Le nouveau chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, installé au pouvoir après le renversement du Président Laurent Gbagbo par la coalition franco-onusienne, effectue depuis hier, une visite de travail aux Etats-Unis. Officiellement, il s’agit pour M. Ouattara de répondre à une invitation du Président américain, Barack Obama, qui a décidé, selon un communiqué émanant de la Maison Blanche, de recevoir, ce vendredi 29 juillet, quatre chefs d’Etat africains (Bénin, Côte d’Ivoire, Guinée-Conakry et Niger). «Cette rencontre (visite des 4 chefs d’Etat africains) sera l’occasion de souligner le soutien de l’administration (américaine) pour des démocraties en développement, de mettre en valeur nos partenariats avec ces pays, et de discuter de l’élaboration d’institutions démocratiques fortes, du développement et d’autres sujets régionaux».
Officieusement, les raisons de la visite de Ouattara aux Etats-Unis sont ailleurs. Elles sont économiques et sécuritaires. En effet, le nouveau chef de l’Etat dont le régime a été installé dans des conditions calamiteuses, rencontre de graves problèmes de trésorerie. Contrairement aux campagnes de propagande faites ça et là pour donner l’impression à l’opinion publique que tout va bien, la réalité est autre : le recouvrement des impôts est difficile à cause de la situation de sinistre que vivent les entreprises depuis la crise post-électorale, les entrées aux différents ports (Abidjan et San-Pédro) ne connaissent pas l’affluence et la douane ne vit pas la grande forme depuis avril dernier. Les régies financières ivoiriennes étant en difficulté, le pays fait face à une crise économique silencieuse. Le taux de croissance pourrait chuter drastiquement cette année (l’on parle de -7%). Pour tenter de sauver son régime d’une banqueroute, Alassane Dramane Ouattara a sollicité et obtenu, avec le soutien des Etats-Unis et de la France, des rencontres de travail avec le Fmi et la Banque mondiale à Washington. Il devrait donc, selon le programme, être reçu hier, mercredi 27 juillet, par l’américain, Robert Zoelick, président de la Banque mondiale et la française Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (Fmi). Objectif : obtenir des crédits de la part de ces deux banques en dépit du programme restrictif de l’initiative PPTE (pays pauvre très endetté) auquel la Côte d’Ivoire est toujours soumise. Un programme qui exige du pays, une bonne gouvernance. Ce que la Côte d’Ivoire faisait sous le Président Laurent Gbagbo, jusqu’à son renversement du pouvoir. Depuis avril 2011, le pays est dans la déroute au niveau de la bonne gouvernance. Le Fmi et la Banque mondiale marquent le pas concernant leurs appuis. Après son ministre de l’Economie et des Finances Charles Koffi Diby, Ouattara va plaider. D’où les rencontres d’hier avec Zoelick et Lagarde préparées au préalable par les «parrains», la France et les Etats-Unis.
Autre vraie raison de la visite, la sécurité du régime Ouattara. Installé au pouvoir après une guerre menée par la France et l’Onu contre son prédécesseur, le Président Laurent Gbagbo, Alassane Dramane Ouattara vit visiblement dans la hantise d’un coup d’Etat contre lui. Son inquiétude est renforcée par les milliers de soldats (ex-Fds) volatilisés dans la nature depuis le renversement de Gbagbo. Le chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, devrait donc rencontrer hier, si son programme est respecté, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, le président de l’Assemblée générale et le représentant permanent de la France. Selon des sources informées, il devrait s’agir, avec Ban Ki-moon et le représentant français à l’ONU, de parler de la création de camps militaires mixtes (composés d’éléments de l’Onuci, Licorne et Frci, forces pro-Ouattara) à l’Ouest (frontière libérienne) et à l’Est (frontière ghanéenne) de la Côte d’Ivoire. Il devrait s’agir aussi de la question embarrassante pour M.Ouattara, du désarmement des ex-rebelles des Fafn devenus Frci, non profilés, qui rechignent à déposer les armées. Autre question chaude à l’ordre du jour, a-t-on appris, la traduction devant le tribunal international (notamment la CPI), des chefs rebelles et leurs éléments, auteurs de graves violations des droits de l’homme durant la crise (exemple : génocide de Duékoué). Les enquêteurs de la Cour pénale internationale ont d’ailleurs le dossier en main. Toujours selon nos sources, Ouattara aurait donné son accord à la France et aux Etats-Unis pour mettre à la disposition de la Cpi, tous ses soldats incriminés. Comme on le voit, les choses ne s’annoncent pas aisées pour le chef de l’Etat ivoirien.
