Le siège du Rassemblement pour la paix, le progrès et le partage ( Rpp), sis aux Deux-Plateaux, n’a pas fait son plein habituel. Mais le discours de Laurent Dona Fologo, président de cette formation politique, l’une des composantes de La majorité présidentielle (Lmp), était limpide notamment, sur les questions du respect des Institutions de la République et les hommes qui les incarnent. Prenant prétexte de « remobiliser et de galvaniser ses troupes en vue des prochaines échéances électorales », l’ancien président du Conseil Economique et Social ( Ces) s’est adressé à ses camarades de l’opposition, même si, en fin tacticien, il s’est gardé de les citer nommément. « Etre dans l’opposition ne doit pas signifier qu’on travaille contre son propre pays. Il ne faut pas empêcher ceux qui ont gagné les élections et qui gouvernement de travailler tranquillement. En le faisant, c’est le pays que vous empêchons d’avancer… Nous voulons une opposition sans belligérance. Nous ne voulons pas d’une opposition de guerre, de bagarre. Non à une opposition de guerre. Nous sommes contre la violence, le désordre et la guerre… C’est notre philosophie et nous demandons à tous de cultiver cela » a martelé, le père du sursaut national face à des cadres de son parti. Il s’agit, notamment, de Noutoua Youdé, Sékongo Yaya, Yéo Adama, députés à l’assemblée nationale. Cette sortie de LDF intervient trois jours après, celle, très acide, de Koulibaly Mamadou, président de l’Assemblée nationale, contre le chef de l’Etat, Alassane Ouattara. « Nous ne sommes pas un parti d’opposition de bagarre et de belligérance…Nous sommes pour que celui qui a gagné travaille. Et nous devons l’aider à travailler. L’opposition doit aider le président de la République à travailler tranquillement » a ajouté l’ancien secrétaire général du parti démocratique de Côte d’Ivoire ( Pdci-Rda). Pour qui connaît Laurent Dona Fologo, c’est le contraire qui aurait été renversant. Ce disciple d’Houphouët-Boigny qui a toujours su rebondir et retomber sur ses pieds, parce que sachant faire « une saine appréciation des réalités du moment », a pris ses distances d’avec les déclarations venant de son camp. L’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports voulait, selon lui, rassurer ses militants et remettre le parti en scelle. Fologo affirme « qu’il faut repenser, aujourd’hui, la lutte et recentrer nos options », soulignant que son parti « est pour une opposition responsable qui ne met pas entre parenthèses, l’amour du pays ». LDF a fait une relecture de la lutte « pour la souveraineté du pays » que « Lmp » a mené avec Laurent Gbagbo. S’il reconnait la justesse de ce combat, il se convainc, toutefois, de l’idée que « les pays faibles, comme la Côte d’Ivoire, la Libye, le Cosovo et autres ne peuvent jamais être totalement libres ». Il a donc demandé aux Ivoiriens de se remettre de leur rêve et d’accepter la réalité de ce que le plus fort dominera toujours le plus faible. « Nous ne sommes pas des rêveurs. Un pays faible n’est jamais totalement libre. Chaque souveraineté est relative. Ce que la Côte d’Ivoire a vécu est un aspect de cette réalité » a-t-il souligné. Fologo appelle donc les cadres de LMP a tirer les leçons « de ce que nous avons vécu, avant et après les élections présidentielles. Il faut que nous ayons le courage d’analyser les faits, d’en tirer les conséquences et de nous interroger ». Le président du parti a invité ses militants et ceux de Lmp à faire le deuil des récents événements et d’accepter « que ceux qui ont gagné dirigent le pays avec leurs hommes ». « Ce qui nous est arrivé devait être attendu de nous… Il faut accepter que la roue tourne. Nous avons perdu les élections… Il faut donc accepter et laisser ceux qui ont gagné gouverner tranquillement. Je ne souhaite pas voir la Côte d’Ivoire reculer ». La situation de l’Assemblée nationale interpelle, au plus haut point, l’ancien ministre de l’information d’Houphouet-Boigny. Il a émis le vœu que « le minimum soit maintenu » arguant qu’un pays démocratique ne saurait vivre sans députés. Le Rpp, selon Fologo, sera présent à toutes élections invitant les militants « à tuer en eux la peur et à investir le terrain ». A ces élections, Laurent Dona Fologo dit ne pas « exclure des alliances avec d’autres formations politiques ». En l’absence de Ouattara Gnonzié, en exil, le professeur de philosophie, Bertin Ganin a été investi dans les fonctions de secrétaire général par intérim.
Armand B. DEPEYLA
Légende : Laurent Dona Fologo est resté égal à lui-même…
Armand B. DEPEYLA
Légende : Laurent Dona Fologo est resté égal à lui-même…