Cela n’arrive pas tous les jours. C’est même exceptionnel d’entrer dans l’intimité des Forces Républicaines. Nous avons eu l’opportunité de le faire samedi 23 juillet dernier. De façon inattendue. Ce fut une expérience enrichissante.
En quête d’une interview avec un Commandant des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, nous avons été embarqué dans une aventure à la fois exaltante et effrayante. Seul civil parmi des hommes en armes, à bord d’un pick-up, nous avons passé près de cinq heures dans l’univers des FRCI. Ce samedi 23 juillet à 15heures 22, lorsque nous franchissons le portail en fer ouvragé du Camp commando d’Abobo, nous, nous attendons à être reçu immédiatement par le chef des lieux, Koné Gaoussou alias Jah Gao. Puisque, quelques minutes plus tôt, il nous avais assuré de sa disponibilité. Notre surprise fut grande de voir une colonne de six 4x4 en position départ pour Agboville, avec à leur tête le commandant Jah Gao himself. Les soldats de garde nous demandent si nous avons rendez-vous. Séance tenante, nous composons le numéro du Commandant. Il nous invite à le rejoindre au milieu de ses troupes. Nous nous exécutons. Quelques échanges de civilités qui nous voici devant le fait accompli : il doit effectivement sortir du camp. Néanmoins, très courtois, ce combattant de première heure nous propose de prendre part au périple. Car, dit-il, ce sera pour une demi-heure seulement. Aussitôt dit, aussitôt fait. Nous prenons place dans la cabine arrière d’un pick-up. Au milieu des éléments des FRCI. Nous n’en croyons pas nos yeux. 15heures32. La colonne s’ébranle. Nous sortons du camp, direction la brigade de gendarmerie. A hauteur de la gendarmerie, nous prenons la voie d’Anyama. L’ambiance entre les éléments est bon enfant.
Halte et frayeur !
La colonne progresse à vive allure. Et pourtant, juste après le dépôt de la SOTRA, plus précisément à la descente du pont, nous marquons une halte. Nous apercevons le Commandant Jah Gao hors de son commande-car. Entouré de plusieurs éléments, il discute avec Oustase, le désormais ex-commandant du secteur d’Agboville, venu à leur rencontre. La tension monte subitement. Tous les soldats mettent pied à terre. Armes aux poings, ils vont aux nouvelles. Pris de peur, nous sortons du véhicule, traversons la route pour nous blottir derrière un hangar au cas où (...). De là, nous assistons aux débats. Quelques minutes plus tard, le calme revient. Désormais obligé de nous mettre à l’arrière de la 4X4, dans une position plutôt inconfortable, les éléments des FRCI ne manquent pas de me chambrer. « Monsieur le journaliste, pourquoi avez-vous fui ? », nous interrogent-ils, moqueurs. Nous leur expliquons que c’était par mesure de prudence. Renseignements pris, nous apprenons que Oustase s’est illustré par un comportement déplacé vis-à-vis de certains collaborateurs. Toute chose qui lui a valu sa révocation de son poste, au profit du sergent Clodja Stéphane. Alors que les autres véhicules ont pris la direction d’Agboville, après ces échauffourées, le nôtre, occupé par Jah Gao, met le cap sur PK 18. C’est que le Commandant y était invité à parrainer l’installation du Cercle National Dominique Ouattara. La camionnette fonce en direction du quartier, hoquète le long des vues crevassées. Chemin faisant, les soldats dont deux femmes, indiquent les impacts de balles sur la façade des bâtiments. Certains ont du mal à croire qu’ils aient pu survivre aux bombardements des hommes de Laurent Gbagbo. Sur le lieu de la manifestation, l’accueil est phénoménal. Maître de cérémonie et griottes tressent des lauriers au Commandant Jah Gao et ses hommes. Leur héroïsme face à la barbarie du régime frontiste est exalté. L’accueil est phénoménal. La cérémonie traîne en longueur. Retiré avec quelques éléments, nous écoutons attentivement leurs causeries. Ils évoquent des souvenirs de combats : la difficile entrée à Zuénoula où ils ont perdu deux hommes, la stratégie des ex-FDS et autres mercenaires consistant à viser le macadam pour déstabiliser la position des FRCI. Des histoires pathétiques, qui témoignent, par ailleurs, du courage de ces jeunes résistants.
