Alassane Ouattara dans le Moyen-Cavally : Visite historique aux retombées multiples certaines !

Le président de la République de Côte d’Ivoire, Sem Alassane Ouattara, se rendra, du 13 au 15 octobre 2011, dans la région du Moyen-Cavally, composée des départements de Duékoué, de Guiglo, de Bloléquin, de Toulépleu et bientôt de Taï. En visite officielle. Dans l’Ouest du pays.

Visite historique
L’on se rappelle que M. Alassane Ouattara a été installé au pouvoir après une grave crise post-électorale provoquée par son mauvais d’adversaire qui voulait confisquer le vote démocratique, sorti des urnes, du peuple souverain de Côte d’Ivoire. Et ce n’est que le samedi 21 mai 2011, après une réclusion forcée de quatre mois à l’hôtel du Golf, et surtout après moult acrobaties d’un président du Conseil constitutionnel aux ordres qui a dit et s’est dédit, que M. Alassane Ouattara a été investi en qualité de président de la République, chef de l’Etat ivoirien. Ses premières sorties officielles l’ont conduit au Sénégal, dans la sous-région ouest-africaine, en Europe, singulièrement en France, en Amérique, principalement à New York, lors de la 66ème session de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations-Unies (Onu). Pour remercier ses pairs chefs d’Etat, et, surtout, positionner économiquement et diplomatiquement la Côte d’Ivoire qui était devenue "infréquentable" sous les refondateurs ivoiriens qui ont « échoué en tout et partout », pour paraphraser le Président Henri Konan Bédié. Mais pour sa toute première visite officielle à l’intérieur du pays profond, en sa qualité de président de la République, chef de l’Etat, Sem Alassane Ouattara n’a pas choisi Gbéléban (région du Denguélé), la terre de ses ancêtres maternels où est née sa mère. Ni à Kong chez ses parents paternels. Comme le lui recommandaient nombre de ses conseillers, au motif qu’il devrait, d’abord, aller remercier ses parents biologiques, et recevoir leurs prières. Mais, le président Alassane Ouattara, préfère se rendre dans la région du Moyen-Cavally pour y effectuer son premier déplacement officiel. Cette visite a valeur d’histoire. Elle cloue, en premier lieu, au pilori ceux qui veulent coller l’étiquette « nord » sur le dos de M. Alassane Ouattara. Cette visite vient, aussi, comme rabattre le caquet à son prédécesseur qui affirmait que le département de Toulépleu, par exemple, pour ne pas dire toute la région du Moyen-Cavally, est une erreur cartographique quant à son appartenance à la Côte d’Ivoire. Ce déplacement est également historique quand on sait que les populations de Duékoué, de Guiglo, de Bloléquin, de Toulépleu et de Taï n’ont voté majoritairement pour le candidat du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (Rhdp), Alassane Ouattara.
En s’y rendant, Alassane Ouattara rappelle à la conscience collective qu’il est le président de tous les Ivoiriens, du Sud au Nord, d’Est en Ouest en passant par le Centre, qu’on ait voté pour lui ou non. Le président de la République, en se rendant à l’Ouest, va assurément booster la réconciliation qu’il prône tant. Ce premier voyage officiel de l’homme fort d’Abidjan a valeur d’histoire quand on regarde la configuration de son premier gouvernement. Le Moyen-Cavally est la région qui a le plus de ministres au sein de l’actuel gouvernement. Ses quatre départements ont chacun un ministre : Anne Désirée Oulotto ministre de la Salubrité publique pour Toulépleu ; Dagobert Banzio ministre du Commerce à Blolékin ; Mamadou Sanogo pour Guiglo, et Adama Toungara ministre des Mines, de l’énergie et du pétrole pour Duékoué. Cette visite officielle, il faut le préciser, car en campagne pour l’élection présidentielle, M. Alassane Ouattara avait déjà parcouru par deux fois la région (juillet 2002 et septembre 2010), et la nomination de certains fils du Moyen-Cavally sont ressenties par les élus, les cadres, et les populations comme un honneur particulièrement grand à eux fait par le nouveau président à peine installé. Ce voyage sera inscrit en lettres d’or dans les annales de l’histoire de la région.

