Interview
Piratage Informatique / M. Serge Ntamack, Responsable anti-piratage, et de la propriété intellectuelle chez Microsoft : « Imaginez que l’Armée de Côte d’Ivoire achète des ordinateurs pirates et que cela entraîne des intrusions malveillantes… »
Le piratage informatique coûte à l’Afrique de l’Ouest et du Centre 13 milliards de francs CFA. Pour en savoir plus, nous avons rencontré le responsable anti-piratage, et de la propriété intellectuelle chez Microsoft Afrique de l’Ouest et du Centre, M. Serge Ntamack. Interview.
Le piratage informatique a la peau dure apparemment. Y a-t-il une tendance à la baisse ou une évolution ?
Il faut nuancer car, cela dépend des pays. Dans trois pays aujourd’hui dont heureusement la Côte d’Ivoire, les études faites par la Busines Software Alliance en 2010 montrent que le taux de piratage a baissé de 1%. C’est au Sénégal qu’il y a les progrès les plus marquants. En Côte d’Ivoire, nous étions à 83%, nous en sommes aujourd’hui à 79%. Sur le Sénégal, c’est 78% contre 84% il y a 4 ou cinq ans. Enfin, Il y a le Cameroun qui est un pays phare de la zone, mais avec un taux encore élevé. Après, il y a les autres pays qui ont encore un taux de piratage stable depuis quelques années, mais très élevé.
Ça se voit que vous n’êtes pas encore satisfaits des résultats de la lutte ?
Nous sommes très loin d’être satisfaits. Je donne un exemple d’un point de vue économique pour mieux présenter le danger. Le piratage fait perdre dans l’ensemble de la zone que je couvre (19 pays NDLR) près de 13 milliards de francs CFA. C’est trop d’argent perdu et nous ne pouvons pas en être satisfaits. Il y a des baisses dans des pays, mais pas de façon significative au point de changer la donne. Il en faut beaucoup plus.
Qui sont en réalité les pirates ? Les consommateurs, les clients, les partenaires de Microsoft ?
Il y a deux catégories de pirates. Les pirates volontaires, et les pirates involontaires. L’involontaire, c’est le consommateur lambda qui achète un ordinateur et qui ignore qu’en dehors de la coque, il y a un logiciel, un système d’exploitation à acheter pour pouvoir travailler. Il se peut que la personne qui lui ait vendu l’ordinateur lui dise « je peux vous installer Office » Donc, cet utilisateur, de bonne foi, utilisera Word ou Excel sans en vérifier l’authenticité. Ça, c’est du piratage involontaire, de bonne foi, qui est lié à un problème d’éducation. Ensuite, il y a le piratage volontaire qui a deux sous-catégories, le piratage des professionnels qui sont des partenaires de Microsoft, qui savent pertinemment quels sont les différents produits, mais de façon délibérée, font des copies, des contrefaçons pour en faire un profit illégitime. Deuxième sous-catégorie, ce sont les professionnels que sont les développeurs, les programmeurs, qui de manière délibérée aussi, copient les produits Microsoft pour faire des copies pirates. Il y a dans une certaine mesure une dernière catégorie. Ce sont les professionnels des entreprises, qui sous le prétexte de faire des économies budgétaires, utilisent des copies pirates. Je ne passerai pas sous silence aussi le piratage des étudiants qui est lié à un contexte universitaire et à leur faible pouvoir d’achat.
D’où proviennent les produits piratés ?
Nous avons essayé de tracer effectivement et nous investigations nous dirigent vers les pays d’Asie du Sud est, notamment la Chine, Taïwan, etc. Toutefois, avec Internet, je dois avouer qu’il est difficile d’identifier d’où viennent les produits pirates vendus en ligne. On a beaucoup moins de visibilité à ce niveau-là. Mais, je dois avouer que, même en Côte d’Ivoire, il y a des personnes, notamment des informaticiens assez expérimentés, qui « craquent », comme on le dire vulgairement, les logiciels.
Comment la luette s’organise-t-elle aujourd’hui ?
