L’Ouest est en résurrection, s’essaie à la réconciliation et attend un appui fort et accéléré de l’Etat dans sa dynamique. L’Etat avec l’ONUCI s’exécutent déjà mais attendent aussi des efforts de la part des populations. On pourrait résumer ainsi la première journée de travail du ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, et du Patron de l’ONUCI, Joung-Jin Choi dans le Moyen Cavally. Hier, les deux personnalités à la tête d’une délégation technique étaient à Duékoué puis à Guiglo. Elles ont pu discuter avec les populations déplacées, les autorités préfectorales, quelques élus locaux et aussi les populations. « Les populations Wê redoutent les allochtones comme à l’époque où elles aussi redoutaient les miliciens », décrie l’ambiance Benjamin Effoli, préfet de Duékoué. Toutefois, « un vent de réconciliation souffle » tempère Mondouhou Paul, maire de la même ville. «La cohésion revient de plus en plus », appuie Lassana Dembélé, Secrétaire général de la Préfecture de Bloléquin. En dépit de quelques hésitations. Sur les deux dernières semaines, 20. 000 refugiés sont rentrés du Libéria ». Tous adressent un satisfécit au travail de l’Etat, à l’amélioration des soldats des FRCI, à l’appui des humanitaires et de l’ONUCI. De même, ils sont unanimes que cela n’est pas suffisant. Et que l’Etat doit faire plus. Il s’agit de la restauration des bâtiments publics, notamment les commissariats et les gendarmeries, du retour des déplacés chez eux. « Rien ne sera fait si le problème des déplacés n’est pas réglé », avertit M. Effoli. Il faut réhabiliter leurs quartiers et leurs villages d’origines afin qu’ils retournent chez eux ». « Nous souhaitons que l’ONUCI s’intéresse aussi à la réhabilitation des villages », a plaidé le ministre de l’Intérieur. « Il n’est pas intéressant de partir d’un camp à un autre ». La Priorité pour l’ONUCI, c’est « de restaurer l’ordre et la stabilité, la réconciliation, les élections législatives et la relance économique », annonce pour sa part Joung-Jin Choi. C’est pourquoi, son organisation a débloqué 2 milliards de FCFA sur le fonds de consolidation de la paix pour réhabiliter 26 sites dans le Moyen Cavally. Il s’agit de « réhabilitation sommaire avec un minimum de Kit» de préfectures, sous-préfectures, de commissariats et de brigades de Gendarmerie. En plus de 7 camps militaires de l’ONUCI à terminer à la fin juillet. Le huitième, celui de Toulepleu à la frontière libérienne, étant déjà achevé. Une frontière qui le préoccupe autant que l’Etat de Côte d’Ivoire. Avec son homologue de la Minul (Mission des Nations Unies au Libéria), les autorités ivoiriennes et Libériennes, il est prévu une réunion quadripartite ce jeudi à Abidjan. « Je me réjouis des avancées au niveau sécuritaire », a-t-il néanmoins admis. « Mais il faut accélérer, nous, nous voulons protéger tout le monde », poursuit-il. Toute chose qui conforte le ministre d’Etat Hamed Bakayoko dans ses convictions. « L’ONUCI a été longtemps désigné comme l’ennemi de notre pays, a-t-il dénoncé. Aujourd’hui, c’est elle qui nous aide. Nous l’acceptons avec dignité et respect. L’indignité, c’est quand nous avons faim et que nous n’arrivons pas à nous soigner ». Néanmoins, il est persuadé que cela est le fait de « manipulations » de certains politiques. C’est pour cette raison qu’il appelle les populations à « sortir des faux débats qui divisent » et d’emprunter la voie de la réconciliation. « Prenez conscience, a-t-il plaidé. Réconciliez-vous. Sans cela, vous n’aurez pas le développement. Nous voulons développer le pays et pour cela il faut la paix ». Il concède cependant que cela se couple avec un Etat de droit. « La paix se construit dans la vérité et la justice », affirme le ministre de l’Intérieur. Et de rassurer ces populations qui ont « assez souffert » que le temps de l’impunité est fini. A preuve, il interpelle sur place le Commandant Losseni Fofana, Patron, FRCI du Moyen Cavally : « Ouvrez la porte à la Justice. Si quelqu’un est coupable de crimes, la justice doit faire son travail ». « Les FRCI n’ont pas fait la guerre aux populations », a répondu le commandant. « Nous sommes ouverts à toutes les enquêtes afin de situer les responsabilités. Que la justice fasse son travail afin que la Côte d’ivoire parte sur de nouvelles bases », déclare-t-il avec sérénité, sérénité et une bonne volonté affichée. Ce qui permet au ministre d’Etat de remettre la balle dans le camp des populations. « Réconciliez-vous afin qu’on puisse vous aider, a défendu le ministre ». « Nous attendons des résultats concrets, tangibles et encourageants », a ajouté le Patron de l’ONUCI. L’Etat, la Communauté internationale et les populations, chacun doit assumer ses responsabilités faire sa part, pourrait-on résumer les messages des deux personnalités.
KIGBAFORY Inza
Envoyé spécial dans le Moyen Cavally
KIGBAFORY Inza
Envoyé spécial dans le Moyen Cavally
