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Économie Publié le lundi 4 juillet 2011 | Le Temps

Mesures de réduction des acquis des travailleurs : Danger sur les salaires des fonctionnaires

C’est l’inquiétude généralisée chez les fonctionnaires en raison des informations qui font état d’une très probable série de réductions drastiques des acquis et avantages sociaux au sein de la fonction publique par les nouvelles autorités qui continuent de chercher leurs marques. Les travailleurs du public tremblent et redoutent des mesures salariales qui pourraient les toucher. Comme en 1990.

Si ce n’est pas la sérénité chez les nouveaux maîtres du pays, ça ne l’est pas non plus au sein de la Fonction publique ivoirienne qui a été récemment ébranlée par des nouvelles peu rassurantes. Le nouveau pouvoir va probablement réduire de 50.000 F le solde des ex-Forces de défense et de sécurité (Fds). Une mesure qui, si elle était avérée dans les faits, pourraient, selon des sources proches des ministères concernés, enclencher une série de restrictions drastiques des acquis et avantages sociaux obtenus par les travailleurs de la Fonction publique sous Laurent Gbagbo. Lesquelles viseraient les salaires, les primes dans certains corps, les baux administratifs, les véhicules de service affectés à des cadres de certaines catégories, entre autres acquis en péril, d’après les mêmes sources. Les bourses des stagiaires des étudiants des universités et des grandes écoles pourraient, dit-on, être aussi frappées. Des indiscrétions vont jusqu’à annoncer la suppression très prochaine, au mieux la privatisation des résidences universitaires qui troublent le sommeil des hommes du moment. Si aucune voix officielle n’a encore confirmé les nouvelles qui circulent, la crainte de fonctionnaires quant à leurs salaires est grande. Et les raisons de cette angoisse trouveraient leurs origines dans un passé dont on craint qu’il ne resurgisse. Il s’agit des mesures jugées antisociales par les travailleurs qui ont été mises en œuvre dans le cadre du «plan de relance économique» proposé en 1990 par Alassane Dramane Ouattara, alors Premier ministre d’Houphouët-Boigny.

Des milliers d’agents du public déflatés, des salaires réduits de moitié

Lorsque que le bélier de Yamoussoukro, malade et confronté à une crise socioéconomique sans précédent reçoit l’ex-gouverneur de la Bceao, c’est d’abord la casquette de président du «Comité interministériel» chargé de la privatisation des entreprises des secteurs stratégiques de l’économie ivoirienne qui lui échoit à son arrivée en 1989. Ouattara cède pour un franc symbolique les secteurs des télécommunications et de l’énergie à des groupes privés français. Ainsi qu’une partie importante du patrimoine de l’Etat inscrit sur la liste des privatisations. Si les raisons officielles évoquées pour procéder à ces privatisations au bénéfice de la France est que les entreprises cédées étaient en faillite ou n’étaient pas rentables, des experts ont contredit les tenants de cette thèse en affirmant que l’Etat de Côte d’Ivoire a fait une mauvaise affaire en les donnant aux multinationales françaises. Car ces entreprises étaient en mesure de rapporter beaucoup plus d’argent à l’Etat de Côte d’Ivoire, si elles restaient sa propriété. Toujours est –il qu’une fois cette opération achevée, Ouattara est nommé Premier ministre pour, espérait-on, «redresser l’économie de la Côte d’Ivoire». L’homme, au cours d’une démonstration abondamment médiatisée, va demander « 100 jours » pour remettre le pays sur les rails. Il s’attaque au gros du morceau en déroulant son plan de relance qui n’était rien d’autre qu’un «Plan d’ajustement structurel (Pas)» dont beaucoup d’observateurs, très critiques, ont souligné plus tard, ‘’l’inefficacité’’. Il s’emploie d’abord à réduire les effectifs au niveau de la Fonction publique. Des milliers d’agents de l’Etat sont ‘’déflatés’’ et se retrouvent à la rue, avec leurs familles. Beaucoup d’entre eux ne s’en remettront jamais. Puis il prend la décision de réduire de moitié les salaires des nouveaux enseignants recrutés. La mesure est un désastre. Car on retrouve une corporation avec un salaire à double vitesse, où des enseignants touchent moitié salaire pour le même travail et à niveau et diplôme égal. Les enseignants frappés de pauvreté, se sentent d’autant plus humiliés qu’ils n’arrivent plus à travailler, à se loger et à nourrir leurs familles décemment. Si bien que beaucoup d’entre eux fuient cette corporation qui, du coup, n’intéresse plus les jeunes sortis de l’école. Cette situation aura des conséquences douloureuses sur le niveau de l’enseignement et affectera durablement l’Ecole dans son ensemble. Il faudra attendre l’arrivée de Laurent Gbagbo au pouvoir pour que cette injustice soit réparée. Bédié, en son temps, n’ayant pu rien faire pour les enseignants.

