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Politique Publié le mardi 5 juillet 2011 | Le Nouveau Réveil

Seri-Bi N’guessan Privat (député de Bédiala) à propos du débat sur la dissolution du Fpi/“Oui, il faut dissoudre le FPI”

© Le Nouveau Réveil Par Prisca
Politique/Front populaire ivoirien: Ouverture de la 20è édition de la Fête de la liberté, en présence du président du parti, M. Pascal Affi N`guessan
Jeudi 29 avril 2010. Abidjan, Yopougon. Célébration de la Fête de la Liberté sur le site du futur siège du Front populaire ivoirien (FPI). Photo: assis de g. à dr. Mamadou Koulibaly, Simone Gbagbo, Affi N`guessan et Abou Drahamane Sangaré
Le Front Populaire Ivoirien (FPI), pour se donner une image de parti démocratique, a dès sa création pris l'option d'adhérer à la 2ème Internationale Socialiste (à l'Internationale Socialiste). L'Internationale Socialiste est un mouvement socialiste international qui de tout temps a prôné le militantisme pacifiste et qui regroupe les "partis socialistes", les "socio-démocrates" et les "travaillistes" du monde.

Ainsi le FPI, s'est-il très tôt, logé dans la cour de grands partis démocratiques au nombre desquels l'on trouve : le Partis Socialiste et le Parti Social-démocrate d'Albanie ; Le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) ; Le Parti travailliste de la Grande-Bretagne ; Le Parti Socialiste Français ; Le Parti Socialiste Italien ; le Parti de la Révolution Démocratique du Mexique ; le Front Sandiniste de Libération Nationale du Nicaragua ; le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (au pouvoir actuellement) ; le Parti Socialiste du Sénégal.
Sans vouloir énumérer de façon exhaustive la longue liste des partis membres de l'Internationale Socialiste, retenons simplement que ces partis couvrent les cinq continents et exercent une solidarité active au travers d'une orientation idéologique "grosso modo" commune.

C'est dans le cadre de cette solidarité, que certains de ces partis en Afrique, notamment, ont épaulé soit dans le passé, soit durant la crise ivoirienne le Front Populaire Ivoirien. Ce sont : le Congrès national africain (ANC) au pouvoir en Afrique du Sud avec Jacob ZUMA; le Mouvement Populaire de Libération de l'Angola (MPLA, Parti au pouvoir) ; le Congrès Démocratique National (de l'ancien Président Jerry Rawlings qui a présenté John Atta-Mills à l'élection présidentielle de 2008 et qui est au pouvoir aujourd'hui au Ghana) ; Le Rassemblement du peuple de Guinée (Parti créé par Alpha CONDE au pouvoir aujourd'hui et qui s'était prononcé contre l'intervention militaire de la CEDEAO en Côte d'Ivoire); la Convergence pour la Démocratie Sociale de Guinée équatoriale (au pouvoir avec Teodoro Obiang Nguema Mbasogo actuel président en exercice de l'Union Africaine (UA).
Mais depuis le 29 mars 2011, le Front Populaire Ivoirien a été exclu de l'Internationale Socialiste à la suite du profond discrédit de Laurent Gbagbo dans la crise ivoirienne. Il suit en cela les deux autres partis politiques africains que sont le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) de Tunisie ancien parti au pouvoir sous Ben Ali et le Parti National Démocratique(PND) Egyptien, ancien parti au pouvoir sous Hosni Moubarak.
En effet, le RCD Tunisien a été exclu de l'Internationale Socialiste le 18 janvier 2011 suite à la révolution tunisienne. Le PND Egyptien quant à lui, a été exclu le 31 janvier 2011 suite aux manifestations demandant la démission du président Hosni Moubarak, réprimées dans la violence.

A la suite de l'exclusion de ces deux partis politiques de l'Internationale Socialiste, ils ont aussitôt été dissouts dans leur pays respectifs. Le Rassemblement Constitutionnel Démocratique de Tunisie, a été dissout le mercredi 9 mars 2011 par décision de justice avec liquidation de ses biens et de ses fonds par le biais du ministère des finances. C'est le Ministre de l'intérieur qui avait présenté, le lundi 21 février, au Tribunal de première instance de Tunis, une demande pour la dissolution du RCD. Le PND Egyptien a été lui aussi dissout le 16 avril 2011 par une ordonnance d'un tribunal administratif égyptien suite à une plainte déposée par des militants des droits de l'Homme. Ces derniers accusaient le parti de corruption.

