Il est mort dimanche 7 Août vers 16H00. Sa dépouille a été transférée en même temps à Gagnoa. Il a été inhumé aussitôt.
Je l'appelais doyen ou papa. Il me disait mon fils. Mais il préferait simplement dire L’Intelligent, oui Alafé ‘’l'Intelligent’’. Chaque fois, il s'amusait de la confusion que nous faisions sur son nom. Touré Youssouf, le Directeur de publication, qui allait le voir plus souvent que moi, avait passé de longues heures avec lui, et établi une complicité avec ses médecins et ceux qui le gardaient. On lui exigeait un repos total, mais le besoin d'écrire était plus fort. Et il écrivait. Chaque écrit de ces derniers temps, était considéré comme un testament, comme le dernier. Mais, c'était vraiment plus fort que lui. Tant qu'il lui restait encore un souffle de vie, écrire était un médicament pour lui. Quand nous écrivions Cheick Yacouba Sylla, le doyen ne manquait pas de rectifier: C'est Hamadou Yacouba Sylla. Mais, c'était plus fort que nous, que les correcteurs. Comme si nous voulions le rappeler à d'autres réferents, l'erreur revenait souvent. Hamadou Yacouba Sylla était un homme de grande culture. Un érudit. Versé dans la lecture profonde et immense du Coran, il était également un grand lecteur de la presse ivoirienne, et un observateur avisé de la vie politique nationale. Son souci était toujours d'appeler les gouvernants à l'humilité et à la tempérance. De Bédié à Ouattara, il a été souvent entendu, mais, il n'était pas toujours bien en cours. On le trouvait souvent agaçant, pas toujours bien inspiré, avec son style, si particulier, qui faisait que plus d'une fois, je remettais au lendemain, la relecture et la correction de ses textes. Samedi 6 Août la veille de son rappel à Allah, jai reçu quatre petits textes de lui. Deux jours avant, il m'avait fait appeler pour me dire son testament. Il ne tenait pas lui même le téléphone, mais de loin, j'entendais cette voix alerte autrefois et désormais prête à s'éteindre: "mon fils, je vais mourir. Ecris et note, ce que je vais te dire. Que le Président libère Michel Gbagbo. Qu'il écoute le message de Dieu. "Ensuite, celui qui tenait le téléphone a dit qu'il enverrait un mail. Il a tenu parole. "Alafé et Touré, Trouvez-moi le chapeau qui convient avant publication qui s’accorde avec la ligne éditoriale de l' I.A. Est-ce mon testament politique? Je n’en sais rien. En Dieu, soyez ma lumière". En Dieu, soyez ma lumiere! Quelle délicatesse, quelle humilité intellectuelle et spirituelle ! Le soufi érudit ne voulait rien imposer. Il nous autorisait souvent à corriger et à rectifier ses révoltes de sage et de soufi. Son combat pour la vérité et pour la justice s'est voulu dans la droite ligne du chef spirituel hamaliste Yacouba Sylla déporté par le colon. Malgré tout, il ne fut jamais véritablement anti- colon ni anti-francais, au titre des souverainistés. Cheick Hamadou Yacouba était un homme ouvert sur le monde. Lorsque j'avais été arrêté et jugé pour faux et usage de faux, pour fraude sur la nationalité ivoirienne, le doyen avait joint sa voix à celle des autres pour dénoncer. C'etait ça l'homme: un engagement sans concession pour la vérité et la justice. A Laurent Gbagbo en qui, il a vraiment cru un moment, il n'hésitait pas à dire des vérités qui n'ont pas toujours plu. Saluant le dialogue direct, interivoirien entre Gbagbo, Bédié, Ouattara et Soro, à la veille des Assemblées annuelles de la Bad à Abidjan, l'homme avait offert ses services pour une médiation. Au nom d'Houphouët. Hélas, il a prêché dans le désert. Tout comme il a prêché dans le désert au sujet de Michel Gbagbo, son dernier combat. Autant, il avait pris position pour dénoncer le hold-up électoral du camp Gbagbo, de son lit d'hopital et à la grande inquiétude des siens en ce 21 Janvier 2011, autant il avait fait du sort de Michel Gbagbo, une véritable obsession. C'était une de ses dernières volontés. Ce pro-Ouattara de dernière heure, cet Alassaniste par défaut, devenu tel pour avoir reconnu la défaite de Gbagbo en pleine crise et avoir appélé à son départ, était devenu aussitôt un observateur critique de certaines options et nominations de la nouvelle administration. Difficile pour lui à son âge de se taire et de couvrir ce qui ne va pas. Hamadou Yacouba Sylla voulait être ce Sage qui manquait à la cité, et chez qui, tout le monde pouvait et devait venir pour parler et pour confier ses peines. Helas! Pour lui et pour la Côte d'Ivoire. Pars en paix Doyen! Ton rapel à Allah le 07 Août n'est pas un simple hasard, toi qui parlais d'independance et de souverainété, toi qui étais attaché à la terre de Gagnoa, de Côte d'Ivoire mais aussi, à l'Afrique et à l'intégration continentale. Ton style d'écriture à «la soufi» restera inégalé et inimitable. En Dieu, sois notre lumière. Qu'Allah Soubouhanan Wattalah ait pitié de ton âme!