Didier Depry
didierdepri@yahoo.fr
Officieusement, les raisons de la visite de Ouattara aux Etats-Unis sont ailleurs. Elles sont économiques et sécuritaires. En effet, le nouveau chef de l’Etat dont le régime a été installé dans des conditions calamiteuses, rencontre de graves problèmes de trésorerie. Contrairement aux campagnes de propagande faites ça et là pour donner l’impression à l’opinion publique que tout va bien, la réalité est autre : le recouvrement des impôts est difficile à cause de la situation de sinistre que vivent les entreprises depuis la crise post-électorale, les entrées aux différents ports (Abidjan et San-Pédro) ne connaissent pas l’affluence et la douane ne vit pas la grande forme depuis avril dernier. Les régies financières ivoiriennes étant en difficulté, le pays fait face à une crise économique silencieuse. Le taux de croissance pourrait chuter drastiquement cette année (l’on parle de -7%). Pour tenter de sauver son régime d’une banqueroute, Alassane Dramane Ouattara a sollicité et obtenu, avec le soutien des Etats-Unis et de la France, des rencontres de travail avec le Fmi et la Banque mondiale à Washington. Il devrait donc, selon le programme, être reçu hier, mercredi 27 juillet, par l’américain, Robert Zoelick, président de la Banque mondiale et la française Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (Fmi). Objectif : obtenir des crédits de la part de ces deux banques en dépit du programme restrictif de l’initiative PPTE (pays pauvre très endetté) auquel la Côte d’Ivoire est toujours soumise. Un programme qui exige du pays, une bonne gouvernance. Ce que la Côte d’Ivoire faisait sous le Président Laurent Gbagbo, jusqu’à son renversement du pouvoir. Depuis avril 2011, le pays est dans la déroute au niveau de la bonne gouvernance. Le Fmi et la Banque mondiale marquent le pas concernant leurs appuis. Après son ministre de l’Economie et des Finances Charles Koffi Diby, Ouattara va plaider. D’où les rencontres d’hier avec Zoelick et Lagarde préparées au préalable par les «parrains», la France et les Etats-Unis.
Autre vraie raison de la visite, la sécurité du régime Ouattara. Installé au pouvoir après une guerre menée par la France et l’Onu contre son prédécesseur, le Président Laurent Gbagbo, Alassane Dramane Ouattara vit visiblement dans la hantise d’un coup d’Etat contre lui. Son inquiétude est renforcée par les milliers de soldats (ex-Fds) volatilisés dans la nature depuis le renversement de Gbagbo. Le chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, devrait donc rencontrer hier, si son programme est respecté, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, le président de l’Assemblée générale et le représentant permanent de la France. Selon des sources informées, il devrait s’agir, avec Ban Ki-moon et le représentant français à l’ONU, de parler de la création de camps militaires mixtes (composés d’éléments de l’Onuci, Licorne et Frci, forces pro-Ouattara) à l’Ouest (frontière libérienne) et à l’Est (frontière ghanéenne) de la Côte d’Ivoire. Il devrait s’agir aussi de la question embarrassante pour M.Ouattara, du désarmement des ex-rebelles des Fafn devenus Frci, non profilés, qui rechignent à déposer les armées. Autre question chaude à l’ordre du jour, a-t-on appris, la traduction devant le tribunal international (notamment la CPI), des chefs rebelles et leurs éléments, auteurs de graves violations des droits de l’homme durant la crise (exemple : génocide de Duékoué). Les enquêteurs de la Cour pénale internationale ont d’ailleurs le dossier en main. Toujours selon nos sources, Ouattara aurait donné son accord à la France et aux Etats-Unis pour mettre à la disposition de la Cpi, tous ses soldats incriminés. Comme on le voit, les choses ne s’annoncent pas aisées pour le chef de l’Etat ivoirien.
Didier Depry
didierdepri@yahoo.fr