Plus de deux (2) mois après la prise effective du pouvoir par le Président Alassane Ouattara, la collecte des ressources internes demeure un grand défi pour le gouvernement. Surtout avec l`existence d`une économie parallèle...
L`unité des caisses de l`État ivoirien tant appelée par les accords politiques de Ouagadougou (du nom de la capitale du Burkina Faso) et attendue en vain par l`ancien régime est toujours d`actualité. A ce jour, selon des témoignages concordants et vérifiés, l`unicité des caisses n`est toujours pas effective. Les ex-rebelles tenant encore une trésorerie autonome. Toute chose qui gêne le pouvoir en place à la recherche de ressources pour financer et relancer l`économie du pays effondrée par la crise post-électorale. Le Président Alassane Ouattara a d`ailleurs déjà interpellé son Premier ministre Soro Guillaume, patron des ex-rebelles, sur le sujet. En effet, le confrère Jeune Afrique révèle, dans sa dernière édition, que l`une des actions que le chef de l`État attend de voir se concrétiser dans un court terme, dans le cadre de la normalisation de la politique économique, est l`unicité des caisses. «Le Président Ouattara est conscient des dérives des soldats (notamment Forces nouvelles devenues Forces républicaines de Côte d`Ivoire, Ndlr Soir Info) qui l’ont fait roi. Il a donné à son Premier ministre six mois pour mener la refonte de l`armée. Autre requête adressée à Guillaume Soro : le démantèlement de la Centrale, la structure mise en place par les Forces nouvelles (Fn, ex-rébellion) pour collecter les taxes dans la zone septentrionale», écrit JA. Cette attente tout à fait légale du chef de l`État pourra-t-elle être réalisée dans le délai imparti? Difficile de répondre par l`affirmative à cette question quand les pratiques de la « zone septentrionale » sont exportées dans la zone Sud. En effet, contrôlée depuis la chute de l`ex-Président Laurent Gbagbo par les Frci avec des hommes forts du Premier ministre, cette zone fait l`expérience de l`économie parallèle décriée dans un passé récent. Toute chose qui dérange le nouveau pouvoir.
Douaniers sans pouvoir ...
De fait, depuis quelques mois, que ce soit dans la zone Nord ou dans la zone Sud du pays, les Frci sont les rois sur le terrain pour des raisons variées. Il s`agit entre autres de leur présence remarquée sur les principales frontières terrestres du pays (Nord : Ouangolo et Pogo; Est : Takikro, Niablé et Noé); de l`absence de nombreux douaniers sur le terrain (surtout dans le Nord); du complexe de supériorité d`éléments Frci envers ces fonctionnaires de l`État aux corridors « parce qu`ayant gagné la guerre ». Ces derniers sont donc soumis à leurs ordres ou sont intimidés. «Il est impossible de voir un agent des ex - Fds donner des instructions à un élément des Frci quel que soit son grade à un barrage», commente un témoin. Le chef d`état-major des Forces armées, le général de division Philippe Mangou, en sait quelque chose; lui qui a perdu son bureau du camp Galliéni sans note officielle au profit du général de brigade Soumaïla Bakayoko, chef d`état-major des ex-Fafn qui l`occupe actuellement. Aujourd`hui, aux différents barrages, des observateurs ont certainement compris que les douaniers mandatés pour lutter contre la contrefaçon et la fraude ne peuvent mener à bien leur travail. Parce que pratiquement isolés. Résultat : la plupart des services douaniers terrestres chôment. L`administration douanière ne pouvant effectuer aucune de ses missions, notamment fiscale (percevoir les recettes de l`État), économique (soutenir la compétitivité des entreprises) et de lutte contre la fraude et les trafics internationaux. Cette situation prête à confusion et favorise une gestion parallèle des camions chargés de marchandises de contrebande et passant les frontières ivoiriennes.
Complices contre l`État...