Joie teintée de tristesse
C’est la joie qui anime toutes les couches de la population de la région en apprenant que le président de la République vient passer quelques jours avec elles. Alors en campagne présidentielle, le candidat Alassane Ouattara avait fait des promesses. Le président de la République vient toucher les réalités crues et les difficultés des populations.
Et saisir les attentes de celles-ci. Pendant trois jours, l’hôte de marque de la région du Moyen-Cavally sera au milieu de son peuple qui exulte de joie déjà. Mais, cette atmosphère de liesse, de joie est teintée d’une pointe de tristesse. Les populations de cette région, si hospitalières et si généreuses, à l’image de tout le pays, sont désemparées, prises presque de honte et de panique devant l’ampleur de l’honneur grandissime qui leur est fait. Comment recevoir une si haute personnalité que le chef de l’Etat ? En effet :
- la région, prise aux convulsions de la guerre pendant 10 ans, est totalement en ruines (des villages rayés de la carte de la région, des maisons incendiées, des morts et des morts)
- les populations, paupérisées et démunies, ne pourront même pas offrir comme se doit un bol de riz local à leur illustre hôte, ni lui faire déguster une côtelette de mouton, la viande la plus prisée de la région;
- les populations risquent de ne pouvoir certainement pas habiller convenablement leur Grand visiteur, comme il se doit en pays wê, d’un boubou royal car, les mercenaires et miliciens ont tout emporté ;
- le nouveau président va traverser des contrées vidées de leurs populations. Et la liesse populaire ne sera, assurément, pas au rendez-vous, par endroits, du fait des nombreux déplacés et exilés.
Comme les populations des départements de Duékoué, de Guiglo, de Bloléquin, de Toulépleu et de Taï, auraient voulu accueillir leur frère, le nouveau président Alassane Ouattara de façon exceptionnelle. Un peu comme avant la crise post-électorale. Elles auraient démontré la vitalité d’une région par sa diversité culturelle, ses potentialités économiques, et touristiques. Mais les temps ont changé. Et, c’est parce que les temps ont changé que les populations ressentent, à juste titre, le réconfort que constitue l’arrivée officielle du chef de l’Etat, Sem Alassane Ouattara, dans leur région.

Espoir et espérance
C’est à l’Ouest, chacun le sait, que la Côte d’Ivoire a senti le plus les effets pervers de la guerre : destructions de biens publics et privés, vols, viols, tueries des populations, enracinement quasi permanent des mercenaires libériens et des miliciens. Il est des périodes où la vie s’arrête pour cause d’insécurité chronique. La tournée officielle de Sem Alassane Ouattara dans la région du Moyen-Cavally soulève une effervescence générale. Et pour cause :
- les populations sont convaincues que le président de la République vient transformer leur zone en région de paix ;
- les récentes mesures de sécurisation de la frontière libérienne, et la décision de création d’un bataillon militaire à Man, les transportent au haut point. Elles savourent déjà le départ des mercenaires qui constituent un véritable fléau pour elles ;
- les mesures à prendre à l’endroit des jeunes porteront leurs fruits. D’anciens miliciens pourront être transformés, grâce au programme d’insertion des ex-combattants, en travailleurs qui gagnent honnêtement leur vie ;
- les exilés au Liberia, au vu de cette visite rassurante du chef de l’Etat, prendront confiance pour rejoindre tous leur pays ;
- Les populations sont profondément persuadées que la présence du président de la République va impacter les activités dans leur zone en ce qui concerne les infrastructures sanitaires, scolaires, routières, etc. Elles sont actuellement sur un nuage, partagées entre rêves, réalités, espoir et espérance.
En définitive, les élus, les cadres, et, surtout, les populations de la région du Moyen-Cavally s’attendent à des retombées multiples et heureuses de la première visite officielle, historique en tous points, du nouveau chef de l’Etat à l’intérieur de la Côte d’Ivoire. Car, quand Sem Alassane Ouattara promet, il le fait.

DENIS KAH ZION