x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le lundi 27 juin 2011 | L’expression

Bouaké / 9 mois après son décollage, La Stub roule au ralenti

Neuf mois après son lancement, les activités de la Société des transports urbains de Bouaké sont en baisse. Réduction du personnel, véhicules en panne, abris-bus inexistants…Tout semble plonger l’entreprise vers la banqueroute.

Vrombissement de moteur de bus, jeudi après-midi, au dépôt de la Stub (Société des transports urbains de Bouaké), sis au cœur du quartier Sokoura. La boite de vitesse du bus de type Sd10, assurant le transport des employés de l’usine Olam, vient d’être reparée. «S’il y avait une fosse, le travail serait plus pratique. A défaut, pour effectuer un certain nombre de réparations au niveau du moteur, il faut nécessairement mettre le bus sur calle, et entrer en bas», informe Yacouba Ouattara, le chef mécanicien. A son signal, le machiniste actionne l’accélérateur. Ce mouvement régule le ronronnement du moteur qui laisse échapper un épais nuage de fumée noire à l’arrière, par son tuyau d’échappement. Un quart d’heure après, le mastodonte démarre et se lance pour le corridor est de la ville, où se trouve l’’usine de transformation de noix de cajou, Olam. Pour Touré Sékou, la création de cette nouvelle ligne est la réponse de la Direction générale de la Stub, à la doléance des responsables d’Olam. «Ils ont insisté et nous avons répondu favorablement», informe le Dg. Assis à bord d’un bus qui, selon lui, fait désormais office de bureau. Il informe que, pour ce qui est des autres lignes, ce n’est pas la même satisfaction. Pour diverses raisons, poursuit-il, les espoirs ont fondu comme beurre au soleil. Neuf mois en effet, après sa mise en route, la Stub ne respire pas la grande forme. Cette mauvaise santé se caractérise par une baisse drastique des activités. La société qui a débuté ses activités en octobre 2010, avec une quinzaine de lignes, n’assure actuellement que six lignes. Au niveau du parc auto, dix autobus sont opérationnels. Et les travailleurs sont les premiers à faire les frais de cette récession.

La récession

Après quelque temps d’emploi, beaucoup sont au chômage. «L’entreprise fonctionne avec 25 personnes contre 77 en octobre», se remémore Touré Sékou. Dehors, le vaste garage à ciel ouvert, des pare-brises endommagés rappelle le passage des vandales, après la dissolution de la Cei, version Beugré Mambé, par l’ex-président de la République. C’est la première cause de nos malheurs, soutien M. Touré. Les dommages causés par ces voleurs s’élèvent à plusieurs dizaines de millions de Fcfa. «Rien n’a été épargné. Ces gens ont profité de cette situation pour mettre à exécution leur sale besogne. Tous nos bus à l’époque ont été endommagés. La plupart des vitres ont volé en éclat. Les batteries des véhicules ont été emportées. Mes véhicules personnels et les biens d’autres employés ont eu droit au même traitement. Dans nos bureaux et magasins, les appareils électroniques, les ordinateurs, le matériel de bureau et un important stock de pneus et autres pièces de rechange flambants neufs ont, également, été emporté», a-t-il déploré. Ce soudain déchainement de fureur contre sa société a continué hors du dépôt de bus. A l’en croire, les infrastructures de la société, situées à travers la ville, n’ont pas été épargnées. «Nos abris-bus et nos arrêts construits en fer, a-t-il regretté, ont été enlevés. C’est grâce à la vigilance de notre personnel que certains ont pu échapper à la furie des vandales », poursuit-il. La tension entre les autres acteurs du transport urbain de la seconde ville du pays et la société a également été préjudiciable à la trésorerie de l’entreprise. «Les syndicats de transport nous ont contraints à surseoir à certains de nos projets. Des lignes ont été supprimées. Ce sont pour la plupart les lignes qui desservent les villes périphériques : Diabo, Brobo, Languibonou, Bamoro…Cependant, l’engouement pour nos bus reste toujours intact parmi les populations des ces localités. Jeunes, vieux, notabilité et cadres, continuent de nous réclamer. Le bus qui dessert une petite ville, est pour eux, une fierté », rapporte-t-il. Sur les actes de destruction qui ont gelé pendant un bon moment les activités, il évoque aussi l’incendie d’un bus, pendant la crise post électorale, à l’entrée de Tiébissou. Pour une société qui a axé sa politique de démarrage sur « le social », il pense qu’avant même d’atteindre sa vitesse de croisière, la Stub a pris beaucoup de coups.

Un avantage pour la population

Et pourtant l’entreprise a vu le jour pour rendre service aux élèves. «Le matin quand nous empruntons la route, on voit les élèves de 11, 12 ans marcher pour se rendre à l’école. Arrivés en classe, sous le poids de la fatigue, ils somnolent. Quelqu’un qui dort n’apprend rien. Je me suis dit qu’il faut faire quelque chose. Si vous avez remarqué, le lycée Charles de Gaulle avait des bus de transport en son temps. Pour vous dire que ce n’est pas une affaire qui date d’aujourd’hui. Je suis convaincu que si on mettait des bus en circulation avec des coûts de tickets réduits, on rendrait service à ces gosses », avait confié Fanny Ibrahima, le Pca de la Stub. Toujours sur les causes de la création de la deuxième société d’autobus du pays, il indique que « les étudiants de l’université d’Abidjan ont des faveurs. L’Etat leur facilite le transport, avec des cartes de bus. Pourquoi ceux de Bouaké n’auraient-ils pas cet avantage ? En outre, on a des fonctionnaires de l’Etat. Le gouvernement subventionne leur carte à Abidjan. Nous voulons apporter un plus au transport dans notre ville et surtout aider les travailleurs à se rendre au travail ». Et cela, à des prix, pense Touré Sékou, qui défient toute concurrence. Le coût du ticket est à 100 Fcfa, d’un bout de la ville à un autre. La carte de bus permanente s’élève à 15 000Fcfa/mois. Quant à la carte de transport, non permanente (6h-12h et de 14h-17h) le prix est fixé à 12 000 Fcfa. Pour une carte non permanente, utilisable 2 fois dans la journée (6h et 17h), elle coûtait 10 000 Fcfa le mois. Les élèves et les étudiants jouissent de faveurs. Le responsable de la Stub informe qu’ils doivent débourser 5.000 Fcfa par mois pour s’acquitter d’une carte de transport. Pour ceux du primaire, la carte est à 2.500 Fcfa.


Marcel Konan
Correspondant régional
Légende: Les bus de la Stub ne desservent plus certaines lignes.
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