Accident… et 15 jours de prison
18 heures : Alors que le soleil se couche progressivement, nous sommes sur le chemin du retour. La fatigue se lit sur les visages. Mais, il y a toujours un brin d’humour pour égayer tout le monde. Les éléments venus de l’intérieur du pays chambrent ceux trouvés sur place. Pour eux, rien de grand n’a été fait avant leur arrivée. « Si le travail était totalement fait auparavant, les FRCI seraient entrées à Abidjan haut les mains », argumentent-ils. Un débat s’engage sur le sujet ; chacun défendant à l’envi sa position. Le tout dans un bel esprit. Sur ces entrefaites, nous atteignons la gendarmerie. Il y a un attroupement au rond-point. Constat ? Un accrochage entre deux mini-cars de transport. Le Commandant Jah Gao ordonne aux deux chauffeurs de nous suivre. « Je l’ai fait pour éviter qu’ils créent un embouteillage », nous expliquera-t-il plus tard. Concernant le règlement du litige, le fautif va devoir dédommager la victime. Et le fautif en question s’est vite désigné. Il s’agit du chauffeur du car dont les freins ont lâché. A notre arrivée au Camp commando, il se déroule un impressionnant ballet humain: des hommes en tenues et des civils se mettent harmonieusement en rang. Nous assistons avec intérêt au spectacle, tout en espérant pouvoir, enfin, nous entretenir avec le Commandant. Que non. Il va falloir patienter. Un contentieux l’attend. Six indélicats détenus se sont évadés, avec la complicité d’un agent. Appréhendé l’agent, récidiviste notoire, manque d’explications convaincantes. La sentence tombe, tel un couperet : 15 jours de réclusion. « Ce sont des personnes qui sabotent notre travail. J’espère que ces 15 jours lui serviront de leçon », glisse Jah Gao. Cette fois-ci, nous sommes dans son bureau pour l’interview. Il est presque 20 heures.
MARTIAL GALE
En quête d’une interview avec un Commandant des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, nous avons été embarqué dans une aventure à la fois exaltante et effrayante. Seul civil parmi des hommes en armes, à bord d’un pick-up, nous avons passé près de cinq heures dans l’univers des FRCI. Ce samedi 23 juillet à 15heures 22, lorsque nous franchissons le portail en fer ouvragé du Camp commando d’Abobo, nous, nous attendons à être reçu immédiatement par le chef des lieux, Koné Gaoussou alias Jah Gao. Puisque, quelques minutes plus tôt, il nous avais assuré de sa disponibilité. Notre surprise fut grande de voir une colonne de six 4x4 en position départ pour Agboville, avec à leur tête le commandant Jah Gao himself. Les soldats de garde nous demandent si nous avons rendez-vous. Séance tenante, nous composons le numéro du Commandant. Il nous invite à le rejoindre au milieu de ses troupes. Nous nous exécutons. Quelques échanges de civilités qui nous voici devant le fait accompli : il doit effectivement sortir du camp. Néanmoins, très courtois, ce combattant de première heure nous propose de prendre part au périple. Car, dit-il, ce sera pour une demi-heure seulement. Aussitôt dit, aussitôt fait. Nous prenons place dans la cabine arrière d’un pick-up. Au milieu des éléments des FRCI. Nous n’en croyons pas nos yeux. 15heures32. La colonne s’ébranle. Nous sortons du camp, direction la brigade de gendarmerie. A hauteur de la gendarmerie, nous prenons la voie d’Anyama. L’ambiance entre les éléments est bon enfant.
Halte et frayeur !
