La localité de Toulepleu qui a terriblement subi les affres de la crise postélectorale renoue progressivement avec la normalité. Dans cet entretien, le préfet du département, Diarra Karim, que nous avons rencontré, fait l’état des lieux.
Le Patriote : Toulepleu est l’une des localités qui a payé un lourd tribut à la crise postélectorale. Trois mois après la libération de la ville par les FRCI, comment se porte cette ville frontalière.
Diarra Karim : Le département de Toulepleu se porte de mieux en mieux. Nous revenons de très loin, parce que, il y a quelques mois, le département et plus singulièrement la ville de Toulepleu a été le théâtre des opérations militaires. Ces événements malheureux que nous avons vécu ont affecté considérablement la vie sociale, économique et administrative.
Aujourd’hui avec le retour de l’administration, il y a progressivement une sorte de retour à la vie normale qui s’amorce. A ce jour, je peux vous assurer que le département se porte de mieux en mieux.
L.P : les populations qui craignaient pour leur sécurité ont-elles l’assurance que la paix est de retour ?
D.K : Il faut dire que depuis notre retour et la réinstallation permanente de l’administration préfectorale qui est l’épine dorsale de l’administration, nous avons constaté que les populations qui avaient été contraintes de quitter leur cadre habituel de résidence, pour se refugier pour la plupart au Libéria et dans les grandes villes de la Côte d’Ivoire, commencent à revenir. Au mois de mai, ce retour était timide, tout simplement parce que ces populations vivaient encore le traumatisme. Mais, depuis notre réinstallation, surtout lorsque j’ai pris sur moi la décision d’aller à la rencontre de ces populations au Libéria, naturellement, cela a contribué à rassurer les populations. Et depuis lors, le flux de retour est considérable. Je peux aujourd’hui évaluer à plus de 5 mille, les personnes qui sont retournées dans leur village ou leur site habituel de résidence.
L.P : A combien estimez vous le nombre de refugiés et de déplacés encore au Libéria ?
D.K : Ils sont nombreux. Malheureusement, ils sont encore nombreux. On peut estimer à plus de 15 milles les ressortissants du département encore présents au Libéria.
L.P : la question sécuritaire est l’une des conditions pour un retour massif des populations sur leur lieu habituel de résidence. A ce jour quel est l’état de la sécurité ?
D.K : La question sécuritaire est satisfaisante. Non seulement, nous assistons à la reprise des activités économiques. D’ailleurs c’est ce qui justifie que ces populations encore au Libéria, malheureusement encore mal informées de l’évolution de la situation sociopolitique, reviennent, parce qu’elles commencent à avoir la certitude que la situation sécuritaire s’est nettement améliorée. Ceux qui y sont restés ou retournés vivent tranquillement. Le département, je peux le dire est nettement sécurisé aujourd’hui. Vous constatez par vous-même que c’est une ville calme. Je parie en venant, vous veniez avec la peur au ventre. Dans l’entendement de beaucoup de nos concitoyens quand on parle de la ville de Toulepleu, on imagine une ville à feu et à sang. Je vous assure qu’actuellement Toulepleu est une ville paisible. Les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire ont totalement pacifié la zone et je peux vous assurer que tous les jeunes miliciens ou les jeunes mercenaires qui avaient semé la désolation et la terreur dans la ville sont tous presqu’en fuite vers le Libéria.
Nous nous efforçons avec le commandant des FRCI de la zone de faire en sorte que, ces jeunes qui reviennent, en retournant sur leur site habituel de résidence, coopèrent avec nous en indiquant toutes les caches d’armes. C’est à cette seule condition que nous allons reprendre la vie communautaire avec ces jeunes gens. Je saisis l’occasion de cette rencontre pour lancer un appel aux cadres, un appel aux populations et toutes les personnes qui sont parties de Toulepleu, je voudrais leur demander de revenir. La vie a repris, la situation sécuritaire est satisfaisante. Il n’y a pas de crainte de revenir à Toulepleu.
Les FRCI sont là, elles sont en mission républicaine, elles sont là pour tout le monde sans exclusive. Personne ne doit se sentir menacé par les FRCI. Depuis que je suis là, aucun l’élément des FRCI n’a attenté à la vie de qui que ce soit. Malheureux, certaines personnes tapies dans l’ombre continuent de faire croire aux populations que les FRCI constituent une menace pour elles.
