La BAD ne reviendra pas avant trois ans, essentiellement pour des problèmes de sécurité. L’information est tombée comme un couperet, après les réjouissances de la veille. Le président de l’institution venait en effet d’annoncer deux jours auparavant que le retour de la plus importante institution financière africaine à son siège d’Abidjan était imminent. Les implications sont importantes et vont certainement au delà de la BAD. Et laissent surgir de nombreuses interrogations !
L’information, si elle avait été confirmée par le vote des gouverneurs, aurait réjoui plus d’un ivoirien, et au delà, tous les opérateurs économiques exerçant dans ce pays. Le retour de la BAD en Côte d’Ivoire aurait certainement servi d’élément déclencheur et de locomotive à la relance économique tant attendue par les ivoiriens. Beaucoup d’observateurs ont d’ailleurs annoncé que les élections ivoiriennes allaient présager d’un boom économique sans précédant. La BAD en effet faisait travailler un nombre important d’entreprises qui lui fournissaient l’essentiel de ses besoins opérationnels tous les jours : informatique, bureautique, papeterie, entretien, véhicules de services et locations pour les officiels en visite pour défendre les dossiers de leurs pays, hôtels et salles de conférences pour les nombreuses réunions et rencontres, billetterie par les agences de voyage, locations et travaux par les agences immobilières, et bien entendu toutes les banques qui recevaient les salaires des employés. Un grand nombre de PME auraient vu leurs activités boostées par l’arrivée de l’institution. De ce point de vue, la perte est importante car il va falloir attendre encore trois ans, selon le communiqué officiel, certainement plus selon les plus avertis. Car dans trois ans, l’argument des élections va refaire surface.
Elément déclencheur inverse
En réalité, la perte de marchés directs par les entreprises ivoiriennes n’est pas le plus grave des dommages que cause ce report. Le retour de la BAD à Abidjan au lendemain de la crise que vient de vivre le pays aurait été un signal fort en direction de tous les investisseurs étrangers qui attendaient justement la fin de la crise pour mettre en œuvre de grands projets économiques. De même que de nombreux groupes internationaux et des multinationales présents en Côte d’Ivoire avaient dans les tiroirs de grands projets de développement à déployer dès la fin de la crise, en prévision de la croissance économique attendue. A tous ceux-là, la BAD a donné un signal inversé. Avec un message clair : les conditions de sécurité ne vous autorisent pas à investir maintenant en Côte d’Ivoire. Venant d’une institution comme la BAD, le message a toutes les chances d’être entendu et de retarder dangereusement la reprise d’activités en Côte d’Ivoire. Comme on le voit, la BAD n’est que la face visible de l’iceberg. Le gros morceau invisible étant tous les investissements qui vont nécessairement être retardés.
C’est dire si les autorités doivent prendre à bras le corps la question de la sécurité en Côte d’Ivoire. A voir tous ces pick-up remplis de soldats FRCI avec kalachnikov paradant en pleine ville sans respecter les feux de signalisation, tous ces soldats FRCI avec des kalach en bandoulières réglant la circulation aux carrefours comme si ces carrefours étaient devenus des champs de guerre, tous ces barrages intempestifs que les autorités elles-mêmes jugent irréguliers sur nos routes, tous ces gardiens d’immeubles en tenue FRCI avec des kalach, ou devant les stations services, à lire tous les matins dans la presse que des habitants de tel ou tel quartier ont été dévalisés ou pillés par des éléments des FRCI, que d’honnêtes citoyens se sont faits déposséder de leurs véhicules, que des faux FRCI ont été arrêtés par des vrais FRCI, etc… sont autant d’éléments qui ne peuvent rassurer aucun investisseur étranger à venir s’implanter en Côte d’Ivoire, ni même un opérateur local à s’équiper pour être plus opérationnel. Le mal est donc profond. Le gouvernement doit s’y atteler, en ayant à cœur l’avertissement que vient de donner la BAD. Que les commissariats soient gérés par des policiers diplômés de l’école de police, les postes de gendarmerie gérés par des gendarmes diplômés de l’école de gendarmerie, que la circulation soit réglée par ces belles amazones à moto engagées et formées à cet effet à l’école de police, en un mot, que les choses deviennent régulières, que les soldats rejoignent les casernes pour ceux qui en ont ou leur domicile pour ceux qui ont été enrôlés à titre spécial pour les besoins de la cause.
La BAD est-elle encore africaine ?