En définitive, ces deux grands partis frères du Front Populaires Ivoirien ont été exclus de l'IS et dissouts avec liquidation de leurs biens pour répressions violentes de manifestations et pour corruption. C'est au nom des valeurs universelles de démocratie, de droits humains et de bonne gouvernance que ces partis ont subi ces sanctions.
Le Front Populaire Ivoirien qui aujourd'hui se métamorphose en CNRD et se dissimule sous le manteau de "LMP" échappera-t-il à un tel jugement et à de telles sanctions ? Le FPI n'est-il pas logé à la même enseigne que le RCD ou PND ?
Les réponses à ces interrogations sont à chercher dans un ensemble d'autres questionnements qui sont adressés à nous tous. Et nous devons y répondre en toute conscience, guidés par la volonté de tirer une leçon constructive de ce qui vient de nous arriver et projeter ensemble les conditions d'une paix durable, d'un climat politique apaisé capable de promouvoir la démocratie.
Alors, le FPI n'a-t-il pas posé d'actes répréhensibles vis-à-vis du peuple de Côte d'Ivoire ? De la répression violente et sanguinaire des manifestations, à la pose d'actes génocidaires, en passant par toutes les gradations, les crimes contre les humains, les crimes économiques et autres corruptions, le Front Populaire Ivoirien reste-t-il exempt de toute accusation ? Le FPI ne laisse-t-il pas derrière lui, un patrimoine de nuisances humaines soutenu par une volonté clairement exprimée de dislocation de la nation ivoirienne qui sont de loin des actes beaucoup plus gravissime que ceux reprochés au RCD tunisien ou au PND égyptien ? Le FPI n'a-t-il pas fait asseoir une organisation qui petit à petit a intégré des structures paramilitaires avec un fonctionnement ultra violent fait de tueries, d'enlèvements et un fonctionnement antidémocratique qui a vu au final disséminer sur toute l'étendue du territoire des millions d'armes légères et de petits calibres et des armes de guerre ? Pour emprunter un vocabulaire à la mode, le FPI ne sait-il pas donné des attributs d'une organisation terrorisante pour le peuple ou terroriste tout court ? Une organisation terroriste peut-elle compétir dans un jeu démocratique ? Avec son slogan "on gagne ou on gagne" (ce slogan idéologique) accompagné d'une volonté de confiscation du pouvoir à tout prix, je pose encore la question de savoir si le FPI est toujours qualifié pour être membre du jeu démocratique en côte d'Ivoire comme l'autorise la Constitution ? Le FPI arrêtera-t-il le génocide de l'intelligentsia ivoirien qui a détruit l'Ecole dans notre pays et hypothéqué l'avenir de plusieurs générations de jeunes ? Des jeunes à qui il a donné par le biais de la "FESCI milicienne" et du "Synarès guerrier", comme seul outil d'apprentissage, la "braise du feu", "la machette" et "le fusil" pour tuer des étudiants, des élèves qui osent en milieu scolaire et universitaire s'opposer à son unique pensée. Des syndicats qui depuis les années 90 ont milité et provoqué dans les faits des années blanches et détourné l'Ecole de sa mission de formation de l'élite ivoirienne pour constituer les bras séculiers d'un régime dictatorial appelé "Refondation". Le FPI renoncera-t-il à ses méthodes (idéologiques) d'extermination de milliers d'ivoiriens quand il les accuse de penser autrement et/ou d'être simplement différents, par des escadrons de la mort et des Forces de l'ordre partisanes qui répriment violemment dans le sang les manifestations, sans jamais procéder à des arrestations ? Ces répressions ne se soldent-elles pas toujours par des centaines ou par milliers de morts (mars 2004 : 500 morts ; décembre 2010 : 3000 morts, pour ne citer que ceux là) ? Le FPI, rompra-t-il avec ses bombardements génocidaires des ''Abobo", ciblés comme cités à raser de peuplades trop typées au nom d'un ultranationalisme étriqué et autre extrémisme antireligieux ? De quel laboratoire d'idéologues est-il conçu et sorti "l'article 125" au nom duquel avec 100 Francs CFA de pétrole et 25 Francs CFA d'allumettes des centaines de jeunes ivoiriens, sous des applaudissements de jeunes fanatisés, ont été à Yopougon et ailleurs, un par un, habillés de pneus usagés et brûlés vifs sur des places publiques, parce que soupçonnés d'être étrangers ou simplement n'appartenant pas au "gbôhi" (au groupe) ? Le FPI est-il prêt à arrêter la diffusion de la haine ethnique qui a émietté le peuple ivoirien dans les villes et les campagnes ? Qui dans les campagnes de l'ouest du pays a exproprié et déguerpi des milliers de paysans de leurs terres et de leurs plantations et provoqué de façon répétitive des affrontements ethniques à Daloa, Duékoué, Gagnoa, Guiglo, Bloléquin, Oumé, etc., au nom de la rétrocession de la terre aux autochtones ? Le FPI renoncera-t-il à sa politique d'isolement de la Côte d'Ivoire convaincu de ses thèses souverainistes et "anti-néocolonialiste" qui ont déstabilisé notre pays sur tous les plans et tous les cieux ? Le FPI échappera-t-il enfin à des procès de crimes économiques et autres corruptions qui ont de façon catastrophique plombé la croissance économique de notre pays durant la décennie de son règne ? Pour ne s'en tenir qu'aux conséquences de ces crimes économiques, il suffit de jeter un coup d'œil sur les infrastructures socio-économiques du pays léguée par ce parti ; le niveau de vie des ivoiriens qui s'est totalement érodé ; la pauvreté qui a franchi dans la réalité la barre des 60% ; la santé dévastée ; et l'école, oui encore l'école cette fois au plan de ses infrastructures. Des sites d'écoles primaires et autres centres de formations qui sont transformées en sièges de miliciens (Adjamé 220 et quartier Ebrié notamment). Pendant que le paysan producteur de l'essentiel de la richesse nationale croupi dans la misère et a perdu la quasi-totalité de son pouvoir d'achat, pendant que l'agriculture socle de cette richesse a été relégué au dernier rang sans subvention, sans volonté politique de soutien, la nouvelle bourgeoise refondatrice construit des châteaux dans les villes, dans les villages et même dans les campagnes avec l'argent du secteur agricole, avec l'argent des paysans. On nous dira que les dirigeants du FPI subissent déjà et subiront la rigueur de la loi pour tous ces crimes économiques. Oui mais, mille refondateurs jugés à droite et mille autres condamnés à gauche enlèveront-ils au FPI son idéologie, ses laboratoires de créateurs d'autres refondateurs criminels économiques ? Ne s'agit-il pas ici, de tuer le mal à sa racine ?
