« Chasser le naturel, il revient au galop ». Cette citation de Destouches sied bien aux populations déguerpies qui reviennent toujours sur les sites d’où elles ont été chassées. L’on se souvient du cas ‘’ Washington’’ quartier précaire situé entre le lycée technique et le boulevard lagunaire. Grâce à un financement de la Banque mondiale, ces habitants avaient été relogés à Biabou, sur la route d’Alépé en 1997 par l’Etat. Mais jusqu’à ce jour, beaucoup d’entre eux demeurent sur le site initial. Ils préfèrent faire louer leurs maisons du quartier d’accueil. Toujours dans la commune de Cocody, les habitants du quartier précaire qui se trouve dans les ravins de Danga, non loin de la Corniche, avaient eux-aussi été délogés en 2006 pour la réhabilitation du boulevard Hassan II. Quelques mois après, les mêmes baraques y sont revenus. Pis, les occupants détruisent quotidiennement le barrage excréteur pour se faire de l’espace. L’an dernier, en application de l’Organisation de secours (Orsec), le préfet de la Région des Lagunes d’alors, Sam Etiassé, avait recensé 2500 familles habitant des sites à hauts risques, tels que Bonoumin, Deux-Plateaux, Yaosséhi… Chaque famille a reçu la somme de 100.000 Fcfa comme appui pour se reloger ailleurs. Mais plusieurs de ces familles sont revenues s’installer sur ces sites dangereux, dès la fin de la saison des pluies. Cette année, avant la période de pic de l’hivernage, le nouveau préfet d’Abidjan, Sidiki Diakité, a supplié ces familles de quitter les endroits à risques pour préserver leur propre vie. Comme d’habitude, elles ont fait la sourde oreille. Et la catastrophe a suivi : une dizaine de morts. Ce que l’on oublie, c’est que ces populations s’installent sans l’aval des autorités, et même parfois contre leur volonté. Et à l’heure du départ, le secours de l’Etat ne devrait pas être une exigence.
A.K.
A.K.