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Politique Publié le lundi 1 août 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Editorial - Si nous aimons vraiment le Président Ouattara, nous ne devons pas lui mentir…

Peut-on être plus Alassaniste qu'Alassane; peut-on être plus Gbagboïste que Gbagbo? La crise postélectorale ivoirienne n'était pas un simple contentieux électoral. Elle était la conséquence d'une profonde crise morale et éthique entamée à partir de l'après Houphouët. Cette crise qui fut une longue parenthèse a été marquée par la guerre entre deux visions de la Côte d'Ivoire. Contrairement au schéma de Laurent Gbagbo, ce n'était pas une simple crise d'ambition entre les heritiers d'Houphouët-Boigny. La première vision est celle des souverainistes qui utilisaient les notions de nationalité et d’identité pour des intérêts politiciens. C'était la vision d'une Côte d'Ivoire de l'exclusion. Une Côte d'Ivoire non inclusive dont le cycle a été ouvert sous le président Bédié. Malgré le coup d'Etat, Robert Guéi s'est engouffré dans la même vision. Malgré les liens que chaque dirigeant pouvait tirer avec l'étranger et malgré les diversités ethniques, religieuses et de nationalité dans leur propre famille biologique, Bédié, Guéi et Gbagbo ont chaque fois choisi le raccourci identitaire pour exclure Alassane Ouattara et installer le pays dans l'instabilité. Aujourd’hui, Laurent Gbagbo est en prison et sa libération est reclamée. De nombreux Ivoiriens se sentent traqués et inquiets. Ils ont besoin d'être rassurés. Certes des choses leur sont reprochés. Mais personne à ce jour n'a mis en cause la nationalité de Laurent Gbagbo, de Blé Goudé et des autres. De toutes les façons, ils devront bien rentrer au pays. Ou être libre ! Et le plus tôt serait le mieux. Ce sera d'ailleurs à l'honneur du président Ouattara d'y oeuvrer comme cela a démarré avec le colonel Boniface Konan. La différence entre l'exil intérieur de Laurent Gbagbo, exterieur des autres LMP d'une part, et d'autre part, celui de Ouattara et des autres exilés et déserteurs de l'armée ivoirienne auteurs des évènements de septembre 2002, réside dans le fait que l'identité et l'être même des concernés, étaient en cause. Imaginez que Blé Goudé, Koné Katina and co soient réduits à être des sans papiers. Que du jour au lendemain, on dise qu'ils ne sont plus des Ivoiriens et qu'ils n'ont pas à nourir des prétentions politiques, ni des attentes de profiter des richesses de leur pays. On n'avait pas besoin d'une rebellion, d'un article 48, d'un coup d'Etat en 1999 pour enfin reconnaître que Ouattara est bel et bien ivoirien. On n'avait pas besoin d'être un grand savant pour comprendre qu'on ne faisait aucune faveur à Ouattara en le déclarant candidat à titre exceptionnel. On n'avait pas à s'en prévaloir pour revendiquer une qualité d'artisan de la paix, à qui Ouattara et le peuple seraient redevables. Au contraire, cette façon de faire était la preuve la plus evidente de la grande discrimination et de l'exclusion à l'encontre d'une catégorie de citoyens. Cela dit tout observateur doit pouvoir attirer l'attention des nouvelles autorites sur la nécessité de mener une gouvernance éthique et équitable. Certes, les hommes et les peuples sont par nature ingrats mais ce serait un echec pour Ouattara si en plus des pro-Gbagbo indécrottables, des militants RHDP lèvent un jour les mains pour dire: avec Gbagbo c'était mieux! Non, il ne faudra jamais donner l'occasion aux gens de le dire. Au contraire, on devrait pouvoir entendre dans un an des Lmp et pro Gbagbo dire: «c'est vrai qu'on aime Gbagbo, qu'on n'a pas apprécié son départ, qu'on a eu le sentiment que Ouattara n'a pas gagné l'élection, mais là, il nous a convaincus. C'est un grand président». La crise de Septembre 2002 a créé une crise de la gouvernance et avait développé le sens de l'irresponsabilité. Entre Marcoussis, résolution 1633, constitution ivoirienne, accord de Ouaga, on ne savait qui était qui. Un jour, Gbagbo était le seul responsable. Un autre, c'était Diarra, Banny ou Soro. Aujourd’hui, tout cela est fini. La Côte d'Ivoire a un seul chef: c'est Alassane Ouattara. Aimer Alassane Ouattara, servir Ouattara et aimer son pays, c'est aider le président de la République à gouverner dans les règles de l'art. Les expressions du genre ‘’y a rien en face’’, ne doivent plus être de mise. La tentation d'utiliser le pouvoir et les privilèges d'Etat pour régler des comptes personnels, doit être bannie. Ce serait dangereux d'espérer gouverner par la violence, par la force et par la force. La Côte d'Ivoire doit rentrer dans la normalité. Aussi convient-il d'attirer l'attention de nos gouvernants sur des procédures en cours. Elles