Bien qu`accusant souvent des éléments des Frci de multiples rackets, des commerçants les utilisent lorsqu`il s`agit de faire passer leurs marchandises. Dans ces conditions, ils ne payent aucun frais douanier «officiel» pour fraude ou contrebande. Ainsi, les marchandises hors Cedeao (Communauté économique des États de l`Afrique de l`Ouest), hors Uemoa (Union économique et monétaire ouest africaine) et autres devant passer, selon la loi, par les ports et aéroports arrivent à Abidjan par voie terrestre sans obstacle... au détriment de l`État. L`argent rentre dans d`autres caisses et le lit de la concurrence déloyale est créée relativement aux opérateurs économiques en règle. Des témoins révèlent que des opérateurs économiques offrent entre 2 millions et 3 millions de francs Cfa par camion à des éléments des Frci pour le convoyage de leurs marchandises depuis des frontières sur Abidjan. Ce, alors que la saisie de ces camions chargés de marchandises de fraude peut permettre à l`État de collecter des dizaines de millions de francs Cfa par camion. Une grande perte donc pour l`État au moment où l`économie nationale est fragilisée. Interrogé sur la question au téléphone, le lundi 20 juin 2011, Farikou Soumahoro (président de la Fédération nationale des Commerçants de Côte d`Ivoire / Fenacci) a déclaré : « L`information est vraie. C`est un véritable problème économique. C`est effectivement une réalité gênante. Mais sachez que ce sont les commerçants véreux qui s`adonnent à ces pratiques avec des éléments des Frci. Les vrais commerçants ne font pas cela. Nous sommes en train de faire un courrier pour saisir le ministre de l`Intérieur à propos de cette question et d`autres sujets liés aux rackets qui s`intensifient parce que l`État doit vivre», a-t-il signifié. «Les camions chargés de marchandises de fraude sont convoyés certes par des éléments des Frci des frontières à Abidjan, mais ce n`est pas de leur faute. Ce sont les commerçants aimant la facilité et la fraude qui les manipulent. Lorsqu`il n`y avait pas toute cette confusion, de nombreux commerçants avaient déjà ce comportement de fraudeur. On se rappelle encore le signal fort que l`ancien Directeur général des Douanes, actuellement ministre, avait donné en brûlant un camion chargé de marchandises de fraude. Aujourd`hui plus qu`hier, ces fraudeurs en profitent parce que la confusion s`est généralisée du Nord au Sud. Il faut juste sensibiliser les éléments des Frci sur la question pour qu`ils évitent de se laisser manipuler. Nous pensons que le Premier ministre Soro Guillaume saura régler le problème puisque les caisses de l`État sont vides et que les bailleurs de fonds observent les gouvernants ivoiriens», nous a confié un fonctionnaire ivoirien. A l`en croire, tout est une question de volonté politique. Selon un diplomate onusien, la Côte d`Ivoire pourra véritablement se retrouver qu`après la réunification effective de son territoire, le redéploiement de l’administration et l’unicité des caisses.
Hermance K-N
L`unité des caisses de l`État ivoirien tant appelée par les accords politiques de Ouagadougou (du nom de la capitale du Burkina Faso) et attendue en vain par l`ancien régime est toujours d`actualité. A ce jour, selon des témoignages concordants et vérifiés, l`unicité des caisses n`est toujours pas effective. Les ex-rebelles tenant encore une trésorerie autonome. Toute chose qui gêne le pouvoir en place à la recherche de ressources pour financer et relancer l`économie du pays effondrée par la crise post-électorale. Le Président Alassane Ouattara a d`ailleurs déjà interpellé son Premier ministre Soro Guillaume, patron des ex-rebelles, sur le sujet. En effet, le confrère Jeune Afrique révèle, dans sa dernière édition, que l`une des actions que le chef de l`État attend de voir se concrétiser dans un court terme, dans le cadre de la normalisation de la politique économique, est l`unicité des caisses. «Le Président Ouattara est conscient des dérives des soldats (notamment Forces nouvelles devenues Forces républicaines de Côte d`Ivoire, Ndlr Soir Info) qui l’ont fait roi. Il a donné à son Premier ministre six mois pour mener la refonte de l`armée. Autre requête adressée à Guillaume Soro : le démantèlement de la Centrale, la structure mise en place par les Forces nouvelles (Fn, ex-rébellion) pour collecter les taxes dans la zone septentrionale», écrit JA. Cette attente tout à fait légale du chef de l`État pourra-t-elle être réalisée dans le délai imparti? Difficile de répondre par l`affirmative à cette question quand les pratiques de la « zone septentrionale » sont exportées dans la zone Sud. En effet, contrôlée depuis la chute de l`ex-Président Laurent Gbagbo par les Frci avec des hommes forts du Premier ministre, cette zone fait l`expérience de l`économie parallèle décriée dans un passé récent. Toute chose qui dérange le nouveau pouvoir.
Douaniers sans pouvoir ...
