La fin de la crise postélectorale n’a pas mis fin à la misère des femmes d’Abobo. Chaque matin, elles sont des centaines à postuler pour une place de balayeuse ou à s’enregistrer sur une liste des victimes de la crise.
L’affluence est grande ce lundi 20 juin à l’entrée principale du centre d’action culturelle d’Abobo. Devant le centre, des centaines de femmes forment un rang. Jeunes, femmes au foyer et du troisième âge, toutes attendent religieusement devant les grilles hermétiquement fermées. Que font ces femmes devant ce temple de la culture? Les réponses à cette question témoignent de la confusion qui règne sur place. Pour Doumbia Awa, une Ong dirigée par des Européens distribue des vivres, une somme de 20.000 F cfa et un kit d’une compagnie de téléphonie mobile à toutes les femmes victimes de la guerre. Selon une autre, Mme Traoré Bintou, ménagère, il s’agit d’un don de la Première dame, Dominique Ouattara, pour les femmes d’Abobo. La dernière version parle plutôt d’une campagne d’enregistrement des balayeuses et de ceux qui ont perdu des parents lors de la crise postélectorale. Kouamé Eugénie, agent d’hygiène à la mairie d’Abobo, fait partie de cette dernière catégorie. «Lorsque je suis venue vers ces dames, elles m’ont répondu que le président Ouattara a donné l’argent aux blancs pour que ces derniers le partagent aux victimes d’Abobo. Et que certaines reçoivent 20.000 Fcfa par mois et des puces d’une compagnie de téléphonie mobile. Beaucoup m’ont présenté leurs puces et j’ai rencontré certaines qui ont reçu les 20.000 Fcfa. J’ai tous les papiers. Donc, je suis venue aux nouvelles afin de me faire enregistrer sur la liste des victimes », a-t-elle lâché. La version d’une Ong qui viendrait en aide aux femmes est la plus plausible. Un nom revient constamment dans les propos de ces femmes, celui de Mme Loukou Appoline, agent des services sociaux de la mairie d’Abobo.
Entre rumeur et désinformation…
Nous décidons de rencontrer la concernée dans ses bureaux. Après un exposé des griefs qui lui sont reprochés par les femmes, Loukou Appoline donne sa version des faits. De ces actions en faveur du bien-être des femmes d’Abobo, de la naissance de ce projet de balayeuse de rue, de la méthode de recrutement des femmes et du comment la politique politicienne a brisé l’élan de solidarité et d’aide, la présidente de l’Ong Femme battante de Côte d’Ivoire n’a pas mâché ses mots. «Je suis au service social de la mairie d’Abobo, je sais ce qui se passe. Abobo est peuplé et nous ne sommes pas riches comme les autres communes d’Abidjan. Alors le maire ne peut pas satisfaire tout le monde. De 2006 jusqu’à aujourd’hui, mon combat a été celui d’aider les femmes de la commune. Depuis cette date, 76 millions de Fcfa de prêt-remboursable ont été alloués aux femmes. Même pendant la crise, j’étais sur le terrain pour ramasser des corps, donner de la nourriture aux populations d’Abobo grâce à nos partenaires, Hcr, Reporteurs sans frontière. Mon Ong a des relations avec des partenaires à l’extérieur de la Côte d’Ivoire. Pour éviter une épidémie de choléra, nous avons décidé de balayer la commune », a-t-elle témoigné. Selon Loukou Appoline, ce projet a permis d’employer près de 800 femmes qui percevaient tous les 10 jours 20.000 Fcfa. Notre objectif, a poursuivi la présidente de l’Ong, était de permettre aux femmes d’avoir de quoi manger et de relancer leur commerce. «Mais malheureusement, la politique est rentrée dans ce projet et cela a fait fuir nos partenaires étrangers. J’ai été menacée. Ceux qui voulaient m’aider ont été également menacés. Les blancs qui nous aidaient ont été brutalisés. Ils racontent partout que j’ai reçu de l’argent du gouvernement et du président de la République. Personne ne m’a donné de l’argent. Le gouvernement ne me connait pas. Je ne fais pas de politique. Ce n’est pas moi qui paye les femmes mais nos partenaires comme l’Agence d’aide à la coopération technique et au développement (Acted). Je veux simplement aider mes sœurs. Je n’ai pas d’ambition politique. Je veux juste aider mon maire Adama Toungara. Et 400 femmes ont déjà reçu 8 millions de Fcfa», a-t-elle souligné. Accompagné de notre équipe de reportage, Mme Loukou s’est adressée à la centaine de femmes rassemblées autour du centre culturel. Après l’hymne national repris par les femmes avec ferveur, elle leur a annoncé la fin du projet. «Si un autre projet arrive, je vais leur faire appel», a-t-elle affirmé. Les larmes aux yeux, ces femmes viennent de voir leur espoir de nourrir leurs enfants s’envoler. Ainsi va la vie des femmes d’Abobo.
