Alors que le nouveau pouvoir dit vouloir réconcilier la Nation brisée par la guerre, Laurent Gbagbo, sa famille et nombre de ses collaborateurs sont détenus dans diverses geôles à travers le pays. Pendant que les cadres Lmp font l’objet d’une traque sans répit et subissent des représailles de tous genres. Un paradoxe qui est loin de traduire en actes une réelle volonté de «remettre les Ivoiriens ensemble».
Laurent Gbagbo et les siens sont toujours entre les mains des geôliers, à travers le pays. Ses proches et ses collaborateurs, arrêtés eux aussi à la suite de la journée noire du lundi 11 avril 2011, sont entre les mains des nouveaux maîtres des lieux. On ne compte non plus le nombre de personnes visées pour leurs liens supposés ou réels avec Lmp qui ont dû quitter le pays pour fuir les représailles, après que leurs biens ont été pillés, détruits ou incendiés. Devant cette situation d’insécurité, des voix se son fait entendre pour demander que le président Laurent Gbagbo et les siens soient libérés sans condition et sans délai. Et que cesse la traque contre ses collaborateurs et partisans qui sont dans le viseur des autres. Car le schéma qui se déroule sous nos yeux est incompatible avec l’idée de la réconciliation nationale prônée par les nouveaux hommes forts. Lesquels, dès l’arrestation du Président Laurent Gbagbo, avaient annoncé sur les médias étrangers que : “La réconciliation entre les Ivoiriens est une priorité”. Mais, deux mois après, le pouvoir en place continue de maintenir la pression d’une main de fer. Et le ton acre de la guerre n’a pas encore fait place à la mélodie qui doit bercer la réconciliation nationale.
Une main de fer… pour une curieuse réconciliation par la persécution
Au contraire, la donne est tout autre. Le pouvoir en place a affiché depuis quelques semaines sa volonté de pister et de jeter en prison tous les ministres de l’ancien régime, ainsi que les directeurs généraux des sociétés d’Etat sous Laurent Gbagbo, s’ils étaient coupables de mauvaise gestion, après les audits qui seront bientôt faits. A l’heure de la réconciliation, les observateurs sont surpris par ce que c’est une «chasse aux sorcières» qui sous-tend cette opération main propre en vue. Qui plus est, les sanctions qui pèsent sur les hauts fonctionnaires de l’administration Gbagbo et sur les proches de celui-ci sont toujours en vigueur. En effet, suite au «renouvellement par l’Union européenne des mesures restrictives à l’encontre de la Côte d’Ivoire aux fins du gel des avoirs des personnes…», le procureur de la République, Simplice Kouadio Koffi, a ordonné, le 11 juin dernier, le gel des avoirs de 97 autres personnes proches du président Laurent Gbagbo. Ladite liste fait suite à celle des 148 personnes, publiée en mai dernier. Alors que les Ivoiriens s’attendaient à la tendance contraire. D’autant plus que des appels ont été lancés qui plaident en faveur de mesures d’assouplissement, pour «une réconciliation vraie, qui ne soit ni hypocrite, ni biaisée à la base». Comment se réconcilier avec celui qu’on maintient en prison? Par quel moyen amènera t-on celui qui, avec les siens, est affamé par une mesure restrictive à se joindre à la célébration de la grande fraternité ivoirienne ? Quelle sera la place des Ivoiriens en exil forcé dans cette «fête nationale» qui risque fort de se tenir sans eux ? A ces questions, Charles Konan Banny, chargé de conduire la commission de réconciliation nationale, devra trouver des réponses, pour rassurer tout le monde avant la grande embrassade censée remettre toutes les filles et tous les fils de ce pays ensemble. Au moment où les plaies béantes ouvertes par la guerre continuent de saigner. Mais sans doute n’aura-t-il pas à chercher loin, s’il s’inspire des actes nobles et de la hauteur de vue de Laurent Gbagbo, le prisonnier du moment. Celui qui a donné, au moment où il occupait le palais présidentiel, toute la mesure de sa vocation de démocrate achevée et d’homme de paix, de tolérance et de pardon, pour ne citer que ces vertus, tout le long de la crise née du coup d’Etat du 19 septembre 2002 qui visait déjà à le renverser.