L.P : quand vous dites certaines personnes, faites-vous allusion aux cadres de la région ?
D.K : Des personnes vivant encore au Libéria nous disent que certains de nos enfants les appellent pour leur dire que la situation ne s’est pas encore normalisée. Tout cela contribue à asseoir la peur. Je voudrais inviter les cadres à conjuguer les efforts à ce que nous sommes en train de faire. Afin que nous puissions intégralement recouvrer la normalité dans ce département. Leur contribution me parait essentielle, parce que c’est eux que leurs parents écoutent le plus. S’ils viennent à Toulepleu, je reste convaincu ça va encore booster le flux de retour des déplacés et le processus de retour à la vie normale.
L.P : parlant de processus de retour à la vie normale, pouvez-vous confirmer que tous les services de base de l’administration sont actuellement fonctionnels et singulièrement le cas de l’Ecole ?
D.K : je me réjouis du fait que la vie administrative a aussi repris à Toulepleu. Je vous le disais tantôt, l’administration préfectorale qui est l’épine dorsale de toutes les administrations est là. Le préfet est à son poste. Tous les sous-préfets sont présents. Les autres services de l’administration sont en train progressivement de se mettre en place. Il est vrai que les locaux de ces services ont été littéralement pillés ou détruits. Moi-même vous constatez que c’est un hangar qui me sert de bureau. Mais je crois que des efforts sont en cours pour que les locaux de ces services soient réhabilités et permettre aux chefs de ces différents services de l’administration de reprendre sereinement le service. S’agissant de l’Ecole, je voudrais vous dire que c’est une préoccupation pour nous. Il y a juste dix jours que l’Ecole a effectivement repris à Toulepleu au niveau du primaire et du secondaire. Au niveau du secondaire, là nous avons des difficultés. On nous dit que le calendrier fixé par la ministre de l’Education Nationale est uniformisé pour l’ensemble du pays. Or à Toulepleu, nous sommes une zone spécifique, nous avons des problèmes spécifiques. C’est maintenant que nous commençons les cours. Je ne sais pas comment on va pouvoir rattraper l’année. Comment on va pouvoir se mettre au même niveau que les autres enfants de ce pays et organiser les examens de fin d’année.
L.P : Avez-vous des propositions à faire à ce niveau ?
D.K : naturellement ! Je mets à profit cette rencontre, mais peut-être un rapport va suivre, pour demander aux autorités compétentes s’il est possible de faire une rallonge de calendrier pour le département de Toulepleu. La ministère de l’Education Nationale nous indique que l’arrêt des notes c’est pour ce 15 juillet. Naturellement nous avons des inquiétudes. Qu’est ce que nos enfants vont devenir ? La proposition que je voudrais me permettre, c’est de pouvoir bénéficier d’un calendrier spécifique à la zone de Toulepleu. Entrevoir une session spéciale pour les régions qui se retrouvent dans la même situation que nous.
L.P : Le ministre d’Etat, ministre de l’intérieur et le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU vous ont récemment rendu visite. Ya-t-il un plan d’urgence pour la Région ?
D.K : Le ministre d’Etat, ministre de l’intérieur, M.Hamed Bakayoko nous a fait l’honneur de nous rendre visite à Toulepleu. Ce qui naturellement nous réjouit énormément. Il s’est rendu compte, de visu, des conditions dans lesquelles nous travaillons. Il a pu se rendre compte que le préfet aujourd’hui travaille sous un préau, que le commissariat de police a besoin d’être réhabilité. Il a pu aussi se rendre compte des conditions difficiles dans lesquelles les FRCI travaillent. Le plan d’urgence qui a été prévu est de faire en sorte que les bâtiments administratifs, les résidences, les bureaux qui ont été détruits soient réhabilités, pour que nous puissions travailler dans des conditions décentes. C’est un pan du plan d’urgence qui est prévu pour la région. Au-delà de la réhabilitation des édifices publics, il est clair que le président de la République a à cœur de soulager les populations de cette localité qui ont payé le plus lourd tribut à cette guerre. Je pense bien que dans le programme présidentiel d’urgence, une part sera consacrée à la région de Toulepleu qui a réellement besoin d’une reconstruction physique mais également d’une reconstruction morale. Ici, tout est à reconstruire.