Crimes de sang, crimes économiques, actes génocidaires, le FPI est-il encore qualifié pour jouer dans la compétition de la démocratie ivoirienne ? Si au nom de la réconciliation nationale lancée par le Président de la République Alassane Ouattara, les ivoiriens devront fermer les yeux sur un tel grand foyer de déstabilisation durable de la quiétude ivoirienne, les mêmes causes produisant les mêmes effets, aurons-nous choisi dans ce cas, la paix durable, la paix réelle, celle léguée par Félix Houphouët Boigny ?
A toutes ces interrogations, dans ce foisonnement de questionnements, quelle est moi-même, ma conviction personnelle ? Elle est ferme. Le FPI ne changera pas d'un iota ni dans son organisation, ni dans ses actes et agissements. Juste un exemple pour fonder et étayer cette affirmation. Il situera les bases idéologiques de ces dérives criminelles. Dans les années 91-92, le bureau national du SYNARES (Syndicat de l'Enseignement Supérieur) avait exclu des rangs du Syndicat un certain nombre de ses membres sous le prétexte de "traitrise à la cause". Cet acte était en réalité une vision idéologique de caporalisation du syndicat pour l'inféoder au FPI et instaurer la pensée unique au sein du syndicalisme en milieux universitaire. Les exclus ont tenté de créer un autre Syndicat, l'UNESUR pour rêver à un semblant de démocratie dans le milieu. Mais l'UNESUR a subit les affres d'un véritable terrorisme du milieu et a fait long feu. Quelques années plus tard, chacun sait ce qui en est advenu du milieu universitaire et scolaire : un terrain où l'expression démocratique ne se définissait que par la violence, le bannissement du pluralisme de pensée. Dans le prolongement de cette ambiance, le FPI a créé ses propres Centrales Syndicales (FESACI, Dignité) qui l'ont soutenu quand il est venu au pourvoir. Tout cela n'aurait rien de répréhensible si tous les dignitaires de ces syndicats et autres centrales n'étaient tous aujourd'hui en exil ou en détention. En réalité ces Centrales syndicales et ces syndicats ont tous été transformés en de branches armées du Front Populaire Ivoirien. Stalinien ! Le mot est lâché. Le Front Populaire Ivoirien a trompé l'Internationale Socialiste en se faisant passé pour un parti socialiste pacifique dès sa création pour faire bonne figure. En réalité, conglomérat de courants politiques proches des partis politiques issus de l'Internationale Communiste (le Kominterm ou la III Internationale) le FPI est un parti politique de type stalinien. Rappelons que l'Internationale Communiste (la IIIème Internationale) a été créée en mars 1919 et confirmée en été 1920 pour sonner le glas de l'Internationale Socialiste qu'elle trouvait trop molle pour la transformation de la Société Socialiste (pour simplifier les choses). Cette Internationale Communiste qui a été plus tard noyautée par Staline en éliminant tous ses compagnons membres fondateurs de cette Internationale. Il a alors régenté et mis sous ordre de Moscou tous les Partis Communistes du monde de l'époque, même si quelques ont affirmé à un certain niveau leur indépendance comme le Parti Communiste Chinois de Mao Tsé-toung. Cette Internationale a permis entre autres à Staline d'assoir une dictature sanglante en URSS. Wikipédia définit cette idéologie et ce régime par les termes qui ci-dessous ressemblent trait pour trait au régime instauré par le FPI : "par un jeu patient d'intrigues souterraines et d'alliances successives avec les diverses factions du parti unique bolchevik, et en s'appuyant sur la toute-puissante police politique et sur la bureaucratisation croissante du régime, il imposa progressivement un pouvoir personnel absolu et transforma l'URSS en un régime de type totalitaire dont le culte obligatoire rendu à sa propre personne fut un des traits les plus marquants…… Son long règne fut marqué par un régime de terreur et de délation paroxystique et par la mise à mort ou l'envoi aux camps de travail du Goulag de millions de personnes…..Il pratiqua aussi bien des déplacements de population massifs, dont la déportation intégrale d'une quinzaine de minorités nationales…... Le secret et la propagande systématiquement entretenus autour de ses actes firent du travestissement de la réalité et de la réécriture du passé une caractéristique permanente de son pouvoir absolu". Ce régime Stalinien a étendu son empire de Berlin Est à l'Océan Pacifique, a influencé de multiples partis politiques et donné naissance à des courants de pensée et d'organisation dans les lesquels les fondateurs du FPI ont puisé leurs tendances et fondé leur idéologie. Ils vous parlerons avec nostalgie du Maoïsme, du Ché (Ché Guévara), d' Enver Hodja d'Albanie; ils invoqueront en intellectuel "la Révolution Nationale Démocratique et Populaire" (RNDP) ou la "Révolution Anti Impérialiste Démocratique et Populaire" (RAIDP); ils vous relateront leurs exploits des batailles épiques de l'anticolonialisme, des indépendances africaines et de la souveraineté qu'ils ont mené au sein de la FEANF (Fédération des Etudiants Africains en France); ils vous parleront avec aisance de l'insurrection populaire comme outil de prise de pouvoir; ils ne parleront de démocratie que du bout des lèvres, eux qui en réalité sont des adeptes des dictatures de classe. Il faut retenir de cette idéologie et de cette organisation les éléments suivants : le fonctionnement semi-clandestin quand bien même ils sont au pouvoir ; la hiérarchisation stricte et centralisé du parti ; l'adoption d'une discipline de fer ; le recours au besoin, à l'illégalité ; l'instauration d'une dictature de parti unique avec un autoritarisme exacerbé. Issu de ces courants totalitaires, le Front Populaire Ivoirien a transformé le combat politique démocratique en Côte d'ivoire en lutte de clan armée et fratricide.

