Celle qui a reçu le prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix n'est pas une figure inconnue sur la scène internationale. Elle se nomme Estela de Carlotto, et préside la dynamique Association des droits de l’homme « Abuelas de Plaza de Mayo » qui signifie en français « Grands-Mères de la Place de Mai ». Cette association, selon un site d'information français, est une ONG de défense des droits de l’Homme fondée en 1977 par des proches de personnes disparues sous la dictature militaire en Argentine (1976-1983). Elle cherche aussi à retrouver les enfants d’opposants, souvent nés en prison, qui ont été enlevés à leurs parents et confiés à des proches du régime militaire. Soit parce qu’elles n'avaient pas d’enfant soit plus pour y être élevés dans l’idéologie politique du gouvernement de l’époque, parfois dans un véritable climat de terreur domestique. Toujours selon ce site français, on estime à 500 le nombre d’enfants nés en captivité, et élevés le plus souvent par des familles liées à la dictature. Les Grands-mères de la place de mai s’emploient à retrouver ces bébés, devenus des adultes ignorant leur véritable identité. A la remise du prix FHB au siège de l'UNESCO, hier en France, il a été annoncé l'identification, par l'équipe de Estela de Carlotto, de 105 enfants. En Argentine, pour permettre aux Grands-mères d'identifier leurs enfants, une loi sur des tests d'ADN a été adoptée. Une banque nationale de données génétiques a été mise sur pied et des tests permettent de comparer l’ADN des grands-mères à leurs petits-enfants présumés. Une loi qui porte ses fruits puisque plusieurs parents ont fini par retrouver leurs enfants. Au cours d'une conférence de presse qu'elle a animée avant la cérémonie de remise du prix FHB en France, Estela de Carlotto a exprimé « l’émotion immense » qu'elle ressent au « nom de toutes les grands-mères et toutes les mères ». « Cela fait 34 ans que nous luttons en pensant à la construction de la démocratie par la vérité, la justice et la mémoire. Notre seule intention était de transmettre cette histoire qui est importante pour l’ensemble de l’Humanité. C’est une très grande fierté pour nous d’avoir permis à des petits enfants de retrouver leur famille, c’est là notre plus grand prix », a déclaré Estela de Carlotto. « ce Prix (de l’Unesco) nous donnera plus de force pour notre combat. C’est un miracle quand vous retrouvez un enfant. Nous, les grands-mères, nous n’avons plus le temps d’attendre. Notre vie nous quitte peu à peu » a-t-elle déclaré.
Y.DOUMBIA
Légende: Estela de Carlotto vient de voir ses efforts récompensés
Y.DOUMBIA
Légende: Estela de Carlotto vient de voir ses efforts récompensés