Il est mort Maguy le Tocard. Depuis le dimanche, il n’est plus de ce monde. Il s’est tu pour toujours. Une leçon : ici bas, tout homme, si puissant soit-il, n’est que de passage. Il peut tout, il fait tout, mais, sa puissance ou son pouvoir ne peut l’amener à vaincre la mort. Donc, être humain, Maguy le Tocard est décédé. Que doit-on retenir de son passage sur terre ? Quel morceau de sa vie intéresse-t-il le bon peuple de Côte d’Ivoire ? Maguy, l’un des activistes de la galaxie patriotique, un individu qui s’est illustré de la plus mauvaise manière, durant le règne du chef de la refondation. Plusieurs fois, son nom a été cité dans des affaires de tueries et de massacres des populations. Maguy le Tocard était la terreur de Yopougon. Rien qu’à l’évocation de son nom, le bon peuple de Côte d’Ivoire tremblait de tous ses membres. Mais, peu avant qu’il ne parte dans l’au-delà, Maguy le Tocard torturé de remords, peut-être ou se faisant adepte de la realpolitik comme le Talleyrand de la politique ivoirienne, s’est mis à prôner la paix, la réconciliation. Il a même fait son mea culpa pour se faire pardonner ses actes commis dans le passé. Il a prêté son image à un spot publicitaire appelant au pardon et à la réconciliation. Aujourd’hui, la question que l’on se pose est de savoir si la deuxième partie de sa vie a été suffisamment longue pour couvrir ses forfaits et pour que ses péchés lui soient pardonnés. Les individus qu’il a fini par admettre comme étant des êtres humains et ses compatriotes ont-il suffisamment apprécié son repenti, pour lui accorder leur pardon ? La rémission de ses péchés appartenant à Dieu le Père lui-même, on pourrait se demander s’il s’est confessé comme il se doit pour mériter du Père. Maguy le Tocard n’est plus, il a rejoint, sous terre, les êtres qu’il a précipités dans le pays de l’ombre pour toujours. A quoi donc auront servi ses danses du scalp autour des corps inertes ? La vie sur terre est courte, disait un sage, pourquoi ne pas la passer à faire du bien ? Le bon peuple de Côte d’Ivoire se le demande. Pourquoi tuer alors qu’on n’est pas soi-même immortel ? Les Maguy le Tocard qui peuplent encore l’univers devraient se rendre compte, à présent, qu’il est inutile d’abréger la vie d’autrui si l’on ne peut allonger la sienne. Et même si… Maguy le Tocard n’est plus, le bus, pour lui est arrivé à son terminus. Pour toujours, il est descendu. La vie continue.
Raoul Mapiéchon
Raoul Mapiéchon