Laurent Gbagbo : une quête permanente de la paix
Bien que harcelé par la rébellion née de ce putsch, le chef de l’Etat d’alors a fait de la quête de la paix une véritable obsession. De Lomé au Togo à Linas Marcoussis et à Kléber en France, d’Accra au Ghana à Pretoria en Afrique du sud à Ouagadougou au Burkina Faso, il s’est promené de capitale en capitale à travers le monde, non pas pour demander des prêts pour construire son pays, mais pour rechercher la paix, pour ce pays qu’il aime tant et auquel il a consacré toute son énergie, toute sa vie. Là où le nouveau pouvoir estime qu’il faut coûte que coûte envoyer Laurent Gbagbo devant le Tpi pour le faire condamner absolument, lui a dit devant son peuple que : ‘’Aucun sacrifice n’est de trop pour la paix’’. Il a montré aux yeux du monde qu’aucune ambition politique, aucune quête du pouvoir ne valait que l’on mette en péril la paix sans laquelle la vie n’est que souffrance et misère pour le peuple. C’est donc fort de cette conviction qu’il n’a pas hésité à s’humilier pour la paix, en acceptant de signer les accords les plus absurdes, même lorsque ceux-ci remettaient en cause son pouvoir. Au sortir de Marcoussis Laurent Gbagbo a accepté à ses côtés un premier ministre imposé par une résolution onusienne avec les «pleins pouvoirs». Seydou Diarra dit «transition Man» (de 2003 à 2006) et Charles Kona Banny (de 2006 à 2007) ont eu ce privilège. Mieux, Laurent Gbagbo a accepté, pour la paix, de souffrir des gouvernements de transition dans lesquels, le G7, constitué de l’opposition devenue Rhdp en 2005 à Paris à la demande de l’Elysée, avait le beau rôle. Les quotas de participation et les postes à pourvoir lui étant imposés. Tout le long de cette longue transition qui a duré près de 10 ans, Laurent Gbagbo n’a jamais touché à un seul cheveu d’un responsable de l’opposition ou de la rébellion pour une question de « gouvernance ».
L’exception ivoirienne, signée Laurent Gbagbo
Car lui n’a pas choisi de se débarrasser des ses adversaires mais plutôt de se rapprocher d’eux, en toute responsabilité pour œuvrer au retour de la paix. Bien plus encore, la hauteur de vue de Laurent Gbagbo a marqué le monde entier. Il n’a pas voué une haine tenace à ses adversaires politiques et à la rébellion qui l’a attaqué, avec toutes les complicités qui se sont enfin dévoilées aujourd’hui. Il est plutôt allé jusqu’à proposer ce que le monde entier a qualifié d’exception ivoirienne. C’est –à-dire le «Dialogue direct» avec ses frères d’en face. Lequel dialogue a débouché sur l’Accord politique de Ouagadougou en 2007, au terme duquel il a nommé Guillaume Soro, Secrétaire général des Forces nouvelles, ex-rébellion, Premier ministre. Laurent Gbagbo a volontiers accepté que le président Burkinabé Blaise Compaoré dont le pays a servi de base arrière à la rébellion soit associé au règlement du conflit en qualité de « facilitateur » du processus de sortie de crise. Et, pendant que l’ex-rébellion et le Rhdp prennent leurs quartiers au gouvernement, Laurent Gbagbo se bat pour faire aboutir le processus électoral. Or, la Commission électorale indépendante (Cei) est aux mains de ses adversaires qui y font la pluie et le beau temps. Une autre concession que Laurent Gbagbo a dû faire au nom de la paix. En pleine opération d’identification, la fraude fait rage. On découvre un scandale portant sur l’enrôlement de 429 000 personnes inscrites de façon frauduleuse sur les listings électoraux. Le président de la Cei, Mambé Beugré, aujourd’hui gouverneur du District d’Abidjan, reconnaît qu’il a effectué un «croissement parallèle» frauduleux des fichiers pour sa «propre gouverne». Pour ne pas dire au profit du Rhdp. Plus tard, Youssouf Bakayoko remplace Mambé Beugré à la tête de la Cei, toujours pour le compte de l’opposition. La suite sera un désastre pour le processus électoral.