De fait, depuis quelques mois, que ce soit dans la zone Nord ou dans la zone Sud du pays, les Frci sont les rois sur le terrain pour des raisons variées. Il s`agit entre autres de leur présence remarquée sur les principales frontières terrestres du pays (Nord : Ouangolo et Pogo; Est : Takikro, Niablé et Noé); de l`absence de nombreux douaniers sur le terrain (surtout dans le Nord); du complexe de supériorité d`éléments Frci envers ces fonctionnaires de l`État aux corridors « parce qu`ayant gagné la guerre ». Ces derniers sont donc soumis à leurs ordres ou sont intimidés. «Il est impossible de voir un agent des ex - Fds donner des instructions à un élément des Frci quel que soit son grade à un barrage», commente un témoin. Le chef d`état-major des Forces armées, le général de division Philippe Mangou, en sait quelque chose; lui qui a perdu son bureau du camp Galliéni sans note officielle au profit du général de brigade Soumaïla Bakayoko, chef d`état-major des ex-Fafn qui l`occupe actuellement. Aujourd`hui, aux différents barrages, des observateurs ont certainement compris que les douaniers mandatés pour lutter contre la contrefaçon et la fraude ne peuvent mener à bien leur travail. Parce que pratiquement isolés. Résultat : la plupart des services douaniers terrestres chôment. L`administration douanière ne pouvant effectuer aucune de ses missions, notamment fiscale (percevoir les recettes de l`État), économique (soutenir la compétitivité des entreprises) et de lutte contre la fraude et les trafics internationaux. Cette situation prête à confusion et favorise une gestion parallèle des camions chargés de marchandises de contrebande et passant les frontières ivoiriennes.
Complices contre l`État...
Bien qu`accusant souvent des éléments des Frci de multiples rackets, des commerçants les utilisent lorsqu`il s`agit de faire passer leurs marchandises. Dans ces conditions, ils ne payent aucun frais douanier «officiel» pour fraude ou contrebande. Ainsi, les marchandises hors Cedeao (Communauté économique des États de l`Afrique de l`Ouest), hors Uemoa (Union économique et monétaire ouest africaine) et autres devant passer, selon la loi, par les ports et aéroports arrivent à Abidjan par voie terrestre sans obstacle... au détriment de l`État. L`argent rentre dans d`autres caisses et le lit de la concurrence déloyale est créée relativement aux opérateurs économiques en règle. Des témoins révèlent que des opérateurs économiques offrent entre 2 millions et 3 millions de francs Cfa par camion à des éléments des Frci pour le convoyage de leurs marchandises depuis des frontières sur Abidjan. Ce, alors que la saisie de ces camions chargés de marchandises de fraude peut permettre à l`État de collecter des dizaines de millions de francs Cfa par camion. Une grande perte donc pour l`État au moment où l`économie nationale est fragilisée. Interrogé sur la question au téléphone, le lundi 20 juin 2011, Farikou Soumahoro (président de la Fédération nationale des Commerçants de Côte d`Ivoire / Fenacci) a déclaré : « L`information est vraie. C`est un véritable problème économique. C`est effectivement une réalité gênante. Mais sachez que ce sont les commerçants véreux qui s`adonnent à ces pratiques avec des éléments des Frci. Les vrais commerçants ne font pas cela. Nous sommes en train de faire un courrier pour saisir le ministre de l`Intérieur à propos de cette question et d`autres sujets liés aux rackets qui s`intensifient parce que l`État doit vivre», a-t-il signifié. «Les camions chargés de marchandises de fraude sont convoyés certes par des éléments des Frci des frontières à Abidjan, mais ce n`est pas de leur faute. Ce sont les commerçants aimant la facilité et la fraude qui les manipulent. Lorsqu`il n`y avait pas toute cette confusion, de nombreux commerçants avaient déjà ce comportement de fraudeur. On se rappelle encore le signal fort que l`ancien Directeur général des Douanes, actuellement ministre, avait donné en brûlant un camion chargé de marchandises de fraude. Aujourd`hui plus qu`hier, ces fraudeurs en profitent parce que la confusion s`est généralisée du Nord au Sud. Il faut juste sensibiliser les éléments des Frci sur la question pour qu`ils évitent de se laisser manipuler. Nous pensons que le Premier ministre Soro Guillaume saura régler le problème puisque les caisses de l`État sont vides et que les bailleurs de fonds observent les gouvernants ivoiriens», nous a confié un fonctionnaire ivoirien. A l`en croire, tout est une question de volonté politique. Selon un diplomate onusien, la Côte d`Ivoire pourra véritablement se retrouver qu`après la réunification effective de son territoire, le redéploiement de l’administration et l’unicité des caisses.
Hermance K-N