Le sang est devenu une denrée rare en Côte d'Ivoire. Et certains établissements sanitaires vendent les poches de sang à des prix exorbitants. Dans cet entretien, le Dg Du CNTS invite les praticiens à respecter les prix fixés par le gouvernement Ivoirien, au risque de s'exposer à des poursuites judiciaires.
Le Patriote : Pourquoi y a-t-il une pénurie de sang en Côte d'Ivoire ?
Dr. Seïdou Konaté : Le sang est un produit rare en Côte d'Ivoire. Et que ce n'est pas les hommes qu'on peut avoir du sang pour les malades qui sont dans les différents hôpitaux. Aujourd'hui, du point de vue mondial, le sang est malheureusement reconnu comme insuffisant. Et en Côte d'Ivoire, le sang ne suffit pas. La pénurie de sang est accentuée par le fait que nous sortions d'une crise où nous avons eu des blessés de guerre qui sont en attente d'une transfusion avant d'être opérés. C'est cette situation qui a augmenté notre consommation en sang. Car en dehors de nos malades habituels qui sont les enfants (anémiés par le paludisme, la malnutrition) ou les femmes qui ont saigné au cours de l'accouchement et des accidentés de la voie publique, il s'est ajouté le nombre important des blessés par balles et traumatismes dus à la crise. Ce qui fait qu'aujourd'hui, les besoins en sang sont plus que jamais importants dans nos formations sanitaires. C'est d'ailleurs pour cela que nous lançons un appel à la population, pour se mobiliser tous les jours à l'effet de participer aux opérations de dons de sang. Parce que malheureusement, il n'y a aucune substance synthétique médicinale qui puisse remplacer le sang si ce n'est le sang de l'homme à donner aux patients. On ne peut réussir cette autosuffisance en produits sanguins qu'avec la participation de tous les Ivoiriens. Car chacun de nous a suffisamment de sang dans son corps.
LP : Combien de litres de sang le corps humain contient- il ?
Dr S.K. : L'être humain a 4 à 5 litres de sang dans son corps. Et à un prélèvement pour la transfusion sanguine, on ne prend que 450 millilitres (ml). Et ceci, tous les trois mois. Nous pensons que si 1% des habitants de la Côte d'Ivoire donnent un peu de leur sang, nous n'aurions plus de problèmes.
LP : La Côte d'Ivoire est-elle autosuffisante en produits sanguins ?
Dr S.K. : Non. Mais aujourd'hui la Côte d'Ivoire a gagné ce qu'on appelle la bataille du sang propre .C'est à dire tout le sang qui sort de notre service de transfusion sanguine, du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest est du sang de qualité et sécurisé selon les normes de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Tous nos sangs sont sécurisés. Là où nous sommes inquiets, c'est au niveau de la quantité. C'est pour cela que si chacun de nous donne son sang , c'est un stock qui peut servir pour lui-même, parce qu'on ne sait jamais quand un accident peut arriver. Si chacun vient tendre son bras pour qu'on prélève juste quelques quantités de sang, notre pays peut atteindre l'autosuffisance en produits sanguins.
LP : Combien de poches de sang sont-elles distribuées chaque jour ?
Dr S.K. : En 2010 par exemple, nous avons distribué cent mille poches de sang. C'est important, mais pas suffisant. Il faut dire qu'en 2005 on était autour de 80 mille poches de sang. Donc il y a eu une progression dans la production de sang, mais ce n'est pas suffisant. Il nous faut aller jusqu'à 170milles et 175 milles prélèvements de sang par an pour pouvoir nous rapprocher de l'autosuffisance en produits sanguins. C'est pour quoi, la participation de tous est vivement demandée. Parce que seuls le Ministère de la santé, les services de Transfusion sanguine ne pourront combler le gap en pénurie de sang si la population ne mobilise pas.
LP : Quelle est la norme de l'Oms relative à la production des produits sanguins ?
Dr S.K. : L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) nous conseille d'avoir 1% de la population qui donne du sang. Si nous partons sur la base de 20 millions d'habitants, il nous faut à peu près 200 milles poches de sang par an. Nous sommes autour de cent milles. Si on a 175 milles prélèvements, cela nous suffit largement pour combler le gap. Donc il nous reste encore un gap de 70 milles poches de sang à combler pour atteindre l'autosuffisance. Cela est possible, ce n'est pas la mer boire. Il suffit seulement d'y penser et de venir donner de son sang. Il est bon de savoir que le fait de donner son sang ne comporte aucun risque. Parce que la quantité qu'on vous prélève n'est pas préjudiciable pour votre santé. Lors des prélèvements, tout le matériel qu'on utilise est à usage unique, du matériel stérile. Donc vous ne pouvez pas contracter une maladie en venant donner du sang. Au contraire, quand vous donnez régulièrement, vous devenez un donneur fidèle. Et le donneur fidèle est prioritaire en matière de sang quand il a en besoin ou bien quand ses parents en ont besoin. Le sang leur est céder gracieusement, parce qu'ils participent à un acte de santé. J'appelle parents, les ascendants,, le père , la mère, les descendants ( les enfants du donneur de sang, le conjoint ou la conjointe ) ceux là s'ils ont besoin du sang ou bien des prestations des services de transfusions sanguines, l'Etat leur offre ça gracieusement. Ce, en reconnaissance de l'acte qu'ils posent tous les jours pour sauver les malades.