Démocrate, en dépit de tout
Mais Laurent Gbagbo va dépasser le conflit né du contentieux électoral pour maintenir l’organisation des élections. Même lorsque l’ex-rébellion n’est pas encore désarmée dans les zones sous son contrôle. Alors que l’Accord politique de Ouagadougou stipulait que le désarment devait être effectif deux (2) mois avant les élections. Interpellés sur la question, la France, l’Onu, les ex-rebelles et le Rhdp feront savoir qu’il n’était pas nécessaire de désarmer la rébellion avant les élections. Pis, Laurent Gbagbo est même accusé de vouloir bloquer les élections. En homme soucieux de sortir son pays et son peuple d’une crise qui n’avait que trop duré, il décide d’aller au scrutin à la date prévue, en dépit de tout, là où beaucoup voyaient un piège. La suite n’a pas donné tort à ceux qui prédisaient le pire pour ce grand homme de paix, dont le seul tort est d’avoir recherché le bonheur de son peuple, contre des intérêts occultes. On a vu le résultat. Mais il fallait s’appeler Laurent Gbagbo pour placer la paix au dessus du pouvoir politique. Aujourd’hui, à l’heure où l’on refuse de ranger le fusil sur les bords de la Lagune Ebrié, au moment où la traque des partisans de Laurent Gbagbo continue, les nouvelles autorités réussiront – elles à surmonter le désir de vengeance qui anime certains pour marcher dans le vrai chemin de la réconciliation qui débouchera sur la paix. Le chemin qui passe inévitablement par le pardon, la tolérance ? Envisagerait-on de gouverner la Côte d’Ivoire sans Laurent Gbagbo et Lmp qui représentent plus de la moitié de l’électorat ivoirien, là où d’autres ont dû se mettre à plusieurs pour réaliser leur score ? Le nouveau pouvoir a reproché au Front populaire ivoirien (Fpi) d’avoir fait de la libération du président Gbagbo, de sa famille et de ses collaborateurs emprisonnés un préalable avant d’envisager une entrée au gouvernement dit de réconciliation. Mais que ferait le Fpi dans un gouvernement censé unir tous les Ivoiriens, alors que son chef et les siens sont en détention ? La question ne se pose même pas, car au Fpi, l’on n’entre pas dans un gouvernement pour le simple plaisir d’y être, comme ailleurs. Mais Ouattara sait au fond de lui-même que la réconciliation qu’il veut réaliser passe nécessairement par la libération de Laurent Gbagbo. Et, plus sûrement que les discours, ce sont les actes d’apaisement attendus des nouvelles autorités par les Ivoiriens qui seront le gage de l’amorce véritable et crédible d’une réconciliation vraie.
K. Kouassi Maurice
Laurent Gbagbo et les siens sont toujours entre les mains des geôliers, à travers le pays. Ses proches et ses collaborateurs, arrêtés eux aussi à la suite de la journée noire du lundi 11 avril 2011, sont entre les mains des nouveaux maîtres des lieux. On ne compte non plus le nombre de personnes visées pour leurs liens supposés ou réels avec Lmp qui ont dû quitter le pays pour fuir les représailles, après que leurs biens ont été pillés, détruits ou incendiés. Devant cette situation d’insécurité, des voix se son fait entendre pour demander que le président Laurent Gbagbo et les siens soient libérés sans condition et sans délai. Et que cesse la traque contre ses collaborateurs et partisans qui sont dans le viseur des autres. Car le schéma qui se déroule sous nos yeux est incompatible avec l’idée de la réconciliation nationale prônée par les nouveaux hommes forts. Lesquels, dès l’arrestation du Président Laurent Gbagbo, avaient annoncé sur les médias étrangers que : “La réconciliation entre les Ivoiriens est une priorité”. Mais, deux mois après, le pouvoir en place continue de maintenir la pression d’une main de fer. Et le ton acre de la guerre n’a pas encore fait place à la mélodie qui doit bercer la réconciliation nationale.
