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Société Publié le lundi 5 septembre 2011 | Nord-Sud

Touré Adama (président de la Coordination nationale des gares routières) à propos du renouvellement du parc automobile : “Transporteurs, voici comment souscrire au projet”

Le projet de renouvellement du parc automobile dans le secteur des transports connaît, depuis quelques semaines, sa phase d’opérationnalisation avec la remise de 112 véhicules neufs aux opérateurs. Le président de la Coordination nationale des gares routières de Côte d’Ivoire, Touré Adama, partenaire au programme, explique son fonctionnement et met en garde les transporteurs.


Vous avez maintes fois demandé le soutien de l’Etat pour le renouvellement du parc automobile dans le secteur des transports. Depuis quelques semaines, un projet a vu le jour et a permis de mettre à la disposition des opérateurs, 112 véhicules neufs. Quel commentaire faites-vous?
C’est effectivement une nouvelle ère qui s’ouvre pour le transport avec l’avènement de ce projet. Et je souhaitais saluer déjà, le ministre des Transports Gaoussou Touré et partant, le gouvernement ivoirien pour avoir accepté d’endosser ce vaste programme de remise à neuf du parc automobile. Le ministre de tutelle n’a ménagé aucun effort pour mener les démarches auprès de la Cfao (spécialisée dans la distribution automobile et pharmaceutique) et de la Société ivoirienne de banque (Sib) afin que cette initiative soit concrétisée et qu’elle puisse faciliter l’acquisition de véhicules neufs aux transporteurs. C’est une réalité car, lors du lancement de cette opération, les transporteurs ont reçu 22 cars. Ces véhicules, il faut le préciser, ont été remis aux opérateurs sinistrés pendant les évènements malheureux de la crise post-électorale. Ceux qui viennent compléter cette liste, sont les transporteurs que nous connaissons bien et qui étaient en activité sur certaines lignes interurbaines et urbaines. Mais pour des problèmes de garantie et d’aval, ils sont en cessation d’activité. Ce sont ces deux catégories de transporteurs qui sont prioritaires. Déjà, il y a environ sept sociétés qui ont mis leurs nouveaux véhicules en circulation. Ceux qui n’ont pas encore récupéré leurs véhicules sont en train de remplir les formalités administratives. Toujours dans le lot des 112 véhicules dont le coût est de 5 milliards de FCFA, il y a encore une trentaine d’automobiles qui arriveront dans un mois. Donc, chaque mois, on aura 30 à 50 véhicules. Et le ministre veut atteindre 600 véhicules neufs en 6 mois.

Comment se font les contrats ?
Les contrats sont faits à partir de la banque et du concessionnaire. Ces deux entités se sont mis d’accord sur le mode opérationnel. Et c’est le comité de crédit de la banque qui siège. Aujourd’hui, tout opérateur est recommandé par le ministère de tutelle. Cette recommandation a valeur de garantie et d’aval, ce qui est vraiment rare sur le marché. Dès que vous bénéficiez de cet appui du ministère, la banque vous reçoit et vous demande de fournir tous les documents administratifs dont elle a besoin pour monter votre dossier. Il s’agit de votre casier judiciaire, d’un compte contribuable, d’une carte nationale d’identité et des photos. Ensuite, vous devez ouvrir un compte-entreprise à la Sib et préciser également votre lieu de résidence. C’est pour éviter que la personne disparaisse après. Nous voulons dire à nos camarades qu’il ne faudrait pas qu’ils essaient de ruser avec les autorités. Le ministre a été très clair : les véhicules qui ont été mis ou qui seront mis à la disposition des transporteurs, ne sont pas de facto leur propriété. Ce sont des véhicules qui appartiennent à la banque jusqu’à ce qu’on finisse de payer les traites. Si vous n’arrivez pas à respecter les différentes échéances, ne serait-ce qu’un mois, nous les syndicats qui sont partenaires dans ce projet, nous sommes censés retrouver le transporteur défaillant afin qu’on lui applique la loi.

C’est-à-dire ?
Si l’opérateur est défaillant, on lui retire simplement le véhicule pour le mettre à la disposition de la banque. Quitte à l’établissement bancaire de le proposer à un autre opérateur plus responsable et crédible. Donc, si pendant un mois vous êtes incapable de respecter vos engagements, vous perdez le contrat. Le contrat est individuel. Nous pensons que c’est une bonne chose parce qu’il faut qu’on donne la chance à la majorité des transporteurs qui veulent vivre de ce métier. Nous allons extirper les brebis galeuses de nos rangs pour éviter que les banques ne se rétractent un jour. Par le passé, avec la Safca (Société africaine de crédit automobile), il y a eu des transporteurs véreux qui ont pris des véhicules neufs pour aller les revendre au Niger, au Libéria sans avoir fini de payer. Notre rôle, c’est la sensibilisation et le ministre va bientôt s’adresser aux opérateurs et préciser les lieux où ils doivent aller déposer leurs dossiers.