LP : Comment expliquez-vous que les coûts des poches de sang varient d'un établissement sanitaire à un autre ?
Dr. S.K : Les prix des poches de sang sont homologués en Côte d'Ivoire. Trois types établissements sanitaires sont concernés par ces prix. Nous avons les Formations Sanitaires (FSU), hôpitaux généraux et Centre Hospitalier Régional (CHR), c'est-à-dire les hôpitaux de premier niveau. A ces hôpitaux, le sang est cédé à 3000 FCFA. Ensuite nous avons les Centres Hospitaliers Universitaires (CHU), les hôpitaux de grands niveaux qui sont le volet tertiaire de notre système pyramidal de la santé, les centres spécialisés comme le SAMU, l'Institut de Cardiologie d'Abidjan (ICA), où le sang est vendu à 8000 FCFA. Par contre, dans les cliniques privées, ce liquide rouge est cédé à 25 000 FCFA. En dehors de ces trois et concernant ces trois types de structures, tous ceux qui font de la surenchère sont dans l'inégalité. C'est-à-dire que si on vous vend une poche de sang à l'hôpital d'Abengourou à 10 mille FCFA, c'est de l'inégalité, c'est de la fraude. C'est à 3000 FCFA.
LP : Malheureusement, ces cas de fraude sont récurrents dans les différentes structures sanitaires. Des sanctions sont elles prévues pour ceux qui s'adonnent à ce genre de pratique ?
Dr S.K. : Oui j'invite les Ivoiriens à dénoncer ces cas de fraude. Effectivement, il y a des sanctions qui sont prévues par la loi pour les cas de fraudes. La loi est faite pour protéger le donneur et le receveur et lutter contre toutes formes de trafic. En tout cas, faire du trafic de sang est illégal et passible de poursuites judiciaires. J'invite encore la population à se mobiliser davantage pour que le pays soit autosuffisant en sang.
Réalisée par Anzoumana Cissé
Le Patriote : Pourquoi y a-t-il une pénurie de sang en Côte d'Ivoire ?
Dr. Seïdou Konaté : Le sang est un produit rare en Côte d'Ivoire. Et que ce n'est pas les hommes qu'on peut avoir du sang pour les malades qui sont dans les différents hôpitaux. Aujourd'hui, du point de vue mondial, le sang est malheureusement reconnu comme insuffisant. Et en Côte d'Ivoire, le sang ne suffit pas. La pénurie de sang est accentuée par le fait que nous sortions d'une crise où nous avons eu des blessés de guerre qui sont en attente d'une transfusion avant d'être opérés. C'est cette situation qui a augmenté notre consommation en sang. Car en dehors de nos malades habituels qui sont les enfants (anémiés par le paludisme, la malnutrition) ou les femmes qui ont saigné au cours de l'accouchement et des accidentés de la voie publique, il s'est ajouté le nombre important des blessés par balles et traumatismes dus à la crise. Ce qui fait qu'aujourd'hui, les besoins en sang sont plus que jamais importants dans nos formations sanitaires. C'est d'ailleurs pour cela que nous lançons un appel à la population, pour se mobiliser tous les jours à l'effet de participer aux opérations de dons de sang. Parce que malheureusement, il n'y a aucune substance synthétique médicinale qui puisse remplacer le sang si ce n'est le sang de l'homme à donner aux patients. On ne peut réussir cette autosuffisance en produits sanguins qu'avec la participation de tous les Ivoiriens. Car chacun de nous a suffisamment de sang dans son corps.
LP : Combien de litres de sang le corps humain contient- il ?
Dr S.K. : L'être humain a 4 à 5 litres de sang dans son corps. Et à un prélèvement pour la transfusion sanguine, on ne prend que 450 millilitres (ml). Et ceci, tous les trois mois. Nous pensons que si 1% des habitants de la Côte d'Ivoire donnent un peu de leur sang, nous n'aurions plus de problèmes.
LP : La Côte d'Ivoire est-elle autosuffisante en produits sanguins ?
