Il est plus connu sous le sobriquet de « En global » qu'en tant que Zasso Patrick, son nom à l’Etat civil. C’est qu’à la veille du second tour de la présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire, il représentait, avec Kouadio Konan Bertin (KKB), au cours d’un débat télévisé sur la Rti, le candidat Alassane Ouattara, quand Blé Goudé et Konaté Navigué défendaient le candidat Laurent Gbagbo. Et, à la fin de l’émission, voulant dire « au total », il a dit « en global ». Une expression qui lui a été attribuée comme surnom. Après le débat, l’homme a fait un revirement à 180° , en ralliant le camp Gbagbo. Avec la chute de l’ancien régime, il a fui la Côte d’Ivoire pour se retrouver au Ghana. Nous l’avons rencontré, dimanche 11 septembre 2011, sur une plage d’Accra. « En global », désormais chargé de communication et porte-parole de l’Association des réfugiés ivoiriens de la diaspora (Arid), a accepté de parler…
Comment vous vous êtes retrouvé ici au Ghana ?
Zasso Patrick : Vous savez qu’après l’arrestation de Gbagbo, des gens cherchaient à s'en prendre à ses proches dont moi-même. Vous savez aussi qu’avant et après son arrestation, j’étais menacé parce qu’on me prenait comme celui qui avait trahi le système Ouattara. Je me retrouve ici par la grâce de Dieu. C’est lui qui a permis que je puisse passer par la lagune et la mer pour me retrouver ici.
Qui vous a aidé à sortir de la Côte d’Ivoire ?
Z.P : Ce sont des amis qui m’ont aidé à sortir de Yopougon, cinq jours après l’arrestation de Gbagbo.
Comment faites-vous pour vivre ici ?
Z.P : Ce sont des personnes de bonne volonté qui nous soutiennent.
Pourquoi n’êtes-vous pas dans un camp de refugiés ?
Z.P : Je ne peux pas être dans un camp de refugiés. Je préfère la vie que je mène, présentement.
Qu’est-ce qui s’est passé pour qu'à la veille du second tour de la présidentielle de 2010, vous changiez de veste pour soutenir le candidat Laurent Gbagbo alors que vous étiez un des porte-parole jeunes du candidat Alassane Ouattara ?
Z.P : En fait, ça été la volonté de Dieu. J’avais soutenu Ouattara de façon sincère pour comprendre le fond de la crise ivoirienne, connaître l’homme et l’aider parce que l’image qu’on donnait du Rdr, c’était celle d’un parti violent. Donc, j’étais allé au Rdr, comme je l’ai dit à Cissé Bacongo, à Hamed Bakayoko et à Alassane Ouattara, pour faire en sorte que le parti se débarrasse des qualificatifs violent et rebelle qu'on lui attribuait à chaque fois. Comme je l’ai dit, j’étais allé pour aider le Rdr à revoir sa politique. Mais, si je savais que les gens sont ce qu’ils sont et qu’ils n’allaient pas changer, je n’y serai pas allé. Et Dieu m’a aidé à partir, à la veille du second tour.
N’avez-vous pas de regret surtout que ceux que vous avez lâchés sont au pouvoir aujourd’hui ?
Z.P : Je ne regrette rien et j’assume toujours ce que je fais. Je voulais que Ouattara prenne le pouvoir de façon pacifique parce que lui et moi en avons parlé…
A quel moment, en avez-vous parlé ?
Z.P : J’étais son porte-parole et on se parlait constamment. J’avais voulu que Ouattara prenne le pouvoir de façon pacifique et que ce soit le peuple qui le lui donne. Pas que Nicolas Sarkozy prenne des chars et des avions pour déstabiliser Gbagbo.
Mais la Cei et l’Onuci ont dit que c’est Ouattara qui a gagné les élections et le Conseil constitutionnel a, plus tard, pris une décision qui faisait de lui le président de la République…
Z.P : Non, Ouattara n’a pas gagné les élections !
Sur quoi, vous vous basez pour le dire ?
