Le gouvernement Alassane Dramane Ouattara a repris sa rengaine sur l’impunité. A l’issue du conseil des ministres de rentrée après les vacances, le porte-parole du gouvernement, Koné Nabagné Bruno, a encore une fois menacé ceux qu’il accuse de se mettre hors-la-loi sans annoncer des mesures concrètes. Coincé entre les investisseurs qui font de la lutte contre l’insécurité et le racket, un préalable et la boulimie des soldats qui l’ont porté au pouvoir, Ouattara choisi de faire diversion. «Le Premier ministre s'est attardé sur les quelques points qui restent encore à corriger aujourd'hui. Il est revenu sur les problèmes d'insécurité, de racket et de corruption qui continuent malheureusement de miner la vie sociale et l'économie. Monsieur le Premier ministre a particulièrement insisté sur le fait que des mesures importantes doivent être prises par l'ensemble du gouvernement, et en particulier par le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et le ministre délégué à la défense pour faire en sorte que tous les actes répréhensibles qui sont constatés et posés par les personnels de ces grands ministères, soient sanctionnés. Donc, désormais, il faut bien comprendre qu'il n'y aura plus de tolérance. Toutes les personnes qui seront prises en train de commettre des actes répréhensibles dans les trois catégories que j'ai citées, seront sanctionnées. Et les sanctions seront connues de tous, médiatisées», a indiqué le ministre Koné cité par Le Nouveau Réveil, quotidien pro-gouvernemental.
Le gouvernement reconnaît donc que sur les questions de sécurité, de corruption et de racket, il est resté jusque-là impuissant. Les mesures prises se sont avérées improductives et donc, il est demandé aux ministres de l’intérieur et de la défense d’en proposer de nouvelles. Quelles seront ces mesures et dans quel délai devront-elles produire des effets sur le terrain ? Nul ne le sait encore. Ce que l’on sait par contre, c’est que, encore une fois, le gouvernement a annoncé la tolérance zéro à l’égard des comportements jugés déviants. L’impunité en somme. Le problème est que le gouvernement situe encore les sanctions dans le futur. «Toutes les personnes qui seront prises en train de commettre des actes répréhensibles dans les trois catégories que j'ai citées, seront sanctionnées. Et les sanctions seront connues de tous, médiatisées », a déclaré le porte-parole du gouvernement. Mais alors, que fait-on des personnes qui se sont déjà rendues coupables de ces actes répréhensibles ? Le gouvernement n’en dit pas mot. Or, s’il reconnaît que la corruption, le racket et l’insécurité continuent de sévir, c’est qu’il en a les preuves. Ce que la population attend plus de cinq mois après la prise du pouvoir de Ouattara, c’est qu’il expose les résultats de ses actions contre ces fléaux et non de nouvelles professions de foi sur l’impunité.
Car, en réalité, ils sont maintenant peu nombreux les Ivoiriens qui croient ce gouvernement capable de combattre efficacement les maux cités plus haut. Principalement parce qu’en cinq mois, le régime Ouattara s’est proprement montré incapable d’assurer aux Ivoiriens, une Justice impartiale et juste pour tous. Il n’est plus un secret pour personne que la Justice ivoirienne ne poursuit que les proches de Laurent Gbagbo et que tous les pro-Ouattara sont assurés d’une totale impunité. Les massacres des populations Guéré et Wobé à Duékoué, Guiglo, Toulépleu, Bloléquin etc. pour leur appartenance ethnique et leur proximité avec Laurent Gbagbo ont beau être dénoncés par les organisations internationales de défense des droits de l’homme, la Justice ivoirienne ne trouve personne à inculper. Les massacres et exécutions sommaires des pro-Gbagbo à Yopougon et dans la région de Sassandra, par exmple, sont quantité négligeable aux yeux de cette Justice. L’assassinat du ministre Désiré Tagro est banalisé tandis que des dizaines de personnes sont inculpées pour l’assassinat du colonel Dosso parce que celui-ci était un proche d’Alassane Dramane Ouattara. Ce qui a fait dire aux organisations de défense des droits de l’homme qu’il y a un « clivage » entre le discours et les actes du gouvernement. Pour ne pas dire que le gouvernement ne fait pas ce qu’il dit en matière de Justice. Et tout ce que le régime trouve à dire pour justifier ces incongruités, c’est que la Justice n’est pas faite pour ceux que l’on désigne sous le vocable de « Libérateurs » ou de « Sauveurs ». Sur le plateau de la télévision, le procureur Simplice Koffi Kouadio s’est étonné que l’on lui demande de poursuivre ces gens qui l’on sorti des griffes d’une « dictature ». Conséquence : ils sont autorisés à faire tout ce qu’ils veulent. Venance Konan, le directeur général du quotidien gouvernemental, Fraternité Matin, a revendiqué le droit à une Justice des vainqueurs pour le régime Ouattara. Parce que, selon lui, de la deuxième guerre mondiale au génocide rwandais, ce sont les vainqueurs qui ont toujours jugé les vaincus.
