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Politique Publié le mercredi 22 juin 2011 | Nord-Sud

Blé Blé Charles, président de la Nadci-Jdp: « Le Fpi risque l’implosion »

Ancien cadre du Front populaire ivoirien et président de la Nouvelle alliance démocratique de Côte d’Ivoire pour la justice, le développement et la paix (Nadci-Jdp), Blé Blé Charles soutient que son ancien parti a intérêt à poursuivre ses activités sans Laurent Gbagbo.

Le Fpi doit-il tourner la page Gbagbo pour continuer son combat ou lutter pour sa libération afin de le reprendre avec lui ?
La situation actuelle du président Gbagbo est qu’il est en détention, en résidence surveillée. Et, qu’il n’est pas libre de ses mouvements. Donc, ne peut pas occuper une instance de décision. C’est cela la première conséquence de sa situation personnelle. Or, le Fpi, s’il veut continuer à vivre, doit pouvoir mener des activités en tenant compte du fait que le leader naturel n’est pas disponible, aujourd’hui, pour ces activités-là. La realpolitik veut qu’on regarde la situation et, qu’en fonction de la réalité, on prenne une décision qui permet d’avancer. Or, cette décision est elle-même sujette à une autre interrogation qui est : est-ce que le Fpi peut changer ou veut changer ?

Quelle est votre réponse à cette question ?
La politique qu’elle vient de mener durant ces dernières années l’amène à une situation de déconfiture. A partir de là, est-ce que les cadres du Fpi sont capables de dire : nous devons changer un certain nombre de choses parce que, tel que nous avons procédé, nous avons échoué. La politique actuelle du Fpi l’amène à une situation d’échec. Et, quand on est dans une situation d’échec, qu’on soit une entreprise publique ou privée, elle invite à un changement. Ce qui permet d’être plus actif et plus performant pour le futur. Cela part d’une volonté de changer.


Pensez-vous que les cadres du Fpi ont cette volonté ?
C’est là toute la question. Et, c’est justement pourquoi les militants, eux-mêmes vont être dans une déconfiture qui est qu’on n’a plus de visage, on ne sait plus quoi faire. Ce qui fait l’affaire, non seulement du parti au pouvoir mais de ceux qui vont se créer. Et, qui doivent impulser ce changement. C’est dans cette dynamique que nous, nous sommes en tant que parti. Parce que nos frères d’hier ne changent pas et ne peuvent pas s’occuper correctement des situations de leurs propres militants qui sont en exil. Car, si on continue de se battre dans l’agressivité, dans les querelles inutiles, on n’est pas performant pour attaquer les défis d’aujourd’hui. Les défis d’aujourd’hui, c’est qu’on perd le pouvoir, il faut se réorganiser pour éventuellement être présent sur la scène politique. Pour envisager la reconquête dudit pouvoir.

Pourrait-on assister au départ de cadres en vue de créer leurs propres partis ?
Bien sûr ! Des cadres vont s’apercevoir que le combat est perdu d’avance. Et, il faut attendre les législatives pour voir cela. Se rendre compte qu’on n’a pas su s’organiser correctement. On va encore perdre aux législatives. Il y a moins de raisons de croire que les leaders actuels sont capables de créer un lendemain meilleur parce qu’on va perdre. Puisqu’on est dans une logique de défaite. Pour en sortir, il faut se réinventer. C’est cette réinvention qui n’existe pas qui va se retrouver dans de nouveaux partis. Ou bien dans des cadres qui ne vont pas porter la pesanteur que la situation du Fpi fait peser sur leurs ambitions politiques.

Un retour de Blé Blé Charles au Fpi pour l’aider à rebondir est-il envisageable ?
Non, pourquoi le ferai-je ? Si les gens ne sont pas capables de changement, je vais me retrouver à perdre le temps dans des discussions inutiles. Et, aujourd’hui, le changement se retrouvera chez moi. Je n’ai pas besoin d’aller au Fpi. Les cadres qui veulent changer, embrasser les problèmes de la nation plutôt que des problèmes de personnes, ceux-là doivent se retrouver avec moi.

Avez-vous déjà été approché par certains ?
Oui, ils sont nombreux. Croyez-vous que les Ivoiriens sont stupides ? Ils voient, aujourd’hui, l’incompétence notoire dont ont été capables certaines personnes en qui ils croyaient. Ils ne vont pas continuer à les suivre si ceux-là ne sont pas capables de changement. C’est ce qui se dit d’ailleurs à la base. Ils disent qu’ils ont été trompés. Ça suffit. C’est dire qu’ils ne sont pas prêts à leur donner le Saint-Esprit sans confession.

Des noms de ceux qui veulent vous rejoindre ?
Non, mais vous les verrez à l’occasion de notre prochaine assemblée en début du mois de juillet.

Entretien réalisé par Bamba K. Inza
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