Z.P : J’ai participé à des réunions avec tous les cadres du Rdr, chargés des élections. Et je leur ai demandé combien, ils étaient au Rdr. Le Rdr, officiellement, avait 700 000 militants et la crise a fait que plusieurs Ivoiriens avaient peur de venir dans ce parti à cause de la rébellion qui a fait de nombreux morts. En plus, nous avons fait des tests qui ont montré que 60% de militants du Rdr ne savaient pas voter. Nous en avons rendu compte à Ouattara. En réalité, au premier tour de l’élection présidentielle, Ouattara a eu 22% et c’est Bédié qui devait passer au second tour. Malheureusement pour lui, il a été lâché par Ahoussou Jeannot et Djédjé Mady qui devaient constituer un dossier pour demander le recomptage des voix. Au dernier moment, ils ont été entraînés dans un système où beaucoup d’argent a circulé…
Avez-vous les preuves de vos accusations ?
Z.P : C’est moi Zasso qui le dit. Il y a eu des promesses. C’est pourquoi Ahoussou Jeannot est aujourd’hui ministre de la Justice. Et c’est lui que le Rdr utilise aujourd’hui. Sinon, Bédié sait que c’est lui qui passait au second tour. Certains de ces collaborateurs comme KKB le savent. Tout comme des militants du Rdr.
Que répondez-vous à ceux qui disent que vous avez reçu de l’argent de Blé Goudé, après le débat qui vous a opposés à la veille du second tour, pour rallier le camp Gbagbo ?
Z.P : Je n’ai pas reçu d’argent. Pour avoir été au Rdr, je connais ces pratiques qui sont en fait, de l’intox et de la propagande. Blé Goudé et moi, nous avons discuté et j’ai compris.
Pourquoi avoir attendu la veille du second tour de la présidentielle pour rejoindre Lmp ?
Z.P : Avant même le second tour, quand il y a eu le Rhdp, j’étais isolé avant d’être combattu. Pour avoir organisé un meeting avec Amon Tanoh, ma voiture a été cassée, ma famille a été agressée et Ouattara ne m’a jamais présenté ses excuses. J’étais le seul porte-parole d’Alassane Ouattara qui n'avait aucun pouvoir. Donc, avec toutes ces injustices, j’étais prêt à partir. Etant au Rdr, je vivais toujours chez mon père. Je n’avais rien. Je n’avais pas de budget pour faire mes meetings. C’était compliqué pour moi là où d’autres avaient des moyens conséquents. J’ai compris que le Rdr avait décidé de s’enfermer dans le tribalisme.
D’abord orateur des « parlements » et agoras pro-Gbagbo, ensuite militant du Rdr et après partisan du candidat de Lmp. Qu’est-ce qui explique ce vagabondage politique ?
Z.P : Ce n’est pas du vagabondage politique. Je voulais comprendre le fond de la crise ivoirienne. Je voulais savoir réellement ce qui s’est passé.
Donc, aujourd’hui, vous avez compris la crise ivoirienne ?
Z.P : Oui, j’ai compris le fond de la crise ivoirienne.
Quel en est le fond ?
Z.P : Le fond, c’est ce que vous voyez aujourd’hui.
Que voyons nous aujourd’hui ?
Z.P : C’est la malhonnêteté. C’est l’ingratitude. C’est la méchanceté. C’est tout ce qui se vit sur le terrain.
Et que vit-on sur le terrain ?
Z.P : De nombreux d’Ivoiriens sont morts. Gbagbo est enfermé. Les Ivoiriens meurent à tout moment. Et les pro-Gbagbo sont persécutés.
Comment avez-vous vécu l’arrestation de Laurent Gbagbo ?