Une main de fer… pour une curieuse réconciliation par la persécution
Au contraire, la donne est tout autre. Le pouvoir en place a affiché depuis quelques semaines sa volonté de pister et de jeter en prison tous les ministres de l’ancien régime, ainsi que les directeurs généraux des sociétés d’Etat sous Laurent Gbagbo, s’ils étaient coupables de mauvaise gestion, après les audits qui seront bientôt faits. A l’heure de la réconciliation, les observateurs sont surpris par ce que c’est une «chasse aux sorcières» qui sous-tend cette opération main propre en vue. Qui plus est, les sanctions qui pèsent sur les hauts fonctionnaires de l’administration Gbagbo et sur les proches de celui-ci sont toujours en vigueur. En effet, suite au «renouvellement par l’Union européenne des mesures restrictives à l’encontre de la Côte d’Ivoire aux fins du gel des avoirs des personnes…», le procureur de la République, Simplice Kouadio Koffi, a ordonné, le 11 juin dernier, le gel des avoirs de 97 autres personnes proches du président Laurent Gbagbo. Ladite liste fait suite à celle des 148 personnes, publiée en mai dernier. Alors que les Ivoiriens s’attendaient à la tendance contraire. D’autant plus que des appels ont été lancés qui plaident en faveur de mesures d’assouplissement, pour «une réconciliation vraie, qui ne soit ni hypocrite, ni biaisée à la base». Comment se réconcilier avec celui qu’on maintient en prison? Par quel moyen amènera t-on celui qui, avec les siens, est affamé par une mesure restrictive à se joindre à la célébration de la grande fraternité ivoirienne ? Quelle sera la place des Ivoiriens en exil forcé dans cette «fête nationale» qui risque fort de se tenir sans eux ? A ces questions, Charles Konan Banny, chargé de conduire la commission de réconciliation nationale, devra trouver des réponses, pour rassurer tout le monde avant la grande embrassade censée remettre toutes les filles et tous les fils de ce pays ensemble. Au moment où les plaies béantes ouvertes par la guerre continuent de saigner. Mais sans doute n’aura-t-il pas à chercher loin, s’il s’inspire des actes nobles et de la hauteur de vue de Laurent Gbagbo, le prisonnier du moment. Celui qui a donné, au moment où il occupait le palais présidentiel, toute la mesure de sa vocation de démocrate achevée et d’homme de paix, de tolérance et de pardon, pour ne citer que ces vertus, tout le long de la crise née du coup d’Etat du 19 septembre 2002 qui visait déjà à le renverser.
Laurent Gbagbo : une quête permanente de la paix
Bien que harcelé par la rébellion née de ce putsch, le chef de l’Etat d’alors a fait de la quête de la paix une véritable obsession. De Lomé au Togo à Linas Marcoussis et à Kléber en France, d’Accra au Ghana à Pretoria en Afrique du sud à Ouagadougou au Burkina Faso, il s’est promené de capitale en capitale à travers le monde, non pas pour demander des prêts pour construire son pays, mais pour rechercher la paix, pour ce pays qu’il aime tant et auquel il a consacré toute son énergie, toute sa vie. Là où le nouveau pouvoir estime qu’il faut coûte que coûte envoyer Laurent Gbagbo devant le Tpi pour le faire condamner absolument, lui a dit devant son peuple que : ‘’Aucun sacrifice n’est de trop pour la paix’’. Il a montré aux yeux du monde qu’aucune ambition politique, aucune quête du pouvoir ne valait que l’on mette en péril la paix sans laquelle la vie n’est que souffrance et misère pour le peuple. C’est donc fort de cette conviction qu’il n’a pas hésité à s’humilier pour la paix, en acceptant de signer les accords les plus absurdes, même lorsque ceux-ci remettaient en cause son pouvoir. Au sortir de Marcoussis Laurent Gbagbo a accepté à ses côtés un premier ministre imposé par une résolution onusienne avec les «pleins pouvoirs». Seydou Diarra dit «transition Man» (de 2003 à 2006) et Charles Kona Banny (de 2006 à 2007) ont eu ce privilège. Mieux, Laurent Gbagbo a accepté, pour la paix, de souffrir des gouvernements de transition dans lesquels, le G7, constitué de l’opposition devenue Rhdp en 2005 à Paris à la demande de l’Elysée, avait le beau rôle. Les quotas de participation et les postes à pourvoir lui étant imposés. Tout le long de cette longue transition qui a duré près de 10 ans, Laurent Gbagbo n’a jamais touché à un seul cheveu d’un responsable de l’opposition ou de la rébellion pour une question de « gouvernance ».
