x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le lundi 11 juillet 2011 | L’expression

L’Editorial : Redonner l’espoir au peuple

Abidjan et Juba. Deux villes africaines. La première située sur la côte ouest de l’océan atlantique est la capitale économique de la Côte d’Ivoire. En réalité, Abidjan continue à cumuler en plus les fonctions de capitale politique du pays. Son nouvel alter ego, Juba, est à une bonne distance de l’océan indien, du côté de la martyrisée Somalie, et à quelques centaines de kilomètres de la méditerranée en regardant vers l’Egypte. Juba, la capitale de la nouvelle République du Sud Soudan, a vibré, le samedi 9 juillet 2011, au rythme du vrombissement des moteurs d’avions et limousines amenant les délégations étrangères et les personnalités locales, de la musique militaire, des chants, des danses et allocutions solennelles. Tout l’arsenal habituel qui prévaut pour la proclamation des indépendances en Afrique. Cérémonie colorée et émouvante à l’issue de laquelle le cinquante-quatrième Etat africain est né. Une naissance qui remplit le peuple du Sud Soudan de joie et de fierté. Sur des pancartes et dans les slogans de nationalisme, se lisait et était entendu : « Nous ne nous soumettrons jamais ». La répétition du ressort qui a sous-tendu la lutte entamée et menée pendant plus de soixante-cinq ans contre les colons britanniques puis contre le gouvernement central de Khartoum. Entre un et deux millions de morts, (les chiffres comme toujours en pareille situation ne reflètent jamais la réalité), des destructions énormes. Le prix de l’indépendance du Sud Soudan a été très salé et particulièrement élevé. Les populations qui ont payé la note savourent une première victoire. Le pays est né et son destin appartient désormais à ses ses filles et fils. Les habitants sont remplis d’espoir. Ils se disent qu’avec la forte cohésion nationale née de l’épreuve de la guerre, les ressources naturelles importantes dont le pétrole coulant à flots, les problèmes de santé, de routes, l’éducation… connaitront une solution. Bref, aux yeux des citoyens de ce nouvel Etat, les fruits devront tenir la promesse des fleurs. Le même espoir que les Africains, à travers les soixante dernières années, ont nourri en accueillant les indépendances, de Conakry à Alger. Salvakir, le nouveau et premier président du Sud Soudan, né de la rupture douloureuse et tragique avec le Soudan a juré, la main sur le cœur, de travailler sans relâche à la paix, au développement et au bonheur des populations...
En se retournant vers Abidjan, le constat saute aux yeux que trois jours seulement avant l’entrée du dernier né des Etats africains dans le concert des nations, l’un des pays parmi les plus prometteurs du continent au moment des indépendances en était à réunir son gouvernement au grand complet pour adopter une matrice des actions prioritaires. Il y avait urgence à identifier les priorités parce que tout, ou presque, est à nouveau à refaire dans ce pays cinquante et un ans après son accession à la souveraineté nationale et internationale. La Côte d’Ivoire en est là parce qu’un homme, arrivé au pouvoir par un de ces accidents politiques dont seule l’histoire a le secret, a piétiné le serment d’être le serviteur du peuple pour se transformer en bourreau de celui-ci. En dix ans de pouvoir, Laurent Gbagbo a détruit le processus de développement économique et social amorcé dans le pays. Il a rendu acide l’espoir que les indépendances offraient une opportunité aux peuples de sortir de l’ornière. Non seulement lui et son régime ont pillé les ressources, mais aussi ils se sont opposés par la force à l’expression de la volonté populaire en refusant d’accepter les résultats des élections présidentielles. Le pays a été ainsi contraint à une guerre meurtrière, entrainant une destruction massive du patrimoine infrastructurel. Au lieu de se voir remettre un Etat, et continuer à renforcer ses acquis, la nouvelle équipe aux affaires doit d’abord parer au plus pressé. Ce qui vaut en Côte d’Ivoire est un des nombreux avatars de ce que des dirigeants du continent ont réussi comme performance. Une entrée à reculons dans l’histoire. Refoulant par une gouvernance moyenâgeuse (la routine et le pilotage à vue y tiennent lieu de programme et d’objectifs) les aspirations des populations, et mettant le continent à la périphérie de l’histoire du monde. Une histoire qui se construit pourtant à grande vitesse ; avec un développement accéléré sur le reste de la planète. Certains, au regard des maux dont souffre l’Afrique, parlent même de malédiction.
En réalité, il n’y a pas de malédiction africaine spécifique. A Abidjan, les populations ont remarqué un gouvernement venu dire comment il entend se mettre à l’œuvre, résoudre les urgences et remettre le pays sur les rails par le travail. Ailleurs, les pays qui réussissent sont ceux où les dirigeants ont compris la nécessité de la formation, d’une administration efficace, et d’un cadre général et réglementaire favorisant l’investissement privé. Dans ces pays, l’on dit aux citoyens ce qu’on veut faire, et chacun attend les résultats annoncés sur lesquels les gouvernants sont jugés. C’est cette voie qui est maintenant en marche en Côte d’Ivoire.
A Juba, les autorités ont, elles aussi, la possibilité de faire mentir les afro pessimistes en optant pour la bonne gouvernance. De cette façon, là bas comme ici, les pouvoirs donneront l’espoir au peuple et la concrétiseront. Pour une Afrique qui rentre dans l’histoire enfin par la grande porte.
D. Al Seni
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