Mais au-delà de cette nécessaire remise en cause interne, de nombreuses questions demeurent toutefois sans réponse. Si les informations révélées par notre confrère Soir Infos sont réelles, à savoir qu’un coup de fil venant de Paris a fait capoter le vote de la résolution pour un retour à six mois qui était sur la table des gouverneurs, alors on peut se poser des questions….
Lire la suite dans la tribune de l’économie Numéro55
L’information, si elle avait été confirmée par le vote des gouverneurs, aurait réjoui plus d’un ivoirien, et au delà, tous les opérateurs économiques exerçant dans ce pays. Le retour de la BAD en Côte d’Ivoire aurait certainement servi d’élément déclencheur et de locomotive à la relance économique tant attendue par les ivoiriens. Beaucoup d’observateurs ont d’ailleurs annoncé que les élections ivoiriennes allaient présager d’un boom économique sans précédant. La BAD en effet faisait travailler un nombre important d’entreprises qui lui fournissaient l’essentiel de ses besoins opérationnels tous les jours : informatique, bureautique, papeterie, entretien, véhicules de services et locations pour les officiels en visite pour défendre les dossiers de leurs pays, hôtels et salles de conférences pour les nombreuses réunions et rencontres, billetterie par les agences de voyage, locations et travaux par les agences immobilières, et bien entendu toutes les banques qui recevaient les salaires des employés. Un grand nombre de PME auraient vu leurs activités boostées par l’arrivée de l’institution. De ce point de vue, la perte est importante car il va falloir attendre encore trois ans, selon le communiqué officiel, certainement plus selon les plus avertis. Car dans trois ans, l’argument des élections va refaire surface.
Elément déclencheur inverse
En réalité, la perte de marchés directs par les entreprises ivoiriennes n’est pas le plus grave des dommages que cause ce report. Le retour de la BAD à Abidjan au lendemain de la crise que vient de vivre le pays aurait été un signal fort en direction de tous les investisseurs étrangers qui attendaient justement la fin de la crise pour mettre en œuvre de grands projets économiques. De même que de nombreux groupes internationaux et des multinationales présents en Côte d’Ivoire avaient dans les tiroirs de grands projets de développement à déployer dès la fin de la crise, en prévision de la croissance économique attendue. A tous ceux-là, la BAD a donné un signal inversé. Avec un message clair : les conditions de sécurité ne vous autorisent pas à investir maintenant en Côte d’Ivoire. Venant d’une institution comme la BAD, le message a toutes les chances d’être entendu et de retarder dangereusement la reprise d’activités en Côte d’Ivoire. Comme on le voit, la BAD n’est que la face visible de l’iceberg. Le gros morceau invisible étant tous les investissements qui vont nécessairement être retardés.
C’est dire si les autorités doivent prendre à bras le corps la question de la sécurité en Côte d’Ivoire. A voir tous ces pick-up remplis de soldats FRCI avec kalachnikov paradant en pleine ville sans respecter les feux de signalisation, tous ces soldats FRCI avec des kalach en bandoulières réglant la circulation aux carrefours comme si ces carrefours étaient devenus des champs de guerre, tous ces barrages intempestifs que les autorités elles-mêmes jugent irréguliers sur nos routes, tous ces gardiens d’immeubles en tenue FRCI avec des kalach, ou devant les stations services, à lire tous les matins dans la presse que des habitants de tel ou tel quartier ont été dévalisés ou pillés par des éléments des FRCI, que d’honnêtes citoyens se sont faits déposséder de leurs véhicules, que des faux FRCI ont été arrêtés par des vrais FRCI, etc… sont autant d’éléments qui ne peuvent rassurer aucun investisseur étranger à venir s’implanter en Côte d’Ivoire, ni même un opérateur local à s’équiper pour être plus opérationnel. Le mal est donc profond. Le gouvernement doit s’y atteler, en ayant à cœur l’avertissement que vient de donner la BAD. Que les commissariats soient gérés par des policiers diplômés de l’école de police, les postes de gendarmerie gérés par des gendarmes diplômés de l’école de gendarmerie, que la circulation soit réglée par ces belles amazones à moto engagées et formées à cet effet à l’école de police, en un mot, que les choses deviennent régulières, que les soldats rejoignent les casernes pour ceux qui en ont ou leur domicile pour ceux qui ont été enrôlés à titre spécial pour les besoins de la cause.
La BAD est-elle encore africaine ?
Mais au-delà de cette nécessaire remise en cause interne, de nombreuses questions demeurent toutefois sans réponse. Si les informations révélées par notre confrère Soir Infos sont réelles, à savoir qu’un coup de fil venant de Paris a fait capoter le vote de la résolution pour un retour à six mois qui était sur la table des gouverneurs, alors on peut se poser des questions….
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