Z.P : J’ai vécu l’arrestation de Gbagbo difficilement. Quand j’ai vu les images de Gbagbo et de sa femme, j’ai été très choqué. Quand j’ai vu la manière dont sa femme et ses proches ont été traités, j’ai compris que la politique est mauvaise. Parce que quand j’ai connu Ouattara, il m’a dit beaucoup de choses. Il m’a dit que c’est Gbagbo qui lui a permis de faire la politique. Il m’a dit que c’est grâce à Gbagbo que son problème de nationalité a été réglé. Il m’a dit qu’il a été plus à l’aise sous Gbagbo que sous Bédié. Plusieurs proches de Ouattara ont reçu l’argent de Gbagbo. Malgré tout cela, quand ils ont envoyé Gbagbo au Golf, ils ont voulu le tuer. C’est grâce à un haut gradé de l’armée ghanéenne, qui est à l’Onuci, qu’il a été sauvé et a été par la suite envoyé à Korhogo.
Quels commentaires faites-vous de l’inculpation de Laurent Gbagbo pour crimes économiques ?
Z.P : C’est malheureux ce qui arrive. Pendant dix ans, Ouattara a gouverné le nord de la Côte d’Ivoire par l’intermédiaire de Soro Guillaume. Le diamant, l’or, le café, le cacao et toutes les richesses des zones qu’ils contrôlaient prenaient la direction du Burkina Faso. C’est ce qu’on appelle crimes économiques. Accuse-t-on Gbagbo d’avoir nationalisé les banques ? Mais, c’est l’argent de la Côte d’Ivoire ! Donc, les arguments de crimes économiques sont un chantage politique. Ils pensent que c’est en inculpant Gbagbo qu’ils vont nous affaiblir. Ils ne peuvent pas nous affaiblir. Gbagbo a été le seul homme politique qui a permis à ses adversaires d’être tranquilles. Mais, eux, ils sont méchants et ingrats envers lui.
Comment jugez-vous les premiers mois de la gouvernance du président Ouattara ?
Z.P : La gestion du pouvoir par Ouattara est catastrophique. Il a cru qu’en venant au pouvoir, ceux qui ont pris les armes pour lui allaient désarmer. Mais, aujourd’hui, c’est tout à fait le contraire. De nombreux Ivoiriens vivent en exil. Ce sont des mandats d’arrêt qui sont lancés tous les jours. Ce sont les petits commerces qui sont détruits tous les jours. En réalité, Ouattara n’aimait pas les gens du nord. Il voulait passer par eux pour arriver au pouvoir. On se rend compte aujourd’hui qu’on s’est tous trompé.
Donc, c’est pourquoi vous, les pro-Gbagbo en exil, vous avez décidé d’entrer par la manière forte en faisant un coup d’Etat ?
Z.P : Nous n’avons pas décidé d’entrer par la force. C’est la situation du terrain qui va faire partir Ouattara du pouvoir. Et sachez que ce n’est pas tout le monde qui aime Ouattara au Rdr. Les coups d’Etat ne nous intéressent pas. Nous sommes des démocrates. Nous sommes des Ivoiriens. On ne fera pas de coup d’Etat, mais si Ouattara persiste, c’est Dieu qui va le chasser du pouvoir. Tous ceux qui sont autour de lui ne l’aiment pas. Ils le suivaient pour avoir des postes, c’est tout.
Avez-vous déjà vu Blé Goudé ici et que dites-vous des informations selon lesquelles, c’est Wattao qui l’a fait sortir d’Abidjan ?
Z.P : Depuis que je suis sorti d’Abidjan, je n’ai pas encore vu Blé Goudé. Ils ont peur de lui, c’est pourquoi ils ont lancé un mandat d’arrêt contre lui. Pour ce qui est de cette affaire de Wattao, qui aurait fait sortir Blé Goudé d’Abidjan, je la dément fermement.
Mais qui l’a fait sortir alors ?
Z.P : C’est Dieu qui l’a fait sortir. S’ils veulent se débarrasser de Wattao, qu’ils se débarrassent de lui sans dire des contre vérités.
Combien d’Ivoiriens sont refugiés au Ghana ?
