En dépit de la décrispation amorcée par le Président Alassane Ouattara pour préparer les législatives, le Front Populaire Ivoirien (FPI) et le CNRD (Congrès National de la Résistance pour la Démocratie) restent sur leur position. Celle d’éviter d’accompagner une élection. A travers cet entretien, Guipié Charles, président par intérim du groupe parlementaire du FPI fait des précisions.
Le Front Populaire Ivoirien est dans une impasse aujourd’hui. Votre parti a décidé de ne pas aller aux élections législatives. Qu’est-ce qui a suscité une telle décision de la direction du FPI?
Je dois d’abord récuser le terme impasse au Front populaire ivoirien. Le Front populaire ivoirien n’est pas dans une impasse. Il est dans sa dynamique et dans sa vision de tous les jours. Nous avons une vision, nous voulons la démocratie, nous nous sommes battus pour la démocratie depuis 1990 jusqu’à nos jours. C’est donc dans cette même dynamique que nous nous trouvons. Mais chaque fois que nous constatons qu’on nous tire par le bas, nous résistons et nous refusons d’aller dans ce sens. C’est ce que nous sommes en train de faire. Maintenant, je voudrais que les Ivoiriens comprennent une fois pour toutes que le FPI ne dit pas qu’il ne va pas aux élections. Nous disons que les mêmes causes produisant les mêmes effets, les Ivoiriens devaient bien se rappeler de tout ce qui s’est passé, et ne pas aller aux élections dans les conditions dans lesquelles nous sommes actuellement. Il faudrait que cela soit compris. Nous avons souffert. On nous a poussés à aller à l’élection présidentielle, qui pour tout le monde, devrait être l’occasion du retour de la paix en Côte d’Ivoire. Nous avons constaté qu’il n’y avait pas de désarmement, que le pays était coupé en deux, les gens étaient en armes et toutes les conditions n’étaient pas suffisamment remplies. Mais on nous a dit d’aller aux élections et on criait sur Gbagbo disant que c’est lui qui refuse d’aller aux élections. Ainsi donc, il a trébuché, nous sommes allés aux élections et voilà les résultats. Au vu de tous ces éléments que nous constatons, nous disons que les Ivoiriens doivent comprendre. Nous sommes en train de les conscientiser de ne pas se laisser attendrir par la notion toujours la mieux partagée de la chaise vide. Ce n’est pas un problème de politique de chaise vide, mais c’est un problème de compréhension concernant la vie des Ivoiriens.
Quelles sont vos conditions pour aller aux élections ?
Ce n’est pas nous qui posons des conditions. Les conditions s’imposent d’elles-mêmes. Quand on va aux élections, il y a un certain environnement qu’il faut considérer. Nous ne voulons pas aller aux élections pour accompagner des gens qui veulent avoir l’Assemblée à leur compte pour vendre le pays après aux enchères. Dans ces conditions là, nous disons que les Ivoiriens ne doivent pas aller aux élections. Et ces conditions dont nous parlons sont multiples. Prenons d’abord le problème de la sécurité. Moi, cela me fait maintenant sept mois que je ne suis pas retourné dans ma circonscription à Issia. Parce que tout simplement, tous les villages et les quartiers d’Issia sont envahis et sous la dictature. Comment voulez-vous que j’aille aux élections dans ces conditions? Est-ce que je pourrai battre campagne? Est-ce qu’on peut me permettre moi aussi de faire campagne ? Or, faire la campagne, c’est dénoncer ce que son adversaire a fait de mal. La sécurité n’est pas garantie. Absolument pas. Deuxièmement, nous avons la Commission Electorale Indépendante (CEI). Ah, Commission Electorale Indépendante ! Est-ce que cette commission est réellement indépendante ? Quand on sait qu’elle est composée de 31 personnes. Et que ces 31 personnes sont toutes du RHDP. De tout ce qui précède, nous disons que nous n’irons pas aux élections pour accompagner des gens. Déjà que nous souffrons, c’est une ouverture que nous faisons. Nous avons peur. Tout ça réuni, l’un dans l’autre, nous disons que les Ivoiriens ne doivent pas aller aux élections pour ne pas encore mourir.
