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Société Publié le vendredi 12 août 2011 | Le Mandat

Phénomène des quartiers précaires/Député Séri Bi Guessan : “Il faut opter pour l’habitat vertical’’

L’existence des quartiers précaires ne se sent à Abidjan que pendant la saison des pluies. Surtout dans les périodes de pluies intenses situées entre le 13 et le 17 juin de chaque année. Certaines habitations qui sont sur les pentes prononcées et dans les fonds des talwegs sont détruites par l’eau et par éboulement de terre. Et cela ne se fait pas sans entrainer la perte en vies humaines. Le premier reflexe de l’Etat est de procéder au déguerpissement des habitants de ces quartiers avant de penser à leur relocalisation, plus tard, dans des sites aménagés, leur permettant ainsi de vivre dans un cadre de vie décent. Mais, comment déguerpir sans offrir un point de chute à des chefs de ménages qui ont des familles à nourrir, des enfants qui fréquentent des écoles non loin de leurs quartiers d’origine ? Au plan sociologique, ce sont des personnes qui se sont habituées à un mode de vie correspondant à leur cadre de vie. Avec la situation délétère que vivent les Ivoiriens à Abidjan, personne n’est disponible à recevoir une autre famille chez elle. Ainsi, à défaut de mieux, Les familles plus chanceuses squatteront les maisons inachevées et les autres se retrouveront en plein air, sous des plastiques noirs qui laissent passer les eaux de pluies. Elles risquent de périr de maladies endémiques. Alors qu’elles sont délogées pour éviter la mort, elles sont exposées à une mort qui ne provient peut être pas d’une inondation mais, comme dirait l’autre, la mort c’est la mort. On aurait dû procéder à une délocalisation temporaire, le temps que prenne fin la saison pluvieuse, et laisser les habitants se réinstaller, en attendant de trouver des solutions de rechange définitives. Après le déguerpissement, que devient le site abandonné, si on n’y apporte pas un aménagement spécifique ? L’érosion va continuer et les éboulements avec, à chaque saison de pluies. Et dans 10, 20 au 30 ans, la destruction du sol atteindra ce qui est aujourd’hui site habitable. Pour éviter ces déconvenues, il faut revêtir le site de végétation et construire un grand canal d’évacuation d’eaux de ruissellement, en aval, avec des parois surmontées à un niveau tel que le sol soit stabilisé. Mais, que faire des déguerpis ? Les relocaliser sur de nouveaux sites aménagés apporte-t-il une solution durable au problème ? Créer un cadre de vie sans tenir compte du mode de vie des futurs occupants revient à les exposer à des problèmes sociologiques, psychologiques, etc.. Il leur sera très difficile de s’accommoder à ce nouveau cadre de vie. C’est ce qui emmène, le plus souvent, ses déguerpis à se réinstaller sur leur site de provenance, à proximité duquel se trouvent les quartiers dans lesquels ils exercent leur fonction de gardien, de jardinier, etc. et les écoles que fréquentent leurs enfants. Nous avons plusieurs exemples de cadre de vie incompatible avec le mode de vie. Prenez un habitant d’un quartier comme Mamie Faitai de Yopougon, affectez le dans un quartier huppé de Cocody où chacun vit cloîtré chez lui 24h sur 24h, sans émettre un seul bruit, où on ne rencontre pratiquement personne dans les rues, où règne un calme de cimetière. Cet habitant ne pourra pas tenir et retrouvera surement son quartier d’origine. Inversement, un cadre de Cocody ne pourra vivre dans les vacarmes de Yopougon. L’enquête que nous avons diligentée au sujet de familles relogées dans des habitations modernes, à Yamoussoukro, nous a permis de savoir ce que reprochaient les populations à leur nouveau cadre de vie. Habitués à déféquer en brousse, loin de leur lieu d’habitation, les paysans voient les wc de chaque maison localisés à l’intérieur, trop près des lieux de restauration et de couchette. Les cours sont clôturées, rompant ainsi l’harmonie des familles par rapport au groupe de famille. Alors que chacun pouvait rester chez soi et s’enquérir des nouvelles des autres parents. On restait à domicile pour communiquer avec les autres membres de la grande famille. Ces différentes ambiances familiales que vivaient les populations sont interrompues par le cloisonnement qui est imposé à chaque famille, à travers des clôtures, etc. Les autorités administratives ont eu du mal à les convaincre et ont été appuyées par les sociologues et psychologues avant d’aboutir à cet exercice. C’est donc progressivement que les uns et les autres ont regagné leur nouveau cadre, longtemps après les chefs de village. Nous avons entendu les autorités actuelles proposer qu’à chaque nouvelle extension de quartier, il soit prévu des espaces pour abriter des quartiers précaires bien aménagés. Un quartier précaire aménagé, selon l’art, par des urbanistes n’est plus à notre connaissance, appelé quartier précaire. De deux, nous souhaitons qu’une nouvelle politique d’habitat nous emmène à opter pour l’habitat vertical. C’est à ce seul prix que l’extension exagérée de la ville d’Abidjan peut être réduite. Et les autorités auront moins de problèmes de réseaux de toute sorte. Sur le plan urbanisme, nous vivons actuellement des extensions excessives de la ville d’Abidjan qui va englober bientôt les communes de Grand Bassam, de Bingerville et d’Anyama si ce n’est déjà fait. Comparaison n’est pas raison mais permettez moi de m’essayer à cet exercice. La ville d’Abidjan, peuplée de 3.796.677 habitants, a une superficie de près de 600km2 et une densité de 6515habitants /km2 contre 105,40km2 de superficie, une population de 2.153.600 habitants et une densité de 20.432 habitants/km2 pour la ville de paris et de 605,52km2 de superficie, 10.000.000 d’habitants et une densité de 16.514 habitants/km2 pour la ville de Séoul, capitale de la Corée du sud. Il faut opter donc pour l’habitat vertical qui consomme moins l’espace, en vue d’éviter la pression foncière, source de nombreux palabres à Abidjan. Ce sera aussi l’une des solutions pour réduire l’existence des quartiers précaires. Mais, la solution durable réside dans la décentralisation des activités économiques, concentrées à plus de 60% dans la ville d’Abidjan. Si ces activités économiques s’installent en grande partie à l’intérieur du pays, l’immigration intérieure des déscolarisés et l’immigration extérieure vers la ville d’Abidjan seront freinées. C’est à ce prix que le taux des quartiers précaires à Abidjan sera grandement réduit.

Honorable Seri Bi Guessan
Député de Sinfra
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