Maintes fois annoncée, jamais réalisée, la construction d’un abattoir moderne à Abidjan tarde à voir le jour. Manque de moyens financiers ou de volonté politique, toujours est-il que pour les Ivoiriens, ce projet, à l’instar de celui de la décharge publique, commence à devenir un vrai serpent de mer. Entre-temps, la viande de bœuf, qui se retrouve chaque jour dans les assiettes des Ivoiriens, est traitée dans des conditions hygiéniques qui laissent à désirer.
Le visiteur qui arrive pour la première fois dans le périmètre de l’abattoir de Port-Bouët est d’emblée frappé par deux choses. Premièrement, le parc à bétail est une géante ferme qui s’étend sur plusieurs mètres en plein air. Malgré la présence de quelques enclos de fortune, le bétail (bœufs et moutons) est vendu pratiquement sur la chaussée. Les automobilistes sont donc obligés de marquer une halte pour laisser passer les troupeaux de bœufs qui vont brouter l’herbe de l’autre côté de la rue, tout juste derrière l’hôpital général de la commune, transformé pour la circonstance en une véritable prairie. Deuxième constat, la saleté qui règne dans les lieux. Un manque d’hygiène qui ne gêne nullement les acteurs du milieu. En témoigne leur cohabitation avec les tas d’immondice et de déchets d’animaux. Et plus l’on pénètre dans la cour de l’abattoir, plus l’on est frappé par ce manque d’hygiène. Construit depuis 1959, l’abattoir est constitué pour l’essentiel d’une vieille bâtisse, style colonial. Le temps ayant fait son œuvre, le bâtiment n’est que l’ombre de lui-même. A quand date la dernière réhabilitation ? Les travailleurs opérant sur le site sont incapables de nous répondre. Le bâtiment est divisé en deux grands box. L’un servant à l’abattage des bœufs et l’autre à les dépecer. Dans l’un comme dans l’autre box, rien d’extraordinaire. « Une fois que le bœuf arrive, nous le faisons entrer dans le box, nous le faisons coucher à même le sol et nous l’immolons. Ensuite ceux qui sont chargés de le dépecer viennent le prendre », nous confie Amidou, dont le job est d’égorger uniquement les bœufs. Pour ce qui est des conditions d’hygiène dans lesquelles, ses collègues et lui travaillent, le bouvier ne se plaint pas trop. « Ça va, avant il y avait la saleté partout, mas des efforts ont été faits, on n’a pas besoin de grand-chose. Tant qu’il n’y a pas le veto du vétérinaire sur le bœuf à égorger, nous n’avons pas de problème », soutient-il. Cent à deux cents bœufs, indique un de ses collègues, sont abattus par jour. Les efforts dont parlent les bouchers se limitent essentiellement à laver (sic) le box après l’abattage d’une centaine de bœufs en même temps. Pour le reste, les bouchers s’en accommodent facilement. Il s’agit entre autres de l’eau qui coule un peu partout dans la cour et transforme l’endroit en un véritable marécage, de la vermine qui côtoie des pieds et des têtes de bœufs déposés sans aucune précaution, de la vétusté du bâtiment lui-même qui n’offre plus aucune commodité. Pis, le bâtiment est si vétuste qu’il ne répond plus aux exigences d’un abattoir moderne digne d’une ville comme Abidjan. Pas même un véhicule pour transporter la viande dépecée. Le torse nu, des jeunes portent la viande qu’ils déposent dans des véhicules, qui n’offre aucune disposition particulière pour l’accueillir.
Le moins que l’on puisse écrire, c’est que plus de 50 ans après son indépendance, la Côte d’Ivoire ne n’a encore pas un abattoir digne de ce nom.
Dao Maïmouna
Le visiteur qui arrive pour la première fois dans le périmètre de l’abattoir de Port-Bouët est d’emblée frappé par deux choses. Premièrement, le parc à bétail est une géante ferme qui s’étend sur plusieurs mètres en plein air. Malgré la présence de quelques enclos de fortune, le bétail (bœufs et moutons) est vendu pratiquement sur la chaussée. Les automobilistes sont donc obligés de marquer une halte pour laisser passer les troupeaux de bœufs qui vont brouter l’herbe de l’autre côté de la rue, tout juste derrière l’hôpital général de la commune, transformé pour la circonstance en une véritable prairie. Deuxième constat, la saleté qui règne dans les lieux. Un manque d’hygiène qui ne gêne nullement les acteurs du milieu. En témoigne leur cohabitation avec les tas d’immondice et de déchets d’animaux. Et plus l’on pénètre dans la cour de l’abattoir, plus l’on est frappé par ce manque d’hygiène. Construit depuis 1959, l’abattoir est constitué pour l’essentiel d’une vieille bâtisse, style colonial. Le temps ayant fait son œuvre, le bâtiment n’est que l’ombre de lui-même. A quand date la dernière réhabilitation ? Les travailleurs opérant sur le site sont incapables de nous répondre. Le bâtiment est divisé en deux grands box. L’un servant à l’abattage des bœufs et l’autre à les dépecer. Dans l’un comme dans l’autre box, rien d’extraordinaire. « Une fois que le bœuf arrive, nous le faisons entrer dans le box, nous le faisons coucher à même le sol et nous l’immolons. Ensuite ceux qui sont chargés de le dépecer viennent le prendre », nous confie Amidou, dont le job est d’égorger uniquement les bœufs. Pour ce qui est des conditions d’hygiène dans lesquelles, ses collègues et lui travaillent, le bouvier ne se plaint pas trop. « Ça va, avant il y avait la saleté partout, mas des efforts ont été faits, on n’a pas besoin de grand-chose. Tant qu’il n’y a pas le veto du vétérinaire sur le bœuf à égorger, nous n’avons pas de problème », soutient-il. Cent à deux cents bœufs, indique un de ses collègues, sont abattus par jour. Les efforts dont parlent les bouchers se limitent essentiellement à laver (sic) le box après l’abattage d’une centaine de bœufs en même temps. Pour le reste, les bouchers s’en accommodent facilement. Il s’agit entre autres de l’eau qui coule un peu partout dans la cour et transforme l’endroit en un véritable marécage, de la vermine qui côtoie des pieds et des têtes de bœufs déposés sans aucune précaution, de la vétusté du bâtiment lui-même qui n’offre plus aucune commodité. Pis, le bâtiment est si vétuste qu’il ne répond plus aux exigences d’un abattoir moderne digne d’une ville comme Abidjan. Pas même un véhicule pour transporter la viande dépecée. Le torse nu, des jeunes portent la viande qu’ils déposent dans des véhicules, qui n’offre aucune disposition particulière pour l’accueillir.
Le moins que l’on puisse écrire, c’est que plus de 50 ans après son indépendance, la Côte d’Ivoire ne n’a encore pas un abattoir digne de ce nom.
Dao Maïmouna