Dr S.K. : Non. Mais aujourd'hui la Côte d'Ivoire a gagné ce qu'on appelle la bataille du sang propre .C'est à dire tout le sang qui sort de notre service de transfusion sanguine, du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest est du sang de qualité et sécurisé selon les normes de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Tous nos sangs sont sécurisés. Là où nous sommes inquiets, c'est au niveau de la quantité. C'est pour cela que si chacun de nous donne son sang , c'est un stock qui peut servir pour lui-même, parce qu'on ne sait jamais quand un accident peut arriver. Si chacun vient tendre son bras pour qu'on prélève juste quelques quantités de sang, notre pays peut atteindre l'autosuffisance en produits sanguins.
LP : Combien de poches de sang sont-elles distribuées chaque jour ?
Dr S.K. : En 2010 par exemple, nous avons distribué cent mille poches de sang. C'est important, mais pas suffisant. Il faut dire qu'en 2005 on était autour de 80 mille poches de sang. Donc il y a eu une progression dans la production de sang, mais ce n'est pas suffisant. Il nous faut aller jusqu'à 170milles et 175 milles prélèvements de sang par an pour pouvoir nous rapprocher de l'autosuffisance en produits sanguins. C'est pour quoi, la participation de tous est vivement demandée. Parce que seuls le Ministère de la santé, les services de Transfusion sanguine ne pourront combler le gap en pénurie de sang si la population ne mobilise pas.
LP : Quelle est la norme de l'Oms relative à la production des produits sanguins ?
Dr S.K. : L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) nous conseille d'avoir 1% de la population qui donne du sang. Si nous partons sur la base de 20 millions d'habitants, il nous faut à peu près 200 milles poches de sang par an. Nous sommes autour de cent milles. Si on a 175 milles prélèvements, cela nous suffit largement pour combler le gap. Donc il nous reste encore un gap de 70 milles poches de sang à combler pour atteindre l'autosuffisance. Cela est possible, ce n'est pas la mer boire. Il suffit seulement d'y penser et de venir donner de son sang. Il est bon de savoir que le fait de donner son sang ne comporte aucun risque. Parce que la quantité qu'on vous prélève n'est pas préjudiciable pour votre santé. Lors des prélèvements, tout le matériel qu'on utilise est à usage unique, du matériel stérile. Donc vous ne pouvez pas contracter une maladie en venant donner du sang. Au contraire, quand vous donnez régulièrement, vous devenez un donneur fidèle. Et le donneur fidèle est prioritaire en matière de sang quand il a en besoin ou bien quand ses parents en ont besoin. Le sang leur est céder gracieusement, parce qu'ils participent à un acte de santé. J'appelle parents, les ascendants,, le père , la mère, les descendants ( les enfants du donneur de sang, le conjoint ou la conjointe ) ceux là s'ils ont besoin du sang ou bien des prestations des services de transfusions sanguines, l'Etat leur offre ça gracieusement. Ce, en reconnaissance de l'acte qu'ils posent tous les jours pour sauver les malades.
LP : Comment expliquez-vous que les coûts des poches de sang varient d'un établissement sanitaire à un autre ?
Dr. S.K : Les prix des poches de sang sont homologués en Côte d'Ivoire. Trois types établissements sanitaires sont concernés par ces prix. Nous avons les Formations Sanitaires (FSU), hôpitaux généraux et Centre Hospitalier Régional (CHR), c'est-à-dire les hôpitaux de premier niveau. A ces hôpitaux, le sang est cédé à 3000 FCFA. Ensuite nous avons les Centres Hospitaliers Universitaires (CHU), les hôpitaux de grands niveaux qui sont le volet tertiaire de notre système pyramidal de la santé, les centres spécialisés comme le SAMU, l'Institut de Cardiologie d'Abidjan (ICA), où le sang est vendu à 8000 FCFA. Par contre, dans les cliniques privées, ce liquide rouge est cédé à 25 000 FCFA. En dehors de ces trois et concernant ces trois types de structures, tous ceux qui font de la surenchère sont dans l'inégalité. C'est-à-dire que si on vous vend une poche de sang à l'hôpital d'Abengourou à 10 mille FCFA, c'est de l'inégalité, c'est de la fraude. C'est à 3000 FCFA.
LP : Malheureusement, ces cas de fraude sont récurrents dans les différentes structures sanitaires. Des sanctions sont elles prévues pour ceux qui s'adonnent à ce genre de pratique ?
Dr S.K. : Oui j'invite les Ivoiriens à dénoncer ces cas de fraude. Effectivement, il y a des sanctions qui sont prévues par la loi pour les cas de fraudes. La loi est faite pour protéger le donneur et le receveur et lutter contre toutes formes de trafic. En tout cas, faire du trafic de sang est illégal et passible de poursuites judiciaires. J'invite encore la population à se mobiliser davantage pour que le pays soit autosuffisant en sang.
Réalisée par Anzoumana Cissé