Z.P : Il y a 2,5 millions de refugiés ivoiriens au Ghana. Au Liberia, il y a plus d’un million et 10 000 Ivoiriens sont réfugiés au Togo. Tout cela est malheureux, mais je voudrais dire aux Ivoiriens que ça va aller. Ce qui nous arrive n’est pas une fatalité. C’est Dieu qui a permis que cette crise arrive. Et Gbagbo s’est fait arrêter pour ouvrir les yeux des Ivoiriens. Il s’est fait arrêter pour la dignité et l’avenir de la Côte d’Ivoire. A travers cette arrestation, Gbagbo a piégé Ouattara et Soro. La preuve, ces deux hommes ne s’entendent plus. Donc, que les Ivoiriens arrêtent de pleurer, qu’ils arrêtent d’avoir peur.
Réalisée à Accra par SYLLA A.
Comment vous vous êtes retrouvé ici au Ghana ?
Zasso Patrick : Vous savez qu’après l’arrestation de Gbagbo, des gens cherchaient à s'en prendre à ses proches dont moi-même. Vous savez aussi qu’avant et après son arrestation, j’étais menacé parce qu’on me prenait comme celui qui avait trahi le système Ouattara. Je me retrouve ici par la grâce de Dieu. C’est lui qui a permis que je puisse passer par la lagune et la mer pour me retrouver ici.
Qui vous a aidé à sortir de la Côte d’Ivoire ?
Z.P : Ce sont des amis qui m’ont aidé à sortir de Yopougon, cinq jours après l’arrestation de Gbagbo.
Comment faites-vous pour vivre ici ?
Z.P : Ce sont des personnes de bonne volonté qui nous soutiennent.
Pourquoi n’êtes-vous pas dans un camp de refugiés ?
Z.P : Je ne peux pas être dans un camp de refugiés. Je préfère la vie que je mène, présentement.
Qu’est-ce qui s’est passé pour qu'à la veille du second tour de la présidentielle de 2010, vous changiez de veste pour soutenir le candidat Laurent Gbagbo alors que vous étiez un des porte-parole jeunes du candidat Alassane Ouattara ?
Z.P : En fait, ça été la volonté de Dieu. J’avais soutenu Ouattara de façon sincère pour comprendre le fond de la crise ivoirienne, connaître l’homme et l’aider parce que l’image qu’on donnait du Rdr, c’était celle d’un parti violent. Donc, j’étais allé au Rdr, comme je l’ai dit à Cissé Bacongo, à Hamed Bakayoko et à Alassane Ouattara, pour faire en sorte que le parti se débarrasse des qualificatifs violent et rebelle qu'on lui attribuait à chaque fois. Comme je l’ai dit, j’étais allé pour aider le Rdr à revoir sa politique. Mais, si je savais que les gens sont ce qu’ils sont et qu’ils n’allaient pas changer, je n’y serai pas allé. Et Dieu m’a aidé à partir, à la veille du second tour.
N’avez-vous pas de regret surtout que ceux que vous avez lâchés sont au pouvoir aujourd’hui ?
Z.P : Je ne regrette rien et j’assume toujours ce que je fais. Je voulais que Ouattara prenne le pouvoir de façon pacifique parce que lui et moi en avons parlé…
A quel moment, en avez-vous parlé ?
Z.P : J’étais son porte-parole et on se parlait constamment. J’avais voulu que Ouattara prenne le pouvoir de façon pacifique et que ce soit le peuple qui le lui donne. Pas que Nicolas Sarkozy prenne des chars et des avions pour déstabiliser Gbagbo.
Mais la Cei et l’Onuci ont dit que c’est Ouattara qui a gagné les élections et le Conseil constitutionnel a, plus tard, pris une décision qui faisait de lui le président de la République…
Z.P : Non, Ouattara n’a pas gagné les élections !
Sur quoi, vous vous basez pour le dire ?
Z.P : J’ai participé à des réunions avec tous les cadres du Rdr, chargés des élections. Et je leur ai demandé combien, ils étaient au Rdr. Le Rdr, officiellement, avait 700 000 militants et la crise a fait que plusieurs Ivoiriens avaient peur de venir dans ce parti à cause de la rébellion qui a fait de nombreux morts. En plus, nous avons fait des tests qui ont montré que 60% de militants du Rdr ne savaient pas voter. Nous en avons rendu compte à Ouattara. En réalité, au premier tour de l’élection présidentielle, Ouattara a eu 22% et c’est Bédié qui devait passer au second tour. Malheureusement pour lui, il a été lâché par Ahoussou Jeannot et Djédjé Mady qui devaient constituer un dossier pour demander le recomptage des voix. Au dernier moment, ils ont été entraînés dans un système où beaucoup d’argent a circulé…
Avez-vous les preuves de vos accusations ?