Microsoft a une stratégie à trois niveaux. Premier niveau, c’est l’éducation, la sensibilisation. Nous essayons d’intensifier la communication sur quels sont les produits disponibles, qui les vend ? À combien sont-ils vendus ? Où sont-ils vendus ? Etc. D’ailleurs, je profite pour dire que lors des « Microsoft Open Doors » qui auront le lieu le 27 septembre 2011 à Abidjan, Espace CRRAE, nous en parlerons longuement. J’invite le grand public à cet événement.
A un deuxième niveau, nous utilisons la technologie pour combattre les pirates. Sur Internet par exemple, il y a des processus de validation, d’authentification des logiciels achetés. A ce niveau aussi, Microsoft a mis en place des mécanismes pour neutraliser les cibles pirates. Dernier élément de la technologie, c’est que nous intégrons des fonctionnalités aux produits pour limiter le piratage.
Troisième et dernier aspect de la lutte globale, c’est de travailler avec les gouvernements pour que la propriété intellectuelle soit respectée. Il existe des lois, il faut les appliquer, au besoin il faut réprimer. Vous savez, il n’y a pas que les logiciels qui sont concernés par la question. Il y a les musiciens, les artistes, etc. qui sont piratés à un degré qui est totalement inacceptable. Il s’agit ici d’un problème des créateurs et non de Microsoft. En Côte d’Ivoire, ce que nous faisons, c’est d’intensifier la communication, la sensibilisation. Nous travaillons aussi avec les autorités ivoiriennes pour avoir, par exemple, une normalisation des marchés publics. Par exemple, lorsque l’Etat achète des machines, il ne faudrait pas que les machines livrées soient des ordinateurs pirates. Car en vérité, le problème va plus loin. Je vous donne un cas précis. Imaginez que l’armée de Côte d’Ivoire achète des ordinateurs pirates et que cela entraîne des intrusions malveillantes. Vous comprenez ? Ce sont des aspects très importants. On travaille aussi avec les professionnels pour répercuter les informations. La question du piratage est une longue lutte qui implique les médias, les professionnels, les éditeurs, les usagers, etc. C’est ensemble qu’on pourra y arriver. Certains pays se sont développés grâce à l’économie numérique, la Côte d’Ivoire et l’ensemble de l’Afrique peuvent suivre cet exemple.
C’est le combat de Microsoft.
Source : Le Grand Mag
Piratage Informatique / M. Serge Ntamack, Responsable anti-piratage, et de la propriété intellectuelle chez Microsoft : « Imaginez que l’Armée de Côte d’Ivoire achète des ordinateurs pirates et que cela entraîne des intrusions malveillantes… »
Le piratage informatique coûte à l’Afrique de l’Ouest et du Centre 13 milliards de francs CFA. Pour en savoir plus, nous avons rencontré le responsable anti-piratage, et de la propriété intellectuelle chez Microsoft Afrique de l’Ouest et du Centre, M. Serge Ntamack. Interview.
Le piratage informatique a la peau dure apparemment. Y a-t-il une tendance à la baisse ou une évolution ?
Il faut nuancer car, cela dépend des pays. Dans trois pays aujourd’hui dont heureusement la Côte d’Ivoire, les études faites par la Busines Software Alliance en 2010 montrent que le taux de piratage a baissé de 1%. C’est au Sénégal qu’il y a les progrès les plus marquants. En Côte d’Ivoire, nous étions à 83%, nous en sommes aujourd’hui à 79%. Sur le Sénégal, c’est 78% contre 84% il y a 4 ou cinq ans. Enfin, Il y a le Cameroun qui est un pays phare de la zone, mais avec un taux encore élevé. Après, il y a les autres pays qui ont encore un taux de piratage stable depuis quelques années, mais très élevé.
Ça se voit que vous n’êtes pas encore satisfaits des résultats de la lutte ?
Nous sommes très loin d’être satisfaits. Je donne un exemple d’un point de vue économique pour mieux présenter le danger. Le piratage fait perdre dans l’ensemble de la zone que je couvre (19 pays NDLR) près de 13 milliards de francs CFA. C’est trop d’argent perdu et nous ne pouvons pas en être satisfaits. Il y a des baisses dans des pays, mais pas de façon significative au point de changer la donne. Il en faut beaucoup plus.
Qui sont en réalité les pirates ? Les consommateurs, les clients, les partenaires de Microsoft ?
