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Politique Publié le jeudi 28 juillet 2011 | Le Patriote

Alpha Blondy dit ses vérités: “Le pouvoir Ouattara est plein d’espoirs”

© Le Patriote Par Nathan Koné
Audiences du chef de l`Etat: Alassane Ouattara a reçu Alpha Blondy
Lundi 6 juin 2011. Abidjan. Palais présidentiel du Plateau. Le Président de la République, SEM Alassane Ouattara accorde une audience à la star mondiale de la musique reggae, Alpha Blondy, accompagné de son épouse, en présence du ministre de la culture et de la francophonie, Bandama Maurice
Entre deux concerts en France et en Angleterre, Alpha Blondy, la star mondiale du Reggae, a bien voulu s’ouvrir au quotidien Le Patriote. Dans cet entretien, il parle sans détours de la chute de Gbagbo, de l’avènement d’Alassane Ouattara au pouvoir, de sa réconciliation avec Tiken Jah Facoly, de Blé Goudé et édicte les conditions d’une vraie réconciliation en Côte d’Ivoire.

Le Patriote : Vous êtes en ce moment en tournée en Europe, notamment en France. Comment se passe les choses ?
Alpha Blondy : Super bien.

LP: Etes-vous en bonne santé ? Les Ivoiriens ont eu très peur après votre dernier malaise sur scène…
A. B. : J'ai été « réparé ». On m'a mis un ressort dans l'artère coronaire. Je suis devenu un « rasta bionic », l'homme qui valait 300 € TTC !

LP: Vous avez récemment scellé, en France, la réconciliation avec votre jeune frère, Tiken Jah. Cette réconciliation était-elle sincère ou obéissait-elle à une forme de publicité?
A. B. : C'est une réconciliation sincère et vraie. Nous n'avons pas besoin de profiter du malheur des Ivoiriens pour faire un simulacre de réconciliation, juste pour une pub. En ce qui me concerne, je crois que l'homme qui pardonne ou qui demande pardon, comprend qu'il y a une vérité plus grande que lui.

LP. : Au fond, qu'est ce qui vous opposait fondamentalement
A. B. : Je vous réponds par la même phrase de Jean-Paul II, «l'homme qui pardonne ou qui demande pardon comprend qu'il y a une vérité plus grande que lui».

LP: Pouvez-vous rassurer les Ivoiriens que la page est définitivement tournée?
A. B. : Oui, cette page appartient au passé.

LP: Depuis le 11 avril 2011, le pouvoir issu des urnes s'est installé. Comment jugez-vous ses premiers pas du nouveau locataire du Palais présidentiel ?
A. B. : Les premiers pas de ce nouveau pouvoir sont plein d'espoirs. Et les Ivoiriens ont compris qu'ils doivent tous aider les nouvelles autorités à construire une paix durable.

LP: Vous aviez prévenu la guerre à travers vos chansons. Elle est malheureusement arrivée. Pour vous, que doivent faire les Ivoiriens pour ne pas connaître de nouvelles tragédies ?
A. B. : Bannir à jamais le concept d'ivoirité, qui est à l'origine aussi bien de la crise ivoirienne avant les élections que de la crise postélectorale. La Côte d'Ivoire appartient à tous ses enfants, sans distinction tribale ou religieuse et personne n'a le droit de prétendre qu'il est plus Ivoirien que son prochain, parce qu’en Côte d'Ivoire, on se connait par cœur. Les concepts néo-négro-nazi tels que « Ivoirien de souche multiséculaire », « Ivoirien d'origine » et « Ivoirien de circonstance » ont mis le feu au pays. Ce n'est pas ainsi que nous bâtirons une nation.
Quant à ceux qui prétendent se référer à la Constitution, je voudrais leur rappeler que la Constitution doit être revisitée, parce que, en son état actuel, notre constitution est illégale et anticonstitutionnelle ; elle est née d'un référendum après le coup d'Etat du général Robert Gueï (paix à son âme). Vous conviendrez avec moi qu'un coup d'Etat est un acte anti-démocratique et anticonstitutionnel ; de ce fait, une constitution née de cet acte ne peut être qu'illégale, anti-démocratique et anticonstitutionnelle.
Nous devons donc respecter la voix des urnes et bannir la voix des armes. C'est ainsi que nous deviendrons un vrai modèle de démocratie dans la sous-région. N'acceptons plus jamais un coup d'Etat.

