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Politique Publié le lundi 27 juin 2011 | L’Inter

Changement de régime/Col Kanon Depeux, sort de sa réserve : Ce qu`il dit sur la nouvelle armée

Le lieutenant-colonel Kanon Depeux, officier de l'armée de terre ivoirienne, était de 2002 en 2005, l'attaché de défense de l'ambassade de Côte d'Ivoire au Burkina Faso. Rentré au pays, depuis lors, cet officier supérieur attendra en vain son redéploiement jusqu'au 1er janvier 2010, date à laquelle il sera mis à la retraite anticipée à l'image de son condisciple le colonel Pierre Oulata Gaoudi. Dans l'ombre, depuis ces années de quarantaine, l'homme, rencontré au détour de notre chemin, nous livre ses sentiments sur le changement de régime, la nouvelle armée, les anciens et les nouveaux dirigeants.

Comment va le colonel Kanon?

Pas bien, mais mieux depuis le 12 avril 2011. Je vais donc mieux, mais pas encore bien parce qu’il reste encore beaucoup à faire, beaucoup d’injustices à réparer ou à régler.

C’est-à-dire?

Pour mieux vous situer, j’ai été attaché de défense, c’est-à-dire conseiller militaire d’ambassade et suis rentré au pays, pour être redéployé, depuis janvier 2005. Mais le régime précédent n’a pu daigner le faire. Cela fait sept ans de perdu dans ma carrière et dans ma vie.

7 ans sans affectation de nomination ou de décoration depuis votre retour?

Non! Rien de tout cela! Pas de décoration après plus de 34 ans de service. Je porte le grade de Lieutenant-colonel depuis octobre 1999, depuis 12 ans. J’aurais dû avoir le grade de Général de Brigade, au moins, en ce moment. Rappelé au pays pour être redéployé, je n’ai eu aucune affectation jusqu’à ce jour, gâchant ainsi 7 ans de ma vie et de ma carrière à m’exploiter sans promotion, sans avancement.


Peut-être que votre hiérarchie n'a que faire de votre niveau?

(Rires). De quel niveau parlez-vous? De mon niveau civil ou de mon niveau militaire? Sur le plan civil, mes diplômes ne sont pas abondants mais nous pouvons citer le Cepe, le Bepc, le Baccalauréat série A4, la Licence, la Maîtrise et le DEA en criminologie. Ce sont des parchemins qu’on peut avoir avec un peu de volonté, de courage et d’ambition. Quant à mon niveau militaire, je suis officier supérieur d’administration, formé aux écoles du commissariat de l’Armée de terre de Montpellier en France (ECAT), à la Division Ecole militaire d’administration (EMA) avec le dernier diplôme dans ma spécialité. Chef des services administratifs militaires (CSA) en 1989, ce qui équivaut dans le civil à celui de Directeur administratif et financier (DAF). Mais avant le CSA, j’ai effectué plusieurs stages dans cette même école en France en 1983, 1984 et 1987. Je ne crois donc pas que mon niveau ait été un problème. Je pense plutôt à une négligence administrative ou un jugement incongru des décideurs de l’ancien régime qui, depuis dix ans ont inversé et investi toutes les pyramides de commandement tant dans le civil que dans l’Armée. Je ne suis sûrement pas le seul à être dans ce cas. C’est bien dommage. Nombreux sont des sommités laissées à végéter et à vivoter chez elles, les tuant à petit feu sur la base de soupçons non avérés. C’est triste et méchant. Heureusement, j’ai été occupé à écrire et me mettre à la consultance. Les moins chanceux ont été contraints de divorcer, tellement leur hiérarchie les a réduits au néant, foulant au pied les préceptes élémentaires de la Sainte Bible et du Saint Coran.

Attendez-vous quelque chose du nouveau régime?