Des cadres de l’administration à pieds, des étudiants abandonnés à leur sort
Dans sa foulée, le Premiers ministre d’alors va supprimer impitoyablement les avantages financiers accordés aux cadres qui les ont acquis depuis Houphouët-Boigny et attachés à leur fonction. Les véhicules de services de nombre d’entre eux sont « réformés » pour être vendus à des acquéreurs obscurs dans des conditions qui n’ont jamais été éclaircies. On retrouve alors des cadres à pied, qui n’ont plus qu’à s’abonner aux bus ou aux «wôro-wôrô» et autre «gbaka» pour se rendre au travail. Ceux qui tiennent à garder leur standing pour l’image de la fonction et le rang social qui y est attaché se ruinent le 5 du mois dans des trajets coûteux en taxi compteur. «A la fonction publique sous Ouattara en 1990, la dotation en carburant était devenu en sujet tabou», témoignent des victimes des mesures d’austérité du banquier. Les enfants des fonctionnaires, les étudiants, n’échapperont pas à la diète. La gratuité du transport que l’état leur assurait pour leur permettre d’étudier dans de bonnes conditions est supprimée, sans contrepartie. Désormais, les parents mettront la main à la poche, pour le transport. Pis, les enveloppes allouées aux aides et aux bourses vont connaître une réduction drastique. Tandis que le gouvernement Ouattara envisage de privatiser les résidences universitaires. Une nouvelle dont l’annonce provoque un grand mouvement de protestation qui oblige Ouattara à reculer sur ce projet. Mais toutes ces mesures ne produisent pas l’effet escompté. Acculé, le Premier ministre d’Houphouët-Boigny demande aux Ivoiriens de lui accorder une seconde chance. Il promet de les rendre heureux en « 1000 jours ». Et pour renflouer davantage, selon lui, les caisses de l’Etat, il initie la carte de séjour. Car il compte alors sur les recettes que vont générer ce document pour sortir la Côte d’Ivoire de la crise. Mais il ne tient pas compte des conséquences sociologiques de cette fameuse carte de séjour dont la mauvaise gestion va entraîner les dérapages « identitaires » aux relents régional, tribal, ethnique et religieux qui vont alimenter la crise ivoirienne. Mais la carte de séjour instaurée par le Premier ministre d’Houphouët-Boigny ne parvient pas à sortir le pays du marasme économique. Elle ne fait que mettre les Etrangers en difficulté, dans une Côte d’Ivoire toujours à genoux économiquement. Il faudra encore attendre Laurent Gbagbo pour supprimer le document qui aura créé tant de problèmes en Côte d’Ivoire. Pendant 3 ans, de 1990 à 1993, le banquier venu de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest s’échine en vain, à relever l’économie ivoirienne.

Et c’est sur une note d’échec qu’il termine lorsque le vieux rend sont dernier souffle à Yamoussoukro, en 1993. Henri Konan Bédié qui passe aux affaires, ne fera pas mieux que lui. C’est le souvenir de ce passé douloureux, que nous nous sommes fait le devoir de rappeler, qui fait peur aujourd’hui aux fonctionnaires ivoiriens qui ne savent plus à quel sain se vouer, devant les nouvelles alarmantes qui leur parviennent quant à une probable réduction des salaires. Ouattara l’a fait une fois en 1990. Remettra-t-il ces mesures au goût du jour, au moment où l’économie de la Côte d’Ivoire gît dans les décombres occasionnés par la crise ? Un sage nous rappelait l’adage selon lequel ‘’qui a bu boira’’. En attendant que les nouvelles autorités clarifient leur position pour mettre fin à la rumeur, les fonctionnaires craignent pour les salaires

K. Kouassi Maurice
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