En attendant les travaux de bitumage de la voie du Mahou, les opérateurs économiques et les résidents grincent déjà les dents. A l’origine de cette attitude, la hausse brutale des coûts de location des magasins et des commerces.
De la joie à l’inquiétude. C’est ce sentiment mitigé qui anime, désormais, les opérateurs économiques installés aux abords de la voie principale du Mahou qui débouche sur celle du zoo. Si l’annonce des travaux de bitumage de cette route signifie pour eux, la fin de plusieurs années de calvaire, force est de constater qu’ils sont de plus en plus préoccupés par la flambée des coûts de location des commerces. Ce projet de réfection de la voie du Mahou (prévu pour la fin de la saison des pluies) semble, en effet, aiguiser l’appétit des propriétaires de magasins et de logements. Même si la hausse des prix ne s’est pas encore généralisée ; déjà, de nombreux opérateurs économiques s’emportent contre ce qu’ils considèrent comme une «augmentation injustifiée et suicidaire». Assis, ce samedi 30 juillet, à l’entrée de son atelier de couture, le mètre au cou et discutant avec un client, K. F. a du mal à contenir son exaspération. Il emploie à la limite des mots assez durs pour décrier «la folie» des propriétaires de biens immobiliers. «C’est n’importe quoi. Cela fait trois ans que je loue mon atelier à 50.000 Fcfa par mois. Mais, depuis quelques semaines, le propriétaire a décidé de passer le loyer à 60.000 Fcfa. Pour nous, c’est une hausse injustifiée puisque mon magasin n’a fait l’objet d’aucun réaménagement au niveau des installations. Le propriétaire n’a pas effectué de nouveaux investissements dans le local pourtant, il a revu ses prix à la hausse. Ce n’est pas normal», dénonce-t-il avec stupéfaction. Convaincu que ces opérateurs immobiliers veulent profiter des travaux de la voie pour augmenter de façon incongrue les prix de location. «Nous sortons fragilisés de la crise post-électorale. D’autant plus que nous avons perdu une partie de nos matériels de travail. Pour encourager la reprise économique, nous estimons que ces propriétaires de magasins doivent nous aider à rebondir et non entraver notre activité en optant coûte que coûte pour une augmentation des frais mensuels de location», argumente le couturier. Curieusement, à côté de son magasin, se trouve un autre mais cadenassé. Une vendeuse de produits cosmétiques qui exploitait ce local, a été contrainte de partir parce qu’elle refusait de payer les nouveaux tarifs, témoigne K.F. «C’est vraiment malheureux», s’offusque-t-il. D’un commerce à un autre, ces opérateurs économiques, pour la plupart dans le secteur informel, ne décolèrent pas face à la «gourmandise prononcée» des proprios. C’est le cas de Z. Fulbert, coiffeur qui loue son local (un atelier de coiffure mixte qui emploie neuf personnes), il y a maintenant une vingtaine d’années. Durant tout ce temps, le loyer lui revenait à 45.000 Fcfa. Mais, depuis un mois, cette somme a été majorée de 5.000 Fcfa. Quand on sait que son gain journalier n’excède pas 15.000 Fcfa contre 30.000 Fcfa avant les évènements post-électoraux. «On ne comprend pas ce que veulent réellement les propriétaires de magasins. Ils augmentent à tout-va les prix et c’est à prendre ou à laisser. C’est incroyable. Pourtant, nous sommes en pleine reconstruction. J’ai même eu à discuter avec certains que je connais, ils ont expliqué qu’ils doivent bénéficier au maximum du bitumage de la voie du Mahou», fait-il remarquer. Alors que son atelier est en plein chantier.
