BEMADI (Côte d`Ivoire) - Le chef du village de Bémadi, dans l`ouest de la Côte d`Ivoire, réunit son "comité de crise": l`heure est à la réconciliation après les déchirements de la crise post-électorale, mais malgré les discours les tensions restent vives entre planteurs de cacao.
Dans sa cour hérissée de grands manguiers, le chef Oré Neza est entouré de représentants des communautés vivant dans ce bourg d`environ 2.000 âmes, en pleine "boucle du cacao", la grande région productrice de fève brune dont le pays est premier exportateur mondial.
Les autochtones, favorables à l`ex-président Laurent Gbagbo, comme eux d`ethnie bété, cohabitent avec les "allogènes" venus d`autres régions - Baoulé (centre) et Sénoufo (nord) surtout - et des Burkinabè qui, de leur côté, sont sympathisants d`Alassane Ouattara, à la tête de l`Etat depuis avril.
La crise de novembre 2010-avril 2011, qui a fait au moins 3.000 morts, "est terminée, pour nous la page est tournée, il y a un président qui a été investi", proclame le sexagénaire Neza devant une dizaine de notables.
Le chef bété avait lui-même préféré fuir le village quand, fin mars-début avril, les Forces républicaines (FRCI) de M. Ouattara sont venues du nord et de l`ouest pour marcher sur Abidjan.
L`entrepôt de ce propriétaire de 50 hectares de cacao a été "vidé" par des pillards, confie-t-il en aparté. Et s`il n`y a pas eu de tueries entre communautés, contrairement à Duékoué, un peu plus à l`ouest, d`autres planteurs bété restent cachés à l`extérieur.
"Je me bats pour faire revenir mes frères qui ont toujours peur et sont restés en brousse, avec l`aide de nos Burkinabè, nos Baoulé", explique-t-il à l`AFP.
L`air grave, il affirme devant l`assemblée: "les politiciens nous ont divisés, il faut que le calme revienne totalement".
"Il faut qu`on retrouve l`atmosphère d`amitié et de convivialité des années 1990", approuve Enock Konan, de la communauté baoulé.
Il y a une quinzaine d`années fut introduit le concept d`"ivoirité", pour disqualifier comme "étranger" le candidat nordiste Ouattara, ce qui plongea le pays dans une profonde crise identitaire.
Dans l`ouest ce débat fit des ravages, car il avivait la très délicate question foncière entre propriétaires autochtones, en particulier bété, "allogènes" et émigrés venus, souvent des années auparavant, cultiver le cacao.
Le chef conclut la séance en chargeant chacun de transmettre un "message de paix et de réconciliation" à sa communauté. On se quitte après avoir fait passer de main en main le "bandji", du vin de palme.
Cependant, la petite troupe dispersée, certains expriment en privé amertume et méfiance.
"Les Bété sont victimes sur leurs propres terres d`une discrimination sans nom, entretenue par les étrangers", assure, sous le sceau de l`anonymat, un autochtone. Il ne digère pas que "des ouvriers burkinabè" qui travaillaient le cacao soient en position de force, après avoir rejoint les rangs des FRCI, qui "rançonnent" aux barrages.
"Il y a des membres des autres communautés qui circulent en armes,empêchant ceux d`entre nous qui ont fui leurs plantations de retourner", accuse-t-il.
Mais un Baoulé n`est pas non plus avare de récriminations: "la régionregorge d`énormes caches d`armes des Bété qu`il va falloir découvrir".
Toutefois, pour ce paysan dont la plantation avait été "brûlée par les jeunes bété" sous l`ère Gbagbo, "la situation s`est améliorée depuis le changement de régime".
"La peur a changé de camp et se trouve chez les Bété", insiste un Burkinabè.
Pour autant, "nous n`avons pas confiance", lâche-t-il: "on entend de la part des Bété des discours du genre +nous attendons le départ des FRCI et ils verront+". "Nous sommes sur nos gardes".
Dans sa cour hérissée de grands manguiers, le chef Oré Neza est entouré de représentants des communautés vivant dans ce bourg d`environ 2.000 âmes, en pleine "boucle du cacao", la grande région productrice de fève brune dont le pays est premier exportateur mondial.
Les autochtones, favorables à l`ex-président Laurent Gbagbo, comme eux d`ethnie bété, cohabitent avec les "allogènes" venus d`autres régions - Baoulé (centre) et Sénoufo (nord) surtout - et des Burkinabè qui, de leur côté, sont sympathisants d`Alassane Ouattara, à la tête de l`Etat depuis avril.
La crise de novembre 2010-avril 2011, qui a fait au moins 3.000 morts, "est terminée, pour nous la page est tournée, il y a un président qui a été investi", proclame le sexagénaire Neza devant une dizaine de notables.
Le chef bété avait lui-même préféré fuir le village quand, fin mars-début avril, les Forces républicaines (FRCI) de M. Ouattara sont venues du nord et de l`ouest pour marcher sur Abidjan.
L`entrepôt de ce propriétaire de 50 hectares de cacao a été "vidé" par des pillards, confie-t-il en aparté. Et s`il n`y a pas eu de tueries entre communautés, contrairement à Duékoué, un peu plus à l`ouest, d`autres planteurs bété restent cachés à l`extérieur.
"Je me bats pour faire revenir mes frères qui ont toujours peur et sont restés en brousse, avec l`aide de nos Burkinabè, nos Baoulé", explique-t-il à l`AFP.
L`air grave, il affirme devant l`assemblée: "les politiciens nous ont divisés, il faut que le calme revienne totalement".
"Il faut qu`on retrouve l`atmosphère d`amitié et de convivialité des années 1990", approuve Enock Konan, de la communauté baoulé.
Il y a une quinzaine d`années fut introduit le concept d`"ivoirité", pour disqualifier comme "étranger" le candidat nordiste Ouattara, ce qui plongea le pays dans une profonde crise identitaire.
Dans l`ouest ce débat fit des ravages, car il avivait la très délicate question foncière entre propriétaires autochtones, en particulier bété, "allogènes" et émigrés venus, souvent des années auparavant, cultiver le cacao.
Le chef conclut la séance en chargeant chacun de transmettre un "message de paix et de réconciliation" à sa communauté. On se quitte après avoir fait passer de main en main le "bandji", du vin de palme.
Cependant, la petite troupe dispersée, certains expriment en privé amertume et méfiance.
"Les Bété sont victimes sur leurs propres terres d`une discrimination sans nom, entretenue par les étrangers", assure, sous le sceau de l`anonymat, un autochtone. Il ne digère pas que "des ouvriers burkinabè" qui travaillaient le cacao soient en position de force, après avoir rejoint les rangs des FRCI, qui "rançonnent" aux barrages.
"Il y a des membres des autres communautés qui circulent en armes,empêchant ceux d`entre nous qui ont fui leurs plantations de retourner", accuse-t-il.
Mais un Baoulé n`est pas non plus avare de récriminations: "la régionregorge d`énormes caches d`armes des Bété qu`il va falloir découvrir".
Toutefois, pour ce paysan dont la plantation avait été "brûlée par les jeunes bété" sous l`ère Gbagbo, "la situation s`est améliorée depuis le changement de régime".
"La peur a changé de camp et se trouve chez les Bété", insiste un Burkinabè.
Pour autant, "nous n`avons pas confiance", lâche-t-il: "on entend de la part des Bété des discours du genre +nous attendons le départ des FRCI et ils verront+". "Nous sommes sur nos gardes".