MK
Le Patriote : Toulepleu est l’une des localités qui a payé un lourd tribut à la crise postélectorale. Trois mois après la libération de la ville par les FRCI, comment se porte cette ville frontalière.
Diarra Karim : Le département de Toulepleu se porte de mieux en mieux. Nous revenons de très loin, parce que, il y a quelques mois, le département et plus singulièrement la ville de Toulepleu a été le théâtre des opérations militaires. Ces événements malheureux que nous avons vécu ont affecté considérablement la vie sociale, économique et administrative.
Aujourd’hui avec le retour de l’administration, il y a progressivement une sorte de retour à la vie normale qui s’amorce. A ce jour, je peux vous assurer que le département se porte de mieux en mieux.
L.P : les populations qui craignaient pour leur sécurité ont-elles l’assurance que la paix est de retour ?
D.K : Il faut dire que depuis notre retour et la réinstallation permanente de l’administration préfectorale qui est l’épine dorsale de l’administration, nous avons constaté que les populations qui avaient été contraintes de quitter leur cadre habituel de résidence, pour se refugier pour la plupart au Libéria et dans les grandes villes de la Côte d’Ivoire, commencent à revenir. Au mois de mai, ce retour était timide, tout simplement parce que ces populations vivaient encore le traumatisme. Mais, depuis notre réinstallation, surtout lorsque j’ai pris sur moi la décision d’aller à la rencontre de ces populations au Libéria, naturellement, cela a contribué à rassurer les populations. Et depuis lors, le flux de retour est considérable. Je peux aujourd’hui évaluer à plus de 5 mille, les personnes qui sont retournées dans leur village ou leur site habituel de résidence.
L.P : A combien estimez vous le nombre de refugiés et de déplacés encore au Libéria ?
D.K : Ils sont nombreux. Malheureusement, ils sont encore nombreux. On peut estimer à plus de 15 milles les ressortissants du département encore présents au Libéria.
L.P : la question sécuritaire est l’une des conditions pour un retour massif des populations sur leur lieu habituel de résidence. A ce jour quel est l’état de la sécurité ?
D.K : La question sécuritaire est satisfaisante. Non seulement, nous assistons à la reprise des activités économiques. D’ailleurs c’est ce qui justifie que ces populations encore au Libéria, malheureusement encore mal informées de l’évolution de la situation sociopolitique, reviennent, parce qu’elles commencent à avoir la certitude que la situation sécuritaire s’est nettement améliorée. Ceux qui y sont restés ou retournés vivent tranquillement. Le département, je peux le dire est nettement sécurisé aujourd’hui. Vous constatez par vous-même que c’est une ville calme. Je parie en venant, vous veniez avec la peur au ventre. Dans l’entendement de beaucoup de nos concitoyens quand on parle de la ville de Toulepleu, on imagine une ville à feu et à sang. Je vous assure qu’actuellement Toulepleu est une ville paisible. Les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire ont totalement pacifié la zone et je peux vous assurer que tous les jeunes miliciens ou les jeunes mercenaires qui avaient semé la désolation et la terreur dans la ville sont tous presqu’en fuite vers le Libéria.
Nous nous efforçons avec le commandant des FRCI de la zone de faire en sorte que, ces jeunes qui reviennent, en retournant sur leur site habituel de résidence, coopèrent avec nous en indiquant toutes les caches d’armes. C’est à cette seule condition que nous allons reprendre la vie communautaire avec ces jeunes gens. Je saisis l’occasion de cette rencontre pour lancer un appel aux cadres, un appel aux populations et toutes les personnes qui sont parties de Toulepleu, je voudrais leur demander de revenir. La vie a repris, la situation sécuritaire est satisfaisante. Il n’y a pas de crainte de revenir à Toulepleu.
Les FRCI sont là, elles sont en mission républicaine, elles sont là pour tout le monde sans exclusive. Personne ne doit se sentir menacé par les FRCI. Depuis que je suis là, aucun l’élément des FRCI n’a attenté à la vie de qui que ce soit. Malheureux, certaines personnes tapies dans l’ombre continuent de faire croire aux populations que les FRCI constituent une menace pour elles.
