Depuis son retour sur le marché de la presse, le relais principal de la refondation n’a pas montré des signes de mutation positive. Comme s’il n’était pas averti des souffrances endurées par les Ivoiriens pendant les dix années de refondation et surtout pendant la crise postélectorale, cet organe continue de plus belle dans l’activation de la haine dans un pays qui cherche la réconciliation et la paix. Les procureurs d’hier, qui se plaisaient dans des réquisitoires virulents et les procès d’intention, pleurnichent aujourd’hui sur leur sort et donnent, chaque jour davantage, des informations inutilement alarmantes sur les prisonniers du FPI. Quand bien même il est de notoriété que la réalité est toute autre. Le plus cocasse dans cette affaire, c’est la faillite de remords et de compassion qui caractérise ces nouveaux donneurs de leçons. Ils ont oublié et se sont froidement oubliés. Ont-ils subitement perdu de vue les discours enflammés et la morgue hautaine dont ils faisaient preuve il n’y a pas encore longtemps ? Ceux qui riaient à gorge déployée devant les malheurs des autres apprennent à présent que la vérité d’hier n’est certainement pas celle d’aujourd’hui. Ne ricanaient-ils pas autrefois quand le pauvre hère d’Abobo a été « crucifié » avec de grandes pointes ? N’ont-ils pas appelé pour demander quand cet homme ressuscitera, comme à Golgotha, avec le Christ ? En octobre 2000, lors de la découverte du charnier de Yopougon, n’ont-ils pas parlé de « songes et de mensonges » ? En Mars dernier, quand les gardes chiourmes de Gbagbo ont assassiné des femmes à l’aide d’obus lancés lâchement, nos amis de la refondation avaient parlé cyniquement de « complot du bissap », qu’ils ont expliqué par un scénario bien révoltant. Maintenant, on s’étonne de les voir crier au loup dès la moindre difficulté. Les bourreaux d’hier donnent dans les jérémiades totalement risibles. Dès qu’on leur demande des comptes sur les actes malveillants posés, ils crient à la chasse aux sorcières, oubliant tout le mal qu’ils ont fait aux enfants des autres. Il faut quand même avoir un peu de décence, même par temps de réconciliation et de pardon
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga