L’information n’est peut-être pas un scoop au sens journalistique du terme. Mais, elle vaut son pesant d’or au moment où les Ivoiriens font le bilan du régime de Laurent Gbagbo. 386, c’est le nombre de conseillers officiels que l’ancien chef de l’Etat ivoirien avait embauchés. Ceux-ci émargeaient au Palais présidentiel sans même faire le travail pour lequel ils étaient engagés. Si ce n’est pas la preuve d’un régime prédateur, ce nombre pléthorique de conseillers n’en est pas moins un indicateur indéniable du degré de gabegie de Gbagbo à la tête de l’Etat. Le pouvoir corrompt ; le pouvoir absolu corrompt absolument, a-t-on coutume de dire. Après avoir instauré une dictature de fait, Gbagbo s’est installé dans le gaspillage des ressources de l’Etat. Ainsi, la boulimie déviationniste a commencé par la tête de l’Etat avant de gagner par dose homéopathique tout le régime. Et pourtant, avant sa prise de pouvoir, l’ancien opposant à Houphouët-Boigny clamait non seulement sa « virginité politique » mais également se disait « une poche de moralité » en matière de bonne gouvernance. Celui qui avait fortement critiqué ses prédécesseurs (Bédié et Guéi) d’avoir entre 80 et 100 conseillers, s’est trouvé du jour au lendemain avec près du quadruple. Le président Sarkozy de la France qui est une puissance économique et qui apporte des appuis budgétaires à la Côte d’Ivoire, n’a pas plus d’une vingtaine de conseillers. Laurent Gbagbo à la tête d’un pays en crise n’a pas trouvé mieux que de se tailler un faramineux budget de souveraineté de 75 milliards et de s’attribuer un nombre effarant de conseillers et de courtisans nourris et blanchis au frais de la princesse. La gabegie n’était pas un vain mot mais une manière de vivre au quotidien. Si on considère qu’un conseiller à la présidence de la République touche environs 4 millions de FCFA, c’est près d’un milliard et demi (1,5 milliard FCFA) qui sortait chaque mois des caisses du palais pour entretenir ce petit monde. C’est dire que la Côte d’Ivoire a souffert des pratiques complaisantes du régime Laurent Gbagbo qui a foulé sciemment au pied les intérêts collectifs au profit d’une oligarchie ploutocratique.
I.B. Kamagaté
I.B. Kamagaté