagbo

Comment l’ex-dictateur s’est attiré la malédiction
“Bori-bana’’ pour le Front populaire ivoirien!
Décidément, la date du 11 avril était la mieux indiquée pour donner naissance au Front populaire ivoirien, le parti qui a mis la Côte d’Ivoire à feu et à sang pendant 20 ans. Le Fpi est né un 11 avril. Son leader devenu Président par effraction et qui voulait s’éterniser au pouvoir a été capturé et mis en résidence surveillée dans la région des Savanes, à Korhogo. Une malheureuse coïncidence, fruit du parcours tumultueux et forcé de l’ex-chef de l’Etat.

Lundi 11 avril 2011. Le FPI n’aura pas eu le temps de se rappeler son anniversaire, à fortiori, le célébrer. Ce jour-là, à 12h, son ancien leader, Laurent Gbagbo, qui s’adonnait au dangereux jeu de la dictature est capturé dans son bunker où il s’était retranché depuis des jours avec les membres de sa famille et certains proches collaborateurs du Palais. L’homme qui, quelques semaines plus tôt, déclarait à son adversaire Alassane Ouattara qu’il enjamberait son corps avant d’arriver au Palais, se rendra compte qu’il n’est pas immortel comme le lui faisaient croire des faux prophètes attirés par ses 80 milliards de fonds de souveraineté. ‘’Ne me tuez pas ‘’, lâchera-t-il, en voyant la mort l’approcher au galop. Cette fin humiliante pour un homme qui a pourtant forcé admiration dans sa lutte pour le multipartisme et la démocratie en Côte d’Ivoire n’est pas fortuite. ‘’Elle est même méritée’’, avancent même certains observateurs attentifs de la scène politique ivoirienne. Plus qu’une simple coïncidence, la chute de Gbagbo un 11 avril est symbolique d’un parcours mal agencé, un destin forcé qui a fait finalement plus de tort que de bien comme annoncé dans la propagande.
Début avril 1990. Le vent de l’Est européen souffle à grande vitesse après la chute du mur de Berlin. Laurent Gbagbo et ses disciples en profite pour introduire une panoplie de revendications à un Houphouët-Boigny déjà affaibli par le poids des ans mais aussi par la gigantesque œuvre de construction nationale. La revendication vire à la contestation et l’occupation violente de la rue. L’école est prise en otage à travers la Fesci sur toute l’étendue du territoire ivoirien. Un flux d’injures, même les plus grossières, s’abat sur le Bélier de Yamoussoukro. Le régime et une partie du peuple sont médusés. Quand, courant avril, Kpéa Domi, élève en classe de 1ère, et un gendarme sont tués à Adzopé, au cours d’une manifestation orchestrée par la nouvelle race de politiciens, le Sage d’Afrique accède aux exigences de Laurent Gbagbo, pour éviter que le sang coule davantage. Il autorise le retour au multipartisme le 30 avril. De là, les choses vont s’accélérer. Le mouvement déclenché dans les cités universitaires et dont le prétexte était la coupure d’électricité conduira Gbagbo à la course présidentielle pour le compte du FPI. Mais, bien qu’Houphouët soit déjà épuisé, il n’arrivera pas à sa cheville à l’issue de la présidentielle du 22 octobre 1990. Où il n’a recolté que 18% après avoir dribblé ses camarades socialistes pour se présenter seul face à Houphouët. Battu mais pas découragés, Laurent Gbagbo et sa bande de refondateurs maintiennent la pression sur le vieux qui appelle le Dr Alassane Ouattara à la rescousse pour juguler le front social dont les ficelles sont tirées par l’opposition. En 1992, prétextant de ce que la commission d’enquête sur la descente militaire sur la cité U de Yop en 91 tardait à publier les résultats de ses investigations, le FPI programme un ‘’assaut final’’ pour exiger la publication desdits résultats. Le Premier ministre d’alors, Alassane Ouattatara, et son gouvernement, auront tout tenté pour les en dissuader, mais Dacoury-Tabley, le concepteur en chef du projet est trop jusqu’au-boutiste pour y renoncer.