Dans ces conditions, il est illusoire de prendre au sérieux les menaces du nouveau pouvoir à l’encontre de ceux qui se livreraient aux actes dits répréhensibles dans la mesure où en acte comme en parole, la preuve est faite qu’une catégorie de personnes est protégée. Et puis, en supposant même que le gouvernent a la volonté de réprimer, le peut-il vraiment ? Tout le monde se souvient que seulement une semaine après sa prise du pouvoir, en avril dernier, Alassane Dramane Ouattara avait ordonné le retour en caserne des soldats de l’ancienne rébellion armée qui l’avaient soutenu. Cinq mois après, la situation n’a pas vraiment évolué. Les ex-rebelles continuent toujours, au meilleur des cas, de cohabiter avec des policiers désarmés dans les commissariats alors qu’une opération de restitution des commissariats avait été lancée à grands renforts de publicité. Les policiers et les gendarmes sont certes à nouveau visibles sur différents carrefours, mais ils sont pour l’essentiel confinés dans des missions de régulation routière. Des hommes armés non formés s’attribuent toujours des tâches de sécurité publique. D’autres déambulent toujours dans les rues d’Abidjan avec des armes de guerre en bandoulière. A l’intérieur du pays, la situation est encore plus dramatique puisque ce sont généralement des dozos qui font la loi dans les villages et hameaux. Ils s’érigent même en juges puisqu’ils s’arrogent le droit de trancher en dernier ressort des litiges fonciers déjà jugés par les tribunaux. Et le gouvernement semble totalement désarmé face à ce genre d’agissements.
Là où les populations attendent la réaction énergique d’un gouvernement qui avait promis la restauration de l’autorité de l’Etat qu’il estimait inexistante sous Laurent Gbagbo, ce sont plutôt les personnes qui sont soupçonnées de graves exactions qui sont récompensées par des promotions aux hautes fonctions de l’Etat.
Dans ces conditions, comment prendre au sérieux les promesses du gouvernement Ouattara quant à sa volonté de réprimer les actes répréhensibles ? En réalité, après les promesses, Ouattara doit maintenant passer aux actes.
Augustin Kouyo
Le gouvernement reconnaît donc que sur les questions de sécurité, de corruption et de racket, il est resté jusque-là impuissant. Les mesures prises se sont avérées improductives et donc, il est demandé aux ministres de l’intérieur et de la défense d’en proposer de nouvelles. Quelles seront ces mesures et dans quel délai devront-elles produire des effets sur le terrain ? Nul ne le sait encore. Ce que l’on sait par contre, c’est que, encore une fois, le gouvernement a annoncé la tolérance zéro à l’égard des comportements jugés déviants. L’impunité en somme. Le problème est que le gouvernement situe encore les sanctions dans le futur. «Toutes les personnes qui seront prises en train de commettre des actes répréhensibles dans les trois catégories que j'ai citées, seront sanctionnées. Et les sanctions seront connues de tous, médiatisées », a déclaré le porte-parole du gouvernement. Mais alors, que fait-on des personnes qui se sont déjà rendues coupables de ces actes répréhensibles ? Le gouvernement n’en dit pas mot. Or, s’il reconnaît que la corruption, le racket et l’insécurité continuent de sévir, c’est qu’il en a les preuves. Ce que la population attend plus de cinq mois après la prise du pouvoir de Ouattara, c’est qu’il expose les résultats de ses actions contre ces fléaux et non de nouvelles professions de foi sur l’impunité.
