Monsieur Alassane Dramane Ouattara
Président de la République
Abidjan – Côte d'Ivoire
Paris, le 6 septembre 2011
Monsieur le Président,
Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, souhaite réitérer auprès de vous l'appel qu'elle a déjà lancé en faveur de la libération du journaliste de la Radio-Télévision Ivoirienne (RTI), Hermann Aboa, détenu depuis le 21 juillet 2011.
Comme vous le savez, Hermann Aboa animait l’émission-débat "Raison d’Etat" sur la chaîne La Première, désormais rebaptisée RTI 1. Plusieurs chefs d'accusation sont retenus contre lui – "atteinte à la défense nationale", "attentat-complot contre l’autorité de l’Etat", "atteinte à l’intégrité du territoire national", "participation à une bande armée", "participation à un mouvement insurrectionnel" et "atteinte à l’ordre public" – pour lesquels il encourt la prison à vie.
Durant la crise postélectorale, "Raison d’Etat" servait de tribune dans laquelle étaient exposées, de façon parfois virulente il est vrai, les thèses favorables au maintien de Laurent Gbagbo au pouvoir, mais Hermann Aboa estime n'avoir fait que son métier de journaliste. Si ce sont ses activités professionnelles qui lui sont reprochées, il devrait être poursuivi en vertu de la loi sur les médias de 2004 qui dépénalise les délits de presse et met donc le journaliste à l'abri de la prison.
D'abord détenu à la caserne de la gendarmerie d'Agban, le journaliste a ensuite été transféré à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) où il occupe, avec deux codétenus, une cellule du bâtiment C, celui des criminels les plus dangereux. Les visites de sa famille biologique et de son avocat sont autorisées, mais pas celles d'amis ou d'étrangers souhaitant le rencontrer. L'autorisation de visite est soumise à l'accord du parquet.
Hermann Aboa a demandé aux autorités pénitentiaires d'être transféré dans le "bâtiment des assimilés", où il devrait bénéficier de meilleures conditions de détention, mais la direction de la Maca n'a pas accédé à sa demande.
Quant à la possibilité d'une libération provisoire, elle se heurte à une fin de non recevoir tant que Hermann Aboa n'a pas été entendu sur le fond. Or, le journaliste n'a toujours pas été auditionné depuis le début de sa détention préventive.
Non seulement nous comprenons mal pourquoi les autorités ivoiriennes refusent de lui accorder la liberté provisoire, mais nous sommes par ailleurs préoccupés par le durcissement de ses conditions de détention depuis son transfert à la Maca.
Alors que les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) sont en train de lever le siège de la rédaction du quotidien Notre Voie, laissant espérer que les pressions sur la presse d'opposition cessent, nous vous demandons de vous affirmer comme le garant du respect de la loi de 2004 et de la liberté d'expression en Côte d'Ivoire. Vous signeriez un geste rassurant et fort en demandant que Hermann Aboa soit interrogé au fond dans les meilleurs délais et en facilitant sa remise en liberté provisoire.
Dans l'espoir que vous accorderez une suite favorable à nos requêtes, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma très haute considération.
Jean-François Julliard
Secrétaire général
Président de la République
Abidjan – Côte d'Ivoire
Paris, le 6 septembre 2011
Monsieur le Président,
Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, souhaite réitérer auprès de vous l'appel qu'elle a déjà lancé en faveur de la libération du journaliste de la Radio-Télévision Ivoirienne (RTI), Hermann Aboa, détenu depuis le 21 juillet 2011.
Comme vous le savez, Hermann Aboa animait l’émission-débat "Raison d’Etat" sur la chaîne La Première, désormais rebaptisée RTI 1. Plusieurs chefs d'accusation sont retenus contre lui – "atteinte à la défense nationale", "attentat-complot contre l’autorité de l’Etat", "atteinte à l’intégrité du territoire national", "participation à une bande armée", "participation à un mouvement insurrectionnel" et "atteinte à l’ordre public" – pour lesquels il encourt la prison à vie.
Durant la crise postélectorale, "Raison d’Etat" servait de tribune dans laquelle étaient exposées, de façon parfois virulente il est vrai, les thèses favorables au maintien de Laurent Gbagbo au pouvoir, mais Hermann Aboa estime n'avoir fait que son métier de journaliste. Si ce sont ses activités professionnelles qui lui sont reprochées, il devrait être poursuivi en vertu de la loi sur les médias de 2004 qui dépénalise les délits de presse et met donc le journaliste à l'abri de la prison.
D'abord détenu à la caserne de la gendarmerie d'Agban, le journaliste a ensuite été transféré à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) où il occupe, avec deux codétenus, une cellule du bâtiment C, celui des criminels les plus dangereux. Les visites de sa famille biologique et de son avocat sont autorisées, mais pas celles d'amis ou d'étrangers souhaitant le rencontrer. L'autorisation de visite est soumise à l'accord du parquet.
Hermann Aboa a demandé aux autorités pénitentiaires d'être transféré dans le "bâtiment des assimilés", où il devrait bénéficier de meilleures conditions de détention, mais la direction de la Maca n'a pas accédé à sa demande.
Quant à la possibilité d'une libération provisoire, elle se heurte à une fin de non recevoir tant que Hermann Aboa n'a pas été entendu sur le fond. Or, le journaliste n'a toujours pas été auditionné depuis le début de sa détention préventive.
Non seulement nous comprenons mal pourquoi les autorités ivoiriennes refusent de lui accorder la liberté provisoire, mais nous sommes par ailleurs préoccupés par le durcissement de ses conditions de détention depuis son transfert à la Maca.
Alors que les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) sont en train de lever le siège de la rédaction du quotidien Notre Voie, laissant espérer que les pressions sur la presse d'opposition cessent, nous vous demandons de vous affirmer comme le garant du respect de la loi de 2004 et de la liberté d'expression en Côte d'Ivoire. Vous signeriez un geste rassurant et fort en demandant que Hermann Aboa soit interrogé au fond dans les meilleurs délais et en facilitant sa remise en liberté provisoire.
Dans l'espoir que vous accorderez une suite favorable à nos requêtes, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma très haute considération.
Jean-François Julliard
Secrétaire général