Défenseur inlassable de la culture et de la chefferie traditionnelle, le Pr Amoa Urbain, malgré vents et marées, a conduit la 8è édition du Festi-Rois à son terme. Fier d’avoir réalisé la réconciliation des populations de la région des Montagnes par la culture, le prince des princes de l’Ouest fait le bilan de la caravane de la paix et de la réconciliation conduite par la chefferie traditionnelle.
La 8ème édition du Festival international de la route des reines et des rois s’est achevée à Tounzuébo. Elle a sillonné l’Ouest ivoirien. Que retenir de ce périple des ‘’soldats de la réconciliation’’ ?
Au lendemain d’une guerre, les peuples ne sont pas encore libérés. Cela suppose pour leur libération qu’il y ait des mouvements forts pour marquer la rupture entre la guerre et la nouvelle ère. La 8ème édition du Festi-Rois apparaît donc comme une activité de transition entre le passé (les pleurs que nous avons eus à Duékoué) et la Côte d’Ivoire naissante fondamentalement engagée sur la voie du rapprochement des peuples par le culturel. Il est venu le temps de célébrer la culture, mais pas de façon folklorique, de façon scientifique, il faut célébrer la culture. Il faut lancer cette révolution culturelle comme socle du développement économique et de propulsion de la Côte d’Ivoire. Nous bloquons les rues du Plateau (Abidjan) et ce sont les rois et chefs traditionnels qui marchent pour dire : « Halte ! Allons à la paix ». Nous arrivons à Niambly (5km de Duékoué) et nous pleurons avec ceux qui pleurent. Nous parcourons l’Ouest et nous parlons dans la case et dans les forêts sacrées. A Danané, nous avons rencontré les populations Malinké et les Imams à la Mosquée. Nous leur avons apporté le discours de paix et de réconciliation.
Etes-vous convaincu de ce que la réconciliation a été vraiment semée dans l’Ouest?
Nous sommes arrivés dans un village Dadégoué où le masque est sorti et nous avons parlé aux Niaboua. La réconciliation sur le plan africain n’est pas une activité spectaculaire. C’est dans la case que se passent toutes les choses. Tout le parcours peut permettre de dire aujourd’hui que les chefs traditionnels qui sont partis du Sud, de l’Est, de l’Ouest pour la région des Montagnes ont annoncé la fin définitive de la guerre. Si on avait la possibilité de faire un deuxième, un troisième et un quatrième tour, un circuit national avec la même approche, nous saurions en droit de dire que nous avons vaincu la guerre par la culture.
Pr Amoa Urbain, vous venez d’engager enfin les travaux de réflexion sur la chambre des institutions coutumières d’Afrique en mettant en place un comité ad hoc…
Il faut mettre en place une institution puissante qu’est la chambre des institutions coutumières d’Afrique. Cette chambre va organiser des universités d’été pour former les chefs traditionnels sur les commodités de réception (comment se tenir à table, etc.). Il faut développer ici le concept de la chefferie éclairée. Nos chefs traditionnels sont de plus en plus intellectuels, ils savent lire et écrire. Mais, ils n’ont toujours pas les méthodes et les manières pour aller aux grandes rencontres internationales. C’est dans la case qu’il faut le leur apprendre pour ne pas qu’ils soient humiliés. En terminant par la mise en place du comité ad hoc pour conduire la réflexion sur la chambre des institutions coutumières d’Afrique et du lancement de la Foire nationale du pagne Baoulé, il faut souhaiter l’appropriation du Festival pour les populations. Comme nous sommes à une édition de transition, il y a eu quelques flottements. Mais entre les flottements et les succès obtenus, je pense qu’il faut se réjouir parce que nous venons de démarrer un autre train qui va prendre en compte tous les chefs coutumiers d’Afrique. Parce que par eux, nous allons faire la promotion de nos langues, de nos richesses culturelles et la reconquête de nos âmes perdues et bafouées à la faveur de la guerre par la désacralisation des lieux sacrés.
Parlant de la désacralisation des lieux sacrés, le mercredi 10 septembre dernier à la place FHB, vous avez souhaité que la ville de Duékoué soit purifiée. Plus tard, le samedi 12 septembre, la rivière sacrée ‘’Guémond’’ qui traverse la ville sort de son lit. Avez-vous une explication à cela ?
«Ecoute plutôt les choses que les êtres », dira Birago Diop. Les chefs traditionnels, ce sont peut-être les gens qui les banalisent. Mais, les chefs coutumiers ont trois yeux. Ils jouent sur le visible et l’invisible. Il faut faire attention aux chefs traditionnels. Si la rivière est sortie de son lit, je ne saurai l’expliquer. Vous avez vu également à Man qu’il y a eu des tentatives de blocage de la manifestation et que les forces spirituelles ont terrassé la personne qui a tenté de briser l’élan de la cérémonie.
A quoi doit-on s’attendre pour la 9ème édition du Festi-Rois ?