Alafé W.
Je l'appelais doyen ou papa. Il me disait mon fils. Mais il préferait simplement dire L’Intelligent, oui Alafé ‘’l'Intelligent’’. Chaque fois, il s'amusait de la confusion que nous faisions sur son nom. Touré Youssouf, le Directeur de publication, qui allait le voir plus souvent que moi, avait passé de longues heures avec lui, et établi une complicité avec ses médecins et ceux qui le gardaient. On lui exigeait un repos total, mais le besoin d'écrire était plus fort. Et il écrivait. Chaque écrit de ces derniers temps, était considéré comme un testament, comme le dernier. Mais, c'était vraiment plus fort que lui. Tant qu'il lui restait encore un souffle de vie, écrire était un médicament pour lui. Quand nous écrivions Cheick Yacouba Sylla, le doyen ne manquait pas de rectifier: C'est Hamadou Yacouba Sylla. Mais, c'était plus fort que nous, que les correcteurs. Comme si nous voulions le rappeler à d'autres réferents, l'erreur revenait souvent. Hamadou Yacouba Sylla était un homme de grande culture. Un érudit. Versé dans la lecture profonde et immense du Coran, il était également un grand lecteur de la presse ivoirienne, et un observateur avisé de la vie politique nationale. Son souci était toujours d'appeler les gouvernants à l'humilité et à la tempérance. De Bédié à Ouattara, il a été souvent entendu, mais, il n'était pas toujours bien en cours. On le trouvait souvent agaçant, pas toujours bien inspiré, avec son style, si particulier, qui faisait que plus d'une fois, je remettais au lendemain, la relecture et la correction de ses textes. Samedi 6 Août la veille de son rappel à Allah, jai reçu quatre petits textes de lui. Deux jours avant, il m'avait fait appeler pour me dire son testament. Il ne tenait pas lui même le téléphone, mais de loin, j'entendais cette voix alerte autrefois et désormais prête à s'éteindre: "mon fils, je vais mourir. Ecris et note, ce que je vais te dire. Que le Président libère Michel Gbagbo. Qu'il écoute le message de Dieu. "Ensuite, celui qui tenait le téléphone a dit qu'il enverrait un mail. Il a tenu parole. "Alafé et Touré, Trouvez-moi le chapeau qui convient avant publication qui s’accorde avec la ligne éditoriale de l' I.A. Est-ce mon testament politique? Je n’en sais rien. En Dieu, soyez ma lumière". En Dieu, soyez ma lumiere! Quelle délicatesse, quelle humilité intellectuelle et spirituelle ! Le soufi érudit ne voulait rien imposer. Il nous autorisait souvent à corriger et à rectifier ses révoltes de sage et de soufi. Son combat pour la vérité et pour la justice s'est voulu dans la droite ligne du chef spirituel hamaliste Yacouba Sylla déporté par le colon. Malgré tout, il ne fut jamais véritablement anti- colon ni anti-francais, au titre des souverainistés. Cheick Hamadou Yacouba était un homme ouvert sur le monde. Lorsque j'avais été arrêté et jugé pour faux et usage de faux, pour fraude sur la nationalité ivoirienne, le doyen avait joint sa voix à celle des autres pour dénoncer. C'etait ça l'homme: un engagement sans concession pour la vérité et la justice. A Laurent Gbagbo en qui, il a vraiment cru un moment, il n'hésitait pas à dire des vérités qui n'ont pas toujours plu. Saluant le dialogue direct, interivoirien entre Gbagbo, Bédié, Ouattara et Soro, à la veille des Assemblées annuelles de la Bad à Abidjan, l'homme avait offert ses services pour une médiation. Au nom d'Houphouët. Hélas, il a prêché dans le désert. Tout comme il a prêché dans le désert au sujet de Michel Gbagbo, son dernier combat. Autant, il avait pris position pour dénoncer le hold-up électoral du camp Gbagbo, de son lit d'hopital et à la grande inquiétude des siens en ce 21 Janvier 2011, autant il avait fait du sort de Michel Gbagbo, une véritable obsession. C'était une de ses dernières volontés. Ce pro-Ouattara de dernière heure, cet Alassaniste par défaut, devenu tel pour avoir reconnu la défaite de Gbagbo en pleine crise et avoir appélé à son départ, était devenu aussitôt un observateur critique de certaines options et nominations de la nouvelle administration. Difficile pour lui à son âge de se taire et de couvrir ce qui ne va pas. Hamadou Yacouba Sylla voulait être ce Sage qui manquait à la cité, et chez qui, tout le monde pouvait et devait venir pour parler et pour confier ses peines. Helas! Pour lui et pour la Côte d'Ivoire. Pars en paix Doyen! Ton rapel à Allah le 07 Août n'est pas un simple hasard, toi qui parlais d'independance et de souverainété, toi qui étais attaché à la terre de Gagnoa, de Côte d'Ivoire mais aussi, à l'Afrique et à l'intégration continentale. Ton style d'écriture à «la soufi» restera inégalé et inimitable. En Dieu, sois notre lumière. Qu'Allah Soubouhanan Wattalah ait pitié de ton âme!
Alafé W.