Les opérateurs économiques mécontents
Après avoir effectué le carrelage de l’intérieur, il s’est attaché les services d’un menuisier pour refaire les meubles et les portes. «Toutes ces dépenses sont à mes frais. Nous sommes en train de changer de design pour proposer autre chose aux clients, car nous sommes convaincus que les activités vont se densifier sur cette route après sa réparation totale. Les propriétaires ne nous apportent aucun soutien. Bien au contraire, ils cherchent à nous soutirer plus d’argent sans raison valable», fulmine-t-il. Estimant qu’il ne faut pas que l’on décourage les opérateurs économiques dans leur nouvel élan. Cependant, ceux dont les commerces n’ont pas encore connu cette flambée, dénoncent un autre fait : à chaque nouveau locataire son prix. «Le prix de ce magasin était à 65.000 Fcfa. Lorsque la personne qui occupait les lieux partait, la location est passée à 85.000 Fcfa soit une hausse de 20.000 Fcfa alors que rien n’a changé ici. Donc, vous comprenez que les propriétaires nous imposent leur loi», souligne Awa T., gérante d’un pressing au Mahou. C’est justement ces augmentations spectaculaires auxquelles sont également habitués les nouveaux résidents de ce quartier. Les maisons et autres studios qui, dès qu’ils sont libérés, connaissent automatiquement une hausse. «Les studios qu’on vous laissait à 40.000 Fcfa au Mahou, peuvent atteindre 60 à 70.000 Fcfa. C’est clair que le jour où le bitumage prendra fin, les prix des maisons risquent de rivaliser d’avec ceux de la 7ème Tranche et d’autres quartiers reconnus pour la cherté de leurs logements», avertit Coulibaly Jérôme, informaticien. Certains opérateurs immobiliers qui se défendent, reconnaissent qu’au sein de la corporation, il y a trop d’abus. Parce que l’offre est inférieure à la demande dans ce secteur. «Dans ces conditions, ceux qui veulent très rapidement amortir leur investissement, n’hésitent pas à relever leurs prix. Ce qui ouvre la voie au désordre», soutient Koffi C., agent immobilier. En attendant, le ministère du Logement et celui du Commerce envisagent, dès 2012, de travailler en parfaite synergie pour assainir ce secteur. Vivement !
Cissé Cheick Ely
De la joie à l’inquiétude. C’est ce sentiment mitigé qui anime, désormais, les opérateurs économiques installés aux abords de la voie principale du Mahou qui débouche sur celle du zoo. Si l’annonce des travaux de bitumage de cette route signifie pour eux, la fin de plusieurs années de calvaire, force est de constater qu’ils sont de plus en plus préoccupés par la flambée des coûts de location des commerces. Ce projet de réfection de la voie du Mahou (prévu pour la fin de la saison des pluies) semble, en effet, aiguiser l’appétit des propriétaires de magasins et de logements. Même si la hausse des prix ne s’est pas encore généralisée ; déjà, de nombreux opérateurs économiques s’emportent contre ce qu’ils considèrent comme une «augmentation injustifiée et suicidaire». Assis, ce samedi 30 juillet, à l’entrée de son atelier de couture, le mètre au cou et discutant avec un client, K. F. a du mal à contenir son exaspération. Il emploie à la limite des mots assez durs pour décrier «la folie» des propriétaires de biens immobiliers. «C’est n’importe quoi. Cela fait trois ans que je loue mon atelier à 50.000 Fcfa par mois. Mais, depuis quelques semaines, le propriétaire a décidé de passer le loyer à 60.000 Fcfa. Pour nous, c’est une hausse injustifiée puisque mon magasin n’a fait l’objet d’aucun réaménagement au niveau des installations. Le propriétaire n’a pas effectué de nouveaux investissements dans le local pourtant, il a revu ses prix à la hausse. Ce n’est pas normal», dénonce-t-il avec stupéfaction. Convaincu que ces opérateurs immobiliers veulent profiter des travaux de la voie pour augmenter de façon incongrue les prix