Fofana Ali (Stagiaire)
Légende : Les femmes d’Abobo ne savent plus à quel saint se vouer.
L’affluence est grande ce lundi 20 juin à l’entrée principale du centre d’action culturelle d’Abobo. Devant le centre, des centaines de femmes forment un rang. Jeunes, femmes au foyer et du troisième âge, toutes attendent religieusement devant les grilles hermétiquement fermées. Que font ces femmes devant ce temple de la culture? Les réponses à cette question témoignent de la confusion qui règne sur place. Pour Doumbia Awa, une Ong dirigée par des Européens distribue des vivres, une somme de 20.000 F cfa et un kit d’une compagnie de téléphonie mobile à toutes les femmes victimes de la guerre. Selon une autre, Mme Traoré Bintou, ménagère, il s’agit d’un don de la Première dame, Dominique Ouattara, pour les femmes d’Abobo. La dernière version parle plutôt d’une campagne d’enregistrement des balayeuses et de ceux qui ont perdu des parents lors de la crise postélectorale. Kouamé Eugénie, agent d’hygiène à la mairie d’Abobo, fait partie de cette dernière catégorie. «Lorsque je suis venue vers ces dames, elles m’ont répondu que le président Ouattara a donné l’argent aux blancs pour que ces derniers le partagent aux victimes d’Abobo. Et que certaines reçoivent 20.000 Fcfa par mois et des puces d’une compagnie de téléphonie mobile. Beaucoup m’ont présenté leurs puces et j’ai rencontré certaines qui ont reçu les 20.000 Fcfa. J’ai tous les papiers. Donc, je suis venue aux nouvelles afin de me faire enregistrer sur la liste des victimes », a-t-elle lâché. La version d’une Ong qui viendrait en aide aux femmes est la plus plausible. Un nom revient constamment dans les propos de ces femmes, celui de Mme Loukou Appoline, agent des services sociaux de la mairie d’Abobo.
Entre rumeur et désinformation…
Nous décidons de rencontrer la concernée dans ses bureaux. Après un exposé des griefs qui lui sont reprochés par les femmes, Loukou Appoline donne sa version des faits. De ces actions en faveur du bien-être des femmes d’Abobo, de la naissance de ce projet de balayeuse de rue, de la méthode de recrutement des femmes et du comment la politique politicienne a brisé l’élan de solidarité et d’aide, la présidente de l’Ong Femme battante de Côte d’Ivoire n’a pas mâché ses mots. «Je suis au service social de la mairie d’Abobo, je sais ce qui se passe. Abobo est peuplé et nous ne sommes pas riches comme les autres communes d’Abidjan. Alors le maire ne peut pas satisfaire tout le monde. De 2006 jusqu’à aujourd’hui, mon combat a été celui d’aider les femmes de la commune. Depuis cette date, 76 millions de Fcfa de prêt-remboursable ont été alloués aux femmes. Même pendant la crise, j’étais sur le terrain pour ramasser des corps, donner de la nourriture aux populations d’Abobo grâce à nos partenaires, Hcr, Reporteurs sans frontière. Mon Ong a des relations avec des partenaires à l’extérieur de la Côte d’Ivoire. Pour éviter une épidémie de choléra, nous avons décidé de balayer la commune », a-t-elle témoigné. Selon Loukou Appoline, ce projet a permis d’employer près de 800 femmes qui percevaient tous les 10 jours 20.000 Fcfa. Notre objectif, a poursuivi la présidente de l’Ong, était de permettre aux femmes d’avoir de quoi manger et de relancer leur commerce. «Mais malheureusement, la politique est rentrée dans ce projet et cela a fait fuir nos partenaires étrangers. J’ai été menacée. Ceux qui voulaient m’aider ont été également menacés. Les blancs qui nous aidaient ont été brutalisés. Ils racontent partout que j’ai reçu de l’argent du gouvernement et du président de la République. Personne ne m’a donné de l’argent. Le gouvernement ne me connait pas. Je ne fais pas de politique. Ce n’est pas moi qui paye les femmes mais nos partenaires comme l’Agence d’aide à la coopération technique et au développement (Acted). Je veux simplement aider mes sœurs. Je n’ai pas d’ambition politique. Je veux juste aider mon maire Adama Toungara. Et 400 femmes ont déjà reçu 8 millions de Fcfa», a-t-elle souligné. Accompagné de notre équipe de reportage, Mme Loukou s’est adressée à la centaine de femmes rassemblées autour du centre culturel. Après l’hymne national repris par les femmes avec ferveur, elle leur a annoncé la fin du projet. «Si un autre projet arrive, je vais leur faire appel», a-t-elle affirmé. Les larmes aux yeux, ces femmes viennent de voir leur espoir de nourrir leurs enfants s’envoler. Ainsi va la vie des femmes d’Abobo.
Fofana Ali (Stagiaire)
Légende : Les femmes d’Abobo ne savent plus à quel saint se vouer.