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Société Publié le vendredi 19 août 2011 | Le Temps

Révérend Ediémou, à propos des querelles au christianisme céleste: «L’unité est possible si l’Etat refuse de délivrer des arrêtés de complaisance»

© Le Temps
Crise post-électorale : Images de l`inhumation de l`Imam Cissé et de sa famille assassinés à Williamsville
Lundi 21 mars 2011 à Abidjan :Ediémou Blin Jacob, Pdt du Forum des Confessions religieuses lors des funérailles de l`Imam Cissé
Le révérend pasteur Ediémou n’est pas content. En tout pas de la façon dont les pouvoirs successifs gèrent l’église du christianisme céleste. Interview !

Comment se porte l’église du christianisme céleste après la grave crise qu’a traversée le pays ?

L’église du christianisme céleste, fondée le 29 septembre 1947 par Samuel B. Oshoffa et envoyé en Côte d’Ivoire en 1951, où la paroisse Saint Raphaël est ouverte le 8 août 1976, se porte très bien en ce qui concerne les fondamentaux. Mais nous sommes sur la terre des hommes.

Vous avez raison de nuancer vos propos parce qu’à l’image de beaucoup d’églises, la vôtre est déchirée par des querelles de leaderships. Quelle est l’origine du problème ?
Lorsqu’ une église brille et que son chef charismatique est rappelé à Dieu, les gens respectent rarement la prophétie. L’église est née au Bénin. Mais le prophète est mort au Nigeria. Donc les Nigérians pensent que l’église leur appartient. L’église appartient au monde entier, mais son siège est à Porto Novo. Les gens n’ont pas fait ce que le prophète a prévu. En Côte d’Ivoire, nous étions le chef reconnu par l’Etat de Côte d’Ivoire. A la mort du prophète, il y a eu des problèmes. Qui ont demeuré jusqu’aujourd’hui.
Replongez-nous dans l’historique de ces problèmes. Que s’est-il passé à la mort du prophète ?

A la mort du prophète, feu Jérôme Diégou Bailly était au nombre de la délégation ivoirienne aux obsèques pour le compte de son journal. La façon dont nous nous sommes acquittés de nos devoirs l’a emmené à titrer : Eglise du christianisme céleste : peut-être un «pape» ivoirien. Les gens ont cru que le journaliste roulait pour Ediémou. Nos frères ivoiriens ont dit aux Béninois qu’Ediémou veut être chef mondial. C’est ainsi que le comité mondial m’a écarté au profit de mon grand frère feu Dawé.

Lorsqu’on vous a évincé, vous avez créé une tendance «autonome». Parlez-nous en…
Selon nos textes, le chef qui a reçu l’onction n’est remplacé qu’après sa mort. J’ai dit au ministre Léon Konan Koffi que s’il cautionne qu’on m’enlève, à la mort d’Houphouët, le Pdci sera divisé. Après Léon Konan Koffi, c’est le ministre Bombet qui l’a remplacé. Lorsque j’ai accepté de quitter mon travail, j’ai juré de me consacrer à l’église jusqu’à ma mort. Comme les gens ont fait croire à Houphouët qu’Ediémou mettait le désordre dans l’église, il a dit qu’il préfère l’injustice au désordre. Mais il était triste pour ce qui m’arrivait. Face aux intrigues, l’ambassadeur Ouégnin m’a demandé de rester serein. J’ai continué à faire le culte. Mais ceux qui ne voulaient pas de moi sont venus tout prendre à la paroisse. Je leur ai dit de me laisser vivre ma religion comme je l’ai promis au prophète. A deux reprises, on m’a fait descendre de l’avion. D’abord sous Ouassénan Koné. Mon frère Zagadou lui a fait croire des choses fausses. On m’a fait descendre pour me conduire au ministère de l’Intérieur. Ensuite, sous Dibonan, comme ministre de l’Intérieur. La même chose s’est répétée. C’est ainsi que l’ambassadeur Ouégnin a demandé au ministre Bombet de m’autoriser à fonctionner sous le sigle de «l’église autonome d’Oschoffa».

Comment avez-vous réintégré l’église mère à nouveau ?