Quels sont les avantages que votre secteur peut en tirer ?
Les avantages sont tellement importants que nous ne pouvons que nous réjouir. Le secteur des transports sera plus que jamais sur la voie de la renaissance et de la relance proprement dite. De près de 680 sociétés de transport avant les 10 dernières années, nous sommes aujourd’hui à 68 compagnies disposant de cars. Ce projet va donc remettre en selle plusieurs entreprises avec de nombreux emplois. Nous avons 100.000 personnes qui gravitent dans le milieu du transporteur. Parmi ceux-ci, les salariés ne dépassent pas 10.000 personnes. En outre, cela va contribuer à diminuer de façon considérable les accidents de la circulation qui sont pour la plupart causés par l’état de vétusté des véhicules de transport qui ne peuvent pas se présenter à la visite technique. Cela va aussi réduire les embouteillages et les émissions de gaz à effet de serre. Notre environnement sera assaini. Il y aura plus d’argent dans les caisses de l’Etat parce que les propriétaires de véhicules vont payer toutes les taxes afférentes à l’exercice du transport. Nous pourrons désormais offrir un service de qualité à la population grâce à ce projet qui est une alternative au fonds de développement des transports.

Est-ce qu’il faut s’attendre aujourd’hui à l’entrée d’autres banques dans ce projet ?
Effectivement, d’autres banques comme Ecobank s’apprêtent à rentrer dans le projet. Le ministre est en train de préparer un autre contrat qui sera bientôt signé avec cette banque. D’ailleurs, il a tenu une réunion avec tous les banquiers de Côte d’Ivoire pour leur expliquer l’objectif de ce programme et il leur a demandé de s’inscrire dans cette dynamique. C’est pour dire qu’aucun établissement bancaire n’a l’exclusivité du projet. Il a indiqué aux banques que dans le programme du président Alassane Ouattara, il y a une enveloppe d’au moins 80 milliards de FCFA prévus pour la remise à neuf du parc automobile. Il s’agira de faire avec cette somme des placements dans les banques au prorata de ce qu’elles auront apporté comme aide aux transporteurs. Le ministère du transport, propriétaire du projet, a une volonté manifeste de renouveler 300.000 véhicules. Or, le parc automobile actuel est de 200.000 véhicules. Selon lui, il y aura entre 2011 et 2012, 1000 taxis-compteurs, 1000 gbakas et 1.000 nouveaux camions-remorques. Lorsque les commandes se feront par milliers et pour une même marque (Isuzu, Daaf et Toyota,…), les coûts d’acquisition vont considérablement baisser.

Avec cette initiative de la tutelle, peut-on dire que c’est la fin de l’anarchie dans le milieu du transport ?
En un temps-record, le ministre des Transports a redonné un espoir inestimable aux transporteurs. Avec ses premières sorties, on croyait qu’il n’appréciait pas les syndicats. Mais au­jourd’hui, on se rend compte qu’il est en train de leur donner la richesse. En effet, l’oisiveté n’est pas une activité parce qu’elle crée toujours le désordre et la pagaille où le plus fort opprime le plus faible. C’est ce que notre tutelle veut combattre parce que, selon elle, le chef de l’Etat ne veut plus voir cette anarchie. Nous pensons que l’organisation du milieu va s’imposer d’elle-même. Aujourd’hui, quand vous circulez à Adjamé, vous êtes émerveillé par la fluidité de la circulation. Ce sont des choses impensables il y a un an. Donc progressivement, les syndicats fictifs et autres chargeurs errants qui semaient le désordre, auront un travail sérieux. Puisque notre activité sera plus rentable. Cependant, il faudrait que la question du racket soit traitée entièrement. Le gouvernement a pris des mesures salutaires mais, il faut aller plus loin pour avoir le résultat escompté. Il faut que l’on se rapproche des acteurs du milieu. On ne peut pas prendre des officiers, les enfermer dans un bureau et dire qu’il y a un comité de lutte contre le racket. Ce sont leurs éléments qui rackettent les opérateurs économiques. Ils ne pourront jamais reconnaître les méfaits de leurs propres éléments. Nous avons eu cette expérience dans la pratique. C’est pour cela que ce comité qui est au ministère de l’Intérieur doit se rapprocher des transporteurs pour créer une synergie d’action.

A quoi bon avoir des véhicules neufs sans gare routière moderne ?
Le ministre nous a rassurés que cela fait partie de ses vastes chantiers. Nous tenons également à saluer le gouverneur du district, Beugré Mambé qui a fait une déclaration dans ce sens. Nous avons l’aéroport international Félix Houphouet-Boigny en voie de certification et le port d’Abidjan avec ses portiques modernes. Notre capitale économique mérite d’avoir une gare routière moderne internationale. Mais, nous pensons que c’est l’Etat qui doit construire cette gare et non un opérateur économique du privé qui viendra nous imposer des sommes faramineuses qui ne nous permettront pas d’avoir accès à ces espaces. C’est pour cela que ce projet est logé au ministère des Transports et nous souhaitons qu’il y reste. Dans le cas contraire, si ce dossier est confié aux mairies ou au district, nous risquons d’être en face d’opérateurs économiques véreux. Le cas du Forum des marchés d’Adjamé est un exemple. Les commerçants ne peuvent pas y accéder parce que les places sont trop chères.

Croyez-vous que ce projet soit un stimulant pour arriver à une baisse des coûts du transport ?
Un petit gbaka (minicar) de 18 places vaut 23 millions de FCFA, c’est exorbitant. Vous allez passer deux ans à payer ce véhicule. Il ne faut pas oublier que le gasoil représente 45% dans les charges d’exploitation d’un véhicule de transport. Tous ces facteurs font qu’on ne peut pas baisser du coup les prix. Si avec ce projet, le racket est automatiquement combattu, le coût du transport peut avoir un léger changement. Cette incidence peut être importante si effectivement, les prix du gasoil baissent. Encore faut-il que l’Etat renonce à certaines taxes sur le carburant et sur l’importation de véhicules.


Interview réalisée par Cissé Cheick Ely
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