LP: Selon vous, quelles sont les conditions pour la réconciliation nationale ?
A. B. : Se pardonner et réparer les injustices. Reconnaître qu'on a offensé quelqu'un, c'est le commencement du pardon. Ne pas faire ce que nous reprochons à ceux qui nous ont offensés.

LP: Vous avez soutenu un moment le président Laurent Gbagbo. Aujourd'hui, quel regard portez-vous sur l'homme ?
A. B. : Pendant ma mission onusienne et ma mission comme Ambassadeur de la CEDEAO, j'ai tout fait à mon modeste niveau pour que monsieur Gbagbo mette fin à ce concept d'ivoirité. En vain. Je suis revenu à la charge en lui disant que le tandem Gbagbo-Soro était le tandem qui pouvait mettre fin à la crise militaro-politique, qu'il suffisait de donner des papiers aux Ivoiriens qui le demandent pour que les esprits soient désarmés, parce qu'on ne pouvait pas demander aux Forces nouvelles de désarmer quand la raison qui les a poussées à s'armer n'a pas été réglée.
Malheureusement, durant la campagne électorale, on parlait de «désinfecter la liste électorale» et, comme par hasard, tous les fraudeurs avaient des noms à consonance nordique… Comme si la fraude était génétique! La suite, vous la connaissez : on a supprimé les voix des électeurs de Bouaké, Korhogo, Boundiali, etc... Je n'ai pas compris l'entêtement suicidaire de Laurent Gbagbo. Tous ces morts pour rien ! Dieu merci, il n'a pas été tué.

LP: Avez-vous des nouvelles de Charles Blé Goudé, qui vous fréquentait par le passé?
A. B. : Les nouvelles que j'ai ne sont pas bonnes ; malgré les interviews sur RFI et la vidéo que j'ai vue et écoutée, j'ai des doutes. Je doute que Blé Goudé soit vivant. Je suis comme Saint Thomas : je ne crois que ce que je vois. Le jour où je verrai Blé Goudé en chair et en os, alors là, je croirai, je pourrai l'engueuler et lui dire qu'il aurait dû m'écouter pour éviter tous ces morts et toutes ces larmes. Et des fois, quand je pense à tous ces morts et à Blé Goudé lui-même mort, je ne peux m'empêcher de pleurer.

LP Quels sont vos rapports avec le Président Ouattara, le Premier ministre Guillaume Soro et l'ancien Président Bédié?
A. B. : Nos rapports sont excellents, c'est pour cela que leur légitimité républicaine m'amène à leur emboîter le pas dans le processus de réconciliation nationale. La pacification de la Côte d'Ivoire est l'affaire de tous, et pas seulement des politiques.

LP: Où en êtes-vous avec le projet de caravane pour l'unité nationale?
A. B. : Nos équipes sont à l'œuvre, mais pour le moment, je ne peux pas m'avancer sur le sujet.

LP: Vous avez mis sur le marché un nouvel opus, baptisé "Vision". Comment se comporte-t-il sur le marché et pourquoi avez-vous choisi cette appellation de "Vision"?
A. B. : Vision se comporte très bien. A l'heure où je vous parle, Vision est disque d'or. J'ai choisi cette appellation parce que la bataille d'Abidjan était visible de loin, même pour un aveugle. Il suffisait de lire les journaux Ivoiriens pour savoir que le « gban-gban » était inévitable.

LP: A quand votre retour au pays?
A. B. : Je serai au pays en août, inch’Allah!

LP: Comment contribuerez-vous à ramener la paix et la concorde en Côte d'Ivoire?
A. B. : Comme je l’ai toujours fait, à travers mes chansons, à travers mes interviews et mes concerts. Et par la grâce de Dieu, j'espère que mes messages de paix, d'unité et d'amour ne tomberont pas dans des oreilles de sourds.
par Bakary Nimaga
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