“A cette allure, si l'on n'y prend garde, l'on n'est pas loin de proclamer la mort de la poésie écrite en Côte d'Ivoire». Voilà comment un universitaire qui s'essaie à l'écriture poétique réagissait au sortir d'une cérémonie de dédicace de huit ouvrages publiés par une maison d'édition. Ce n'est pas une malédiction, mais plutôt, un constat réaliste de l'universitaire. Mais, plus, ce qui révolte surtout l'homme, c'est que les huit ouvrages publiés étaient composés de recueils de nouvelles, de romans et de pièces de théâtre. Et ce n'est qu'un seul recueil de poèmes intitulé "Rayons dans la nuit" de Dakaud Anibié Nestor qui essaie de tenir la dragée haute. Et selon les dires du néo écrivain, «depuis plus d'une décennie, les œuvres poétiques parues n'excèdent pas dix». Les raisons du recul de ce genre littéraire qui, selon des érudits, tire ses racines dans les berceuses, les mélopées de clair de lune, les chants funéraires qui foisonnent en Afrique, sont multiples. L'une d'entre elles, c'est ce que notre interlocuteur appelle «le désintérêt du monde de l'édition » à publier une œuvre poétique ». Car pour lui, « les éditeurs sont beaucoup sélectifs sur les œuvres poétiques. Ils préfèrent éditer un roman, un recueil de nouvelles qu'une œuvre poétique qui se vend difficilement». Cette réalité, des acteurs du monde du livre l'expliquent par la résurgence du vieux débat de « l'hermétisme de la poésie». « Aujourd'hui encore, les lecteurs sont catégoriques pour dire que la poésie demeure un genre hermétique, c'est- à-dire un genre difficilement accessible à un large éventail du public », explique un éditeur qui a bien voulu requérir l'anonymat. Toutefois, il reconnaît que des auteurs comme Zadi Zaourou Azo Vauguy, Henri N'Koumo et bien d'autres écrivains passionnés de poésie ont eu de la chance d'être publiés par des maisons d'édition comme Nei/Ceda, Edilis ou Vallesse Editions.
L'autre mobile du recul de la poésie ivoirienne est que ni les critiques littéraires ni les enseignants ne donnent le goût de la poésie aux élèves et au grand public. Alors que, on le sait, de tous les genres littéraires, la poésie est un art du langage, qui se caractérise par la mise en jeu de toutes les ressources (lexicales, syntaxiques, mais aussi sonores et rythmiques) de la langue afin de créer, pour le lecteur ou l'auditeur, un plaisir à la fois intellectuel et sensible.
La recherche de la pitance quotidienne surplombe la nourriture de l'esprit !
Un genre qui éveille la sensibilité, la conscience. En somme, la poésie permet de révéler l'intérieur de l'auteur sur une situation sociale donnée. L'on se rappelle que, pour la lutte émancipatrice du continent Noir et de sa diaspora, le mouvement de la Négritude s'est aussi appuyé sur la poésie. Avec la publication des œuvres, entre autres, "Chants d'ombres" de Léopold S. Senghor ; "Cahier d'un retour au pays natal" d'Aimé Césaire, les écrivains ont aussi contribué à la lutte émancipatrice.
Des auteurs comme Bernard Zadi Zaourou, Niangoran Porquet et bien d'autres écrivains ivoiriens ont donné à ce genre littéraire, ses lettres de noblesse. Ils avaient su créer de l'engouement autour de ce genre, avec des publications abondantes.
Aujourd'hui, les problèmes existentiels, les vicissitudes du quotidien ont pris le dessus sur la recherche de la sensibilité. Bien vrai, ils sont peu aujourd'hui ceux qui songent à se perdre dans les envolées lyriques pour créer un poème. Mais, il est plus qu'urgent de remettre d'aplomb la poésie. Car elle permet d'exprimer ce que l'on ressent. La poésie révèle l'émotion qui permet d'être sensible aux belles choses et aux choses douloureuses. C'est en cela que l'Etat ivoirien doit donner le goût de la création poétique aux tout-petits, comme c'était le cas il y a plus d'une décennie. Il faut surtout institutionnaliser "la journée mondiale de la poésie" célébrée tous les 21 mars de l'année, à l'instar des autres journées mondiales. Car, il est de notoriété qu'après la génération des Boté Zady Zaourou, Niangoran Porquet et autres, la poésie ivoirienne est presqu'à l'agonie. Il faut faire quelque chose.
Jean- Antoine Doudou
L'autre mobile du recul de la poésie ivoirienne est que ni les critiques littéraires ni les enseignants ne donnent le goût de la poésie aux élèves et au grand public. Alors que, on le sait, de tous les genres littéraires, la poésie est un art du langage, qui se caractérise par la mise en jeu de toutes les ressources (lexicales, syntaxiques, mais aussi sonores et rythmiques) de la langue afin de créer, pour le lecteur ou l'auditeur, un plaisir à la fois intellectuel et sensible.
La recherche de la pitance quotidienne surplombe la nourriture de l'esprit !
Un genre qui éveille la sensibilité, la conscience. En somme, la poésie permet de révéler l'intérieur de l'auteur sur une situation sociale donnée. L'on se rappelle que, pour la lutte émancipatrice du continent Noir et de sa diaspora, le mouvement de la Négritude s'est aussi appuyé sur la poésie. Avec la publication des œuvres, entre autres, "Chants d'ombres" de Léopold S. Senghor ; "Cahier d'un retour au pays natal" d'Aimé Césaire, les écrivains ont aussi contribué à la lutte émancipatrice.
Des auteurs comme Bernard Zadi Zaourou, Niangoran Porquet et bien d'autres écrivains ivoiriens ont donné à ce genre littéraire, ses lettres de noblesse. Ils avaient su créer de l'engouement autour de ce genre, avec des publications abondantes.
Aujourd'hui, les problèmes existentiels, les vicissitudes du quotidien ont pris le dessus sur la recherche de la sensibilité. Bien vrai, ils sont peu aujourd'hui ceux qui songent à se perdre dans les envolées lyriques pour créer un poème. Mais, il est plus qu'urgent de remettre d'aplomb la poésie. Car elle permet d'exprimer ce que l'on ressent. La poésie révèle l'émotion qui permet d'être sensible aux belles choses et aux choses douloureuses. C'est en cela que l'Etat ivoirien doit donner le goût de la création poétique aux tout-petits, comme c'était le cas il y a plus d'une décennie. Il faut surtout institutionnaliser "la journée mondiale de la poésie" célébrée tous les 21 mars de l'année, à l'instar des autres journées mondiales. Car, il est de notoriété qu'après la génération des Boté Zady Zaourou, Niangoran Porquet et autres, la poésie ivoirienne est presqu'à l'agonie. Il faut faire quelque chose.
Jean- Antoine Doudou