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Politique Publié le lundi 11 juillet 2011 | Nord-Sud

Corruption, lourdeurs administratives… / Etat civil : à quand la fin du calvaire ?

La révolution Orange s’est fait ressentir à plusieurs niveaux. Nettoyage des universités, assainissement de rues, proclamation du mérite et du dynamisme... Mais la corruption et les lourdeurs administratives échappent encore à ce grand vent de moralité.

«La machine vient de tomber en panne, impossible de faire les retraits». Cette phrase d’un agent du service des passeports, ce vendredi, énerve les nombreux acquéreurs qui attendent devant l’entrée dans l’espoir de retirer leurs passeports biométriques après d’interminables rendez-vous ratés. Ceux qui sont venus faire leurs inscriptions pour le document sont aussi nombreux et encore plus impatients. Entre plaintes, soupirs d’amertume et résignation, beaucoup préfèrent quitter la Sûreté nationale et revenir un autre jour où la machine sera peut-être fonctionnelle. Lancé par Désiré Tagro, « le passeport en trois jours » a perdu de la vitesse. Les plus chanceux l’acquièrent en deux semaines. Cependant, les agents peuvent se montrer très entregents avec ceux qui connaissent le système. Connaître le système signifie graisser la patte à des intermédiaires qui accostent discrètement les demandeurs. La plupart ont des contacts au sein de la Sûreté. Avec leur complice à l’intérieur, le passeport est vite fait. Il suffit de payer entre 10 et 15.000 Fcfa. La corruption et la fraude sont devenues telles que même ce procédé ne suffit plus. Un ancien demandeur venu voir son ami a un tuyau : «  ces démarcheurs ne sont pas des gens sûrs. Je peux vous mettre en contact avec T. au service passeport de Vridi. C’est là-bas que tout se passe. Vous pouvez donner des-dessous de table à un agent ici, mais votre dossier sera bloqué à Vridi. Mais si vous remettez 20.000 Fcfa à T. vous aurez votre passeport en 3 jours.» C’est systématique. Les premiers qui ont habitué ces agents à la corruption ont fait de cela une condition sine qua non pour avoir leurs passeports dans les délais. Le fléau s’est institutionnalisé ou presque.
Devant le temple de Thémis, la présence des margouillats (démarcheurs) montre que rien n’a changé ici après le passage du vent de la révolution Orange. « Vieux père, c’est pour un certificat de nationalité ou un casier judiciaire ? », demandent-ils à qui ose passer devant le palais de justice. Ce sont parfois des harcèlements comme ces vendeurs ambulants dans les gares. Le casier judiciaire coûte 5.000 Fcfa, le certificat de nationalité fait 5.000 Fcfa également, les registres de commerce se font à partir de 25.000 Fcfa et les actes d’individualité à 6.000 Fcfa. Ces prix sont destinés à ceux qui vont directement au guichet. Mais ce chemin est long, car la procédure traîne et les demandeurs poirotent. Pour ceux qui veulent vite entrer en possession de leurs documents administratifs, ces margouillats semblent la solution. Beaucoup ont des connaissances dans l’administration. Ils n’exigent que 3 à 5.000 Fcfa, en plus des frais de dossiers. Avec cet argent, ils vont soudoyer un agent interne avec qui ils sont de connivence. Et le papier est vite signé. Certains, les plus rompus dans ce métier, se fabriquent même de faux tapons et imitent des signatures de magistrat. D’où la circulation de faux papiers. Un magistrat témoigne : « les Ivoiriens sont trop pressés, c’est en voulant vite avoir leurs papiers qu’ils se font gruger par ces jeunes ». Mais ce haut cadre évite d’indexer les lourdeurs administratives et la complicité de leurs propres agents. Que ce soit dans l’établissement du passeport, du certificat de nationalité ou de l’attestation d’identité dans les commissariats (qui commencent à fonctionner) les procédures administratives ont besoin d’un coup de vent révolutionnaire. C’est parce qu’elles sont lentes que les demandeurs, pressés, sont contraints de corrompre. Il faut battre le fer pendant qu’il est encore chaud.

Raphaël Tanoh
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