L.P : quand vous dites certaines personnes, faites-vous allusion aux cadres de la région ?
D.K : Des personnes vivant encore au Libéria nous disent que certains de nos enfants les appellent pour leur dire que la situation ne s’est pas encore normalisée. Tout cela contribue à asseoir la peur. Je voudrais inviter les cadres à conjuguer les efforts à ce que nous sommes en train de faire. Afin que nous puissions intégralement recouvrer la normalité dans ce département. Leur contribution me parait essentielle, parce que c’est eux que leurs parents écoutent le plus. S’ils viennent à Toulepleu, je reste convaincu ça va encore booster le flux de retour des déplacés et le processus de retour à la vie normale.
L.P : parlant de processus de retour à la vie normale, pouvez-vous confirmer que tous les services de base de l’administration sont actuellement fonctionnels et singulièrement le cas de l’Ecole ?
D.K : je me réjouis du fait que la vie administrative a aussi repris à Toulepleu. Je vous le disais tantôt, l’administration préfectorale qui est l’épine dorsale de toutes les administrations est là. Le préfet est à son poste. Tous les sous-préfets sont présents. Les autres services de l’administration sont en train progressivement de se mettre en place. Il est vrai que les locaux de ces services ont été littéralement pillés ou détruits. Moi-même vous constatez que c’est un hangar qui me sert de bureau. Mais je crois que des efforts sont en cours pour que les locaux de ces services soient réhabilités et permettre aux chefs de ces différents services de l’administration de reprendre sereinement le service. S’agissant de l’Ecole, je voudrais vous dire que c’est une préoccupation pour nous. Il y a juste dix jours que l’Ecole a effectivement repris à Toulepleu au niveau du primaire et du secondaire. Au niveau du secondaire, là nous avons des difficultés. On nous dit que le calendrier fixé par la ministre de l’Education Nationale est uniformisé pour l’ensemble du pays. Or à Toulepleu, nous sommes une zone spécifique, nous avons des problèmes spécifiques. C’est maintenant que nous commençons les cours. Je ne sais pas comment on va pouvoir rattraper l’année. Comment on va pouvoir se mettre au même niveau que les autres enfants de ce pays et organiser les examens de fin d’année.
L.P : Avez-vous des propositions à faire à ce niveau ?
D.K : naturellement ! Je mets à profit cette rencontre, mais peut-être un rapport va suivre, pour demander aux autorités compétentes s’il est possible de faire une rallonge de calendrier pour le département de Toulepleu. La ministère de l’Education Nationale nous indique que l’arrêt des notes c’est pour ce 15 juillet. Naturellement nous avons des inquiétudes. Qu’est ce que nos enfants vont devenir ? La proposition que je voudrais me permettre, c’est de pouvoir bénéficier d’un calendrier spécifique à la zone de Toulepleu. Entrevoir une session spéciale pour les régions qui se retrouvent dans la même situation que nous.
L.P : Le ministre d’Etat, ministre de l’intérieur et le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU vous ont récemment rendu visite. Ya-t-il un plan d’urgence pour la Région ?
D.K : Le ministre d’Etat, ministre de l’intérieur, M.Hamed Bakayoko nous a fait l’honneur de nous rendre visite à Toulepleu. Ce qui naturellement nous réjouit énormément. Il s’est rendu compte, de visu, des conditions dans lesquelles nous travaillons. Il a pu se rendre compte que le préfet aujourd’hui travaille sous un préau, que le commissariat de police a besoin d’être réhabilité. Il a pu aussi se rendre compte des conditions difficiles dans lesquelles les FRCI travaillent. Le plan d’urgence qui a été prévu est de faire en sorte que les bâtiments administratifs, les résidences, les bureaux qui ont été détruits soient réhabilités, pour que nous puissions travailler dans des conditions décentes. C’est un pan du plan d’urgence qui est prévu pour la région. Au-delà de la réhabilitation des édifices publics, il est clair que le président de la République a à cœur de soulager les populations de cette localité qui ont payé le plus lourd tribut à cette guerre. Je pense bien que dans le programme présidentiel d’urgence, une part sera consacrée à la région de Toulepleu qui a réellement besoin d’une reconstruction physique mais également d’une reconstruction morale. Ici, tout est à reconstruire.
MK