Z.P : C’est moi Zasso qui le dit. Il y a eu des promesses. C’est pourquoi Ahoussou Jeannot est aujourd’hui ministre de la Justice. Et c’est lui que le Rdr utilise aujourd’hui. Sinon, Bédié sait que c’est lui qui passait au second tour. Certains de ces collaborateurs comme KKB le savent. Tout comme des militants du Rdr.
Que répondez-vous à ceux qui disent que vous avez reçu de l’argent de Blé Goudé, après le débat qui vous a opposés à la veille du second tour, pour rallier le camp Gbagbo ?
Z.P : Je n’ai pas reçu d’argent. Pour avoir été au Rdr, je connais ces pratiques qui sont en fait, de l’intox et de la propagande. Blé Goudé et moi, nous avons discuté et j’ai compris.
Pourquoi avoir attendu la veille du second tour de la présidentielle pour rejoindre Lmp ?
Z.P : Avant même le second tour, quand il y a eu le Rhdp, j’étais isolé avant d’être combattu. Pour avoir organisé un meeting avec Amon Tanoh, ma voiture a été cassée, ma famille a été agressée et Ouattara ne m’a jamais présenté ses excuses. J’étais le seul porte-parole d’Alassane Ouattara qui n'avait aucun pouvoir. Donc, avec toutes ces injustices, j’étais prêt à partir. Etant au Rdr, je vivais toujours chez mon père. Je n’avais rien. Je n’avais pas de budget pour faire mes meetings. C’était compliqué pour moi là où d’autres avaient des moyens conséquents. J’ai compris que le Rdr avait décidé de s’enfermer dans le tribalisme.
D’abord orateur des « parlements » et agoras pro-Gbagbo, ensuite militant du Rdr et après partisan du candidat de Lmp. Qu’est-ce qui explique ce vagabondage politique ?
Z.P : Ce n’est pas du vagabondage politique. Je voulais comprendre le fond de la crise ivoirienne. Je voulais savoir réellement ce qui s’est passé.
Donc, aujourd’hui, vous avez compris la crise ivoirienne ?
Z.P : Oui, j’ai compris le fond de la crise ivoirienne.
Quel en est le fond ?
Z.P : Le fond, c’est ce que vous voyez aujourd’hui.
Que voyons nous aujourd’hui ?
Z.P : C’est la malhonnêteté. C’est l’ingratitude. C’est la méchanceté. C’est tout ce qui se vit sur le terrain.
Et que vit-on sur le terrain ?
Z.P : De nombreux d’Ivoiriens sont morts. Gbagbo est enfermé. Les Ivoiriens meurent à tout moment. Et les pro-Gbagbo sont persécutés.
Comment avez-vous vécu l’arrestation de Laurent Gbagbo ?
Z.P : J’ai vécu l’arrestation de Gbagbo difficilement. Quand j’ai vu les images de Gbagbo et de sa femme, j’ai été très choqué. Quand j’ai vu la manière dont sa femme et ses proches ont été traités, j’ai compris que la politique est mauvaise. Parce que quand j’ai connu Ouattara, il m’a dit beaucoup de choses. Il m’a dit que c’est Gbagbo qui lui a permis de faire la politique. Il m’a dit que c’est grâce à Gbagbo que son problème de nationalité a été réglé. Il m’a dit qu’il a été plus à l’aise sous Gbagbo que sous Bédié. Plusieurs proches de Ouattara ont reçu l’argent de Gbagbo. Malgré tout cela, quand ils ont envoyé Gbagbo au Golf, ils ont voulu le tuer. C’est grâce à un haut gradé de l’armée ghanéenne, qui est à l’Onuci, qu’il a été sauvé et a été par la suite envoyé à Korhogo.