Ainsi, le 12 février de la même année, c’est presque l’apocalypse sur Abidjan. Plateau, le quartier des affaires et de la haute administration est sous les flammes et les casses. Des dizaines d’autobus et de véhicules particuliers sont incendiés. Cela vaut un séjour à la Maison d’Arrêt et de correction d’Abidjan(MACA) au Woody de Mama et compagnons dont sa femme Ehivet Simone et son fils, Michel Gbagbo. Sortis de là grâce au pardon d’Houphouët Boigny, il va remettre le couvert.
Octobre 1995. Henri Konan Bédié qui achevait le mandat du défunt Président Houphouët-Boigny, remet son fauteuil en jeu. C’est la présidentielle. Mais conscient de ses faiblesses face au PDCI-RDA, Gbagbo et ses hommes font une fuite en avant en se réfugiant derrière la dénonciation de certaines dispositions de la lois électorales qui ne le concernaient même pas. Il parvient à emballer le RDR dans la chienlit qu’il crée à travers le concept guerrier de boycott actif. La stratégie, empêcher, par tous les moyens, l’élection présidentielle et plonger le pays dans une situation chaotique. Le sang a encore coulé. Des morts, des blessés et des disparus sont, hélas, enregistrés à cause de l’entêtement et la soif de pouvoir d’un homme. Mais, grâce à la vigilance du Président Bédié, la Côte d’Ivoire échappe de peu au pire.
24 décembre 1999, la Côte d’Ivoire enregistre son premier coup d’Etat militaire. Laurent Gbagbo, bien au fait de ce putsch militaire, avait pris soin de se mettre à l’abri à Libreville au Gabon, pour rentrer le moment opportun. Ses premières déclarations confirmeront ensuite qu’il cautionnait cette mauvaise forme d’accession au trône. ‘’C’est un leader politique heureux qui retrouve son pays. Quelques fois, il y a des coups d’Etat salutaires’’, avait-il déclaré à sa descente d’avion à l’aéroport de Bouaké, sur RFI. Avant de se rendre chez Bongo, il avait menacé Bédié en des termes très clairs : ‘’Si tu ne veux pas de Laurent Gbagbo, tu auras Laurent Kabila’’, a-t-il averti, allusion faite à la révolution militaire du rebelle Désiré Kabila contre Mobutu au Zaïre. Le rêve de voir le PDCI hors s’étant réalisé, le pâtissier de Ouragahio peut mettre maintenant son plan machiavélique à exécution. Pour la première fois, son parti, le FPI, accepte d’entrer dans un gouvernement. Et quel gouvernement ! Lui qui a toujours décliné l’offre des pouvoirs démocratiques et légitimes, a étonné le monde en revendiquant, avec force, des postes ministériels, au Général Robert Guéi. ‘’Si c’est un gouvernement RDR, dites-nous, nous allons nous retirer’’, avait maladroitement réclamé ‘’l’enfant des élections’’. La suite, on la connaît. Gbagbo a réussi à emballer le chef de la junte militaire au pouvoir au point de la pousser à écarter tous les autres candidats à la présidentielle, y compris le Dr Alassane Ouattara. Dans la grisaille de sa course effrénée au trône, il parvient également à isoler le Général en installant la division entre lui et ses soldats les plus intrépides. L’objectif étant de lui arracher le pouvoir et l’assassiner ensuite. Les deux coups, il les a réussis également.
Le 23 octobre 2000
A son actif aussi, le premier charnier de l’histoire politique de la Côte d’Ivoire, enregistrée le 26 octobre 2000 et dont les victimes sont, pour la plupart, des militants du Rassemblement des Républicains(RDR).
