Depuis l’exécution de l’arrêté n°002 / Msvu / Cab du 16 janvier 2008 portant sur la propreté des voies publiques et de leurs emprises, les rues d’Abidjan subissent les assauts de bulldozers détruisant maquis, étals et baraques de fortune. Le tout sous une forte escorte policière dissuasive. La fameuse « rue princesse », dont la notoriété a dépassé les frontières ivoiriennes, a depuis le vendredi 5 août 2011, perdu ses attributs. La princesse est déchue.
Requiem pour Shangaï, Jackpot, Cyclone, Meetic, le Must et autres. Ces noms qui riment avec les lieux de prédilection des noceurs de la rue princesse de Yopougon n’existeront désormais que dans l’imaginaire des clients de ces lieux de détente. Ils ont fait leur deuil. Avec eux, des boutiques, des quincailleries, des boulangeries, des épiceries et des étals de toutes sortes. Le « Café-Cacao » et le dépôt secondaire peuvent se targuer d’être des rescapés de l’offensive. Tout a été réduit en décombres à la rue princesse. Et pour une fois, même ceux qui s’en félicitent (ils sont rares) retiennent leur joie et fustigent aussi les pouvoirs publics. Que dire alors des premiers concernés ? Ces vendeuses de nuit qui vivaient indirectement l’affluence de la clientèle des maquis. Ces sous-traitants, ces livreurs de boissons, ces jeunes gens et jeunes filles employés des maquis et restaurants et qui tiennent des familles entières par ce métier. La désolation se lisaient sur leurs visages samedi matin, qui en ramassant les derniers vestiges, qui en venant constater simplement les dégâts dans l’impuissance totale. ‘’Qu’est-ce que je peux dire si ce n’est d’exprimer ma déception’’, observe une tenancière de maquis. Par petits groupes, riverains et curieux devisent. ‘’Vraiment si c’est ça le changement, ah !’’ se désole entre deux soupirs, un jeune homme à l’air désemparé. D’autres prennent le courage de nous expliquer ce qui est arrivé jeudi à la rue princesse. ‘’C’est le jeudi entre 18 h et 19 h que j’ai reçu un papier me disant que le lendemain vendredi, des machines viendraient pour casser tous les établissements ici à la rue. Je n’y ai pas cru parce que ce n’est pas la première fois qu’on nous annonce ça et jamais il ne s’est rien produit. Je croyais à un coup de bluff. J’ai même été réconforté quand le vendredi, à l’heure indiquée sur le papier, je n’ai rien aperçu comme engin. C’est à partir de 15 heures, que des machines sont arrivées avec un impressionnant dispositif de sécurité. Le résultat, le voilà. Je perds tout en l’espace de quelques heures. Mes magasins que j’avais en location, tout est parti. Je m’en remets à Dieu’’. Ce sont les propos de Jacques, un riverain que nous avons rencontré. Et comme le malheur des uns fait le bonheur des autres, les acheteurs d’objets de récupération ont trouvé ce samedi matin un marché juteux à la rue princesse. Acheteurs de bois de chauffe, ferrailleurs, mais aussi menuisiers, maçons et charpentiers se bousculaient pour des opportunités toutes faites. Difficile pour l’instant d’évaluer le coût social, économique et financier de cette destruction. Mais il est fort à parier que c’est d’abord une perte importante pour la mairie de Yopougon qui percevait non seulement 100 F de taxe par jour et par établissement mais également une taxe dite ‘’occupation du domaine public’’ (Odp). Les rangs de chômeurs accueillent de nouveaux arrivants. Une coupe drastique dans la clientèle des vendeuses de plaisir. On ne parlera plus de tourisme culturel en cet endroit. Bref, on ne finira pas de dénombrer les dégâts collatéraux de l’opération pays propre. Puisse la main invisible, celle qui fait de la régulation naturelle, agir afin de tempérer toute ardeur déviationniste de certains attristés.
S.Débailly
Requiem pour Shangaï, Jackpot, Cyclone, Meetic, le Must et autres. Ces noms qui riment avec les lieux de prédilection des noceurs de la rue princesse de Yopougon n’existeront désormais que dans l’imaginaire des clients de ces lieux de détente. Ils ont fait leur deuil. Avec eux, des boutiques, des quincailleries, des boulangeries, des épiceries et des étals de toutes sortes. Le « Café-Cacao » et le dépôt secondaire peuvent se targuer d’être des rescapés de l’offensive. Tout a été réduit en décombres à la rue princesse. Et pour une fois, même ceux qui s’en félicitent (ils sont rares) retiennent leur joie et fustigent aussi les pouvoirs publics. Que dire alors des premiers concernés ? Ces vendeuses de nuit qui vivaient indirectement l’affluence de la clientèle des maquis. Ces sous-traitants, ces livreurs de boissons, ces jeunes gens et jeunes filles employés des maquis et restaurants et qui tiennent des familles entières par ce métier. La désolation se lisaient sur leurs visages samedi matin, qui en ramassant les derniers vestiges, qui en venant constater simplement les dégâts dans l’impuissance totale. ‘’Qu’est-ce que je peux dire si ce n’est d’exprimer ma déception’’, observe une tenancière de maquis. Par petits groupes, riverains et curieux devisent. ‘’Vraiment si c’est ça le changement, ah !’’ se désole entre deux soupirs, un jeune homme à l’air désemparé. D’autres prennent le courage de nous expliquer ce qui est arrivé jeudi à la rue princesse. ‘’C’est le jeudi entre 18 h et 19 h que j’ai reçu un papier me disant que le lendemain vendredi, des machines viendraient pour casser tous les établissements ici à la rue. Je n’y ai pas cru parce que ce n’est pas la première fois qu’on nous annonce ça et jamais il ne s’est rien produit. Je croyais à un coup de bluff. J’ai même été réconforté quand le vendredi, à l’heure indiquée sur le papier, je n’ai rien aperçu comme engin. C’est à partir de 15 heures, que des machines sont arrivées avec un impressionnant dispositif de sécurité. Le résultat, le voilà. Je perds tout en l’espace de quelques heures. Mes magasins que j’avais en location, tout est parti. Je m’en remets à Dieu’’. Ce sont les propos de Jacques, un riverain que nous avons rencontré. Et comme le malheur des uns fait le bonheur des autres, les acheteurs d’objets de récupération ont trouvé ce samedi matin un marché juteux à la rue princesse. Acheteurs de bois de chauffe, ferrailleurs, mais aussi menuisiers, maçons et charpentiers se bousculaient pour des opportunités toutes faites. Difficile pour l’instant d’évaluer le coût social, économique et financier de cette destruction. Mais il est fort à parier que c’est d’abord une perte importante pour la mairie de Yopougon qui percevait non seulement 100 F de taxe par jour et par établissement mais également une taxe dite ‘’occupation du domaine public’’ (Odp). Les rangs de chômeurs accueillent de nouveaux arrivants. Une coupe drastique dans la clientèle des vendeuses de plaisir. On ne parlera plus de tourisme culturel en cet endroit. Bref, on ne finira pas de dénombrer les dégâts collatéraux de l’opération pays propre. Puisse la main invisible, celle qui fait de la régulation naturelle, agir afin de tempérer toute ardeur déviationniste de certains attristés.
S.Débailly