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Économie Publié le mardi 23 août 2011 | L’expression

Filière cola : Les noix …dans le noir!

Première production de la sous-région avec plus de 100.000 tonnes la filière cola ivoirienne broie du noir.

Ancrée dans les traditions africaines, la noix de cola est utilisée au cours de nombreuses cérémonies : baptêmes,
mariages et divers rites. De même la petite noix se retrouve dans la production cosmétique et l’industrie pharmaceutique
santé. En Côte d’Ivoire, elle est cultivée en grande quantité.

L’on estime la production annuelle à plus de 100.000 tonnes, soit un chiffre d’affaires de plus de 100 milliards de Fcfa.
Ce qui fait dire que Anyama sa capitale, est le premier producteur de la sous-région. En dépit de cette couronne, la
filière ivoirienne peine à prendre son envol. Le contraste entre les capacités de production et la santé de la filière intrigue.
N’Dah Raymond, agronome, s’étonne que la filière ne soit pas promue. A Anyama, plaque tournante de la cola, les
acteurs évoquent de multiples problèmes qui plombent son décollage. Sur le plan des semences sélectionnées, ils estiment
que le nombre de centres de production qui ne se limite qu’au Cnra, Bingerville et Divo, est insuffisant. Plus grave, le coût
des plantes pépinières qui s’élève à 96 000 F/ ha n’est pas à la portée de tous les producteurs, d’où le vieillissement
du verger. « Si l’on n’y prend garde, les champs de cola laisseront la place à la culture de l’hévéa par exemple », prévient N’Dah Raymond.

Inorganisation et racket ….

Les problèmes de la commercialisation freinent également l’élan des commerçants. La valse des prix qui ne répond à
aucun barème standard complique davantage la situation.

Ainsi, au terme des deux grandes récoltes de l’année, notamment « worouba » (octobre-décembre) et « soussou »
(avril-juin), les spéculations refont surface à la grande joie des acteurs véreux. « La cola se vend au prix de 600 à
700Fcfa voire 900Fcfa par kilogramme quand le marché se porte bien. Quand ce n’est pas le cas, les acheteurs vont
jusqu’à proposer 400Fcfa», souligne un producteur. La filière n’échappe pas non plus aux tracasseries routières.
D’Anyama à Kumasi (Ghana), les camionneurs déboursent pour près de 900 000Fcfa comme frais de route. Pourtant, a
en croire, un producteur, les taxes douanières ne devraient pas être prélevées dans l’espace Uemoa puisque depuis 1999, la
cola est considérée comme un produit non agréé, au même titre que les fruits et légumes. Camara Panama, un acheteur,
explique, qu’à chaque poste de police, de gendarmerie ou de douane les camionneurs déboursent 2.500, 10.000 voire
15.000 Fcfa. Tous ces maux et l’inorganisation des acteurs à la base constituent un obstacle majeur à l’émergence de la filière.
C’est, regrette Bakary Souleymane, un véritable cafouillage.

…les maux de la filière à régler

N’Dah Raymond, estime que, l’Etat doit se pencher un peu plus sur la filière. Il préconise, en ce qui concerne le cadre
institutionnel et réglementaire, que la tutelle attribue un statut précis aux commerçants de la petite noix. Ce produit
étant considéré tantôt comme une culture de cueillette, tantôt comme une culture vivrière. « Aujourd’hui, on retrouve des
plantations de 15 ha de cola. On ne peut donc plus continuer de dire que c’est une culture de cueillette » argumente-t-
il. Cela devra passer aussi, souligne-t-il, par l’organisation en coopératives des acteurs et leur donner des fonds de
développement. En définitive, il est impératif, recommande l’agronome que l’Etat mette tout en œuvre pour que les pays
importateurs traitent directement avec la Côte d’Ivoire, qui est le premier pays producteur l’Afrique de l’Ouest. On le voit,
il y a un effort à faire pour une bonne visibilité et une bonne promotion à l’échelle internationale. Surtout que la demande
dans la filière est forte.

Fabrice Sébine
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