Mais quand le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, dit que le gouvernement fera en sorte que vous participiez aux élections, que répondez-vous ?
Nous sommes ouverts au dialogue ! D’ailleurs Laurent Gbagbo nous a toujours appris qu’en politique, il faut toujours laisser une ouverture parce qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait. Nous sommes prêts à les écouter ! Mais voilà les conditions que nous-mêmes nous posons, en tant que députés. Premièrement, la sécurité. Il faut la sécurité totale et entière sur le territoire national. L’équilibrage de la CEI. Enlever Youssouf Bakayoko à la tête de la CEI. Tout à l’heure je disais que les gens disent que c’est au cours du jeu qu’on veut changer les règles du jeu. Mais quand on enlève Yao N’Dré à la tête du Conseil Constitutionnel pendant les élections pour le remplacer par le professeur Francis Wodié, là on n’a pas changé les règles du jeu ? Pourquoi quand les MPIGO, MJP, et tous ceux-là se fondent en un seul système qu’on appelle les Forces Nouvelles, qui devient une entité, on n’a pas changé les règles du jeu ? Nous ne pouvons pas accepter ce genre de démocratie. Car s’il y a eu la bataille d’Abidjan, cette fois-ci ce sera à toi seul un millier de rebelles dans ta contrée et ce sera la catastrophe. Le jour que nous verrons dans nos circonscriptions respectives, la police, la gendarmerie et les militaires ivoiriens tels que nous les connaissons, qu’on nous aura enlevé Youssouf Bakayoko en remplacement d’un citoyen lambda, cela nous donnera de l’assurance. Le Rdr n’est pas mort quand il a refusé d’aller aux élections de 2000. Et d’ailleurs, au FPI, ce n’est pas la première fois. Avec le boycott actif, le Fpi n’est pas mort ! Il ne faudrait pas qu’on nous entraîne dans les choses qu’on ne fait pas. On vient d’augmenter le nombre des députés. De 225, on est passé à 255. Les 30 députés de plus, c’est au cours des négociations que chacun présente la nature de sa circonscription pour dire qu’à Issia, vu le nombre des gens, nous voulons qu’on nous donne un ou deux députés de plus. Quand est-ce que ça va se faire ? Nous ne le savons pas. Dans ce flou artistique, nous ne pouvons pas aller aux élections.
Réalisée par A. Dedi
Le Front Populaire Ivoirien est dans une impasse aujourd’hui. Votre parti a décidé de ne pas aller aux élections législatives. Qu’est-ce qui a suscité une telle décision de la direction du FPI?
Je dois d’abord récuser le terme impasse au Front populaire ivoirien. Le Front populaire ivoirien n’est pas dans une impasse. Il est dans sa dynamique et dans sa vision de tous les jours. Nous avons une vision, nous voulons la démocratie, nous nous sommes battus pour la démocratie depuis 1990 jusqu’à nos jours. C’est donc dans cette même dynamique que nous nous trouvons. Mais chaque fois que nous constatons qu’on nous tire par le bas, nous résistons et nous refusons d’aller dans ce sens. C’est ce que nous sommes en train de faire. Maintenant, je voudrais que les Ivoiriens comprennent une fois pour toutes que le FPI ne dit pas qu’il ne va pas aux élections. Nous disons que les mêmes causes produisant les mêmes effets, les Ivoiriens devaient bien se rappeler de tout ce qui s’est passé, et ne pas aller aux élections dans les conditions dans lesquelles nous sommes actuellement. Il faudrait que cela soit compris. Nous avons souffert. On nous a poussés à aller à l’élection présidentielle, qui pour tout le monde, devrait être l’occasion du retour de la paix en Côte d’Ivoire. Nous avons constaté qu’il n’y avait pas de désarmement, que le pays était coupé en deux, les gens étaient en armes et toutes les conditions n’étaient pas suffisamment remplies. Mais on nous a dit d’aller aux élections et on criait sur Gbagbo disant que c’est lui qui refuse d’aller aux élections. Ainsi donc, il a trébuché, nous sommes allés aux élections et voilà les résultats. Au vu de tous ces éléments que nous constatons, nous disons que les Ivoiriens doivent comprendre. Nous sommes en train de les conscientiser de ne pas se laisser attendrir par la notion toujours la mieux partagée de la chaise vide. Ce n’est pas un problème de politique de chaise vide, mais c’est un problème de compréhension concernant la vie des Ivoiriens.