Pour répondre à votre question, je vous renvoie à ces deux pensées: la première venant d’un Maréchal de France qui disait: «L’esprit de défense est garant de la paix, comme l’indépendance nationale est condition de la démocratie». Ce faisant, avec les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), nous aurons une armée forte, disciplinée et bien réglementée avec des chefs militaires qui sont à leur place, bien instruits, bien formés comme les généraux Michel Gueu, Bakayoko Soumaïla et les Colonels-major Mian Gaston (Dir-Cab), et les autres que je connais bien. Certains étant mes anciens directs à l’Ecole militaire et les autres étant de ma promotion avec des valeurs militaires indéniables et évidentes. Toute cette défense sous l’exploit de notre vaillant et très intelligent ministre de la Défense son Excellence M. Guillaume Soro Guigbafori. Ma deuxième pensée nous renvoie au président français Georges Pompidou qui disait en 1969, et je cite: «Une bonne démocratie doit avoir un support massif, profond et populaire, la démocratie, elle même étant l’expression d’une volonté, d’un destin vital. Un bon citoyen doit être informé et formé». Pour vous dire que SEM Docteur Alassane Ouattara, président de la République de Côte d’Ivoire, notre pays, est un démocrate exemplaire, excellent, rigoureux et juste. Grand érudit, éclairé, pacifique et pacifiste. Il est un homme de l’art, doté d’une ingéniosité d’appréciation des faits, des connaissances des valeurs et d’une rigueur morale absolue. C’est pour toutes ces qualités connues de tous, au plan national qu’international qu’il a été brillamment élu pour redresser l’Economie de notre pays qu’il avait déjà commencée en 1990-1993 en nommant des hommes et des femmes qu’il faut aux postes qu’il faut, selon le mérite de chacun; c’est important et capital.
Ce n’est pas un hasard que son élection à la magistrature suprême ait été applaudie par le monde entier. Il remettra, j’en suis persuadé, sur sa base, la pyramide de commandement un peu trop penchée sinon retournée ou brisée. Le président de la République, SEM Alassane Ouattara qui a promis rectifier la barre, c’est-à-dire corriger toutes ces dérives en rappelant au service toutes les femmes et tous les hommes mis à la retraite injustement ou restés sans emploi depuis des années bien que valides et républicains, est un homme de parole, digne de confiance, prêt à relever le défi de ses engagements. Car selon lui, «chaque situation a sa solution» et ce, pour une concorde nationale irréversible, sous le regard avisé de mon bel-oncle SEM le président Aimé Henri Konan Bédié.

Vous semblez en avoir gros sur le cœur. Mais, vous ne dites jusque là pas pourquoi on vous en voudrait tant?

Mais non! Seulement, il y a des comportements inhumains qui ont été développés ces dernières années. Parce que vous soupçonnez un homme ou bien il n’a pas les mêmes convictions que vous, vous attentez à sa vie ou vous décidez de lui faire sa peau. On a assisté à une folie meurtrière. Le 14 mars 2011, des personnes en treillis sont passés à mon domicile, armes au poing. Avec haine, mépris et dédain, elles ont laissé entendre en repartant: ''Il a eu la chance, il nous a encore échappé''. Heureusement que j’avais quitté mon domicile quelques mois plus tôt, le jour du second tour de l’élection présidentielle. Pourquoi cette méchanceté? Ôter la vie à d'honnêtes gens! Diantre! Des chefs instrumentalisent leurs collaborateurs, les menacent pour ôter la vie à d’autres personnes. C’est cynique et cela dépasse l’entendement humain. Il faut que cela disparaisse. On vous refuse des avancements, on ne sait pour quel motif, avec des couples brisés, on pousse votre famille à la dislocation. Non satisfait de cette torture morale, on attente à votre vie. Quelle démence. Heureusement qu’il y a encore des personnes qui croient au vrai Dieu. Le très haut, le tout puissant, notre Père à tous.

Votre avis sur la nouvelle armée en formation et la réconciliation?

Dieu sachant faire les choses, Monsieur le ministre de la Défense SE Soro Kigbafori Guillaume vient de mettre une commission militaire d’officiers généraux, de haut rang sur pied, composée de généraux qui connaissent bien notre armée depuis plus de 40 ans, que sont les Généraux Mathias Doué, Coulibaly (ndlr: ancien pilote d'Houphouët-Boigny) et Tanny. Il est donc incontestable, indubitable et garanti que cette commission mettra les choses en place en réhabilitant les militaires ‘’éjectés’’ par injustice, et pour certains sans avoir encouru une quelconque punition dans leur carrière, bien au contraire. Aussi, avec la commission Dialogue, vérité, réconciliation présidée par le Premier ministre, mon parrain, SE le Gouverneur Charles Konan Banny, Banquier de renommée et d'une grande notoriété, les conclusions escomptées de cette commission seront positives, rassurantes et salutaires pour un avenir radieux de tous, sans distinction. La sécurité étant de mise avec notre petit génie, le ministre d’Etat SE Hamed Bakayoko appelé affectueusement Bakus, ou Hambac, je pense et suis sûr que la sécurité couvrira tout le pays jusqu’à ses frontières, afin de rassurer les investisseurs étrangers. On dit ‘’chassez le naturel, il revient au galop’’. Notre pays était très prospère sur tous les plans. L’hospitalité, la discipline, le travail et la solidarité sont des vecteurs directeurs de la Côte d’Ivoire, notre beau pays. Son visage a été balafré. J’ai la conviction qu’avec le président Alassane Ouattara, économiste et travailleur, Dieu le Tout Puissant, ressuscitera notre chère patrie pour retrouver son ascendance. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.

Entretien réalisé par F.D.BONY
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