Elle était attendue et elle n’a pas déçu. La délégation ivoirienne composée du ministre des Affaires étrangères Daniel Kablan Duncan, de Adama Bictogo de l’Intégration africaine et du ministre délégué à la Défense Koffi Koffi Paul, a tiré son épingle du jeu pour sa toute première participation à la Réunion du Conseil des ministres de l’Union du Fleuve Mano, qui s’est tenue samedi à la Mairie de Monrovia, au cœur de la capitale libérienne. Les travaux auxquels ont pris part les représentant des pays tels que la Sierra Léone, la Guinée, la Côte d’Ivoire et le pays hôte, le Liberia, ont tenu toutes leurs promesses. Et la palme d’or des propositions relatives à l’enrichissement des débats est revenue, selon des sources proches des discussions, à la délégation ivoirienne. Les émissaires du président de la République, sur les deux principaux points à l’ordre du jour, ont rivalisé de talents à telle enseigne que ce sont quasiment leurs propositions qui ont constitué l’ossature des conclusions de la réunion, qui ont été validées et remises aux différents chefs d’Etat des pays membres, pour adoption dimanche dernier. En effet, les quatre états cités plus haut se sont retrouvés pour plancher sur deux points essentiels à l’ordre du jour. D’un, la question relative aux infrastructures et à l’économie et de deux, celle qui ont trait à ‘’l’opération sécuritaire conjointe sur la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Libéria, la question des réfugiés et celle qui portent sur la crise humanitaire, conséquence toute logique de la crise ivoirienne’’, comme l’indique l’ordre du jour. Comme il fallait s’y attendre, c’est ce second point qui a constitué l’essentiel des discussions durant les travaux qui se sont déroulés à huis-clos, après la brève cérémonie d’ouverture. Tout simplement parce que ces quatre pays ont connu chacun des conflits armés. Ce qui fait que les réalités qui les touchent sont toutes les mêmes. Avec leur corolaire d’insécurité, de combattants qui passent facilement les frontières d’un pays à l’autre. En effet, vu la proximité des pays comme le Libéria, la Guinée et la Côte d’Ivoire, la question des combattants et mercenaires est devenue un vase communiquant. Ce sont pratiquement les mêmes mercenaires guinéens, libériens et des miliciens ivoiriens, qui passent d’une frontière à une autre lorsqu’ils constatent que tel ou tel pays est secoué par une crise armée. Dans son discours, le ministre Kablan Duncan, ne croyait pas si bien dire lorsqu’il affirmait que l’Union «va permettre de renforcer les liens de coopération entre nos pays en matière de sécurisation de nos populations et de promotion d’une paix et d’une stabilité durable. On a pu le constater lors des crises que viennent de traverser notre pays, les conflits internes s’exportent d’un pays à l’autre, du fait de la porosité de nos frontières et de la mobilité des combattants.» Et le chef de la diplomatie ivoirienne d’indiquer que « c’est d’ailleurs pourquoi, la Côte d’Ivoire est en train de tout mettre en œuvre pour intensifier la coopération avec les pays limitrophes que sont le Libéria et la Guinée, dans la lutte contre la criminalité frontalière, à travers l’établissement d’unité conjointe de sécurité frontalière, les échanges de renseignements, les enquêtes communes». Durant donc les travaux en atelier, les participants ont planché sur les différentes stratégies à adopter pour éradiquer ce fléau qui, si l’on n’y prend garde, risque, à leurs yeux, de devenir un effet de mode. Il a donc été question d’élaborer un plan qui va permettre aux forces de sécurité des pays de rester vigilantes afin que les mercenaires ne passent plus aussi facilement les frontières devenues de plus en plus perméables. C’est ainsi que la Côte d’Ivoire et e Libéria ont proposé de travailler en parfaite complicité en matière d’intelligence, c’est-à-dire sur les aspects de renseignements, d’espionnage et de contre-espionnage. Vu tout aussi la contiguïté des deux pays et leurs traditions et coutumes ainsi que la ressemblance de certains patronymes et dialectes, la Côte d’Ivoire s’est dite disposée à partager son expérience et son expertise, notamment en matière d’identification. De sorte qu’une même personne, du fait de son patronyme qui sonne à la fois libérien et ivoirien, puisse voter dans les deux pays à l’occasion des joutes électorales à venir étant donné que ces deux pays voisins rentrent dans des cycles électorales à compter des mois à venir. Surtout que les mois de novembre et de décembre sont des mois d’élections pour le Libéria et la Côte d’Ivoire qui préparent respectivement la présidentielle et les législatives. Quant à la deuxième réunion, celle du Comité des infrastructures, elle a porté sur les conditions de recherche des voies et moyens pour que l’Union du Fleuve Mano ne soit pas une union de trop ou une union pour rien. Pour ce faire, un nouveau contenu beaucoup plus réaliste a été donné sur proposition, selon nos sources, du ministre de l‘Intégration africaine, qui a une parfaite idée de la politique d’intégration du président de la République. Comment faire pour que les richesses naturelles d’un pays puisse bénéficier aux autres et comment faire pour que les richesses que les pays membres ont en commun puissent être mieux repartie, l’instauration d’une voie ferrée qui relierait les principales villes, sans oublier la mise sur pied d’une liaison aérienne dans le but de faciliter la libre circulation des personnes et des biens, avec en gestation, la création d’une Compagnie ‘’Air Mano’’, sont autant de points qui ont été proposés. Toutes ces propositions ont fait l’objet d’analyse de la part des chefs d’Etat des pays-membres de l’Union du Fleuve Mano. Auparavant, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture, le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan, a salué ‘’l’implication des états frères dans le règlement de la crise survenue en Côte d’Ivoire, après l’élection présidentielle de 2000. Cette solidarité est un encouragement au nouveau gouvernement ivoirien et le gage de notre Union à faire de notre espace sous-régional, une société juste et respectueuse de la démocratie et des droits de l’homme, préalables à tout développement économique et social’’. La réunion du Conseil des ministres de l’Union du Fleuve Mano a pris fin samedi et a été suivie le lendemain dimanche du 20éme Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l‘Union du Fleuve Mano, qui a validé les travaux des ministres.
Yves-M. ABIET
Envoyé spécial à Monrovia (Liberia)
Yves-M. ABIET
Envoyé spécial à Monrovia (Liberia)