Il ne changera pas d'un iota, ce FPI là, c'est ma conviction profonde. Et ce qui "me miche" le plus (m'exaspère), c'est la propension du FPI à diffuser des rumeurs mensongères comme outil privilégié d'information et de gouvernance politique. Pour tout ça, je militerai personnellement pour ce qu'écrivait il y a peu de temps un universitaire dans un journal de la place "FPI delenda est" : "le FPI doit être dissout".

J'appelle alors à mon tour tous les ivoiriens pour qu'ils répondent à toutes ces questions et avisent ! Il s'agit d'un combat pour la survie de la démocratie. Ainsi, pour tous ceux qui seront convaincus que le FPI est une gangrène pour notre démocratie, et pour tous ceux qui ont subi les affres de tous ces crimes, qu'ils se mobilisent pour la dissolution du Front populaire Ivoirien. "FPI delenda est" : " le FPI doit être dissout" pour reprendre le crédo de l'universitaire.

Il se trouvera certainement des citoyens qui crieront : "à l'assassinat de la démocratie" ; "au retour à la pensée unique et du parti unique". Avec ces concitoyens je voudrais partager le fait que la démocratie c'est aussi celle là qui institue pour sa propre survie, des instruments, des garde-fous qui permettent d'extirper de son environnement tous les acteurs dangereux pour son existence ? Mobiliser des centaines de milliers d'autres ivoiriens, pour éradiquer un parti génocidaire qui s'oppose au jeu démocratique est bien un acte de promotion de la démocratie ? "FPI delenda est" : " le FPI doit être dissout". Sans préjuger du résultat, il faut laisser place à la libre expression des opinions et des volontés. Au bout, la loi devra s'appliquer, il faut y croire. "FPI delenda est" : " le FPI doit être dissout".

Député Séri-Bi N'Guessan Privat, député de Bédiala (Daloa).
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