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Politique Publié le vendredi 16 septembre 2011 | L’Inter

Crise ivoirienne : Les manœuvres de l`ONU pour prolonger sa présence en Côte d`Ivoire

© L’Inter
Les soldats de l`ONUCI dans une rue d`Abobo
Quand la crise ivoirienne éclate en septembre 2002 et se mue en rébellion armée, les dirigeants de la Côte d'Ivoire d'alors n'hésitent pas à solliciter tous les recours internationaux pour sortir le pays de l'impasse. En premier, la sous-région va réagir à travers la Mission de la CEDEAO en Côte d'Ivoire (MICECI) en 2003, qui se mue en Mission des nations unies (MINUCI) avec l’implication onusienne, puis Opération des nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) en 2004 avec l'arrivée des casques bleus. En effet, si au départ, la présence étrangère portait juste sur des négociations civiles pour trouver une issue rapide à la crise, les difficultés à concilier les deux parties belligérantes auront nécessité la mobilisation d'une force d'interposition impartiale pour prévenir tout risque de reprise des hostilités. En quelques mois, la Côte d'Ivoire est inondée d'engins estampillés ONU et de milliers de casques bleus et d'agents onusiens sur l'ensemble du territoire où les populations vont très vite s'accommoder de cette présence rassurante. Pendant 8 ans, l'ONUCI et son armée ont joué un rôle déterminant d'arbitres, d'accompagnateurs et surtout d'observateurs attentifs pour éviter des dérives graves en terre ivoirienne. Si des élections ont pu se tenir en octobre et en novembre 2010, c'est en grande partie grâce à cette organisation, qui a contribué aux plans logistique, politique que sécuritaire à la réussite de ce projet poursuivi depuis 2005. Quand survient la crise post-électorale, c'est encore l'ONUCI, à travers son président Young-Jin Choi, représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, qui va monter au premier plan et assurer un arbitrage, avant de mobiliser ses hommes pour trancher militairement en faveur du tenant actuel du pouvoir, le président de la République, Alassane Ouattara, considéré comme le vrai vainqueur de la présidentielle. Cinq (05) mois après ces moments difficiles, la situation en Côte d'Ivoire va se normalisant. Cette évolution devrait contraster, en principe, avec la présence onusienne pour progressivement dissiper l'état de crise. Mais, sur le terrain, hélas, ce n'est pas le cas. L'on a plutôt l'impression d'une ONUCI qui se conforte dans sa position à travers les les actes et les actions qu'elle continue de poser sur le terrain. Les agents recrutés et chèrement rémunérés dans la crise ivoirienne n'ont-ils pas intérêt à ce qu'elle prenne fin? Pas plus tard qu'hier, profitant d'une journée dite de réconciliation à Aboisso, c'est plutôt l'idée de la construction d'un nouveau camp militaire que l'organe onusien va faire admettre aux populations du SANWI. Au lendemain du changement de régime en Côte d'Ivoire, l'ex-représentant spécial, Choi, avait annoncé la construction de 8 camps militaires dans les zones à risque.

Des velléités de sédentarisation et le DDR

Dans le feu des velléités de déstabilisation du tout nouveau régime qu'il venait d'aider à s'installer, ce projet revêtait effectivement un sens. Mais, à ce jour, où les Ivoiriens en sont plutôt à se préoccuper d'autres choses telle la réduction du coût de la vie, que de la crise classée dans les souvenirs, l'on peut encore s'étonner de la nécessité de la construction d'un camp, synonyme de sédentarisation des services onusiens en Côte d'Ivoire. Dans un autre registre, l'on est surpris de certaines actions que l'ONUCI pose directement sur le terrain, se substituant parfois même aux institutions et structures locales. Le cas plus patent, c'est la conduite des opérations de désarmement. Une mission bien précise déclinée en un programme et conduite par des organismes ivoiriens. Après avoir accompagné ces organismes ivoiriens dans cette mission, c'est à peine que l'on ne dira pas de l'ONUCI, depuis la fin de la crise post-électorale, qu'elle s'est transformée en opérateur direct sur le terrain. Abobo, Yopougon et tout dernièrement à Duékoué ou à cout de battage médiatique, l'organisme onusien organise des cérémonies de désarmement. Ce, au mépris des procédures établies en la matière qui voudraient que l'individu qui dépose son arme soit profilé, inscrit dans les fichiers du programme national de réinsertion et de réhabilitation communautaire (PNRRC) en charge de ce dossier depuis la signature des accords de Ouaga et même bien avant. Peut-être pour bien s'approprier ce dossier, l'ONUCI organise à partir de la semaine prochaine, un atelier pour, dit-on, ''définir, la politique de DDR (Désarmement, démobilisation et réinsertion) pour la Côte d'Ivoire''. Comme si c'est maintenant qu'on réfléchit à la sortie de crise dans ce pays. De quel DDR s'agit-il encore? Quelle politique de DDR s'impose en ce moment sur le territoire ivoirien? Quand on sait la trajectoire des conclusions de pareils ateliers dans le fonctionnement du système onusiens, l'on ne devra pas être surpris que demain elles ne débouchent sur une nouvelle résolution trouvant encore de nouvelles missions aux agents et structures onusiens en Côte d'Ivoire pour encore prolonger les délais de présence. Il est vrai, l'on ne saurait dénier l'intérêt de la présence onusienne dans les moments de braise. Mais, passé ces moments où la force impartiale devient indispensable, la pérennisation de la mission, telle qu'elle se présente sur le terrain, suscite des interrogations. Il n'y a plus de belligérance sur le sol ivoirien, l'armée est unifiée, la menace est désormais loin derrière. Dans ce contexte, l'ONU devrait commencer à disparaitre pour laisser place à la normalisation. Auquel cas, la sortie de crise apparaît comme un métier et les fonctionnaires onusiens, des professionnels pour la fructifier autant que possible au détriment des populations locales pressées de retrouver leur quiétude d'antan, avec le retour des investisseurs pour qui la présence continue des visuels onusiens constitue toujours un indicateur de malaise. Combien ne sont-ils aujourd'hui ces investisseurs qui hésitent à frapper à nouveau aux portes de la Côte d'Ivoire? Rares sont ceux encore qui oseront prendre le risque de revenir tant que le territoire ivoirien demeurera un focus onusien, donc une zone à redouter. Voilà qui pourrait retarder l'élan de reconstruction, laquelle ne se trouve point uniquement dans l'assistance de l'extérieur, mais aussi et surtout dans la capacité des nationaux à disposer progressivement d'eux-mêmes. Il faut y songer.

F.D.BONY
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