C’est la bénédiction de Dieu. Le prophète m’a dit: les gens tenteront de t’user, mais sois ferme, tiens le coup. Tous ceux qui m’ont remplacé ont été usés. Moi je ne le suis pas. C’est le Nigeria qui est venu me chercher. Au point de vue compétence, Dieu m’a fait la grâce de connaître le prophète. Je connais un peu l’église. Bada est mort. Son remplaçant est mort. Celui qui est venu s’appelle Jesse. Il a dit qu’il ne peut pas travailler sans Ediémou. Il m’a appelé auprès de lui. En ce moment, c’était Zagadou qui était au Nigeria. Avec le prophète, j’étais en 7e position, dans le monde. Jesse a dit que celui qui est nommé, est nommé à vie. En ce moment, le ministre de l’Intérieur était feu Boga Doudou. Zagadou est allé le voir pour que je ne puisse pas prendre sa place. Lorsque Jesse est mort, les Nigérians ont voulu que je sois chef. Je leur ai dit que j’ai peur. C’est ainsi qu’ils sont allés chercher le fils d’Oschoffa, Emmanuel Oschoffa pour faire de lui chef mondial. Entre temps, Jesse m’avait déjà installé comme chef de diocèse en Côte d’Ivoire. Le ministre Boga Doudou m’a dit qu’on lui a dit que je ne suis plus de l’église et que je veux perturber l’église. J’ai accepté. C’est quand Jesse est mort que Zagadou «s’est réveillé» pour dire que je ne suis pas chef de diocèse. C’est à partir de cet instant que le Président Gbagbo a demandé à l’Etat de Côte d’Ivoire de diligenter une enquête. Le ministre Gnonkonté Désiré nous a appelés, Zagadou et moi, pour nous dire que l’Etat va envoyer une mission au Bénin et au Nigeria. Chacun de nous a mandaté deux personnes. Les frais de transport des enquêteurs de l’Etat et nos représentants ont été supportés par l’Etat. Après l’enquête, aussi bien le Nigeria que le Bénin ont dit qu’Ediémou est le choix d’Oschoffa. Le ministre de l’Intérieur, Issa Diakité, a instruit le ministre des Cultes, Gnonkonté Désiré de produire un document. Lequel document reconnaît Ediémou comme l’unique interlocuteur de l’Etat au niveau de l’église du christianisme céleste. Et le ministre Gnonkonté a instruit le Nigeria et le Bénin de venir m’installer. C’est ainsi que «papa» Agbaossi est venu m’installer. Me connaissant du vivant d’Oschoffa et vu les souffrances que j’ai endurées, en m’installant, il a fait de moi pasteur. Le ministre Gnonkonté a écrit au pasteur mondial Emmanuel Oschoffa que dorénavant, nous reconnaissons une seule personne pour l’église, c’est Ediémou.

Après une telle clarification, comment certains de vos collaborateurs, je pense à Gomé, Aka, Kanon, ont pu obtenir du même Etat, avec à sa tête le même Président, Laurent Gbagbo, un document ?

Il n’y a pas deux Etats. Et les gens n’ont pas considéré la Côte d’Ivoire comme un pays de droit.

A qui la faute ?

C’est l’Etat. Le ministre de l’Intérieur qui était là est mon parent. Après, c’est le ministre Tagro (Feu Tagro Désiré, ndlr) qui est venu. Il n’y a ni deux Etats, ni deux églises. J’ai déjà un papier. Lorsque nous sommes allés chez le ministre et qu’il a dit à Zagadou qu’il n’est plus chef, Zagadou a donné le pouvoir à Gomé Hilaire. Après, il le lui a arraché pour le donner à Kanon. Gomé étant puissant, il a eu un arrêté. Kanon Luc étant puissant, il a eu un autre arrêté de la même église. C’est quel Etat ça ! Les ministres de l’Intérieur sont pour beaucoup dans ce qui arrive à l’église. Au ministère de l’Intérieur sous Tagro, j’ai dit que l’ange de Dieu m’a dit qu’ils vont donner un papier à Kanon Luc. J’ai dit : «Si vous donnez ce papier, vous êtes maudits». Je prends Mme Koffi à témoin. Les gens veulent m’user. Mais je suis toujours là. Parce que je m’appuie sur Jésus Christ. Avec le forum, avec mon frère Koudouss qui prie pour moi, j’ai confiance en Dieu. Nous avons un nouveau gouvernement. Nous espérons qu’il ne va pas commettre les mêmes erreurs. Nous ne nous battrons jamais contre l’autorité. Parce que toute autorité émane de Dieu. Mais si Dieu plante, Satan plante. Le diable peut utiliser l’autorité pour aller contre Dieu. Nous avons tout abandonné pour nous consacrer à l’église. Mon parcours n’est pas mystérieux. On m’attaque, on m’humilie, je ne dis rien. Je m’honore de la grâce que Dieu m’a faite en faisant de moi un ministre. Un ministre de Dieu. Dieu s’occupera de ceux qui voudront aller contre sa volonté.

