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Société Publié le jeudi 14 juillet 2011 | Soir Info

Expropriation de parcelles de terrain / Comment des réseaux de faussaires ont fait chuter des entreprises, Le président Ouattara interpellé

© Soir Info Par Nathan Kone
Bonne gouvernance: le séminaire gouvernemental a pris fin
Photo: le Président Alassane Ouattara
Ils sont constitués en réseaux. Ils falsifient des documents administratifs dont ils se servent pour exproprier des personnes aussi bien physiques que morales de leurs biens, notamment des parcelles de terrains. Et ces réseaux, entretenus par des hommes d'affaires étrangers puissants et riches qui, pour la plupart, étaient ''amis'' à certains barons de l'ancien régime, ont fait chuter de nombreuses entreprises. Mais comment ces bandes de faussaires procédaient-elles concrètement ?
Bien organisés, ces réseaux déploie sur toute l'étendue du territoire, principalement à Abidjan, ces agents chargés de détecter des terrains exploités ou non, susceptibles de faire leur affaire. Selon nos investigations, une fois ces parcelles répertoriées, des contacts sont pris au niveau du ministère de la construction et à la conservation où ces réseaux bénéficient de complicité. Un membre de ce réseau est choisi pour en être le propriétaire. Des (faux) documents : titre foncier, permis de construire, etc. sont établis en son nom et font de lui le nouvel acquéreur des terrains, qu'il met ensuite, moyennant une forte somme d'argent, à la disposition de ces hommes d'affaires ivoiriens ou étrangers complices, intouchables. Toutes les manigances sont financées par ces derniers qui se targuaient de leurs accointances avec des barons de l'ancien régime. Quand les vrais propriétaires de ces terrains, qui les ont acquis en bonne et due forme, décident de les exploiter, ils sont contrariés par ces réseaux de faussaires qui, au préalable, ont pris le soin de se faire établir, au niveau de la justice où ils bénéficient également de la complicité de magistrats, des ordonnances qui les autorisent à expulser tout autre personne qui s'aventurerait sur '' leurs'' terrains. Si ces parcelles sont déjà exploitées, les faussaires usent de menaces de toutes sortes, emploient la force grâce à leurs appuis aussi bien au niveau de la police qu'au niveau de la Justice pour déloger les occupants légaux et légitimes de ces parcelles de terrains.

Menaces et usage de la force

Ces derniers n'avaient aucune chance de gagner les procès qu'ils intentaient contre ces véreux, d'autant plus que ceux-ci avaient avec eux des éléments de la police et de la justice. C'est ainsi que plusieurs constructions qui abritaient des entreprises et autres bâtiments servant d'habitations ont été détruits par ces faussaires. Les responsables de ces entreprises ont acquis, il y a plusieurs années, leur bien sur lequel ils ont bâti leur business. Ils disposent d'ailleurs, à ce propos, de tous les documents légaux. Un matin, alors que ces entreprises exercent tranquillement leurs activités, elles reçoivent des menaces de déguerpissement. Par voie d'huissiers complices, des personnes se disant maîtres des lieux signifient aux responsables des sociétés de plier bagages. Une cohorte de loubards est lancée à leurs trousses avec pour besogne de tout détruire sur leur passage. '' Quand ils sont arrivés chez nous, ils ont cassé des véhicules, volé des ordinateurs et téléphones portables. Le matériel de bureau a été saccagé et volé, des employés brutalisés, d'autres emprisonnés '', a expliqué Jean-Pierre Kassi, directeur d'une société de vente de véhicules et de pièces détachées. Un autre responsable d’une société de réparation de matériels agricoles S.P nous a confié qu’ils sont venus chez lui, gourdins et autres armes à la main l’expulser de manière brutale, cassant portes et murs alors qu’il a tous ces documents légaux. ‘’Nous ne travaillons plus depuis plus de 2 ans’’, s’est-il plaint. Les préjudices sont énormes et les sociétés ont du mal à se reconstituer. '' Nous sommes obligés de travailler aujourd'hui hui dans les cafés, restaurants, espaces publics, à domicile faute de bureau car tout a été détruit '', fait savoir Etienne Blé qui a été sommé de quitter le site de ses bureaux à Vridi où il dirigeait une entreprise de distribution de produits cosmétiques. '' Nous risquons de fermer si les nouvelles autorités ne font rien pour nous '', a-t- averti. S. Mamadou, directeur général d'une société d'imprimerie en zone 4 nous a confié que : '' Ils sont venus avec un engin lourd. Ils ont tout détruit pour nous obliger à quitter les lieux. Aujourd'hui, tous nos travailleurs sont dans les rues. Notre entreprise a fermé. Cette situation nous a mis en difficulté face à nos fournisseurs qui menacent de nous poursuivre en justice, et cela nous discrédite aux yeux de nos clients’’

La traque aux ''gourous''

Denis K, responsable d’une structure de ventes de véhicules, moteurs, pièces détachées autos, nous a laissé entendre que ‘’ nous avons tous nos documents légaux malgré tout ça, nous avons été chassés ; les agresseurs restés sur place ont profité pour démonter les pièces des véhicules, démonter les moteurs, cassé les magasins de pièces détachées et ont tout emporté. Nous sommes sans activités et nous n’avons que nos yeux pour pleurer devant nos locaux détruits’’. Menant les investigations, tant à la police qu'à la justice, et auprès des personnes ayant appartenu à ces réseaux de faussaires, les responsables de ces entreprises et leurs équipes se sont rendus compte qu'ils ont été victimes d'une machination bien orchestrée avec en arrière plan des hommes d'affaires ivoiriens et étrangers pour la plupart, puissants et riches, soupçonnés d’être très proches de l'ancien régime. Sur la base des preuves qu'ils détiennent, les responsables de ces entreprises ont décidé de traduire devant les tribunaux ces ''gourous'' qui entretiennent ces réseaux. A la vérité, toutes ces sociétés qui ont fait les frais de ce réseau se regroupent en ce moment pour attirer l'attention des nouvelles autorités ivoiriennes. D'abord pour ne pas que ce genre de réseaux prospèrent en Côte d'Ivoire au risque de ternir l'image du nouveau régime, à qui les commanditaires de cette vaste escroquerie font des appels du pied ces derniers temps. Mais aussi et surtout de porter plainte contre ces mafieux qui semblent ne pas être prêts à abandonner leurs pratiques qui ont coulé des entreprises qui ne demandent qu'à être dédommagées de façon immédiate, quitte au gouvernement de mener ses investigations.

A. BOUABRE
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