Un nouveau leader à trouver

Comparaison n’est pas raison. La situation du Front populaire ivoirien (Fpi) avec Laurent Gbagbo s’apparente quelque peu à celle d’Henri Konan Bédié avec le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) en 1999. A la différence que le second avait été déposé par un coup d’Etat. Ce qui n’a pourtant pas empêché le secrétaire général du Pdci d’alors, Laurent Dona-Fologo, de lui demander de renoncer à la présidence. « On ne peut pas diriger le Pdci en restant à 6000 kilomètres », avait-il lancé. Quant à Laurent Gbagbo, il n’avait plus aucune légalité ni légitimité depuis le 28 novembre. Et, pour avoir voulu s’accrocher à un pouvoir perdu dans les urnes, il a été pris et placé en résidence surveillée. Si le « sphinx de Daoukro » a pu renaître de ses cendres pour revenir diriger son parti, cela reste presque impossible pour Laurent Gbagbo. Contrairement à Daoukro qui a attendu le retour d’exil de son ‘’chef’’, Gagnoa a donc intérêt à se trouver un autre leader. Depuis l’arrivée de Laurent Gbagbo à la magistrature suprême, la violence s’est installée en Côte d’Ivoire. Le clou a été atteint avec la tentative de maintien forcé au pouvoir après sa défaite dans les urnes en novembre 2010. Laurent Gbagbo est tristement rentré dans l’histoire en provoquant plus de trois mille morts. Si Gagnoa qui se réclame de lui ne veut pas être en marge de la marche vers le développement amorcé par la nouvelle Côte d’Ivoire, il a intérêt à tourner la page Gbagbo. Car, à cause de lui, cette localité a acquis, aujourd’hui, une réputation de ville belliqueuse et violente. En sus, quand Laurent Gbagbo finira-t-il de régler ses déboires avec la justice pour venir aider sa ville à accéder au développement ? Il serait dommage pour Gagnoa de se laisser emporter par la bourrasque qui est en train d’entraîner son fils. Il ne s’agit pas, bien sûr, de renier Laurent Gbagbo. Mais de dire que le croc-en-jambe qu’il a voulu faire à la démocratie était un acte cautionné par une minorité. Et, que des enfants de Gagnoa aient commencé à tenir un discours dépouillé de violence et de haine, est le signe que la capitale du Fromager a choisi de marcher, désormais, sur cette voie nouvelle.

Bamba K. Inza