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Société Publié le samedi 20 août 2011 | Le Patriote

Entretien / Marvin Ouattara (Président de l`Uvdtab-CI) : “Nous avons enregistré des dizaines de décès”

A l'occasion du 5ème anniversaire du déversement des déchets toxiques à Abidjan, nous avons rencontré le président de l'union des victimes des déchets toxiques d'Abidjan et banlieues de Côted'Ivoire (Uvdtab-CI). Dans cet entretien, il fait le point de la situation, cinq ans après le scandale.
Le Patriote : La Côte d'Ivoire commémore aujourd'hui 20 août le 5ème anniversaire du déversement des déchets toxiques à Abidjan. Que peut-on retenir 5 ans après ce drame ?
Marvin Ouattara : On retient après ce drame environnemental que la population a beaucoup souffert. Des victimes traînent encore des séquelles et cela à vie. Au plan de la lutte, on peut aussi retenir que des choses ont été faites mais beaucoup reste encore à faire. J'ai entrepris plusieurs voyages à l'ONU pour attirer l'attention des intervenants dans la gestion de cette crise sur la présence des déchets toxiques et la non dépollution de tous les sites. Ce qui constitue toujours une menace pour la population.

LP : On sait qu'au plan sanitaire, aucun protocole de suivi des malades n'a été mis en place par le gouvernement. Qu'en est-il de la situation sanitaire des victimes affiliées à votre structure ?
MO : Au niveau de l'UVDTAB, avec l'aide des organismes internationaux tels qu'Amnesty International, Greenpeace, Human Rights Watch, nous essayons de soulager les malades à travers la distribution de kits médicaux. Nous travaillons aussi avec les responsables des CHU de Cocody, et Treichville qui s'occupent du suivi de nos malades. Mais, nos moyens sont limités face à l'ampleur des besoins.

LP : Officiellement, ces déchets ont fait seize morts dans les premières semaines. Y a-t-il eu d'autres cas de décès liés au manque de soins à votre connaissance ?
MO : Il est évident que ces chiffres sont dépassés. Au moment même où l'on évoquait le chiffre de seize, il y en avait bien plus. Vous savez, les gens n'ont pas réagi à ces déchets de la même manière. Certains ont fait la maladie très tôt mais d'autres plus tard. Nous avons enregistré ces cinq dernières années des décès par dizaines au sein de notre structure. Vous savez, avec la résurgence des odeurs après les pluies les cas sont de plus en plus fréquents.

LP : L'autre gros dossier de ces déchets, c'est la question de l'indemnisation. Vos membres ont-ils tous été indemnisés à ce jour ?
MO : Sur cette question, nous disons non. Mais nous avons introduit notre plainte à la Haute Cour de Justice de Londres et cette plainte a été jugée recevable et la mobilisation des fonds nécessaires au procès est fin prête. Nous n'attendons que le procès ou un règlement à l'amiable comme celui du cabinet anglais Leigh Day and CO.

LP : Pourquoi justement un autre procès quand on sait que l'affaire a déjà été portée devant les juridictions londoniennes ?
MO : Nous pensons que justice n'a pas été rendue. C'est pourquoi, j'ai introduit une requête aux fins de suspension pour suspicion légitime car j'estime que le procès n'était qu'une farce et que les vrais auteurs n'étaient pas ceux qui étaient poursuivis.

LP : Quelles sont les voies de recours qui s'offrent alors à vous ?
MO : Vous savez, l'accord que l'Etat de Côte d'Ivoire par le biais de feu le ministre Désiré Tagro a signé à Ouagadougou avec la compagnie TRAFIGURA empêche l'Etat de la poursuivre. Le seul recours était que la société civile s'organise pour que réparation soit faite; c'est ce que j'ai fait en prenant pour avocat Me Mario Stasi ancien bâtonnier de l'ordre des avocats de Paris et avocat du Président Aimé Henri Konan Bédié, aujourd'hui avocat de l'Etat de Côte d'Ivoire. Mais compte tenu du fait que l'adresse fiscale de la compagnie TRAFIGURA est à Amsterdam et que le PDG vit à Londres, il était difficile de porter plainte en France, nous avons donc sollicité des avocats londoniens qui sont arrivés en Côte d'Ivoire en octobre 2009 et une plainte a été portée et elle a été jugée recevable.

LP : Un message à l'endroit des nouvelles autorités du pays ?
MO: Nous voulons interpeller l'Etat de Côte d'Ivoire, car aujourd'hui à tous les coins de rue, des personnes qui n'ont pas de procédure demandent à d'autres de venir s'inscrire pour une procédure qui n'existe pas. Cela ressemble à ces maisons volantes de placement qui ont fait le malheur de la population ivoirienne. Pour ne pas revenir à cela, il faut que l'Etat prenne des décisions fermes. Que l'Etat pense à la construction d'un hôpital qui doit être réellement pour les victimes de déchets toxiques. Car, le suivi médical des victimes incombe au gouvernement.

Alexandre Lebel Ilboudo
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