Le secteur agricole régresse. Après avoir soutenu l'économie nationale au lendemain de l'indépendance, l'agriculture ivoirienne a du mal à redécoller. Invité, hier, autour du thème « Quelles reformes pour la relance du secteur agricole ? » à l'espace d'échange, « Les Matinales du Gouvernement » organisé par le Centre d'Information et de Communication Gouvernementale (CICG), le ministre de l'Agriculture, Coulibaly Mamadou Sangafowa, a dépeint un tableau peu relisant de l'agriculture en Côte d'Ivoire. Le vieillissement et la mauvaise qualité du verger, le déficit d'infrastructures agricoles, l'absence d'infrastructures de transformation des produits agricoles, la faiblesse persistante de l'organisation professionnelle agricole, sont autant de maux qui minent le secteur. De même que la dépendance accrue des importations pour les produits de consommation courante. Plus de 50% pour le riz, 60% pour les produits maraîchers, 98% pour le lait et produits laitiers, 56% en viande et abats et 80% en ressources halieutiques. Face à une population qui croît à un taux annuel de 3,3%.Même au niveau de l'Etat, les choses ne semblent pas s'améliorer. De 25% au début des années 80, le budget national consacré au secteur agricole est passé à 1,7%. « Contrairement aux apparences, (nos rangs quantitatifs au niveau international) notre secteur agricole, qui n'a plus connu d'investissements notables depuis des décennies, régresse. Malgré ce tableau alarmant, le pays reste, selon Coulibaly Sangafowa, propice à l'agriculture. Car, dira t-il, 75% du territoire national est constitué de terres arables, avec quatre climats favorables à la diversification agricole et une population majoritairement rurale et disposant d'une tradition agricole. Par ailleurs, la consolidation des acquis et la finalisation du Programme National d'Investissement Agricole (PNIA) demeurent, également, des conditions de relance du secteur agricole. A ce sujet, le ministre de l'agriculture a expliqué que le PNIA a pour ambition de consacré 10% du budget national au secteur agricole afin d'assurer la sécurité alimentaire et de porter la croissance du secteur à 8,9%. A l'en croire, la fin de la crise politique et l'amélioration de la gouvernance devraient permettre l'application des reformes en cours au plan organisationnel, réglementaire et institutionnel afin de garantir la mise en œuvre de ce programme. Il s'agit notamment du renforcement de l'administration agricole, du cadre institutionnel de la gestion foncière et du développement durable de la riziculture. « La demande en consommation de riz croît dix fois plus vite que la production. Il s'agit de faire en sorte que d'ici à 2016, la Côte d'Ivoire soit auto-suffisante en riz » a-t-il savoir. En outre, une réforme des structures de gestion des filières café-cacao et coton anacarde est envisagée, au plan organisationnel, afin d'assurer aux producteurs un prix minimum garanti. « Par un système de mise à marché adéquat, la réforme permettra de vendre les productions aux meilleurs prix et réservera au moins 50% du prix CAF aux paysans » a précisé le ministre de l'agriculture. Au niveau réglementaire, le ministère entend élaborer et faire adopter une loi d'orientation agricole, une loi portant définition et statut du métier d'agriculteur. Une loi interdisant les exportations à l'état brut des produits agricoles qui n'ont pas vocation à être consommés en l'état, est également prévue. De même qu'un projet de loi portant réglementation du recours aux OGM..
Sogona Sidibé
Sogona Sidibé