sont marquées par l'absence de transparence et de cohérence. Konan Boniface rentre et on met en prison Hermann Aboa au mépris de la loi sur la presse. Hermann Aboa a-t-il commis des crimes plus graves que ceux des militaires ? Si le Président Alassane Ouattara a jugé de ne pas faire payer par exemple aux policiers, gendarmes et militaires, à part quelques zélés, les fautes des politiques et de Laurent Gbagbo, pourquoi faut-il avoir une vision différente quand il s'agit d'autres catégories d'Ivoiriens ? La réconciliation et la recherche de la vérité et de la justice ont besoin de cohérence et de transparence. Les mêmes règles doivent s'appliquer a tous. Les mêmes règles doivent s'appliquer à tous. La proximité avec le president Ouattara et le parapluie que cela pourrait confèrer, ne peuvent protéger contre les abus et les exactions. Pendant longtemps, on a vu des voyous et des bandits, des répris de justice de tous ordres, des tricheurs et autres agir haut et fort et rester impunis tout simplement parce qu’ils ont chanté le nom de Laurent Gbagbo. Ils ont été protegés parce qu'ils devaient lui gagner des voix et l'élection. Y avait rien en face ! Ce n'est pas au tour du président Ouattara de dire qu'il n'y a rien en face, puisque dans tous les cas, le pouvoir ne durera pas plus de dix ans, soit deux mandats. Et après, il faudra rendre compte. Laurent Gbagbo, selon des juristes, a déjà préparé sa défense,et s'apprête à dire qu'il n'a pas directement tué, ni donné d'ordre pour tuer. Par contre, il s'en tiendra à l'arrêt de Yao Ndré pour justifier la légalité des actes qu'il a posés. Le débat se fera d'autant plus que sur la question, Paul Yao Ndré s'est contenté d'évoquer les résolutions de l'UA sans revenir dans le fond, en jugeant irrecevable la réclamation du candidat qui lui avait permis de déclarer vaincu Ouattara. Pourqoui alors qu'il n'y a que juste quatre mois bientôt que Laurent Gbagbo est parti, des gens s'oublient déjà, des gens oublient que des grands sont tombés et que la puissance et l'ivresse du pouvoir sont des données éphémères, des données qui ne confèrent pas l'éternité. Alassane Ouattara est et reste lui-même! Il restera lui-même, devant le pouvoir. On comprend donc mal que des gens pas oints par le peuple veuillent faire la pluie et le beau temps. Notre rôle est de ne pas nous taire. Notre rôle est de mettre fin à l'argument facile selon lequel c'est l'entourage qui perd le chef et que dans notre cas, le president Ouattara est un homme bien, mais que ses collaborateurs peuvent le tromper. Non, nous n'avons jamais cru en ce type de raccourci. Le bon chef s'entoure de bons collaborateurs et d'hommes de confiance dont il doit répondre. L'enfant Yodé et Siro ont prévenu Laurent Gbagbo: «si tu as choisi voleur, on dira que tu es voleur». L'ex-president ne les a pas ecoutés et a cru qu'en mettant par exemple, en prison les barons de la filière café- cacao,il en aurait tiré un profit politique, et électoral alors que de nombreux autres abus restaient impunis. La chanson reste valable pour le président Alassane Ouattara à qui, à la faveur de la reconnaissance pour sa nomination Boniface Ourage Obou a promis un devoir d'ingratitude: lui être juste et ne pas travestir la vérité parce que l’on ne veut pas être ingrat vis-à-vis celui qui nous a nommé. Tous, qu'on soit journalistes, citoyens anonymes, ministres, DG, etc. Nous avons le devoir d'ingratitude si nous aimons vraiment Ouattara. C'est à nous de lui dire vraiment ce qui se passe dans le pays, de traduire les aspirations et les attentes vraies du peuple. C'est à nous de le dire avec respect, amour et courtoisie. Parce que nous aimons Ouattara et que nous souhaitons qu'il reussisse, nous devons le lui dire; car ceux qui ne le supportent pas, ceux qui ont soutenu Laurent Gbagbo jusqu'au bout, ceux-là ne sont pas forcément credibles dans leur dénonciation. Mais quand ces critiques sont souvent justes, les pro-Ouattara peuvent les porter. Si celui qui parle n'est pas crédible, le message porté peut cependant mériter de l'attention et être examiné par les hommes crédibles qui n'ont pas pour profession de foi, la fin du régime Ouattara. Ne soyons donc pas complices du délit de mal aimer Ouattara en nous taisant, ou en disant mal ce qui ne va pas. " Je veux un parlemment qui soit critique", a dit depuis les Usa, le président de la République. Qui dit mieux ? Qui veut être plus Alassaniste qu'Alassane? Qui veut prétendre qu'il aime plus Alassane Ouattara que lui-même ? Sur la question, L’Intelligent d’Abidjan sera intransigeant. Quoi que cela nous coûte ! Que ceux qui veulent entendre, entendent !

Par Charles Kouassi
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