Avec les nouvelles autorités, avez-vous des pistes de règlements du bicéphalisme de fait à la tête de l’église ?

Nous sommes sereins. Nous avons un nouveau Président. Nous attendons patiemment. Nous n’avons pas un parcours mystérieux. Contrôleur de Ptt, attaché de cabinet du ministre Séri Gnoléba, alors ministre du Commerce, j’ai tout abandonné pour me consacrer à l’église du christianisme céleste. Chez nous, il y a des règlements. Le chef de Côte d’Ivoire, c’est Ediémou. C’est Oshoffa qui m’a nommé. Je le demeure jusqu’à ma mort. C’est la loi au christianisme céleste. Aux nouvelles autorités, nous leur rappelons la phrase d’Oschoffa, «si vous divisez mon église, votre pays sera divisé». Le Président Alassane sait qui est Ediémou. Le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko connaît Ediémou dans ce pays. Le Premier ministre Guillaume Soro connaît Ediémou. Ce sont des autorités. Si elles disent quelque chose, je vais obéir. Mais elles savent qui je suis. Cette paroisse (Ndlr, Ste Raphaël de Vridi) a été inaugurée un 8 août, la Côte d’Ivoire, c’est le 7 août. Il y a une histoire entre la Côte d’Ivoire et l’église du christianisme céleste. Le samedi 7 août 1976, j’étais attaché de cabinet, avec mon ministre, nous avons assisté au défilé de l’indépendance ; le dimanche 8 août, j’ai demandé la permission pour venir ouvrir la paroisse. C’est tout une histoire. Nous disons donc que l’église va aller à la paix, parce que les autorités connaissent son histoire. Celui qui a tort aura tort, celui qui a raison, aura raison.

L’unité au sein de l’église est-elle possible ? Si oui, quelles en sont les conditions ?
L’unité est possible, puisqu’avant l’église était unie. Pour nommer le chef du diocèse, Oschoffa a précisé que ce dernier ne devait plus travailler. J’étais le plus jeune du groupe. J’avais un avenir. Contrôleur de Ptt et attaché de cabinet du ministre Séri Gnoléba. Ce dernier ne m’a pas renvoyé. J’ai accepté de renoncer à tout pour me consacrer à l’église.A la mort du prophète, mes malheurs ont commencé. Mais lui-même m’avait prévenu. Les gens vont chercher à m’user. Aujourd’hui, on voit que je ne suis pas usé. L’unité se fera. Parce que c’est une affaire de Jésus-Christ. Si l’Etat de Côte d’Ivoire joue sa partition pour reconnaître un seul chef, en se gardant de délivrer des arrêtés de complaisance, l’église sera unie. Du ministre Thierry Lébé, en passant par le ministre Léon Konan Koffi, jusqu’au ministre Bombet, je les connais tous. Après d’autres sont venus. Lorsque Dieu plante, le Satan plante. L’heure est arrivée. Dieu a planté, Satan va se mettre à l’écart. L’église du christianisme céleste a besoin de nous pour rendre des fidèles heureux. Grâce à l’église, Zagadou a été député en Côte d’Ivoire. C’est l’église qui a permis à notre frère Sarassoro de battre Fologo à Sinématiali, du vivant d’Houphouët. Si nous prions, Dieu nous écoute. A l’article 101 de nos lois, il est écrit : «Il faut des chrétiens célestes sincères et sérieux qui acceptent les contraintes pour avoir les privilèges». Pour les contraintes, c’est qu’en 1978, nous avons renoncé à notre travail. Ça fait 33 ans de sacerdoce. Il y a un temps pour chaque chose. Le temps est arrivé pour que Dieu agisse. Et il agira.

Interview réalisée par : Tché Bi Tché
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