Quels commentaires faites-vous de l’inculpation de Laurent Gbagbo pour crimes économiques ?
Z.P : C’est malheureux ce qui arrive. Pendant dix ans, Ouattara a gouverné le nord de la Côte d’Ivoire par l’intermédiaire de Soro Guillaume. Le diamant, l’or, le café, le cacao et toutes les richesses des zones qu’ils contrôlaient prenaient la direction du Burkina Faso. C’est ce qu’on appelle crimes économiques. Accuse-t-on Gbagbo d’avoir nationalisé les banques ? Mais, c’est l’argent de la Côte d’Ivoire ! Donc, les arguments de crimes économiques sont un chantage politique. Ils pensent que c’est en inculpant Gbagbo qu’ils vont nous affaiblir. Ils ne peuvent pas nous affaiblir. Gbagbo a été le seul homme politique qui a permis à ses adversaires d’être tranquilles. Mais, eux, ils sont méchants et ingrats envers lui.
Comment jugez-vous les premiers mois de la gouvernance du président Ouattara ?
Z.P : La gestion du pouvoir par Ouattara est catastrophique. Il a cru qu’en venant au pouvoir, ceux qui ont pris les armes pour lui allaient désarmer. Mais, aujourd’hui, c’est tout à fait le contraire. De nombreux Ivoiriens vivent en exil. Ce sont des mandats d’arrêt qui sont lancés tous les jours. Ce sont les petits commerces qui sont détruits tous les jours. En réalité, Ouattara n’aimait pas les gens du nord. Il voulait passer par eux pour arriver au pouvoir. On se rend compte aujourd’hui qu’on s’est tous trompé.
Donc, c’est pourquoi vous, les pro-Gbagbo en exil, vous avez décidé d’entrer par la manière forte en faisant un coup d’Etat ?
Z.P : Nous n’avons pas décidé d’entrer par la force. C’est la situation du terrain qui va faire partir Ouattara du pouvoir. Et sachez que ce n’est pas tout le monde qui aime Ouattara au Rdr. Les coups d’Etat ne nous intéressent pas. Nous sommes des démocrates. Nous sommes des Ivoiriens. On ne fera pas de coup d’Etat, mais si Ouattara persiste, c’est Dieu qui va le chasser du pouvoir. Tous ceux qui sont autour de lui ne l’aiment pas. Ils le suivaient pour avoir des postes, c’est tout.
Avez-vous déjà vu Blé Goudé ici et que dites-vous des informations selon lesquelles, c’est Wattao qui l’a fait sortir d’Abidjan ?
Z.P : Depuis que je suis sorti d’Abidjan, je n’ai pas encore vu Blé Goudé. Ils ont peur de lui, c’est pourquoi ils ont lancé un mandat d’arrêt contre lui. Pour ce qui est de cette affaire de Wattao, qui aurait fait sortir Blé Goudé d’Abidjan, je la dément fermement.
Mais qui l’a fait sortir alors ?
Z.P : C’est Dieu qui l’a fait sortir. S’ils veulent se débarrasser de Wattao, qu’ils se débarrassent de lui sans dire des contre vérités.
Combien d’Ivoiriens sont refugiés au Ghana ?
Z.P : Il y a 2,5 millions de refugiés ivoiriens au Ghana. Au Liberia, il y a plus d’un million et 10 000 Ivoiriens sont réfugiés au Togo. Tout cela est malheureux, mais je voudrais dire aux Ivoiriens que ça va aller. Ce qui nous arrive n’est pas une fatalité. C’est Dieu qui a permis que cette crise arrive. Et Gbagbo s’est fait arrêter pour ouvrir les yeux des Ivoiriens. Il s’est fait arrêter pour la dignité et l’avenir de la Côte d’Ivoire. A travers cette arrestation, Gbagbo a piégé Ouattara et Soro. La preuve, ces deux hommes ne s’entendent plus. Donc, que les Ivoiriens arrêtent de pleurer, qu’ils arrêtent d’avoir peur.
Réalisée à Accra par SYLLA A.