Laurent Gbagbo est désormais au pouvoir, par césarienne, dans des conditions qu’il a lui-même qualifiées de calamiteuses le 26 octobre lors de sa prestation de serment. C’est le début du cauchemar pour la belle Côte d’Ivoire. Plutôt que de s’attaquer aux problèmes des Ivoiriens et y trouver des solutions idoines, il préfère se livrer à des inventions de complots avec son stratège de Lida Kouassi, ministre de ‘’sa Défense’’ et feu Boga Doudou, ministre de l’Intérieur. En réaction aux rumeurs de déstabilisations aux frontières ivoiriennes, le premier déclarait que ‘’nous sommes prêts aujourd’hui et demain. Celui qui nous attaque verra notre puissance’’ quand le second affirmait qu’il suivait minutieusement les faits te gestes des soldats exilés au Burkina Faso. Là aussi, on connaît la suite. Gbagbo et ses hommes qui voulaient certainement s’essayer à la guerre n’ont rien fait pour éviter la crise militaro-politique du 19 septembre 2002. En réalité, ils entendaient profiter des premières heures d’une éventuelle crise pour liquider tous les opposants les plus coriaces, à savoir Bédié, Alassane et Guéi. Si les présidents du PDCI et celui du RDR ont eu la vie sauve, le Général Guéi, lui, a fait les frais de l’ingratitude de ‘’son beau-frère’’ Gbagbo. Accusant l’ex-chef de l’Etat d’être de connivence avec ceux qui ont attaqué cette nuit du mercredi 18 au jeudi 19 septembre, le Général sera arrêté à la Cathédrale Saint Paul d’Abidjan puis exécuté avec 17 autres membres de sa famille, avec la caution de Monseigneur Bernard Agré en visite avec son protégé, Gbagbo en Italie. Ce crime doublé du viol d’un bâtiment hautement religieux déclaré de surcroit bâtiment diplomatique, a amplifié la charge de péchés du refondateur en chef. En fait, dans l’entourage de Gbagbo et à en croire certains mystiques, l’ex-chef de l’Etat avait lié un pacte de sang dans des confréries ou des sectes spécialisées en la matière, tant en Côte d’Ivoire qu’ailleurs dans le monde. D’où la nécessité constante pour lui de voir le sang verser sur le sol ivoirien. C’est pourquoi, de retour d’Italie après le déclenchement de la crise, il a déclaré la guerre là où la sagesse et le moindre bon sens auraient recommandé de tendre la main. Là également, on connaît la suite. Des milliers de morts, de blessés, de disparus, de déplacés et de réfugiés. Et pendant 10 ans, le pays est resté otage d’une politique hasardeuse, pécheresse, inconséquente, belliqueuse,… qui l’a balafré et isolé. Tout le monde est devenu l’ennemi de la Côte d’Ivoire. Gbagbo croyait tout réussir avec ses vieilles armes qu’il a achetées à d’autres puissances impérialistes avec l’argent du contribuable ivoirien. En lieu et place du programme de rêve de la refondation, ce sont les armes qu’il a servies aux étudiants, des mercenaires libériens qu’il a recrutés, des miliciens qu’il a dressés contre d’autres citoyens pour confisquer le pouvoir. Il voulait coûte que coûte le pouvoir. Il l’a eu. Pour tuer et conduire son peuple en enfer. A travers les déchets toxiques, les massacres des militants d’opposition. Il a englouti le fruit de la souffrance des paysans dans l’achat d’une usine fictive de chocolaterie aux USA. Il a mis l’école dans un état piteux, plus de routes, les hôpitaux sont devenus des mouroirs, la défiance s’est érigée en mode de gouvernance au point que des étudiants ont porté main à leurs professeurs, des magistrats ont été bastonnés, des subalternes ont osé lever la main sur leur ministre de tutelle. Tout cela promu par la RTI devenue une télé démentielle qui a contribué fortement à la crise meurtrière que vient de traverser la Côte d’Ivoire. Le chapelet des péchés du FPI et son chef est aussi long que Paris-Dakar. Laurent Gbagbo, le christ de Mama, devenu le Satan du Palais, ne pouvait que terminer de la sorte. Dieu a endurci son cœur pour le descendre en pleine journée, sous les caméras, le lundi 11 avril 2011. Et pourtant Guéi l’avait prévenu en 2002. Loin d’être considérée comme une simple déconvenue, la chute du FPI qui coïncide avec la date de sa naissance signifie clairement que ce parti est enterré à jamais et que toute tentative de reconstitution est vouée d’avance à l’échec. Les militants bleus doivent le savoir et songer à changer de nom. Juste une question de lecture…politico-mystique !

MASS DOMI
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