Longtemps annoncé, le déguerpissement des habitations précaires du campus universitaire de Cocody a débuté le week-end dernier.
Les habitants de Wassa, quartier précaire du campus universitaire de Cocody ont été réveillés samedi matin par des bulldozers. Dans le cadre de l’assainissement et de la réhabilitation des établissements supérieurs publics, la tutelle a fait venir ces machines pour tout mettre à plat. Débris de briques, sacs, valises, matelas, lits, bouteilles de gaz, ustensiles de cuisine… se disputent l’espace. M. F., vendeuse d’attiéké au campus y vit avec son époux depuis 1988. Selon elle, c’est à 09 heures que les bulldozers ont fait irruption, accompagnés d’éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Et, les habitants des baraques situées à l’entrée du village, comme la sienne, n’ont pas eu le temps de faire sortir leurs bagages. « J’étais encore au lit lorsque j’ai entendu les cris de mes voisins. Et c’est une fois dehors que j’ai su que c’était le déguerpissement. Quand je suis retournée pour prendre quelques affaires, l’une des machines était déjà aux portes de mon voisin immédiat. Mon mari qui était dehors m’a demandé de sortir rapidement », raconte-t-elle la gorge nouée. M. F. indique qu’aucune autorité ne les a informés de cette action. Toutefois, elle admet que, depuis quelques semaines, des rumeurs annonçaient que les sites occupés illicitement sur le campus de Cocody seraient détruits. Ahidjé Gobéi, chef du village adjoint de Wassa, vivant sur ce site depuis sa création en 1967, est tout aussi désemparé que les 2000 habitants. « Nous ne savons où donner de la tête. Nous n’avons pas d’endroit où mettre nos affaires. Et, nos enfants sont en classes d’examen. Nous dormirons à la belle étoile ce soir (ndlr samedi soir) », raconte-t-il. Dame Virginie, qui a vu sa maisonnette démolie, demande une générosité de la part de l’Etat. « Nous savons que nous avons occupé l’espace de l’Etat. Mais les autorités peuvent nous loger à un autre endroit, en attendant que nous ayons de l’argent pour pouvoir nous prendre des maisons. Comme cela a été fait pour les sinistrés de la saison des pluies. Nous sommes tous les ‘’enfants’’ du président de la République, Alassane Ouattara. Et, s’il y a eu un bureau de vote à l’amphi Crimino qui est à quelques pas de notre village, c’est qu’il y a bien des populations qui vivent ici et qui ont bel et bien voté », argue-t-elle. Au ‘’Chu-village’’, la démolition a débuté à 06 heures, avant d’être interrompue une dizaine de minutes après. Selon des indiscrétions, les responsables du village et ceux de Blengué ont pu négocier un report de deux jours auprès du chef de l’opération. Ils se sont engagés à quitter les lieux avant le retour des machines.
Adélaïde Konin
Les habitants de Wassa, quartier précaire du campus universitaire de Cocody ont été réveillés samedi matin par des bulldozers. Dans le cadre de l’assainissement et de la réhabilitation des établissements supérieurs publics, la tutelle a fait venir ces machines pour tout mettre à plat. Débris de briques, sacs, valises, matelas, lits, bouteilles de gaz, ustensiles de cuisine… se disputent l’espace. M. F., vendeuse d’attiéké au campus y vit avec son époux depuis 1988. Selon elle, c’est à 09 heures que les bulldozers ont fait irruption, accompagnés d’éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Et, les habitants des baraques situées à l’entrée du village, comme la sienne, n’ont pas eu le temps de faire sortir leurs bagages. « J’étais encore au lit lorsque j’ai entendu les cris de mes voisins. Et c’est une fois dehors que j’ai su que c’était le déguerpissement. Quand je suis retournée pour prendre quelques affaires, l’une des machines était déjà aux portes de mon voisin immédiat. Mon mari qui était dehors m’a demandé de sortir rapidement », raconte-t-elle la gorge nouée. M. F. indique qu’aucune autorité ne les a informés de cette action. Toutefois, elle admet que, depuis quelques semaines, des rumeurs annonçaient que les sites occupés illicitement sur le campus de Cocody seraient détruits. Ahidjé Gobéi, chef du village adjoint de Wassa, vivant sur ce site depuis sa création en 1967, est tout aussi désemparé que les 2000 habitants. « Nous ne savons où donner de la tête. Nous n’avons pas d’endroit où mettre nos affaires. Et, nos enfants sont en classes d’examen. Nous dormirons à la belle étoile ce soir (ndlr samedi soir) », raconte-t-il. Dame Virginie, qui a vu sa maisonnette démolie, demande une générosité de la part de l’Etat. « Nous savons que nous avons occupé l’espace de l’Etat. Mais les autorités peuvent nous loger à un autre endroit, en attendant que nous ayons de l’argent pour pouvoir nous prendre des maisons. Comme cela a été fait pour les sinistrés de la saison des pluies. Nous sommes tous les ‘’enfants’’ du président de la République, Alassane Ouattara. Et, s’il y a eu un bureau de vote à l’amphi Crimino qui est à quelques pas de notre village, c’est qu’il y a bien des populations qui vivent ici et qui ont bel et bien voté », argue-t-elle. Au ‘’Chu-village’’, la démolition a débuté à 06 heures, avant d’être interrompue une dizaine de minutes après. Selon des indiscrétions, les responsables du village et ceux de Blengué ont pu négocier un report de deux jours auprès du chef de l’opération. Ils se sont engagés à quitter les lieux avant le retour des machines.
Adélaïde Konin