Car, en réalité, ils sont maintenant peu nombreux les Ivoiriens qui croient ce gouvernement capable de combattre efficacement les maux cités plus haut. Principalement parce qu’en cinq mois, le régime Ouattara s’est proprement montré incapable d’assurer aux Ivoiriens, une Justice impartiale et juste pour tous. Il n’est plus un secret pour personne que la Justice ivoirienne ne poursuit que les proches de Laurent Gbagbo et que tous les pro-Ouattara sont assurés d’une totale impunité. Les massacres des populations Guéré et Wobé à Duékoué, Guiglo, Toulépleu, Bloléquin etc. pour leur appartenance ethnique et leur proximité avec Laurent Gbagbo ont beau être dénoncés par les organisations internationales de défense des droits de l’homme, la Justice ivoirienne ne trouve personne à inculper. Les massacres et exécutions sommaires des pro-Gbagbo à Yopougon et dans la région de Sassandra, par exmple, sont quantité négligeable aux yeux de cette Justice. L’assassinat du ministre Désiré Tagro est banalisé tandis que des dizaines de personnes sont inculpées pour l’assassinat du colonel Dosso parce que celui-ci était un proche d’Alassane Dramane Ouattara. Ce qui a fait dire aux organisations de défense des droits de l’homme qu’il y a un « clivage » entre le discours et les actes du gouvernement. Pour ne pas dire que le gouvernement ne fait pas ce qu’il dit en matière de Justice. Et tout ce que le régime trouve à dire pour justifier ces incongruités, c’est que la Justice n’est pas faite pour ceux que l’on désigne sous le vocable de « Libérateurs » ou de « Sauveurs ». Sur le plateau de la télévision, le procureur Simplice Koffi Kouadio s’est étonné que l’on lui demande de poursuivre ces gens qui l’on sorti des griffes d’une « dictature ». Conséquence : ils sont autorisés à faire tout ce qu’ils veulent. Venance Konan, le directeur général du quotidien gouvernemental, Fraternité Matin, a revendiqué le droit à une Justice des vainqueurs pour le régime Ouattara. Parce que, selon lui, de la deuxième guerre mondiale au génocide rwandais, ce sont les vainqueurs qui ont toujours jugé les vaincus.
Dans ces conditions, il est illusoire de prendre au sérieux les menaces du nouveau pouvoir à l’encontre de ceux qui se livreraient aux actes dits répréhensibles dans la mesure où en acte comme en parole, la preuve est faite qu’une catégorie de personnes est protégée. Et puis, en supposant même que le gouvernent a la volonté de réprimer, le peut-il vraiment ? Tout le monde se souvient que seulement une semaine après sa prise du pouvoir, en avril dernier, Alassane Dramane Ouattara avait ordonné le retour en caserne des soldats de l’ancienne rébellion armée qui l’avaient soutenu. Cinq mois après, la situation n’a pas vraiment évolué. Les ex-rebelles continuent toujours, au meilleur des cas, de cohabiter avec des policiers désarmés dans les commissariats alors qu’une opération de restitution des commissariats avait été lancée à grands renforts de publicité. Les policiers et les gendarmes sont certes à nouveau visibles sur différents carrefours, mais ils sont pour l’essentiel confinés dans des missions de régulation routière. Des hommes armés non formés s’attribuent toujours des tâches de sécurité publique. D’autres déambulent toujours dans les rues d’Abidjan avec des armes de guerre en bandoulière. A l’intérieur du pays, la situation est encore plus dramatique puisque ce sont généralement des dozos qui font la loi dans les villages et hameaux. Ils s’érigent même en juges puisqu’ils s’arrogent le droit de trancher en dernier ressort des litiges fonciers déjà jugés par les tribunaux. Et le gouvernement semble totalement désarmé face à ce genre d’agissements.
Là où les populations attendent la réaction énergique d’un gouvernement qui avait promis la restauration de l’autorité de l’Etat qu’il estimait inexistante sous Laurent Gbagbo, ce sont plutôt les personnes qui sont soupçonnées de graves exactions qui sont récompensées par des promotions aux hautes fonctions de l’Etat.
Dans ces conditions, comment prendre au sérieux les promesses du gouvernement Ouattara quant à sa volonté de réprimer les actes répréhensibles ? En réalité, après les promesses, Ouattara doit maintenant passer aux actes.
Augustin Kouyo