La colonne progresse à vive allure. Et pourtant, juste après le dépôt de la SOTRA, plus précisément à la descente du pont, nous marquons une halte. Nous apercevons le Commandant Jah Gao hors de son commande-car. Entouré de plusieurs éléments, il discute avec Oustase, le désormais ex-commandant du secteur d’Agboville, venu à leur rencontre. La tension monte subitement. Tous les soldats mettent pied à terre. Armes aux poings, ils vont aux nouvelles. Pris de peur, nous sortons du véhicule, traversons la route pour nous blottir derrière un hangar au cas où (...). De là, nous assistons aux débats. Quelques minutes plus tard, le calme revient. Désormais obligé de nous mettre à l’arrière de la 4X4, dans une position plutôt inconfortable, les éléments des FRCI ne manquent pas de me chambrer. « Monsieur le journaliste, pourquoi avez-vous fui ? », nous interrogent-ils, moqueurs. Nous leur expliquons que c’était par mesure de prudence. Renseignements pris, nous apprenons que Oustase s’est illustré par un comportement déplacé vis-à-vis de certains collaborateurs. Toute chose qui lui a valu sa révocation de son poste, au profit du sergent Clodja Stéphane. Alors que les autres véhicules ont pris la direction d’Agboville, après ces échauffourées, le nôtre, occupé par Jah Gao, met le cap sur PK 18. C’est que le Commandant y était invité à parrainer l’installation du Cercle National Dominique Ouattara. La camionnette fonce en direction du quartier, hoquète le long des vues crevassées. Chemin faisant, les soldats dont deux femmes, indiquent les impacts de balles sur la façade des bâtiments. Certains ont du mal à croire qu’ils aient pu survivre aux bombardements des hommes de Laurent Gbagbo. Sur le lieu de la manifestation, l’accueil est phénoménal. Maître de cérémonie et griottes tressent des lauriers au Commandant Jah Gao et ses hommes. Leur héroïsme face à la barbarie du régime frontiste est exalté. L’accueil est phénoménal. La cérémonie traîne en longueur. Retiré avec quelques éléments, nous écoutons attentivement leurs causeries. Ils évoquent des souvenirs de combats : la difficile entrée à Zuénoula où ils ont perdu deux hommes, la stratégie des ex-FDS et autres mercenaires consistant à viser le macadam pour déstabiliser la position des FRCI. Des histoires pathétiques, qui témoignent, par ailleurs, du courage de ces jeunes résistants.
Accident… et 15 jours de prison
18 heures : Alors que le soleil se couche progressivement, nous sommes sur le chemin du retour. La fatigue se lit sur les visages. Mais, il y a toujours un brin d’humour pour égayer tout le monde. Les éléments venus de l’intérieur du pays chambrent ceux trouvés sur place. Pour eux, rien de grand n’a été fait avant leur arrivée. « Si le travail était totalement fait auparavant, les FRCI seraient entrées à Abidjan haut les mains », argumentent-ils. Un débat s’engage sur le sujet ; chacun défendant à l’envi sa position. Le tout dans un bel esprit. Sur ces entrefaites, nous atteignons la gendarmerie. Il y a un attroupement au rond-point. Constat ? Un accrochage entre deux mini-cars de transport. Le Commandant Jah Gao ordonne aux deux chauffeurs de nous suivre. « Je l’ai fait pour éviter qu’ils créent un embouteillage », nous expliquera-t-il plus tard. Concernant le règlement du litige, le fautif va devoir dédommager la victime. Et le fautif en question s’est vite désigné. Il s’agit du chauffeur du car dont les freins ont lâché. A notre arrivée au Camp commando, il se déroule un impressionnant ballet humain: des hommes en tenues et des civils se mettent harmonieusement en rang. Nous assistons avec intérêt au spectacle, tout en espérant pouvoir, enfin, nous entretenir avec le Commandant. Que non. Il va falloir patienter. Un contentieux l’attend. Six indélicats détenus se sont évadés, avec la complicité d’un agent. Appréhendé l’agent, récidiviste notoire, manque d’explications convaincantes. La sentence tombe, tel un couperet : 15 jours de réclusion. « Ce sont des personnes qui sabotent notre travail. J’espère que ces 15 jours lui serviront de leçon », glisse Jah Gao. Cette fois-ci, nous sommes dans son bureau pour l’interview. Il est presque 20 heures.
MARTIAL GALE