La 9è édition est le Festival mondial de la route des reines et des rois. Ce rendez-vous sera précédé de l’Université d’été des rois et chefs et réunira les rois et chefs d’Afrique.
Réalisé par Patrick K.
La 8ème édition du Festival international de la route des reines et des rois s’est achevée à Tounzuébo. Elle a sillonné l’Ouest ivoirien. Que retenir de ce périple des ‘’soldats de la réconciliation’’ ?
Au lendemain d’une guerre, les peuples ne sont pas encore libérés. Cela suppose pour leur libération qu’il y ait des mouvements forts pour marquer la rupture entre la guerre et la nouvelle ère. La 8ème édition du Festi-Rois apparaît donc comme une activité de transition entre le passé (les pleurs que nous avons eus à Duékoué) et la Côte d’Ivoire naissante fondamentalement engagée sur la voie du rapprochement des peuples par le culturel. Il est venu le temps de célébrer la culture, mais pas de façon folklorique, de façon scientifique, il faut célébrer la culture. Il faut lancer cette révolution culturelle comme socle du développement économique et de propulsion de la Côte d’Ivoire. Nous bloquons les rues du Plateau (Abidjan) et ce sont les rois et chefs traditionnels qui marchent pour dire : « Halte ! Allons à la paix ». Nous arrivons à Niambly (5km de Duékoué) et nous pleurons avec ceux qui pleurent. Nous parcourons l’Ouest et nous parlons dans la case et dans les forêts sacrées. A Danané, nous avons rencontré les populations Malinké et les Imams à la Mosquée. Nous leur avons apporté le discours de paix et de réconciliation.
Etes-vous convaincu de ce que la réconciliation a été vraiment semée dans l’Ouest?
Nous sommes arrivés dans un village Dadégoué où le masque est sorti et nous avons parlé aux Niaboua. La réconciliation sur le plan africain n’est pas une activité spectaculaire. C’est dans la case que se passent toutes les choses. Tout le parcours peut permettre de dire aujourd’hui que les chefs traditionnels qui sont partis du Sud, de l’Est, de l’Ouest pour la région des Montagnes ont annoncé la fin définitive de la guerre. Si on avait la possibilité de faire un deuxième, un troisième et un quatrième tour, un circuit national avec la même approche, nous saurions en droit de dire que nous avons vaincu la guerre par la culture.
Pr Amoa Urbain, vous venez d’engager enfin les travaux de réflexion sur la chambre des institutions coutumières d’Afrique en mettant en place un comité ad hoc…
Il faut mettre en place une institution puissante qu’est la chambre des institutions coutumières d’Afrique. Cette chambre va organiser des universités d’été pour former les chefs traditionnels sur les commodités de réception (comment se tenir à table, etc.). Il faut développer ici le concept de la chefferie éclairée. Nos chefs traditionnels sont de plus en plus intellectuels, ils savent lire et écrire. Mais, ils n’ont toujours pas les méthodes et les manières pour aller aux grandes rencontres internationales. C’est dans la case qu’il faut le leur apprendre pour ne pas qu’ils soient humiliés. En terminant par la mise en place du comité ad hoc pour conduire la réflexion sur la chambre des institutions coutumières d’Afrique et du lancement de la Foire nationale du pagne Baoulé, il faut souhaiter l’appropriation du Festival pour les populations. Comme nous sommes à une édition de transition, il y a eu quelques flottements. Mais entre les flottements et les succès obtenus, je pense qu’il faut se réjouir parce que nous venons de démarrer un autre train qui va prendre en compte tous les chefs coutumiers d’Afrique. Parce que par eux, nous allons faire la promotion de nos langues, de nos richesses culturelles et la reconquête de nos âmes perdues et bafouées à la faveur de la guerre par la désacralisation des lieux sacrés.
Parlant de la désacralisation des lieux sacrés, le mercredi 10 septembre dernier à la place FHB, vous avez souhaité que la ville de Duékoué soit purifiée. Plus tard, le samedi 12 septembre, la rivière sacrée ‘’Guémond’’ qui traverse la ville sort de son lit. Avez-vous une explication à cela ?
«Ecoute plutôt les choses que les êtres », dira Birago Diop. Les chefs traditionnels, ce sont peut-être les gens qui les banalisent. Mais, les chefs coutumiers ont trois yeux. Ils jouent sur le visible et l’invisible. Il faut faire attention aux chefs traditionnels. Si la rivière est sortie de son lit, je ne saurai l’expliquer. Vous avez vu également à Man qu’il y a eu des tentatives de blocage de la manifestation et que les forces spirituelles ont terrassé la personne qui a tenté de briser l’élan de la cérémonie.
A quoi doit-on s’attendre pour la 9ème édition du Festi-Rois ?
La 9è édition est le Festival mondial de la route des reines et des rois. Ce rendez-vous sera précédé de l’Université d’été des rois et chefs et réunira les rois et chefs d’Afrique.
Réalisé par Patrick K.