Il y a deux catégories de pirates. Les pirates volontaires, et les pirates involontaires. L’involontaire, c’est le consommateur lambda qui achète un ordinateur et qui ignore qu’en dehors de la coque, il y a un logiciel, un système d’exploitation à acheter pour pouvoir travailler. Il se peut que la personne qui lui ait vendu l’ordinateur lui dise « je peux vous installer Office » Donc, cet utilisateur, de bonne foi, utilisera Word ou Excel sans en vérifier l’authenticité. Ça, c’est du piratage involontaire, de bonne foi, qui est lié à un problème d’éducation. Ensuite, il y a le piratage volontaire qui a deux sous-catégories, le piratage des professionnels qui sont des partenaires de Microsoft, qui savent pertinemment quels sont les différents produits, mais de façon délibérée, font des copies, des contrefaçons pour en faire un profit illégitime. Deuxième sous-catégorie, ce sont les professionnels que sont les développeurs, les programmeurs, qui de manière délibérée aussi, copient les produits Microsoft pour faire des copies pirates. Il y a dans une certaine mesure une dernière catégorie. Ce sont les professionnels des entreprises, qui sous le prétexte de faire des économies budgétaires, utilisent des copies pirates. Je ne passerai pas sous silence aussi le piratage des étudiants qui est lié à un contexte universitaire et à leur faible pouvoir d’achat.
D’où proviennent les produits piratés ?
Nous avons essayé de tracer effectivement et nous investigations nous dirigent vers les pays d’Asie du Sud est, notamment la Chine, Taïwan, etc. Toutefois, avec Internet, je dois avouer qu’il est difficile d’identifier d’où viennent les produits pirates vendus en ligne. On a beaucoup moins de visibilité à ce niveau-là. Mais, je dois avouer que, même en Côte d’Ivoire, il y a des personnes, notamment des informaticiens assez expérimentés, qui « craquent », comme on le dire vulgairement, les logiciels.
Comment la luette s’organise-t-elle aujourd’hui ?
Microsoft a une stratégie à trois niveaux. Premier niveau, c’est l’éducation, la sensibilisation. Nous essayons d’intensifier la communication sur quels sont les produits disponibles, qui les vend ? À combien sont-ils vendus ? Où sont-ils vendus ? Etc. D’ailleurs, je profite pour dire que lors des « Microsoft Open Doors » qui auront le lieu le 27 septembre 2011 à Abidjan, Espace CRRAE, nous en parlerons longuement. J’invite le grand public à cet événement.
A un deuxième niveau, nous utilisons la technologie pour combattre les pirates. Sur Internet par exemple, il y a des processus de validation, d’authentification des logiciels achetés. A ce niveau aussi, Microsoft a mis en place des mécanismes pour neutraliser les cibles pirates. Dernier élément de la technologie, c’est que nous intégrons des fonctionnalités aux produits pour limiter le piratage.
Troisième et dernier aspect de la lutte globale, c’est de travailler avec les gouvernements pour que la propriété intellectuelle soit respectée. Il existe des lois, il faut les appliquer, au besoin il faut réprimer. Vous savez, il n’y a pas que les logiciels qui sont concernés par la question. Il y a les musiciens, les artistes, etc. qui sont piratés à un degré qui est totalement inacceptable. Il s’agit ici d’un problème des créateurs et non de Microsoft. En Côte d’Ivoire, ce que nous faisons, c’est d’intensifier la communication, la sensibilisation. Nous travaillons aussi avec les autorités ivoiriennes pour avoir, par exemple, une normalisation des marchés publics. Par exemple, lorsque l’Etat achète des machines, il ne faudrait pas que les machines livrées soient des ordinateurs pirates. Car en vérité, le problème va plus loin. Je vous donne un cas précis. Imaginez que l’armée de Côte d’Ivoire achète des ordinateurs pirates et que cela entraîne des intrusions malveillantes. Vous comprenez ? Ce sont des aspects très importants. On travaille aussi avec les professionnels pour répercuter les informations. La question du piratage est une longue lutte qui implique les médias, les professionnels, les éditeurs, les usagers, etc. C’est ensemble qu’on pourra y arriver. Certains pays se sont développés grâce à l’économie numérique, la Côte d’Ivoire et l’ensemble de l’Afrique peuvent suivre cet exemple.
C’est le combat de Microsoft.
Source : Le Grand Mag