de location. «Nous sortons fragilisés de la crise post-électorale. D’autant plus que nous avons perdu une partie de nos matériels de travail. Pour encourager la reprise économique, nous estimons que ces propriétaires de magasins doivent nous aider à rebondir et non entraver notre activité en optant coûte que coûte pour une augmentation des frais mensuels de location», argumente le couturier. Curieusement, à côté de son magasin, se trouve un autre mais cadenassé. Une vendeuse de produits cosmétiques qui exploitait ce local, a été contrainte de partir parce qu’elle refusait de payer les nouveaux tarifs, témoigne K.F. «C’est vraiment malheureux», s’offusque-t-il. D’un commerce à un autre, ces opérateurs économiques, pour la plupart dans le secteur informel, ne décolèrent pas face à la «gourmandise prononcée» des proprios. C’est le cas de Z. Fulbert, coiffeur qui loue son local (un atelier de coiffure mixte qui emploie neuf personnes), il y a maintenant une vingtaine d’années. Durant tout ce temps, le loyer lui revenait à 45.000 Fcfa. Mais, depuis un mois, cette somme a été majorée de 5.000 Fcfa. Quand on sait que son gain journalier n’excède pas 15.000 Fcfa contre 30.000 Fcfa avant les évènements post-électoraux. «On ne comprend pas ce que veulent réellement les propriétaires de magasins. Ils augmentent à tout-va les prix et c’est à prendre ou à laisser. C’est incroyable. Pourtant, nous sommes en pleine reconstruction. J’ai même eu à discuter avec certains que je connais, ils ont expliqué qu’ils doivent bénéficier au maximum du bitumage de la voie du Mahou», fait-il remarquer. Alors que son atelier est en plein chantier.
Les opérateurs économiques mécontents
Après avoir effectué le carrelage de l’intérieur, il s’est attaché les services d’un menuisier pour refaire les meubles et les portes. «Toutes ces dépenses sont à mes frais. Nous sommes en train de changer de design pour proposer autre chose aux clients, car nous sommes convaincus que les activités vont se densifier sur cette route après sa réparation totale. Les propriétaires ne nous apportent aucun soutien. Bien au contraire, ils cherchent à nous soutirer plus d’argent sans raison valable», fulmine-t-il. Estimant qu’il ne faut pas que l’on décourage les opérateurs économiques dans leur nouvel élan. Cependant, ceux dont les commerces n’ont pas encore connu cette flambée, dénoncent un autre fait : à chaque nouveau locataire son prix. «Le prix de ce magasin était à 65.000 Fcfa. Lorsque la personne qui occupait les lieux partait, la location est passée à 85.000 Fcfa soit une hausse de 20.000 Fcfa alors que rien n’a changé ici. Donc, vous comprenez que les propriétaires nous imposent leur loi», souligne Awa T., gérante d’un pressing au Mahou. C’est justement ces augmentations spectaculaires auxquelles sont également habitués les nouveaux résidents de ce quartier. Les maisons et autres studios qui, dès qu’ils sont libérés, connaissent automatiquement une hausse. «Les studios qu’on vous laissait à 40.000 Fcfa au Mahou, peuvent atteindre 60 à 70.000 Fcfa. C’est clair que le jour où le bitumage prendra fin, les prix des maisons risquent de rivaliser d’avec ceux de la 7ème Tranche et d’autres quartiers reconnus pour la cherté de leurs logements», avertit Coulibaly Jérôme, informaticien. Certains opérateurs immobiliers qui se défendent, reconnaissent qu’au sein de la corporation, il y a trop d’abus. Parce que l’offre est inférieure à la demande dans ce secteur. «Dans ces conditions, ceux qui veulent très rapidement amortir leur investissement, n’hésitent pas à relever leurs prix. Ce qui ouvre la voie au désordre», soutient Koffi C., agent immobilier. En attendant, le ministère du Logement et celui du Commerce envisagent, dès 2012, de travailler en parfaite synergie pour assainir ce secteur. Vivement !
Cissé Cheick Ely