L’exception ivoirienne, signée Laurent Gbagbo
Car lui n’a pas choisi de se débarrasser des ses adversaires mais plutôt de se rapprocher d’eux, en toute responsabilité pour œuvrer au retour de la paix. Bien plus encore, la hauteur de vue de Laurent Gbagbo a marqué le monde entier. Il n’a pas voué une haine tenace à ses adversaires politiques et à la rébellion qui l’a attaqué, avec toutes les complicités qui se sont enfin dévoilées aujourd’hui. Il est plutôt allé jusqu’à proposer ce que le monde entier a qualifié d’exception ivoirienne. C’est –à-dire le «Dialogue direct» avec ses frères d’en face. Lequel dialogue a débouché sur l’Accord politique de Ouagadougou en 2007, au terme duquel il a nommé Guillaume Soro, Secrétaire général des Forces nouvelles, ex-rébellion, Premier ministre. Laurent Gbagbo a volontiers accepté que le président Burkinabé Blaise Compaoré dont le pays a servi de base arrière à la rébellion soit associé au règlement du conflit en qualité de « facilitateur » du processus de sortie de crise. Et, pendant que l’ex-rébellion et le Rhdp prennent leurs quartiers au gouvernement, Laurent Gbagbo se bat pour faire aboutir le processus électoral. Or, la Commission électorale indépendante (Cei) est aux mains de ses adversaires qui y font la pluie et le beau temps. Une autre concession que Laurent Gbagbo a dû faire au nom de la paix. En pleine opération d’identification, la fraude fait rage. On découvre un scandale portant sur l’enrôlement de 429 000 personnes inscrites de façon frauduleuse sur les listings électoraux. Le président de la Cei, Mambé Beugré, aujourd’hui gouverneur du District d’Abidjan, reconnaît qu’il a effectué un «croissement parallèle» frauduleux des fichiers pour sa «propre gouverne». Pour ne pas dire au profit du Rhdp. Plus tard, Youssouf Bakayoko remplace Mambé Beugré à la tête de la Cei, toujours pour le compte de l’opposition. La suite sera un désastre pour le processus électoral.
Démocrate, en dépit de tout
Mais Laurent Gbagbo va dépasser le conflit né du contentieux électoral pour maintenir l’organisation des élections. Même lorsque l’ex-rébellion n’est pas encore désarmée dans les zones sous son contrôle. Alors que l’Accord politique de Ouagadougou stipulait que le désarment devait être effectif deux (2) mois avant les élections. Interpellés sur la question, la France, l’Onu, les ex-rebelles et le Rhdp feront savoir qu’il n’était pas nécessaire de désarmer la rébellion avant les élections. Pis, Laurent Gbagbo est même accusé de vouloir bloquer les élections. En homme soucieux de sortir son pays et son peuple d’une crise qui n’avait que trop duré, il décide d’aller au scrutin à la date prévue, en dépit de tout, là où beaucoup voyaient un piège. La suite n’a pas donné tort à ceux qui prédisaient le pire pour ce grand homme de paix, dont le seul tort est d’avoir recherché le bonheur de son peuple, contre des intérêts occultes. On a vu le résultat. Mais il fallait s’appeler Laurent Gbagbo pour placer la paix au dessus du pouvoir politique. Aujourd’hui, à l’heure où l’on refuse de ranger le fusil sur les bords de la Lagune Ebrié, au moment où la traque des partisans de Laurent Gbagbo continue, les nouvelles autorités réussiront – elles à surmonter le désir de vengeance qui anime certains pour marcher dans le vrai chemin de la réconciliation qui débouchera sur la paix. Le chemin qui passe inévitablement par le pardon, la tolérance ? Envisagerait-on de gouverner la Côte d’Ivoire sans Laurent Gbagbo et Lmp qui représentent plus de la moitié de l’électorat ivoirien, là où d’autres ont dû se mettre à plusieurs pour réaliser leur score ? Le nouveau pouvoir a reproché au Front populaire ivoirien (Fpi) d’avoir fait de la libération du président Gbagbo, de sa famille et de ses collaborateurs emprisonnés un préalable avant d’envisager une entrée au gouvernement dit de réconciliation. Mais que ferait le Fpi dans un gouvernement censé unir tous les Ivoiriens, alors que son chef et les siens sont en détention ? La question ne se pose même pas, car au Fpi, l’on n’entre pas dans un gouvernement pour le simple plaisir d’y être, comme ailleurs. Mais Ouattara sait au fond de lui-même que la réconciliation qu’il veut réaliser passe nécessairement par la libération de Laurent Gbagbo. Et, plus sûrement que les discours, ce sont les actes d’apaisement attendus des nouvelles autorités par les Ivoiriens qui seront le gage de l’amorce véritable et crédible d’une réconciliation vraie.
K. Kouassi Maurice