Quelles sont vos conditions pour aller aux élections ?
Ce n’est pas nous qui posons des conditions. Les conditions s’imposent d’elles-mêmes. Quand on va aux élections, il y a un certain environnement qu’il faut considérer. Nous ne voulons pas aller aux élections pour accompagner des gens qui veulent avoir l’Assemblée à leur compte pour vendre le pays après aux enchères. Dans ces conditions là, nous disons que les Ivoiriens ne doivent pas aller aux élections. Et ces conditions dont nous parlons sont multiples. Prenons d’abord le problème de la sécurité. Moi, cela me fait maintenant sept mois que je ne suis pas retourné dans ma circonscription à Issia. Parce que tout simplement, tous les villages et les quartiers d’Issia sont envahis et sous la dictature. Comment voulez-vous que j’aille aux élections dans ces conditions? Est-ce que je pourrai battre campagne? Est-ce qu’on peut me permettre moi aussi de faire campagne ? Or, faire la campagne, c’est dénoncer ce que son adversaire a fait de mal. La sécurité n’est pas garantie. Absolument pas. Deuxièmement, nous avons la Commission Electorale Indépendante (CEI). Ah, Commission Electorale Indépendante ! Est-ce que cette commission est réellement indépendante ? Quand on sait qu’elle est composée de 31 personnes. Et que ces 31 personnes sont toutes du RHDP. De tout ce qui précède, nous disons que nous n’irons pas aux élections pour accompagner des gens. Déjà que nous souffrons, c’est une ouverture que nous faisons. Nous avons peur. Tout ça réuni, l’un dans l’autre, nous disons que les Ivoiriens ne doivent pas aller aux élections pour ne pas encore mourir.
Mais quand le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, dit que le gouvernement fera en sorte que vous participiez aux élections, que répondez-vous ?
Nous sommes ouverts au dialogue ! D’ailleurs Laurent Gbagbo nous a toujours appris qu’en politique, il faut toujours laisser une ouverture parce qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait. Nous sommes prêts à les écouter ! Mais voilà les conditions que nous-mêmes nous posons, en tant que députés. Premièrement, la sécurité. Il faut la sécurité totale et entière sur le territoire national. L’équilibrage de la CEI. Enlever Youssouf Bakayoko à la tête de la CEI. Tout à l’heure je disais que les gens disent que c’est au cours du jeu qu’on veut changer les règles du jeu. Mais quand on enlève Yao N’Dré à la tête du Conseil Constitutionnel pendant les élections pour le remplacer par le professeur Francis Wodié, là on n’a pas changé les règles du jeu ? Pourquoi quand les MPIGO, MJP, et tous ceux-là se fondent en un seul système qu’on appelle les Forces Nouvelles, qui devient une entité, on n’a pas changé les règles du jeu ? Nous ne pouvons pas accepter ce genre de démocratie. Car s’il y a eu la bataille d’Abidjan, cette fois-ci ce sera à toi seul un millier de rebelles dans ta contrée et ce sera la catastrophe. Le jour que nous verrons dans nos circonscriptions respectives, la police, la gendarmerie et les militaires ivoiriens tels que nous les connaissons, qu’on nous aura enlevé Youssouf Bakayoko en remplacement d’un citoyen lambda, cela nous donnera de l’assurance. Le Rdr n’est pas mort quand il a refusé d’aller aux élections de 2000. Et d’ailleurs, au FPI, ce n’est pas la première fois. Avec le boycott actif, le Fpi n’est pas mort ! Il ne faudrait pas qu’on nous entraîne dans les choses qu’on ne fait pas. On vient d’augmenter le nombre des députés. De 225, on est passé à 255. Les 30 députés de plus, c’est au cours des négociations que chacun présente la nature de sa circonscription pour dire qu’à Issia, vu le nombre des gens, nous voulons qu’on nous donne un ou deux députés de plus. Quand est-ce que ça va se faire ? Nous ne le savons pas. Dans ce flou artistique, nous ne pouvons pas aller aux élections.
Réalisée par A. Dedi