Perchés sur la colline qui supplante le poste frontalier de Noé, le lieutenant Koné Sampayo et ses hommes ne ratent rien du grand trafic qui meuble le quotidien de cette zone stratégique. Depuis cette position à près de 200 km d’Abidjan, les éléments FRCI sont au parfum des folles rumeurs de déstabilisation prochaine du régime en place. Surtout que la plupart d’entre elles précisent que les supposés insurgés ou rebelles viendront de la frontière ghanéenne. Car il n’est un secret pour personne que le pays de Kwame Nkrumah abrite l’essentiel des ex- combattants fugitifs de Laurent Gbagbo. Faisant preuve d’un calme olympien et dégageant assez de sérénité, l’Adjoint du commandant Vetcho, dit avoir entendu comme tout le monde les supputations sur un éventuel coup de force. «Comme vous, nous avons entendu ces rumeurs et nous pensons qu’il n’y a vraiment pas lieu de crier au loup», explique-t-il dans un français limpide. Après avoir fini de recevoir des journalistes ce dimanche matin, le patron de Noé a toujours de la force pour revoir ses hommes, leur donner des consignes et recevoir ses visiteurs sous le préau monté pour l’occasion. Flanqué de ses adjoints (Lt Aka, Lt Dao et Lt Kiki) le commandant déshabille du regard la zone forestière qui embrasse le Ghana voisin. Mais l’homme prend avec beaucoup de pincette toutes ces rumeurs qui poussent certaines populations abidjanaises à faire des provisions. Selon elles, une attaque des pros Gbagbo serait imminente. Cette information non vérifiée, n'ébranle pourtant pas le solide soldat. «Nous avons appris comme vous ces informations mais ce sont des rumeurs. Nos informations ne nous signalent rien d’alarmant», ajoute-t-il avant d’expliquer leur mission. «Rumeurs ou pas, intox ou infos, notre rôle ici est de veiller sur la sécurité des biens et des personnes et sur l’intégrité de notre territoire. Cela nous demande d’être vigilants 24h/24». Selon lui, il n’y a rien de nouveau sous le soleil et la sécurité est un devoir de tous les jours. Raison pour laquelle il reconnait avoir corsé son dispositif tant en hommes qu’en matériels. Le commandant Sampayo a d’ailleurs lancé un appel à la population. «Des voix plus autorisées que la mienne ont déjà rassuré la population. Le Colonel Bamba Sinima vient d’affirmer que des dispositions ont été prises pour parer à ce genre de menace. Et selon nos enquêtes, il n’ya vraiment pas de menace imminente. Il n’y a pas de danger comme les rumeurs veulent le faire croire», rassure Sampahio. Dans la ville de Noé, loin des folles rumeurs d’Abidjan, les populations vaquent tranquillement à leurs occupations, mais les FRCI restent tout de même vigilants. On remarque, pour ceux qui savent voir, qu’elles ont multiplié les postes d’observation et renforcé leur effectif.
Koné Lassiné
Koné Lassiné